vendredi 25 novembre 2011

[Track of The Day] Queen - Under Pressure (Live at Wembley 1986)



Le premier émoi musical de la fin de mon enfance et du début de mon adolescence, devant Nirvana, a été Queen. Queen, le groupe qui se faisait démonter (j'imagine que c'est encore le cas) par Nicolas Ungemuth dans la partie Rééditions de Rock'n'Folk. Queen le groupe honni par beaucoup.
Mais Queen, le plus grand groupe du monde dans les années 80. Queen et son quatuor hétéroclite, entre sa grande diva à moustache, son guitar-hero aux cheveux longs, son batteur sans génie et son bassiste que l'on a trop souvent tendance à mésestimer.

J'avais dix ans et la musique alors se résumait pour moi aux artistes préférés de mes parents. Et puis, un jour en ouvrant la radio, je suis tombé sur Bohemian Rhapsody, la chanson à tiroir totalement intemporelle du groupe (la seule chanson à avoir été numéro 1 du hit parade à près de 20 ans d'intervalles: en 1975 et en 1992 à l'occasion de la sortie du film Wayne's World), et qui m'avait totalement scotchée.
Peu après, on m'avait offert le premier de leur 'Greatest Hits' en K7 (il était écrit que mon premier disque ne serait pas un best-of). J'ai usé cette cassette comme rarement un autre album depuis. Tout comme j'ai pu user le 'Greatest Hits II' peu de temps plus tard.

Depuis cette époque, j'ai remonté toute la discographie de Queen, je l'ai écouté. J'y ai trouvé de vraies horreurs (les deux premiers albums passables du groupe, les abominables 'Hot Space' - qui contient pourtant une des plus belles chansons de Queen, le single pop par excellence, Under Pressure, et 'Flash Gordon', bande originale du film du même nom) mais aussi des albums d'une qualité indéniable (le triptyque 'Sheer Heart Attack', 'A Night at The Opera', 'A Day at the Races' notamment).
Le groupe a composé des chansons aussi vaines que formidables (vraiment!), au premier rang desquelles on retrouve évidemment Bohemian Rhapsody, Under Pressure mais aussi The Show Must Go On, le titre qui termine le dernier album du groupe, 'Innuendo' sorti quelques mois avant la mort de Freddy Mercury où ce dernier, rongé par la maladie, n'a pourtant peut-être jamais aussi bien chanté.

J'ai acquis une partie de la discographie de Queen en cd. J'ai acheté 'Made in Heaven' à sa sortie (je lui trouve même un certain charme) ainsi que le seul album solo de Freddy Mercury. J'ai consenti à donner pour des best-of contenant de vraies-fausses nouveautés, confectionnés par un Brian May sûrement en manque de liquidités.
Et quand je retombe sur le 'Freddy Mercury Tribute' de 1992, où toute la plèbe du rock - FM ou non - vient rendre hommage à Freddy, je ne peux m'empêcher d'aller au bout, malgré la qualité discutable de l'ensemble. De frissonner devant cette foule immense reprenant d'une seule voix toutes ces chansons que je connais par cœur, de chanter à tue-tête la très belle reprise de Somebody to Love par George Michael (le seul qui aurait pu prétendre à prendre la place de Freddy Mercury après sa mort) ou de m'émouvoir devant David Bowie, éteignant en quelques gestes et quelques mots une foule bouillante pour une prière, à genoux, sur le scène de Wembley.

Depuis, Queen reste comme une madeleine de Proust que je ne ressors que très épisodiquement. J'ai préféré m'en éloigner finalement, pour ne pas subir les choix désastreux de Brian May et Roger Taylor, envieux de retrouver une gloire passée et qui ne reviendra pas.
C'est pour cela que j'ai suivi de très loin la reformation et la tournée des stades avec Paul Rodgers du groupe Free.

