mardi 29 octobre 2019

Kishi Bashi - Omoiyari [Joyful Noise]

Dans la foulée de l'attaque par les japonais de la base-navale de Pearl Harbor le 7 décembre 1941, le gouvernement américain, bien aidé par le sentiment anti-japonais qui explosa alors aux Etats-Unis, décida de créer des camps d'internement pour les ressortissants nippons ou les américains d'origine japonaise.

Ce fait assez peu connu de la deuxième guerre mondiale, et pour lequel les États-Unis mirent 46 ans à s'excuser, est la toile de fond de 'Omoiyari', quatrième album de Kaoru Ishibashi, artiste sino-américain qui officie depuis 2012 sous le nom de Kishi Bashi.

Un des disques les plus bien mis en musique de l'année et sans doute l'album « pop » de 2019. Car la plupart des chansons d''Omoiyari' sont emballées avec brillance, touché et délicatesse. Penny Rabbit and Summer Bear, qui ouvre l'ensemble, pose le décor avec brio : une magnifique mélodie, enrobée délicatement de cordes et d'une voix belle, douce, jamais dans l'excès. Tout 'Omoiyari' sera de la même veine. 

Rappelant aussi bien Sufjan Stevens qu'Amandine (formidable groupe suédois dont les deux premiers disques continuent de subjuguer les oreilles de votre serviteur), lorgnant souvent vers une pop de chambre, presque néo-classique, et finissant même par une chanson entre country et traditionnel américain, Kishi Bashi navigue tout au long des 10 titres de 'Omoiyari' dans les eaux d'une pop-folk comme lettrée, où chaque instrument est à une place juste et apporte son écot à la réalisation de mélodies qui ne s’essoufflent jamais.

Avec pour toile de fond ces camps d'internement japonais (les oiseaux en bois peint de la pochette viennent de là-bas), Kishi Bashi déroule ses histoires, souvent d'amour, évoque Franklin Delano Roosevelt ou le Convict Leasing (système pénal du sud des États-Unis, sorte d'esclavage déguisé, qui voulait que chaque condamné soit mis à la disposition d'exploitations ou de plantations privées) ; et met cela en musique à grand renfort de banjo, violoncelle, piano (classique ou électrique), orgue, flute, batterie (plus caressée que frappée), guitare et autre basse, piquant parfois les cordes de son violon comme pour mieux illuminer ses compositions.

Complété début 2020 par un documentaire (réalisé par Kishi Bashi lui-même) racontant le processus créatif qui a amené cet album, 'Omoiyari' (qu'on pourrait traduire par « empathie ») est un très beau disque, parfois flamboyant, souvent touchant et surtout empreint d'une douce mélancolie qui ne tombe jamais dans une tristesse surjouée et fabriquée. (Sortie : 31 mai 2019)

Plus :
'Omoiyari' de Kishi Bashi est à l'écoute sur sa page bandcamp
'Omoiyari' de Kishi Bashi est à l'achat sur leur page bandcamp
'Omoiyari' de Kishi Bashi est également en écoute sur Spotify et Deezer

Trois titres de ce magnifique 'Omoiyari' de Kishi Bashi en écoute. A Song For You pour commencer (également en écoute dans les playlists Spotify et Deezer, et dans la colonne de gauche de ce blog), single évident. Puis Summer of '42 et ses cordes qui vous prennent par le col dès les premières secondes. Enfin, Penny Rabbit and Summer Bear, la chanson qui ouvre l'album de manière merveilleuse :





Voilà les deux très beaux clips tirés de 'Omoiyari' de Kishi Bashi. D'abord celui Marigolds. Puis celui de Violin Tsunami :




Pour finir, un teaser pour le film de Kishi Bashi, qui raconte le processus créatif ayant mené à 'Omoiyari' :


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