« I did not rush to be seen Floating in mother’s warm dark sea Endlessly My resistance wore down on a Friday Near noon Piercing the light too soon Too soon
Mostly not visible but to the air Mostly not visible but to the air
I met the world slowly Slowly Thought I was a stowaway Caressed me into being For nearly nothing Thought I was a stowaway Guess I was a stowaway
Mostly not visible but to the air Mostly not visible but to the air
Mostly not visible but to the air
Shadow of the living light Mostly not visible but to the air
Shadow of the living light
Mostly not visible but to the air Shadow of the living light
Shadow of the living light
Shadow of the living light »
Album : Ghosts of No Année : 2016 Label : Vicious Circle
Si on faisait un petit calcul statistique rapide - et au doigt mouillé -, je pense qu'en Europe, 90% des disques appréciés, écoutés, chroniqués et classés dans un top musical de l'année viennent des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada. Les 10% d'albums restant venant sans doute du pays d'origine de l'auditeur, avec parfois quelques disques scandinaves (mais chantés en anglais) qui arrivent à s'immiscer en timides joker de luxe.
Ces pages ne font évidemment pas exception, vu qu'à quelques disques italien, russe ou japonais, toutes mes écoutes se concentrent sur la chanson française mais surtout sur les productions anglo-saxonnes.
Prenons donc le contre-pied pour une fois en parlant d'un disque qui aurait du faire parler de lui depuis bien longtemps dans nos contrées : 'Useless Generation' (ou 'Άχρηστη Γενιά' en version originale) de Bazooka.
Bazooka est un groupe grec, originaire de la ville de Volos en Thessalie. Une cité fondée par Créthée et qui serait le point de départ de l'aventure de Jason et des Argonautes, partis chercher la Toison d'Or ; c'est également la ville qui a vu naître Vangelis. Le point wikipédia étant terminé, retournons à nos moutons - noirs.
Bazooka est un quintet rock qui n'a qu'un seul défaut : son nom. Car Bazooka est un patronyme peu avenant et surtout déjà utilisé à de multiples reprises depuis 40 ans par de nombreux groupes (Rate Your Music compte à lui seul une quinzaine d’occurrences).
Mais à part cela, il n'y a rien de négatif à dire sur ce combo hellène qui compte deux (!) batteries en son sein et qui chante dans sa langue natale (ce qui, pour l'auditeur français que je suis, est une nouveauté). Car leur 'Useless Generation' est un disque épatant, formidable, incroyable et qui, j'ose le dire, s'il venait de Brooklyn ou de Los Angeles, aurait déjà été monté au pinacle par tous les Pitchfork, Stereogum ou Inrocks du monde.
Car bien que chanté dans la langue - mise à jour - d'Aristote, 'Useless Generation' va piocher ses influences aussi bien dans le garage-rock américain que le punk anglais, le blues-rock ou le psychédélisme le plus fameux. Il y a de tout ici, des Stooges (formidable Lie (Ψέμα en version-originale) en écoute aujourd'hui) aux Clash (Magic Fingers (Μαγικά Δάχτυλα)) en passant par Led Zeppelin ou les Flaming Sideburns (et leur bien trop méconnu 'Hallelujah Rock'n'Rollah').
Alors évidemment, il est difficile de comprendre un traitre mot de ce que racontent les Bazooka quand on ne connait pas le grec - et c'est mon cas, ma mère étant plus latiniste à l'époque de mon adolescence. Il se peut donc que tout au long des 37 minutes de cet album, les Bazooka alignent poncifs gênants, vulgarité misogyne, propos homophobes, racistes ou reprises de chants nazis. Il se peut oui.
Mais entre son titre 'Useless Generation', sa pochette (un ours en peluche éventré au sol et recouvert de confettis), la situation grecque de ces 5 - au moins - dernières années et les quelques traductions de paroles glanées ici et là, j'ose à croire et espérer qu'il est profondément engagé, intelligent et revendicatif. Ce qui en relèverait encore plus le caractère implacable et parfait (on confirmera en tout cas tout cela en se procurant la version physique de l'album, vinyle ou cd, qui contient les paroles traduites en anglais).
Car c'est cela qui ressort des dizaines d'écoute de 'Useless Generation' : un disque brillant, très bien produit, à la construction parfaite, aux chansons impeccables, aux riffs et à la fougue implacables. Oui, cela fait beaucoup de superlatifs mais cet album des Bazooka le mérite amplement. Depuis dix jours, je n'ai quasiment plus que ça dans les oreilles, mon air-guitare en bandoulière et ma voix de fausset qui hurle du yaourt. Sauf que pour la première fois de ma vie, ce yaourt sonne grec. (sortie : 4 mars 2016)
Ce deuxième album de Bazooka 'Useless Generation' ('Άχρηστη Γενιά') est également en écoute chez Spotify et Deezer.