L'autre jour, en naviguant de site en site, je suis retombé sur leur 'Live at Wembley' de 1986. Encore une cassette que j'ai abîmé tant je l'ai écoutée. Et bien que cela fasse 15 ans - au bas mot - que je n'avais pas mis les oreilles sur ce double album live, j'en connaissais encore toutes les paroles, toutes les réactions du public, tout le blabla de Freddy, par cœur.

Lorsque Freddie Mercury est mort, j'avais 12 ans. J'avais été perturbé, étant partagé entre l'envie de chialer pour un type que je vénérais et la difficulté à comprendre comment je pouvais être triste de la mort d'un mec que je n'avais jamais connu.

Quand j'étais en 4è, Fun Radio et Skyrock avaient annoncé qu'Axl Rose allait reprendre la place laissée vacante par Freddie Mercury et que Queen allait continuer à faire des disques. Effroi. Heureusement, il n'en a rien été.
Car on ne remplace pas Freddie Mercury qui malgré son côté diva et sa passion pour quelques arrangements pompeux avait un sacré organe vocal et était un de ces entertainers comme on n'en fait plus.

Queen de toutes façons est mort un jour froid de novembre 1991. C'était il y a 20 ans. Vingt ans et un jour.


jeudi 24 novembre 2011

[Track of The Day] Leonard Cohen - Show Me The Place

A chaque nouvel album, la voix de Leonard Cohen devient de plus en plus grave. Sur Show Me The Place, premier extrait de 'Old Ideas' son nouvel album à paraître début 2012, la voix du canadien n'a jamais été aussi caverneuse. Comme s'il sortait tout droit de la tombe. Comme me le faisait justement remarquer Kill Me Sarah hier, «Tu te demandes s'il ne va pas clamser à la fin». Effectivement.

Mais ce Show Me The Place me plaît beaucoup. Je trouve cette chanson très touchante, aussi bien par son orchestration, cette façon bien à lui de «chanter», cette orchestration discrète, que par ses paroles.

Show Me The Place ne respire pas la joie de vivre, n'est pas un ouragan de couleur et de bonheur intense, mais elle est belle.

Album: Old Ideas
Année: 2012
Label: Columbia


Show Me The Place est également en écoute sur le soundcloud officiel de Leonard Cohen et ci-dessous.  (malheureusement plus en écoute)

mercredi 23 novembre 2011

[Track of The Day] Elliott Smith - Misery Let Me Down


L'histoire est assez belle. Et pourrait être une des dernières tant le monde numérique dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui empêchera ce genre de découvertes tardives.

Racontée en longueur par le Washington Post (lire ici), je me permets ici de résumer l'affaire:


Nous sommes en 1997. Et Elliott Smith vient de sortir 'Either/Or', son troisième album et un de ses chefs d'oeuvre. La radio universitaire de l'Université du Maryland, WMUC FM, l'accueille dans ses locaux en mai de cette année là pour qu'il vienne jouer quelques unes de ses compositions.
Juste avant de se lancer dans la session, Elliott Smith demande s'il peut se préparer à enregistrer et se chauffer la voix en jouant une chanson, histoire de. Et lance, au débotté, une chanson d'à peine deux minutes (non-terminée?), Misery Let Me Down.


Malgré l'aura qu'a gagné Elliott Smith depuis cette époque là, la chanson n'a depuis jamais été jouée. Elle a même disparu des radars. Forcément, à l'époque, Elliott Smith n'est pas encore le talent reconnu qu'il est devenu (les Oscars le couronnent en 1998 pour la BO de Will Hunting). Et qui plus est, Internet n'est pas partout, gardant des traces de tout et de n'importe quoi.

La session terminée et enregistrée, Misery Let Me Down termine sur un mini-disc (vous savez les cassettes numériques de Sony, invention que je trouvais à l'époque géniale) et au fond d'un placard des archives de WMUC FM.


En 2002, pour les besoins d'une compilation consacrée à Elliott Smith, la radio étudiante tente de remettre la main sur ces sessions. Sauf qu'elles sont introuvables! Le mini-disc a disparu.

