mardi 15 septembre 2009

Mayer Hawthorne - A Strange Arrangement [Stones Throw]

N’allez pas croire que je suis fan de revival, mais l’actualité est ainsi faite. Après du eighties «en veux tu en voilà je vous rajoute une guitare fuzz pour le même prix ma bonne dame?», voilà donc de la soul, choyée, cajolée, bichonnée par Stones Throw, un de mes labels préférés s’il en est (mais si vous suivez ces pages, vous avez du vous en rendre compte).

Depuis quelques années, l’industrie de la musique a su s’engouffrer dans un revival black des plus enthousiasmants. Mené par l’incroyable ‘Back to Black’ d’Amy Winehouse, aidés aux ailes par les finlandais des The Soul Investigators, empli de légèreté par le surprenant ‘Rockferry’ de Duffy, le courant a pris forme, et surtout soin de laisser sur le côté de la route les moins vrais du lot – tout du moins en grande partie. Surtout, il a confirmé que, selon moi, la soul est un courant phénoménal, peut-être le seul auquel le grand public n’adhère réellement que si la sincérité est présente.

De sincérité, Mayer Hawthorne n’en manque pas. Dernier petit prodige sorti de l’écurie de Madlib et de ses copains, ce blanc bec de 29 ans, et aux lunettes toutes carrées, est originaire d’Ann Arbor dans le Michigan. Un garçon initié très jeune à la black music par son père, féru du genre, et qui ne destinait aucunement à être chanteur mais plutôt musicien.

C’est d’ailleurs là que certains pourront trouver la petite faiblesse de ce ‘A Strange Arrangement’ , premier album du jeune homme: la voix. Une voix légère, au grain assez peu orthodoxe, loin des canons du genre. Précisons toutefois, qu'à mes yeux, elle devient rapidement un atout indéniable, une marque de fabrique, aux accents qui parfois rappellent le grand Marvin Gaye.

Musicalement par contre, notre homme est renversant dès les premières notes. En faisant montre d’une loyauté sans borne envers cette soul qui l’a fait vibrer toute sa vie, Mayer Hawthorne rappelle à lui tout l’imaginaire Motown, notamment celui des Supremes (dur de ne pas penser à You Can’t Hurry Love à l’écoute de Your Easy Lovin' Ain't Pleasin' Nothin' et à Baby Love sur One Track Mind) mais aussi le fantôme de Burt Bacharach (I Wish It Would Rain notamment). Mieux il refait vivre cette période avec talent, sans vantardise aucune, avec une production soignée (une foultitude de détails, comme ces notes de guitare discrètes mais bien présentes à la fin de The Ills par exemple), clappings, cuivres chaleureux et chœurs du meilleur effet.

Bref, il a tout d’un grand. Et si ‘A Strange Arrangement’ n’est pas le chef d’œuvre de l’année, il n’en reste pas moins un solide album de revival, par un jeune homme inspiré, dont les futures aventures discographiques seront très attendues sous mon couvre-chef.
Histoire de planter un point final à cette chronique et de vous prouver qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise, voilà ce que déclare Peanut Butter Wolf, fondateur de Stones Throw, dj et producteur à ses heures, à propos de Hawthorne: «I think Mayer is the only artist in the history of the label that I’ve signed after hearing only two songs». Le genre de compliment qu’il est difficile d’occulter et qui vous pose un artiste. (sortie: 9 septembre 2009)


Son :
Myspace (Deux chansons de ce ‘A Strange Arrangement’ en écoute)

Et en écoute, deux chansons, deux des plus belles. Le Burt Bacharach-ien I Wish It Would Rain et l’énergique The Ills (malheureusement plus en écoute).
Pour finir, deux clips. Le premier, celui de Just Ain't Gonna Work Out, titre sorti en single et gravé sur un vinyle rouge en forme de cœur (et qui est le point central de la vidéo). Et le second, celui de Maybe So Maybe No, qui surprend par son environnement actuel:

Mayer HawthorneJust Ain't Gonna Work



Mayer HawthorneMaybe So Maybe No



7 commentaires:

  1. Pas mal du tout : les arrangements d'I wish It would rain sont effectivement à tomber et la voix a de la tenue mais personnellement, Mayer me fait davantage penser à Eddie Kendricks des Tempt' que Marvin Gaye. Mayer a la suavité mais il lui manque le grit et l'incroyable sens rythmique de l'auteur de Dancing in the streets. En dépit de ces menues nuances, belle découverte !

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  2. Très chouette découverte, c'est clair ! Merci :-)

    Tu connais Jesse Dee sinon ? Dans une veine soul, le petit Bostonien assure bien (disque, Bittersweet Batch, chronique : http://www.popnews.com/popnews/jesse-dee-bittersweet-batch/)

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  3. c'est gentil, c'est sympa à écouter, mais j'ai pas été totalement convaincu par cet album. Y'a qq jolis titres mais d'autres beaucoup plus dispensables. Bizarre de retrouver ça sur Stones Throw, d'ailleurs.

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  4. @ Sonic Eric: Je pense qu'on verra plus le talent du bonhomme sur les prochains disques. Mais beau départ, clairement.

    @ Mickael Choisi: Non, inconnu au bataillon. Je tente d'écouter ça asap: ta chronique donne envie. Et j'ai envie de soul en ce moment!

    @ Benoit: pas tant que ça: Stones Throw a Now Again, son petit frère soul-funk. Sauf que Peanut Butter Wolf semble y croire vraiment à ce chanteur en forme de geek (et il a bien raison le bougre).

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  5. Ton article est vraiment super, bien écrit, intéressant et fin. Mais j'ai beau vraiment aimer Madlib (surtout sa phase Quasimoto d'ailleurs) je trouve Mayer Hawthorne chiant à crever, après ton article j'étais séduit, mais l'album est horrible mon vieux. Ne le prend surtout pas comme une attaque, c'est juste que l'ayant lu, je sais (pour avoir moi même un blog du type : http://awaretune.wordpress.com -> si tu veux te venger) que les retombées font toujours plaisir. En tout cas continue à écrire c'est génial!"

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  6. Le coté chiant à crever ressort de temps à autres. Et je comprends qu'on puisse le trouver ennuyeux. Mais chez moi, vraiment ca marche.
    Et joli blog oui. Rajout sur le coté de mon blog. :)

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  7. Et la chronique chez Benzine:

    http://www.benzinemag.net/2009/12/15/mayer-hawthorne-a-strange-arrangement/

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