Comme le veut la tradition, trois titres de 'Useless Generation' ('Άχρηστη Γενιά') de Bazooka en écoute aujourd'hui. A tout seigneur tout honneur, le très Stooges Lie (Ψέμα en vo), également en écoute dans la playlist Spotify à gauche. Suit ensuite le punk Repetition (ou Επανάληψη). Enfin, pour clôturer l'affaire, They Travel (Ταξιδεύουν) aux faux-airs pop et aux guitares tonitruantes :
Histoire d'être complet, les deux clips issus de ce deuxième album de Bazooka. Tout d'abord, celui de la chanson d'ouverture et qui porte le nom de l'album, Useless Generation (Άχρηστη Γενιά) :
Enfin, leur deuxième single, intitulé The Screen (Oθόνη) :
Découvert (ou plutôt lancé réellement) à l'âge de 62 ans par Daptone Records, l'histoire de Charles Bradley est un résumé du rêve américain qui aurait mis du temps à se manifester. Mais depuis ses premiers singles pour Daptone Records dans les années 2000 et surtout depuis son premier album en 2011, Charles Bradley a décidé de rattraper le temps perdu en cuisine où il officia la grande majorité de sa vie.
Ainsi, depuis 'No Time for Dreaming', Charles Bradley a enchainé de longues tournées et deux albums, dont le dernier en date est sorti le 1er avril dernier. Il s'appelle 'Changes', ne voit pas notre homme changer sa ligne directrice.
Merveilleusement produit et mis en musique (quel groupe il a avec lui, on ne cessera jamais de le dire), Charles Bradley continue de puiser son inspiration chez James Brown mais plus généralement dans les années 70 qui lui vont bien au corps et à la voix. En résulte un disque qui s'ouvre par quelques notes d'orgue et un petit sermon avant qu'une soul absolument imparable prenne les choses en main et aligne titres fameux sur chansons à tomber (Good to be Back Home, la reprise de Black Sabbath Changes, Ain't It a Sin ou encore Change For The World, en écoute aujourd'hui).
Un disque classieux donc et qui une nouvelle fois n'aurait pas fait tâche à côté de certains des grands classiques de l'époque.
Malheureusement, depuis la sortie de 'Changes', Charles Bradley a appris qu'il était atteint d'un cancer de l'estomac. Comme si cette salope de vie venait lui rappeler que tout succès, même tardif, a son revers. Toujours. Croisons les doigts qu'il s'en sorte, revienne, continue et de chanter et de vivre son rêve. Tout en espérant pouvoir, très égoïstement, pouvoir le revoir au moins une fois sur scène, son groupe, lui et son magnétisme.
Album : Changes Année : 2016 Label : Daptone Acheter
Change For The World, en plus de la playlist Spotify à gauche, est également en écoute sur le lien ci-dessous :
En plus de Change For The World, voilà le clip de Changes, reprise donc de Black Sabbath. Un clip superbe :
Enfin, autre chanson mémorable de ce 'Changes', Good to Be Back Home et ses cris James Brown-iens :
Tout droit venu du Boston, Massachusetts (j'adore cette habitude géographique américaine), Bent Shapes est un quatuor qui a sorti au printemps dernier son deuxième album, 'Wolves of Want'. N'ayant pas écouté leur première fournée ('Feels Weird'), je ne m'engagerais donc pas sur la voie des comparaisons.
N'y allons pas par quatre chemins : ce disque de Bent Shapes n'est pas le meilleur de la galaxie Slumberland. Car oui, 'Wolves of Want' a des défauts, allant d'une voix pas forcément attachante ou remarquable à quelques chansons anodines en passant par des effets évitables.
Pour autant, cet album - produit par Elio DeLuca, un ex de ces tarés de Titus Andronicus -, reste un album qu'il faut écouter, si tant est qu'on aime le rock et la pop américaine, évidemment.
Il y a ici assez de guitares Strokes-ienne, de fougue ici et de chansons remarquables (Realization Hits, Béton Brut qu'on dirait tout droit sortie des années 90, le calme Intransitive Verbs, la chanson d'ouverture New Starts in Old Dominion et ses premiers accords qui font penser à Nirvana) pour y trouver son compte. En gros, une sorte de version bostonienne des californien de The Idyllists - en moins pop cependant.