En mai 2011, un ancien dj de WMUC-FM décide de se faire un peu d'argent et met en vente son lecteur mini-disc sur e-bay… avant de se rendre compte qu'à l'intérieur de celui-ci se trouve un mini-disc… contenant la dite session et donc Misery Let Me Down. Qui voit "officiellement" le jour quelques mois plus tard, cet automne donc.


Cette chanson n'est pas forcément mémorable comparativement à tout ce qu'Elliott Smith a déjà sorti à l'époque ou sortira après. Mais la voix est sûre. La mélodie est jolie. Et puis l'histoire est belle.
Mais surtout, cette chanson, jouée sur le pouce, prouve si besoin était tout le talent qui vivait dans les mains d'Elliott Smith et dans son cerveau torturé.

Album: -
Année: Enregistrée en 1997 / Redécouverte en 2011
Label: -


lundi 21 novembre 2011

[Track of The Day] Alamo Race Track - Apples


Perdu de vue depuis un brillant 'Black Cat John Brown', les néerlandais d'Alamo Race Track sont de retour cinq ans plus tard avec un troisième album. Et ça sent un peu la fin des haricots. Le line-up a changé et surtout eux qui avaient un son bien à eux perdent leur identité et prennent à droite à gauche pour en faire un mélange pop pas inintéressant au final mais franchement pas affolant.



A la fin de l'écoute de 'Unicorn Loves Deer' (tout un programme), on se dit qu'on pourrait réécouter les disques de Mojave 3 ou le 'Come on Feel The Illinoise' de Sufjan Stevens (Hypnotised II pompe une partie de sa mélodie sur la chanson Come On! Feel the Illinoise!(Part I: The World's Columbian Exposition – Part II: Carl Sandburg Visits Me in a Dream)). Et on ne pense déjà plus à Alamo Race Track.


Attention: 'Unicorn Loves Deer' n'est pas un mauvais album. Il y a d'ailleurs de beaux moments à picorer, et le tout s'écoute sans déplaisir. Mais le côté ténébreux, acide, malsain même de leurs compositions passées manque. Et pas qu'un peu.

Album: Unicorn Loves Deer
Année: 2011
Label: Excelsior Recordings


Apples est également en écoute ci-dessous (et en téléchargement libre et légal en cliquant sur la petite flèche noire à droite). (malheureusement plus en écoute)

Le reste de 'Unicorn Loves Deer' est également en écoute complète sur le soundcloud des Alamo Race Track, ici même. (malheureusement plus en écoute)

vendredi 18 novembre 2011

[Track of The Day] Lambchop - If Not I'll Just Die


Vous venez de rentrer. Il est déjà 19h et la nuit est tombée depuis près de 2h. La journée a été longue. Il fait froid. Vous avez froid.



Vous allez dans la cuisine. Vous prenez un verre. Non, pas celui que vous utilisez quotidiennement. Non, le beau verre. Celui pour les belles occasions. Celui que vous n'utilisez que trop rarement.


L'autre placard. Vous prenez cette belle bouteille de whisky que vous ne sortez que pour les belles occasions elle-aussi. Débouchez la bouteille. Hummez le houblon. Prenez deux glaçons. Non pas trois, pas un. Deux. Versez vous un verre.


Tiens, à votre droite, il y a vos cigarettes. Elles n'ont pas encore ces triple anneaux supplémentaires à la con. Vous en prenez une. Vous l'allumez.

Et puis vous lancez If Not I'll Just Die, la première chanson du prochain album du Lambchop de Kurt Wagner, écrit en hommage à Vic Chesnutt. Ambiance d'un autre temps, ouatée, violons frémissants, piano discret, voix sur la corde raide.


Dehors, la foule se presse pour rentrer chez elle ou allez gouter le beaujolais nouveau qui comme chaque année doit avoir un gout de banane.

Vous? Vous êtes debout derrière votre vitre, un verre de whisky dans la main droite, une cigarette dans la main gauche, Lambchop dans les oreilles. Vous êtes en week-end. Et vous êtes bien. 

