Annonçant sans doute un prochain album à venir, les parisiens de Frustration viennent de sortir un 45-tours assez fameux, qui cumule vieillerie en face-A (The Drawback a été enregistré en 2015) et reprise en face-B (Electric Heat de The Visitors).
Fameux parce qu'il est punk/post-punk jusqu'au bout des ongles. Parce qu'il aurait été dommage de laisser une chanson comme The Drawback dans un tiroir, tant son urgence est épatante. Et parce que la reprise des Visitors, bien que collant beaucoup à l'originale, est réussie. N'en demandons pas plus à un jeudi.
C'est fou comme la mort de gens dont on n'a pas eu de nouvelles depuis
20 ans peut vous prendre par surprise et vous toucher plus que de raison. Mark Hollis n'est donc plus, parti à 64 ans après deux décennies passées loin d'une industrie musicale qui aura longtemps espéré son retour.
De lui, on se souviendra évidemment de trois chefs d’œuvre (deux de Talk Talk, un en solo), faisant de lui un « grand artisan de la lenteur et de la suspension »comme le disait si élégamment hier soir Alexandre Lenot. Et on n'oubliera pas aussi les premiers disques de Talk Talk, sans doute plus « communs », mais par lesquels je l'ai rencontré ; et notamment leur premier album, 'The Party's Over', son single d'ouverture magistral ainsi que sa chanson titre qui n'a pas pris une ride. Et qui n'a malheureusement jamais aussi bien porté son nom qu'aujourd'hui.
La scène rock française va bien, merci pour elle. Et s'il fallait encore des preuves à certains, le concert de vendredi dernier au Sonic à Lyon aura fait son œuvre.
Se produisaient ce soir là les très aimés dans ces pages En Attendant Ana avec en première partie les valentinois de Off Models. Et comme la chronique du jour concerne avant tout ces derniers, une fois n’est pas coutume commençons cette review par la performance de la tête d’affiche.
Dans une salle bien remplie, les parisiens vont dérouler leur premier album 'Lost and Found', avec classe et presque timidité. Le groupe est appliqué, les mélodies ressortent plus que jamais, l’apport de la trompette n’est jamais anodin et à chaque fois très juste. Mieux, En Attendant Ana termine son set mais décide de jouer finalement une dernière chanson, « une nouvelle que nous n’avons jamais interprétée en concert » et qui, avec ses petits atours de tube indie, promet déjà beaucoup.
Les En Attendant Ana concluent là une très bonne soirée, débutée par la performance d’Off Models, sextet de Valence qui en profitait pour faire la release party de son premier album sorti courant janvier, notamment sur deux labels lyonnais (Teenage Hate Records et Ligature Records), ceci expliquant cela. Une performance brillante, à l’image du du disque qu’ils viennent de réaliser. La scène du Sonic a beau être petite pour un groupe de six membres, les Off Models n’en ont cure. Et vont montrer que 'Never Fallen In Love' est un album de grande qualité. Sur un set court mais sans presque de temps mort, le groupe aligne ses chansons indie-rock, ses guitares (et qu'elles sont belles !), ses mélodies, son côté sixties/yé-yé (Mysteries of My Memory) sans oublier de multiplier les voix sur les refrains.
Malins, ils attendent la fin de leur set pour jouer My Dear, la chanson la plus réussie de 'Never Fallen In Love'. Un titre fameux, tranchant presque avec le reste de l’album d’ailleurs, sonnant très bien sur scène et qui prouve, s’il en était besoin, que Off Models a tout pour ne pas être qu'un simple flirt hivernal. Quelques titres plus tard, le groupe, radieux, cède sa place à En Attendant Ana, va vendre quelques disques et se prépare pour les prochaines échéances (une dizaine de concerts d'ici juin). A l'image des couleurs du dos de la pochette de 'Never Fallen In Love', l'avenir s'annonce rose pour les valentinois. (Sortie : 11 janvier 2019)
'Never Fallen In Love' de Off Models est en écoute (notamment) sur Spotify et Deezer
Trois chansons de ce 'Never Fallen In Love' de Off Models en écoute. Tout d'abord My Dear, la meilleure chanson de l'album (également disponible dans les playlists Spotify et Deezer dans la colonne gauche de ce blog). Puis le single Fast Line, suivi de près par Greetings From The Dust, single en puissance lui aussi :
Pour finir, et histoire d'être complet sur ce 'Never Fallen In Love' des Off Models, voilà le clip de Fast Life, la chanson d'ouverture de l'album :
Dans la catégorie des groupes qui « avaient tout pour cartonner mais de façon totalement incroyable ne l'ont pas fait », je voudrais les Crocodiles, duo de San Diego en Californie.