Album : Wolves of Want Année : 2016 Label : Slumberland
La scène est anecdotique mais mérite d'être racontée : en 2014, lors de la seconde édition de Heart of Glass, Heart of Gold (aka « le meilleur festival du monde »), alors que dans tous les coins du village vacances de l'évènement les concerts s'enchaînent, une centaine de personnes est groupée dans un des bars pour participer à un karaoké pop géant.
Les titres défilent ; puis à un moment donné, un homme, la quarantaine, front dégarni, prend le micro. Et se met à chanter From Russia, With Love, la chanson originale du James Bond du même nom, interprétée à l'époque par Matt Monro. La salle est sous le charme et lui réserve une bien belle ovation.
Lui, c'est Matt Elliott, anglais de son état, dont quelques albums dans les années 2000 avaient marqué les oreilles, notamment les miennes ('The Mess We Made' en 2003, puis la trilogie 'Drinking Songs' / 'Failing Songs' / 'Howling Songs' entre 2005 et 2008).
Présent sur le festival pour un concert très intimiste, donné à-côté de la piscine, juché sur une chaise, il avait su dans l'après-midi emporter la trentaine de personnes en maillot de bains s'étant arrêté pour l'écouter, lui, tout seul à la guitare, égrenant quelques unes de ses belles et mélancoliques chansons.
Bien qu'ayant disparu des radars médiatiques, Matt Elliott continue à sortir des albums à un rythme régulier. Francophile convaincu, c'est toujours chez les français de Ici D'ailleurs qu'il a sorti en février dernier son nouvel album, 'The Calm Before', le huitième pour le label nancéien.
Un disque - une nouvelle fois - aussi mélancolique que beau. Il voit Matt Elliott alterner moments acoustiques et intimistes qu'il rythme par sa guitare folk et sa douce et belle voix (que cet homme chante bien !), et parties plus sonores, où se mêlent violons, batterie, guitare électrique et chœurs, le tout dans une ambiance d'Europe de l'Est, qui lui est chère. I Only Wanted to Give You Everything (en écoute aujourd'hui) en est d'ailleurs l'exemple parfait. Chanson de 10 mns, c'est une merveille de montée et de descente, avec une partie centrale vibrante de choeurs et de « but you don't love me » répétés à l'envi. Osons même le dire, un des sommets de 2016. Carrément.
Album : The Calm Before Année : 2016 Label : Ici D'ailleurs
De façon très surprenante, 'The Calm Before' est à indisponible sur Spotify mais aussi sur Deezer, Soundcloud ou Bandcamp. Donc forcément, I Only Wanted to Give You Everything est uniquement disponible à l'écoute sur le lien youtube ci-dessous :
Un court teaser de 'The Calm Before' par Matt Elliott. Très réussi :
Enfin, lors de l'édition 2014 de 'Heart of Glass, Heart of Gold', La Blogothèque avait réalisé un petit film report de 15 mns. Sur celui-ci, on trouve un enregistrement de Matt Elliott, filmé pour l'occasion. A voir ci-dessous (à partir de 6'40") :
Si l'on avait pu se rendre compte de son talent de mélodiste sur son premier album 'Catapulte' en 2013, celui-ci avait quelques défauts. Le '30 minutes with Chevalrex' (chez La Souterraine) avait gommé quelques imperfections. 'Futurisme', sorti en juin dernier, termine le travail et confirme le bien que l'on pensait de Rémy Poncet (vrai nom de Chevalrex) et de sa vision de la chanson française.
Dans la droite lignée musicale d'un Arnaud-Fleurent Didier (Aussi Loin) ou d'un Florent Marchet (Orléans) - mais également au niveau du chant - tout en rappelant Matthieu Boggaerts ou même le méconnu Cyrz, Chevalrex défend ici une certaine idée de la pop bien de chez nous, qui sait être intelligente, ambitieuse et surtout, qui sait raconter des histoires.
En fait, le seul bémol que l'on pourrait apporter à 'Futurisme' serait que Chevalrex ne développe pas plus certaines de ses chansons, qui mériteraient parfois un pont, un refrain, un couplet ou une relance de plus.
Mais ceci n'est rien en comparaison du plaisir que l'on peut éprouver à l'écouter de ce très bel album de pop française, où cuivres et guitares se marient à merveille. Il était à suivre il y a 2 ans. Il devient avec 'Futurisme' une valeur sûre.