Album: Mr. M 
Année: 2012 
Label: City Slang 

If Not I'll Just Die est également en écoute dans le player soundcloud ci-dessous (et en téléchargement gratuit et légal en cliquant sur la petite flèche noire). (malheureusement plus en écoute)

jeudi 17 novembre 2011

[Track of The Day] 13 & God - Armored Scarves


A la sortie de '13 & God', le premier album du groupe du même nom, je n'avais pas adhéré. Pourtant il avait un peu tout ce qui me plait en musique: des sonorités melting-pop-esque rassemblant deux groupes que j'apprécie, The Notwist et Themselves. La rencontre de deux univers: celui de electro-pop et celui de l'indie hip-hop.
Mais rien à faire, leur album ne m'avait pas touché.

A l'écoute de 'Own Your Ghost', deuxième effort des 13 & God, je me suis demandé ce qui m'était passé par la tête à ce moment là. Peut-être qu'à l'époque j'étais dans une phase Hood et je comparais inconsciemment leur premier album à celui des anglais, 'Cold House', qui marriait à merveille leurs chansons indie(post)rock aux voix et à l'univers de Doseone and Why?. Et que je trouvais 13 & God tombant à plat en comparaison. Peut-être. Va comprendre Charles.

Ce qui est certain, c'est que j'aime leur nouveau disque. Car 'Own Your Ghost' est un sacré album. Le mélange des univers de The Notwist et Themselves marche à merveille. Il y a ici un équilibre où aucun des deux ne cherchent à tirer la couverture à lui. La chanson du jour est révélatrice d'ailleurs: sur Armored Scarves, si l'ambiance de départ rappelle The Notwist, la fin et l'arrivée de la rythmique et de la voix de Doseone est beaucoup plus Themselves-ienne.

Depuis j'ai réécouté le premier 13 & God. Et rien n'y fait: si le tout est ressemblant, si le groupe n'a pas changé son fusil d'épaule, cet album m'ennuie encore sur la longueur. Alors que 'Own Your Ghost' m'emballe totalement.

Album: Own Your Ghost
Année: 2011
Label: Alien Transistor


En plus d'Armored Scarves en écoute aujourd'hui, vous pouvez écouter Old Age, premier single de 'Own Your Ghost'. (malheureusement plus en écoute)

Le clip de Its Own Sun, chanson d'ouverture de ce deuxième album des 13 & God :

Et pour finir, 2mns sur l'enregistrement d'Armored Scarves :

mardi 15 novembre 2011

Coldplay - Mylo Xyloto [Parlophone]

Disque en concurrence avec le nouveau Justice et la collaboration calamiteuse entre Metallica et Lou Reed pour être le pire album de la rentrée (si l'on en croit les critiques tombant ici et là), 'Mylo Xyloto' est, au-delà de son aspect esthétique, un disque qui me fait me poser plusieurs questions.

A la base, je l'ai déjà dit, je suis plutôt un fan de Coldplay (même si fan est un terme exagéré). De 'Parachutes' à 'Viva la Vida or Death and All His Friends'. Mais j'ai beau écouter 'Mylo Xyloto', j'ai du mal à m'y faire.
D'ailleurs, la question est là: comment un groupe comme Coldplay, qui truste les top ventes dans une industrie qui se casse plus que jamais la gueule, qui peut remplir des Stade de France en moins de temps qu'il ne faut pour mettre les places en ventes, et qui peut presque tout se permettre tant son catalogue de tubes et à faire chanter les foules est énorme, comment donc Coldplay peut-il se vendre et se fourvoyer autant?

Car mince, à la base, ces gens là, Chris Martin en tête, ont un sens aigu de la mélodie. On aime ou on n'aime pas certes, mais ils savent trousser des mélodies marquantes et emballantes.
Je ne nie pas que sur 'Mylo Xyloto' on peut en déceler ici et là mais elles sont tellement massacrées par une production réalisée à coup de pelleteuses qu'il est difficile de les faire ressortir.

