dimanche 28 octobre 2007

[Oldies] Bob Dylan – Blood On The Tracks : New-York Sessions (1974)

Vous ne trouverez ce disque nulle part. Aucun de vos disquaires, du plus imposant au plus petit, n’aura cet album dans ses bacs. Car cet album n’est rien d’autre qu’un bootleg, un enregistrement non-officiel et jamais sorti.

Remettons les choses à leur place. En 1974, Bob Dylan n’a plus l’aura qu’il a eue dans les 60s. Devenu une (la ?) figure de proue de la musique américaine à cette époque là grâce à une quantités de classiques ('Blonde on Blonde', 'Highway 61 Revisited', 'The Freewheelin' Bob Dylan', ce genre de choses), aussitôt célébrés comme tels dès leurs sorties, Dylan se prend le virage des années 70 en pleine tronche et sans demander son reste. Il enchaîne alors les albums piteux suivis d’autres plus moyens.

Arrive donc 1974. Notre homme connaît des difficultés dans son couple et décide de donner une suite à son 'Planet Waves', sorti la même année. Les tensions du couple Sarah-Bob Dylan seront la base de cet album.
Les sessions d’enregistrements se déroulent à New-York, mi-septembre 1974. Et en 4 journées de temps (remplies jusqu’à ras bord), les dix morceaux de l’album sont mis en boite. Columbia, plutôt satisfait du résultat, s’apprête à commercialiser ce fameux ‘Blood On The Tracks’.

Pourtant, au dernier moment, Bob Dylan fait volte-face et demande à repousser la sortie du disque. Les raisons de ce revirement varient et divergent, l’explication qui revient le plus restant que le Zim aurait trouvé (suite à quelques discussions avec son frère David) l’ensemble finalement trop monotone, trop lisse et qu’il aurait souhaité un peu plus de diversité.
Sur de son fait, il réenregistre cinq titres à Minneapolis fin 1974 (You're A Big Girl Now, Idiot Wind, Tangled Up In Blue, Lily, Rosemary And The Jack Of Hearts et If You See Her, Say Hello) avec en studio beaucoup plus de musiciens que pour les sessions new-yorkaises, et sort l’album début 1975.

Bien lui en prend car ‘Blood On The Tracks’ est un succès total, aussi bien critique que commercial et permet à son auteur de sortir, sur sa lancée, les fameuses ‘Basement Tapes’, enregistrées des années auparavant avec le Band. Bref Bob Dylan est de retour, tout du moins pour un temps.

Malgré cela, il reste ces fameuses 'New-York Sessions' délaissées, qui sont devenues avec le temps un des bootlegs les plus prisés de Bob Dylan avec les 'Genuine Basement Tapes' (cinq disques de titres inédits et de prises alternatives). Un enregistrement des plus incroyables, peut-être supérieur à celui qui verra le jour officiellement. On retrouve ici le Dylan des débuts. Certes, le tout est beaucoup moins folk que par le passé (son jeu de guitare est devenu plus pop), mais le côté épuré des morceaux rappelle les prémices de ce qu’il deviendra plus tard. Tout est ici très calme, très doux. Une production des plus discrètes ajoute à l’ensemble un côté plus « vrai ».

Il suffit d’écouter Idiot Wind (voir plus bas) - clairement un de ses plus beaux titres - pour s’en persuader. Il y a ici une pudeur dans le chant et les arrangements assez incroyable, qu’on ne retrouve pas dans les versions ultérieures.

Surtout, l’ensemble est d’une cohérence sans faille, d’une qualité qui ne faiblit pas une seconde. Bien sur, 'Blood On the Tracks' reste un des plus beaux albums de Bob Dylan, c’est une évidence : les compositions, les textes ont une force folle. Et le tout est particulièrement autobiographique, quoiqu'en dise son auteur.
Mais à choisir, si je devais partir sur une île déserte, je pense que je prendrais ce disque là plutôt que l’officiel. Ici, le Zim se met vraiment à nu et n'en est que plus émouvant.

Depuis quelques années, Bob Dylan, via Columbia, réédite ses bootlegs les plus connus (le 'Royal Albert Hall Concert' de 1966 notamment). Il n’est donc pas vain d’espérer voir un jour ces sessions sortir dans un format plus traditionnel et surtout plus officiel. Histoire de découvrir un auteur apaisé et serein, beaucoup moins enlevé certes mais pas moins touchant.


Trois titres: Lily, Rosemary and the Jack of Hearts, Idiot Wind et If You See Her Say Hello. Un conseil d’écoute: avoir à portée de main son ‘Blood On The Tracks’ afin de pouvoir "comparer". Et, comme toujours avec Bob Dylan, avoir les paroles dans un coin, pour en comprendre tous les sens (aller sur ce site d'un fan français qui propose une traduction de chacun des morceaux du Zim) :




4 commentaires:

  1. Arf tu as ça salopard... Presque aussi rare que mon acetate de l'album officiel !
    Y'a-t-il des crédits d'enregistrement sur la pochette ? Car l'orgue sur Idiot Wind sonne plus qu'énormément comme celui de Garth Hudson !

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  2. Ah non, je n'ai pas du tout ce disque en original, bootleg officiel d'époque. Ca serait trop beau.

    Non j'ai juste une version cédé. Et concernant les credits, je vais voir ca.

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  3. Salut!

    Je reviens de Bruxelles et devinez ce que j'en ramène?????

    Le vinyle tiré a 500 exemplaires dans le monde (le numéroté 74 pour le coup..).

    Tangled up in Blue et Idiot wind sont superbes dans cette version. Heureux comme un poisson dans l'eau d'avoir ce lp.

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  4. Han!
    Mais comme je t'envie (ou te deteste) ami anonyme! :'(
    Tu prends une photo du bouzin et tu fais péter (oui, j'aime me faire du mal)?

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