Album : Futurisme Année : 2016 Label : Vietnam Acheter
En plus du lecteur Spotify, Aussi Loin est également écoute ci-dessous, via son clip :
Un autre très bel extrait de ce 'Futurisme', Pour Cible :
En plus d'Aussi Loin, voilà la démo de Avec Mon Frère, une des 12 chansons de 'Futurisme'. Une démo sortie sur le Vol. 7 des compilations - fort recommandables - de La Souterraine. Une version bien différente de celle de l'album dont il est question aujourd'hui, mais réussie elle aussi :
Évidemment, ce disque a bientôt un an (il est sorti le 22 janvier dernier). Mais il mérite que l'on s'y intéresse. Oh pas forcément pour sa qualité intrinsèque folle. Car ce troisième effort solo d'Eleanor Friedberger, ex-Fiery Furnaces, est loin de la qualité des deux premiers, 'Last Summer' et 'Personal Record'.
Non, 'New View' est un disque finalement un peu en roue libre, où Eleanor Friedberger aligne des compositions assez banales - pour elle en tout cas -, loin de ses élans passés.
Mais qu'on ne se méprenne pas : rien ici n'est mauvais ou raté. Ce 'New View' n'a juste pas vraiment d'épaisseur, malgré une production aux atours seventies plutôt seventies.
Alors pourquoi s'y intéresser me direz-vous ? Déjà parce que c'est Eleanor Friedberger et que vu son talent de compositrice, il y a forcément quelques moment à prendre ici ou là (He Didn't Mention His Mother et Two Version of Tomorrow, à la mélodie qui rappelle le Dylan de 'Blood on the Tracks').
Mais surtout pour A Long Walk, qui termine 'New View'. Une - longue - chanson d'amour déchu, naviguant entre amour déchu (« We left my place together, but I wrote this song alone »), dérision (« I forgot how to cross the road, but the drivers still know how to brake »), guitare et solos circa 1972 et piano virevoltant. Emballant.
Album : New View Année : 2016 Label : Frenchkiss Records
Pourquoi apprécie t-on un disque ? A quel moment celui-ci passe de quelconque à intéressant à passionnant ? J'ai beau chercher, je n'ai toujours pas trouvé d'explication.
Mais je me pose une nouvelle fois la question à l'écoute de 'Taste', un des deux albums sortis simultanément par Islands cette année, groupe héros de votre serviteur et surtout de mes oreilles au milieu des années 2000.
Entendons-nous bien : bien que les ayant passablement délaissé et ne m'y intéressant que sporadiquement (quoique je me rends compte que j'en parle finalement pas mal dans ces pages), j'ai toujours l'espoir de retrouver la fougue de leur 'Return to the Sea' (voire de 'Who Will Cut Our Hair When We're Gone?' des Unicorns, dont 2/3 d'Islands est à la base originaire).
Et donc, 'Taste' ? Des premières écoutes vraiment pas emballantes, un disque qui déroule sans que l'oreille ne retienne grand chose. Une synth-pop un peu trop marquée à mon goût. Oui mais justement, lequel de goût ? Celui d'un vendredi soir ? D'un samedi après-midi ? Allez savoir.
Car il s'avère que quelques jours plus tard, bien que fatigué par une semaine éprouvante, j'ai lancé à nouveau ce 'Taste', sans trop savoir pourquoi, m'étant alors fait à l'idée que ce disque était raté. Et c'est pourtant là que j'en ai trouvé toute la magie. The Joke déjà m'a définitivement accroché l'oreille. En écoute aujourd'hui, cette chanson est le single qu'Islands devrait sortir pour promouvoir ce disque. Un morceau efficace et aux guitares dansantes, qui a tout d'un tube, certes marqué « années 2000 », mais qui donne envie de plus que dodeliner de la tête.
Le reste ? Finalement, le mélange réussi de sonorités pop « classiques » et d'élan synth-pop de qualité, leurs jolies basses (No Milk, No Sugar), leurs non moins belles guitares (une des forces de l'album de The Joke à Outspoken Dirtbiker, de Snowflake à The Weekend) la folie de leurs compositions (elle est peut-être passagère et bien moins présente que par le passé mais on la retrouve souvent au détours d'un pont ou d'une refrain), la production - parfaite de bout en bout, l'ombre de New Order qui passe dire bonjour de temps à autres, la voix de Nicholas Thorburn (seul rescapé du premier album et de l'aventure Unicorns), tout cela m'a plu.