Et quelle idée de s'associer avec Rihanna pour une chanson dégueulasse et à peine audible (mais tellement représentative de cet album) alors que leurs univers n'ont rien à voir? Quelle mouche les a donc piqués?
Ils ont le monde dans les mains, peuvent faire ce qu'ils veulent, même dicter leur loi à Parlophone… et tombent dans la vulgarité la plus insupportable, comme n'importe quel groupe en manque de ventes allant se prostituer pour connaître enfin ou à nouveau le succès.

Beaucoup de détracteurs de longue date de Coldplay diront que le changement de cap est sensible et réel depuis 'X&Y' et que le groupe de Chris Martin fait dans la mièvrerie et le sentimentalisme à deux balles depuis des lustres. Oui, mais cette mièvrerie et ce sentimentalisme, ils avaient un côté charmant, accolés à des mélodies accrocheuses et quelques hymnes de stades pas vulgaires. Surtout, Coldplay prouvait par quelques élans - cachés - qu'il était encore capable du tout meilleur (splendide Till Kingdom Come à la toute fin de 'X&Y', une de leurs toutes meilleures compositions).

'Mylo Xyloto' est la première vautre de Coldplay. Un disque construit pour les stades (tous ces "Ohohohohohoh" qui parcourent chacune des chansons), à la production affreuse mais aussi au son désagréable et qui rend le tout quasi-inécoutable sur la longueur.
Un album qui massacre chaque début d'un commencement de mélodie sous un océan de putasserie que même le U2 des 10 dernières années n'aurait pas accepté. Ce disque est une erreur de la nature.

Dans dix ans, Chris Martin parlera de 'Mylo Xyloto' et expliquera les raisons qui ont poussé son groupe à sortir une telle horreur.
Il nous dira peut-être qu'à cette époque, Gwyneth Paltrow était à nouveau enceinte et qu'il lui fallait beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup de sucre. Oui Chris, sauf que là, c'est trop. Et la mère Gwyneth, comme nous, elle a passé le stade du plaisir, elle a même passé celui de l'indigestion. Elle est juste dans les toilettes en train de vomir cette bouse. (Sortie: 24 octobre 2011)


Son:
Myspace (Deux chansons de 'Mylo Xyloto' en écoute)
Site officiel

Deux chansons en écoute seulement. Les deux plus écoutables de l'album. La première, Us Against the World, est du Coldplay simple et efficace, où Chris Martin n'en fait pas des caisses et où le groupe pond une charmante mélodie.
La seconde,
Up With the Birds, clôt l'album est un bonheur à écouter une fois qu'on vient de se taper les huit chansons succédant à Us Against The World. Grandiloquent mais pas trop. Sympa mais pas top. (malheureusement plus en écoute)


Histoire de se convaincre (à ces deux chansons près) de la nullité crasse de 'Mylo Xyloto' (et que Coldplay ne manque pas de moyens), le clip de Paradise :



lundi 14 novembre 2011

[Track of The Day] Lescop - La Forêt

Jeudi soir, alors que j'étais accoudé à une table du Broc Bar dans le deuxième arrondissement de Lyon en train de gentiment descendre une bière, la chaîne de notre hôte - féru d'électro - s'est mis à balancer entre deux morceaux une chanson chantée en français qui, dans le brouhaha ambiant, tiqua ma curiosité.
Vous savez ce genre de moments où vous avez une discussion des plus banales (donc importantes) mais que vous vous sentez obligé d'interrompre pour mieux écouter et vous concentrer sur ce qui sort des enceintes?

Ben c'était un de ces instants là. Il faut dire que La Forêt (puisque c'est le titre de la chanson en question) était du genre plutôt efficace, entre sonorités eighties, chant en français et voix à la Etienne Daho.

Pour Daho, c'est moins vrai à la réécoute au calme. Mais il n'en reste pas moins que ce titre là, même à tête reposée, a une sacrée gueule.

