Connaissez-vous le Colosseum ? Assurément non. The Colosseum est un club de Coventry, une ville à une quarantaine de kilomètres de la fière Birmingham. Mais surtout la ville la plus totalement rasée d'Angleterre pendant la seconde guerre mondiale (à un bout d'église près). Et le trou du cul du Royaume-Uni - ce n'est pas pour rien d'ailleurs qu'une expression anglaise dit de quelqu'un en quarantaine « he has been sent to Coventry ».
Coventry, j'y ai passé une année Erasmus il y a désormais plus de 10 ans. La meilleure année de ma vie. La liberté, la vie anglaise, ses rues de briques rouges, ses maisons de deux étages, son isolation pourrie, sa bière, ses house parties, etc.
Le Colosseum était un club où nous allions en pélerinage tous les lundis, mes colocs, mes amis espagnols, grecs, italiens, j'en passe et des meilleurs (en gros, tous les étudiants du coin), et moi-même. Oh, non pas que le son soit meilleur qu'ailleurs. Ou que l'ambiance soit à nulle autre pareille. Non, rien de tout cela. La raison tient juste en un fait : la boisson n'était qu'à 50p. Oui, 50 pennies. De la bière à la vodka aromatisée qui ne vous saoulait pas, ne vous egayait même pas mais vous donnait mal au bide. 50pennies pour danser sur tout et n'importe quoi, de Common People à S Club Seven.
Le Colosseum, c'est également là que, dans une des salles adjacentes, Six. By Seven était passé en concert. Et en 2001, Six. By Seven dans un boui-boui comme The Colosseum, dans une ville comme Coventry, pour le jeune français que j'étais, c'était totalement fou !
Ce n'était pas le groupe le plus dingue du moment, ni le plus populaire, mais leurs deux premiers albums avaient un peu de bruit, ne serait ce que du côté de la critique.
Ainsi donc, voilà les Six. By Seven dans cette salle sombre à la sono affreuse et dégueulasse, devant un public assez clairsemé - et pourtant, des groupes intéressants qui passaient à Coventry, ce n'était pas tous les jours. Je crois me souvenir avoir payé £3 l'entrée. En sortant, les oreilles encore bourdonnante, je me rappelle m'être dit que je n'étais pas prêt de revoir le groupe sur scène.
Et j'avais raison. Six. By Seven n'a jamais connu le succès, malgré des albums solides et une critique très positive à son égard. Mais non, ca n'a jamais pris auprès du grand public. Et quand ca ne prend pas au niveau des ventes, malgré tout le talent du monde... A tel point que le groupe a décidé de se séparer en 2008.
Et puis, ô surprise, Six. By Seven s'est reformé (en recrutant Steve Hewitt, l'ancien batteur de Placebo). Et a enregistré un nouvel album, 'Love and Peace and Sympathy'. Un disque qui se traine un peu en longueur, qui aurait mérité de raccourcir quelque peu ses morceaux (deux chansons de moins de 4mns uniquement, cinq de plus de 6mns) et de changer ses constructions qui se répètent un peu tout du long. Mais 'Love and Peace and Sympathy' reste quand même de qualité. Sa première moitié est très prenante.
Très produit, ce
Six. By Seven rappelle plus souvent qu'à son tour les Doves ou Calla, deux autres groupes au talent certain et qui auront vu passer le rail du succès sous leur nez. Et que j'aurais bien vu à l'époque, dans la moiteur d'un club d'une ville sans grand intérêt et qu'il faut connaître étudiant.
(Sortie : 16 avril 2013)
Son :
Deux chansons en écoute de 'Love and Peace and Sympathy' des Six. By Seven : Sympathy, toute en tension qui semble ne jamais vouloir s'arrêter de monter. Et Crying, single de l'album (fort heureusement, loin des hurlements de Steven Tyler). (malheureusement plus en écoute)