dimanche 7 octobre 2007

[Oldies] Evie Sands - Any Way That You Want Me (1969)

Même si les deux histoires n’ont rien à voir, même si elles ne sont pas du tout comparables, l’histoire de la vie d’Evie Sands est un peu un copié-collé de celle de Jackson C. Frank.
La demoiselle le rejoint facilement au royaume des artistes maudits, un royaume où il est écrit à l’entrée « ici reposent des artistes pétris de talent poursuivis par une scoumoune inouïe ».

Car, bien que moins morbides que ceux de l’ami Jackson C. Frank, Evie Sands n’aura pas donné sa part au chien en matière de déboires (essentiellement artistiques toutefois).

Quand en 1965, la jeune demoiselle signe chez Blue Cat Records, elle s’apprête à sortir un single Take Me For A Little While qui doit logiquement la propulser en haut des charts. Malheureusement, le test-pressing du single est dérobé par un producteur peu scrupuleux et transmis à Chess Records et à Jackie Ross qui s’empresse (bien qu’elle assurera toujours qu’elle n’était pas au courant du vol) d’enregistrer le morceau, à sa façon. Le titre sort très rapidement, supplante la sortie de la version d’Evie Sands, est un succès et truste les playlists de toutes les radios américaines. Le mal est fait. Et la version originale passe pour une resucée médiocre et sans saveur.

En souhaitant relancer sa carrière, elle sort ensuite un second single, I Can’t Let Go : nouvel échec cuisant pour elle mais qui deviendra un an plus tard un tube or massif des anglais de The Hollies. Allez comprendre.

Histoire de lui enfoncer une bonne fois pour toute la tête sous l’eau, tout se répète à l’envie. Partant de Blue Cat Records, la belle Evie Sands signe sur Cameo-Parkway et sort Angel of The Morning. Las, triple las : le label met la clé sous la porte, laissant donc les droits sur le morceau libres. Merilee Rush & The Turnabouts sautent sur l'occasion, enregistrent leur version de la chanson et font un carton.

Dépitée mais pas abattue, Evie Sands continue son bonhomme de chemin, croyant que cela tournera bien un jour. Elle signe sur A&M Records et sort donc en 1969 l’album dont il est question aujourd’hui, 'Any Way That You Want Me'.

Un disque… fabuleux. Trente-cinq minutes de soul blanche, très poppy, avec du Dusty Springfield dans tous les sens, un peu de Burt Bacharach (producteur de génie de l’époque, Aretha Franklin, Dionne Warwick et beaucoup d’autres confirmeront), des chœurs à tomber, de la délicatesse dans les arrangements (le mariage piano/violon/cuivre est merveilleux à chaque fois),… Le tout produit tout en rondeur par un Chip Taylor. Et puis surtout ce sentiment bizarre de retrouver quelques mélodies qui trusteront le haut des charts quelques années plus tard (Any Way That You Want Me et son coté Grease, entre autres).
Ce disque sera un échec. Comme le seront ses (rares) sorties discographiques ultérieures. Quand on vous parle de lose…

La grande Dusty Springfield était une fan absolue d’Evie Sands, allant même jusqu’à enregistrer un morceau avec elle au milieu des seventies. Mais rien n’y fera jamais rien. Sans savoir vraiment pourquoi et malgré la qualité des compositions, leur côté plus qu’accessible et leur grand potentiel tubesque (I'll Hold Out My Hand ou But You Know I Love You, pour ne citer que ces deux là), elle ne sortira jamais vraiment de l’anonymat, malgré un retour (rapide) sur le devant de la scène à la fin des années 90.

C'est à n’y rien comprendre à l’écoute de cet album doux, délicat, emballant, bien écrit, porté par cette voix « soul-mais-pas-trop », entre Dusty et Nancy Sinatra. Foutus poissards va.

Première sortie: 1969 (A&M)
Dernière réédition: 2005 (Rev-Ola)

Son :
Myspace Non-Officiel (Avec notamment deux titres de cet album ainsi que sa version d’I Can’t Let Go).

Trois morceaux: But You Know I Love You, It's This I Am et Any Way That You Want Me. A vous de tomber sous le charme :





 


4 commentaires:

Anonyme a dit…

Une belle découverte dis donc. Bravo.
j'ai lu qu'elle avait été reprise par Beck et qu'elle a même joué avec Belle & Sebastian à Glasgow après la sortie de son dernier disque Women In Prison en 2000. Aux dernières nouvelles, un nouvel album serait en préparation.

-Twist- a dit…

Oui, je savais pour Beck. Mais pas pour Belle & Sebastian.
Je connais pas du tout sa discographie récente, faudra que je m'y penche un de ces quatre matins...

Pitseleh a dit…

Coincidence, j'ai découvert la dame tout récemment. Voix superbe et talent évident, cela dit je crois qu'elle n'a pas dépassé l'insurpassable Jackson C. Frank dans mon panthéon personnel...

-Twist- a dit…

Cher(e) Pitseleh, je pense que nous frequentons les memes endroits. :)
Oui, C Franck est insurpassable. Mais on ne peut pas vraiment les comparer je pense.
Et puis la Evie Sands, quand meme. Normalement, elle aurait du en vendre des camions, on devrait la retrouver sur n'importe quelle compilation digne de ce nom consacrée aux 60s. Foutue poisse.