Alors certes, peut-être pas avec leur premier album 'Summer of Hate', disque adoré dans ces pages mais au post-punk-shoegaze un peu trop noisy pour plaire au plus grand nombre. Mais 'Sleep Forever', sa production soignée (James Ford aux manettes), son côté plus lumineux, carré et surtout ce Mirrors absolument génial, assurément si.
Pourtant, rien ; ou pas grand chose en tout cas. Les albums se sont succédé (2012, 2013, 2015, 2016) et rapidement ils ont disparu des radars - et en tout cas du mien. Mais ils existent encore. La preuve avec leur septième album, 'Love Is Here', lancé par un Wait Until Tomorrow, qui ne leur amènera sans doute pas le succès qu'ils auraient mérité, mais qui a le bon goût de remettre l'église au centre du village. Les guitares crissent et jouent au ping-pong avec la belle voix de Brandon Welchez, la production est à son avantage, la mélodie travaillée. Que demander de plus ?
Juste qu'ils arrivent à maintenir le niveau sur la durée de ce 'Love Is Here'. A confirmer très rapidement donc, et sans attendre demain d'ailleurs, vu qu'il sort ce vendredi.
Enregistrée en quelques heures, We Are In The Wild And We Are Home est la première collaboration entre John Davis de Superdrag et Matthew Caws de Nada Surf. Et elle a plutôt du chien. Un chien power-pop et dans laquelle on retrouve - beaucoup - l'urgence et ce qui fai(sai)t tout le sel de Nada Surf.
Emballante, avec une sitar qui ouvre l'ensemble (et qui rappelle inévitablement vous savez qui), énergique et nerveuse, We Are In The Wild And We Are Home n'est pour l'instant qu'un simple single, dont, c'est à noter, l'ensemble des bénéfices ira à l'association Americares Charity. Ce qui explique sans doute le côté « peace and love » des paroles, presque naïves. Mais à une époque comme la nôtre, où le moindre désaccord se termine en invectives et insultes, on n'ira pas critiquer l'idée.
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), We Are In The Wild And We Are Home de John Davis and Matthew Caws est également en écoute ci-dessous :
Forts de quelques Ep et singles réussis, le quatuor PRIESTS venu de la capitale américaine avait réussi ses débuts avec un premier album - 'Nothing Feels Natural' - franchement réussi.
Depuis, et après une tournée conséquente, PRIESTS a mis en chantier un nouvel album et remplacé sa bassiste Taylor Mulitz (partie vers d'autres horizons avec ses Flasher) par Janel Leppin.
Ce deuxième opus qui sortira le 5 avril prochain est mis en orbite par The Seduction of Kansas, chanson qui donnera son nom à l'album, respire la mélancolie et a ce petit riff, cette mélodie et ce refrain qui accrochent votre oreille plus que de raison.
Sans doute plus pop et moins post-punk que sur ce à quoi ils nous avaient habitué jusque là, mais je n'en ai cure : la chanson est de qualité.
La seconde fois est donc en 2019. Et ce sera sans doute la dernière vu que le groupe arrête, tout en laissant en épitaphe le 'Datsusara Ep' dont il est question aujourd'hui, après plus de dix ans de carrière.
Un disque pleins de regrets. Pas forcément pour le groupe (j'imagine qu'il a ses raisons et la fin de l'aventure semble être prévue de longue date et ne pas se faire dans la douleur) mais surtout pour moi. Car cet Ep de Hold Your Horses est en beaucoup de points enivrant. Il est même d'une évidence forte.
Quatre titres seulement, mais une pop ambitieuse (un peu de Silver Mt Zion ici, un peu de Modest Mouse - et pas qu'au chant - par là, beaucoup d'Arcade Fire époque Funéral sur City Of Our Dreams, en écoute aujourd'hui), orchestrée, presque orchestrale par moments, aux petits détails ravissants, aux mélodies, chœurs et voix attachantes. Et qui me font dire que j'aurais du mettre mes oreilles sur leurs productions bien plus tôt.
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), City Of Our Dreams de Hold Your Horses, superbe chanson de clôture de disque et de carrière, à deux visages, est en écoute ci-dessous :
Autre chanson réussie de ce 'Datsusara Ep' de Hold Your Horses, Arms & Arms est également en écoute ci-dessous :