Un coup d'eau sur le visage et un voyage en tram plus tard, nous voilà au Marché Gare, salle dont la reconstruction récente m'épate à chaque fois. Sur les visages de l'assistance et notamment de toutes les connaissances que je croise, les visages sont fatigués, presque fermés, les cernes réelles. L'envie d'être là semble mitigée mais que voulez-vous, le concert est complet et nous avons tous payé notre place. Et puis... et puis miracle.
Tout d'abord, Lewsberg s'avance sur scène. Il est 20h30. L'ambiance est feutrée. Les néerlandais démarrent leur set dans un silence poli, avec leurs chansons qui naviguent entre le Velvet Underground, Lou Reed solo et un rien de Belle & Sebastian des débuts - notamment dès qu'une des filles prend le chant, une des nouveautés de leur dernier album 'Out And About'. Les titres s'enchainent et très vite, on sent le public réceptif aux mélodies de ce quatuor stoïque et presque timide, et encore plus dès qu'il aligne les chansons les plus énergiques de son répertoire, avec en point d'orgue Six Hills, l'excellent single sorti il y a deux ans chez Speedy Wunderground. Une heure plus tard, Lewsberg tire sa révérence en ayant conquis une bonne partie du public avec leurs chansons moins post-punk décharné que par le passé et plus pop/jangle-pop sèche comme une trique mais tout à fait séduisante.
Autre ambiance avec Protomartyr qui en 1h15 va renverser la table le temps d'un set mené tambour battant, en alignant les meilleures chansons de 'Formal Growth in the Desert' (notamment en ouverture) et en faisant monter gentiment la pression sous le chant et les cris d'un Joe Casey en grande forme, avant de retourner totalement la salle au milieu du concert, pour ne plus la lâcher.
Après un rappel dantesque, les lumières se rallument, l'ambiance retombe, et les visages ont une toute autre apparence que quelques heures avant. Le plaisir et la puissance que Lewsberg et Protomartyr ont envoyé chacun à leur façon ont remis les pendules à l'heure. Il n'est plus question de bâillement, de grosse fatigue. L'énergie est revenue.
Reste à reprendre une bière, passer au merch acheter le dernier album de Lewsberg, en profiter pour échanger quelques mots avec Arie van Vliet et Michiel Klein (souriant et affable, très loin de l'image sérieuse et fermée qu'il affiche sur scène, ce qui fera dire notamment à mon ami Mathieu « lui, à mon avis, il rit quand il se brûle »), qui confirment donc qu'ils joueront bien (encore décidément !) sur Lyon le 18 décembre prochain à Grrrnd Zero à Vaulx-en-Velin, et que si leur dernier album 'Out And About' sort à nouveau sans label, c'est un vrai choix de leur part, pour être totalement libre. Des dernières paroles qui confirment, au delà de leurs chansons et de leurs mélodies, à quel point ce groupe est à part et qu'il mériterait un succès bien plus grand que celui qui est le sien jusque là.
Sur le trajet du retour, sous un léger crachin, et alors qu'on continue de deviser sur les prestations du soir, qu'on évoque les concerts à venir avant de dévier pour mieux parler des désespérantes saisons footballistiques de nos clubs de cœur respectifs, je me dis qu'à l'heure qu'il est je pourrais être dans mon lit depuis cinq longues heures. Mais qu'au final, la vie n'est pas si mal faite. Et que des vendredis revigorants comme ça valent toutes les siestes du monde.
Année : 2023
Label : -
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Autre chanson réussie de 'Out and About' de Lewsberg, voilà Out For Milk :
Il semblerait donc qu'on soit allé au même concert. ^^
RépondreSupprimerBelle découverte que Lewsberg pour ma part. Encore un poil trop influencé ?
Et puis Protomartyr, parfait comme d'habitude !
J'étais moins fatigué en rentrant qu'en y allant, c'est clair.
Au théâtre de Bourg-en-Bresse.
RépondreSupprimerPour la fatigue, oui c'est souvent… mais là ça m'a d'autant plus marqué que j'étais fatigué en y allant, me sentant un peu limite pour conduire (j'ai presque 2h de route), et redoutant le retour. Mais en fait non : tout excité, comme après chaque concert de ce genre.
Ah oui, 2h de route tout de même. Et deux fois dans la semaine. Hé bé !
RépondreSupprimerArgh pour Dominique A, je l'aurais bien vu. Surtout que je voulais parler prochainement (ca fait des mois que je me dis ca) du disque "complément" de l'an passé, qui est sorti en début d'année et que j'aime mais alors beaucoup beaucoup.
Ouais, on est des fous (on a covoituré pour Facs).
RépondreSupprimerIl y a encore quelques dates sur la tournée de Dom A mais plus rien dans le coin… :-(
J'aime beaucoup le dernier et le EP qui suit également.