Dans la droite lignée d'une nouvelle scène française - menée par La Femme (qui vient de sortir un nouvel Ep sur lequel je n'ai pas eu le temps de poser mes oreilles) - qui va chercher son inspiration dans les années 80 françaises (Taxi Girl, Partenaire Particulier, Indochine), Lescop devrait faire rapidement (si ce n'est déjà fait) faire parler de lui.

Ancien d'Asyl, groupe inconnu à mon bataillon personnel, Matthieu Lescop et sa petite bande (John and Jehn) propose là un premier single qui dépote et un vrai tube en puissance. Et si l'Ep après quelques écoutes ne me semble pas au niveau de La Forêt, c'est assurément un groupe à suivre. Et à danser. 

Album: Ep 
Année: 2011 
Label: Pop Noire 

La Forêt est également en écoute ci-dessous, au format soundcloud. (malheureusement plus en écoute)

La même La Forêt est disponible en clip également :



mardi 8 novembre 2011

Alain Bashung - L'Homme à Tête de Chou [Barclay]

Avoir du talent ou pas.
Une fois passés de vie à trépas, beaucoup d'artistes voient leurs titres cachés au fond d'un tiroir, ceux auxquels ils ne trouvaient aucune utilité, ceux dont ils n'étaient pas très fiers ou simplement pas contents du résultat, ressurgir dans d'affreuses compilations ou d'albums posthumes aussi indigestes que dégueulasses.
Entrez-ici familles, labels ou détenteurs des droits sur les chansons avortées des Jeff Buckley (Mary Guibert, dépeceuse en chef), Mickael Jackson ou dernièrement Amy Winehouse, pour n'avoir pas su respecter la volonté de vos défunts proches.

Enregistré en 2006 pour un spectacle de danse contemporaine monté par Jean-Claude Gallotta, 'L'Homme à Tête de Chou' sera finalement le testament d'Alain Bashung. Et il y a quelque-chose de singulier à ce que la dernière œuvre d'Alain Bashung soit une relecture d'un des plus beaux albums de l'histoire de la chanson française.

Si tant est qu'on ait beaucoup écouté l'original, que l'on se soit lové dans les bras de Marylou et de ce journaliste amoureux fou de cette shampouineuse, on ressortira un peu perturbé de la première voire de la seconde écoute.
Le phrasé de Bashung n'est effectivement pas le même. Il est plus posé, moins truculent. Gainsbourg lui s'amusait des sonorités de chaque mot, jouait chacun de ses personnages, et prenait un plaisir malin à raconter son histoire avec ce ton aussi coquin que détaché.

Les guitares presque prog qui s'échappent de chacune des 12 plages de l'album original sont remplacées par des sonorités plus «contemporaines», où la trompette d'Erik Truffaz fait, sur quelques passages, merveille.

Pour autant, les écoutes successives confirmeront la beauté et la réussite de cet album. Déjà parce que Gainsbourg et Bashung font partie de la même caste: celles de ces artistes au talent fou. Sa voix est juste, ne sonne pas fausse dans cet univers et dans cette histoire là.
Et puis parce que cette relecture est sincère et juste. Raccourcissant le propos de quelques minutes au total, s’épanouissant totalement dans les parties chantées et moins parlées (sa versions de Marilou Sous La Neige est une réussite et Variations sur Marilou lui va à merveille) et ne ratant vraiment qu'un seul morceau (Marilou Reggae qui tombe à plat), Alain Bashung arrive à donner une seconde vie à ce chef d’œuvre qu'est 'L'Homme à Tête de Chou' (si tant est que cela eut été utile).

Entendons-nous bien, 'L'Homme à Tête de Chou' d'Alain Bashung n'atteint pas une seconde la beauté et le génie qui s'échappent de 'L'Homme à Tête de Chou' de Serge Gainsbourg. Pourtant, il mérite plus d'une écoute. Car c'est un bien beau dernier cadeau que nous offre là Alain Bashung, un hommage d'une grande classe au plus grand des artistes français, par un autre des plus grands.

