Si l’on demande au premier pékin venu – et qui n’a aucun intérêt spécial pour la musique et son histoire – son avis sur messieurs Ike Turner et Phil Spector, on devrait s’en tirer avec les réponses suivantes :
- "Phil Spector ? C’est pas le producteur qui a buté sa femme y a quelques années ?"
- "Ike Turner ? Le mari de Tina Turner non ? D’ailleurs, il ne la tapait pas un peu beaucoup, passionnément à la folie ?"
- "Ike Turner ? Le mari de Tina Turner non ? D’ailleurs, il ne la tapait pas un peu beaucoup, passionnément à la folie ?"
Avant toutes choses, il faudra admettre l’évidence : oui, Phil Spector a foutu une bastos entre les deux yeux, non pas à sa femme mais à la comédienne Lana Clarkson et oui, Ike Turner n’avait pas son pareil pour envoyer à sa douce (et à quelques autres, il était partageur) deux trois torgnoles bien senties en pleine poire. Oui, clairement, deux sacrés connards, on ne va pas se le cacher.
Mais, vu que nous sommes sur un blog musical, les affres et les tourments personnels de ces deux bourrins ne nous intéressent pas outre mesure, malgré les scandaleux actes dont ils ont été les auteurs. Non. Ce qui attise et éveille notre curiosité voire nos sens, ce sont plutôt leurs actions en tant qu’artistes. Et alors qu’Ike Turner vient de passer de vie à trépas, il semblait normal de lui rendre un (rapide) hommage. Et comment le faire autrement qu’en parlant du grand œuvre auquel il a participé : 'River Deep Mountain High'. Un disque essentiels des années 60 et, osons le, de l’histoire de la musique.
Un album que l’on doit à trois personnes. A Ike Turner donc, à Tina, son épouse d’alors et à Phil Spector, THE producteur du moment (et le plus grand des 50 dernières années ?). A eux trois, ils vont pondre en 1966 un must-have de soul-pop-music, porté par une voix, une production aux oignons, un jeu d’une justesse folle et un single absolument monumental :
* Phil Spector est ici à son apogée. Il le déclarera lui-même : 'River Deep Mountain High' est son chef d’oeuvre, son Everest. Jamais son célèbre Wall of Sound n’a aussi bien fonctionné et n’a autant porté les chansons. Jamais il n’a été aussi précis, percutant, parfait.
* Tina Turner, elle, ne chantera plus jamais aussi bien. Elle possède ici une force et une puissance vocale ahurissante, capable de susurrer comme de monter au septième ciel en deux temps trois mouvements, sans jamais hurler et nous déchirer les tympans. Elle est dans le ton, juste à l’endroit où il faut. Et la production de Spector semble avoir été créée pour sa voix et rien que pour sa voix.
* Quant à Ike Turner, le père du rock’n’roll (son premier enregistrement, Rocket 88, avec les Kings of Rhythm en 1951, est considéré par le très officiel Rock and Roll Hall of Fame comme le premier morceau rock’n’roll de l'histoire de la musique. Rien de moins), ses compositions sont d’une qualité affolante, une écoute (même rapide, partielle et en diagonale) de Such a fool for You, I Idolize You (voir plus bas) ou Make ‘Em Wait permettant de s’en rendre compte.
Et surtout, cet album là est porté par un des plus grands single qui soit et qui porte le nom du disque : River Deep Mountain High (voir plus bas bis). Un monument de soul endiablée, de pop libérée, de douceurs à fleur de peau. Tina Turner semble en transe. Muscialement, on touche au génie pur. Un des plus grands singles de l’histoire. A mettre au même niveau que le Like a Rolling Stones de Dylan ou le God Only Knows des Beach Boys. Ce genre de choses.
'River Deep Mountain High' est un classique parmi les classiques. Des chœurs, une grande voix, une production soignée et un jeu parfait. La symbiose du trio est déroutante, fascinante car jamais après, ni l’un, ni l’une ni l’autre n’arriveront à se rapprocher de ce disque là. Tout est là. Fermez le ban.
Alors oui, Ike Turner vient de passer l’arme à gauche au grand soulagement de ses anciennes compagnes, Spector a assassiné sa femme et Tina Turner incarne comme personne depuis 20 ans la vulgarité faite femme. Mais en 1966, ces trois là auront sorti un disque essentiel. Et sans nullement vouloir absoudre les actes de cette brute d’Ike, on a quand même, à l’écoute de ce 'River Deep Mountain High', envie de dire : RIP Mister Turner.
Première sortie: Septembre 1966 (A&M)
Dernière réédition: 2001 (Polygram)
Dernière réédition: 2001 (Polygram)
Trois chansons. Forcément River Deep Mountain High. Et pour ne pas être en reste, deux autre bijoux, I Idolize You et I'll Never Need More Than This. Bordel Tina quoi...
Tiens une belle découverte pour ma part !
RépondreSupprimerCeci dit je trouve que c'est un niveau en-dessous d'un Millie Jackson.
Disons que c'est différent alors. Parce que quand même hein: Phil Spector!
RépondreSupprimerUn article tout simplement honteux et bourré d'inexactitudes.
RépondreSupprimerArgh merde ! Faudrait que je le relise.
RépondreSupprimerBen n'hésite pas cher Anonyme à préciser tout cela, j'en tiendrais compte. :)