Dernièrement, lors de la cérémonie du Prix Constantin, ils se sont mis à cinq (cinq!! Raphael, Camille, Olivia Ruiz, Daphné, et Cali) pour «honorer» l’œuvre de Bashung qui a du se retourner une bonne dizaine de fois dans sa tombe devant ce massacre en règle (si vous voulez vous faire mal, c'est ici)
Gainsbourg, au contraire, a du se sentir flatté, que le même Bashung fasse une bien belle relecture d'un de ses plus beaux albums.
Bref, avoir du talent ou pas. (sortie: 7 novembre 2011)

Quatre chansons en écoute aujourd'hui (via Grooveshark évidemment sinon...). Premiers Symptômes, Ma Lou Marilou, Variations sur Marilou et Marilou Sous La Neige. (malheureusement plus en écoute)

Et pour finir, le beau clip de Variations sur Marilou qui va avec :




lundi 7 novembre 2011

[Track of The Day] Lanterns on the Lake - If I've Been Unkind

Newcastle est une ville qui sait faire parler d'elle en cette rentrée 2011. Alors que son club de football vient enquiquiner les cadors de la Premier League et autres milliardaires du moyen-orient venus s'acheter une danseuse, Lanterns on the Lake débarque avec son premier album chez Bella Union.

Mais là où Newcastle United n'est qu'un feu de paille qui survit grâce à une réussite trop insolente pour être honnête et qui est appelé à s'éteindre rapidement, Lanterns on the Lake promet au contraire beaucoup.

Sextet ne respectant pas la parité (4 mecs, 2 filles), Lanterns on the Lake confirme que ce nom n'a pas été pris à la légère: leur musique en est l'exacte expression.

'Gracious Tide, Take Me Home', premier album du groupe, est un mélange de douceur, de délicatesse et d'univers langoureux. Il y a ici des cordes qui ne cessent de s'envoler (et qui font plus que rappeler sur quelques chansons celles du 'The First Days of Spring' de Noah and The Whale), un piano planant, des guitares légères, une rythmique présente comme si elle était absente.

Naviguant entre pop, folk, dreamy pop, post-rock voire slow-core sur certains passages, 'Gracious Tide, Take Me Home' est un album qui transpire de mélodies mélancoliques, de tristesse autant que d'espoir. Et de beauté. Et la beauté, c'est important. 

Album: Gracious Tide, Take Me Home 
Année: 2011 
Label: Bella Union

Afin de vous rendre compte de la beauté des compositions de Lanterns on the Lake, deux autres chansons sont en écoute aujourd'hui, Keep on Trying et You're Almost There. (malheureusement plus en écoute)

mercredi 2 novembre 2011

[Track of The Day] Theophilus London - Love Is Real (feat. Holly Miranda)

Après une french week un peu tronqué faute de temps (mais on y reviendra bien assez tôt), retour aux affaires avec Theophilus London, rappeur américain new-yorkais qui a le bon gout d'avoir le patronyme d'une des plus fabuleuses villes d'Europe.

Ce n'est d'ailleurs pas la seule preuve. Sa mixtape 'This Charming Mixtape' de 2009 où il reprenait les codes artistiques du 'This Year's Model' d'Elvis Costello montrait déjà toute la culture et le bon gout du bonhomme. Bref.

Après de nombreuses mixtapes et un Ep classe et prouvant tout le potentiel de Theophilus London, notre homme sort enfin son premier album, 'Timez Are Weird These Days', finalement moins hip-hop que clairement pop, rappelant aussi bien Kanye West que Tv On The Radio (la présence de David Sitek à la prod étant une explication des plus logiques oui), qui ne s’embarrasse de fioritures et n'hésite à tomber de temps à autres dans un mauvais gout assumé mais qui lui va bien au teint (cf. la pochette de l'album).

'Timez Are Weird These Days' est un album court, qui s'écoute d'une traite et dont les passages un peu too much (Why Even Try, quand même) ou trop facile sont éclipsés par le plaisir qui s'en dégage. Fun! 

Album: Timez Are Weird These Days 
Année: 2011 
Label: Reprise