Deux jours plus tard, le résultat est toujours aussi probant : ce disque d'Islands est - très - bon. Appelez ça de la nostalgie de retrouver un groupe qu'on a beaucoup aimé, parlez d'un alignement de planète fortuit, expliquez cela par une fatigue trop grande : 'Taste', sans être difficile d'accès mérite qu'on creuse plus profondément que quelques rapides premières écoutes. Un vrai grower.Et un vrai beau disque.(sortie : 13 mai 2016)
Trois chansons de ce nouvel album d'Islands, comme le veut la tradition. The Joke, LE tube de 'Taste', également en écoute dans le lecteur Spotify à gauche. Mais aussi Carried Away (la chanson la plus synthétique de l'album avec Weekend) et Snowflake, l'autre titre fort de ces 12 chansons :
Course complètement idiote - pour peu qu'on s'amuse à ce petit jeu, le top des meilleurs albums est une récréation assez jubilatoire à faire, en tout cas pour l'auteur de ces lignes (qui, soit dit en passant, a manqué, faute de temps ou d'envie, deux tops albums).
Pourquoi cette introduction ? Car après de très nombreuses écoutes de 'The Past is not a Flood', quatrième album des Hospital Ships, la question mérite d'être posée : et si nous tenions là le meilleur disque de l'année ?
Hospital Ships est un groupe découvert (pour ma part, cela va sans dire) via la compilation 'Weary Engine Blues', sortie en hommage à Jason Molina, quelques semaines après le décès de ce dernier. Le groupe y reprenait Hammer Down, sorti sur le premier album de Magnolia Electric Co. (le groupe succédant nominativement à Songs: Ohia), 'What Comes After the Blues'.
Quatuor à la base, Hospital Ships n'est plus aujourd'hui le projet que d'un seul homme, Jordan Geiger. Mais pour ce 'The Past is not a Flood', ce dernier s'est adjoint pour l'occasion les services de Thor Harris, percussionniste chez feu les Swans de Michael Gira. Un camarade de jeu qu'il connait vu qu'ils ont tous les deux officiés un temps chez Shearwater de Jonathan Meiburg.
La bonne nouvelle, c'est que bien qu'en comité restreint, Hospital Ships ne limite pas ses ambitions musicales et fait de 'The Past is not a Flood' un ravissement de 37 mns. Six chansons qui prennent leur temps (la plus courte, Long May You, fait tout de même 4.55 mns) et qui étirent des mélodies répétitives (ces trois notes de piano répétées à l'envie sur You and I), des ambiances rêveuses, des synthétiseurs profond (Oh My Light) ou encore le fantôme du 'Spoon and Rafter' de Mojave 3 (Long May You). Un ensemble musical auquel vient se marier la voix de Jordan Geiger, qui n'est pas sans rappeler celle de Jonathan Donahue de Mercury Rev (notamment sur Little Flower).
Ici, pas de quoi danser la gigue, car comme l'explique Graveface Records (label historique d'Hospital Ships) : « 'The Past is Not a Flood' is a product of his dealing with trying to break the cycle of years of mental illness, anxiety and depression.». Tout un programme.
Mais il n'en reste pas moins que cet album est vrai voyage, tantôt en apesanteur, tantôt dans des sphères plus heurtées. La fin d'année nous dira au final si 'The Past is Not a Flood' est aussi marquant que je le pense. Mais au final, ceci n'a que très peu d'importance. Car comme le chantent les Hospital Ships sur All in Time : « We're all going to die... we're all going to die... ». (sortie : 11 mars 2016)
Comme le veut la tradition, trois titres en écoute de cet album d'Hospital Ships : All in Time, LA merveille de ce 'The Past is not a Flood'(en écoute dans le lecteur Spotify à gauche également). Mais également Little Flower et Long May You :
Enfin, et pour finir, la très convaincante version acoustique d'All in Time par Jordan Geiger, l'homme derrière Hospital Ships :
Dix-neuvième sortie de Requiem Pour Un Twister (déjà !), le deuxième album de Dead Horse One (groupe dont je ne sais rien à part qu'il vient de Valence) 'Season Of Mist' n'a pas encore officiellement vu le jour (ça sera pour le 25 novembre prochain) qu'il promet déjà beaucoup. La faute à un premier titre, Forget About Jesus (ndlr : certains feraient bien d'en prendre bonne note) totalement impeccable.
Pour résumer et la faire courte, c'est un peu le shoegaze qui rencontre la brit-pop ; ou pour faire encore plus simple : when My Bloody Valentine meets Oasis. Oui, c'est sans doute très réducteur, très caricatural même, mais c'est vraiment ce qui m'est venu à l'esprit aux premières écoutes.
Évidemment, difficile de juger de la qualité de ce 'Season Of Mist' sur un seul premier titre. Il n'empêche, ce Forget About Jesus (EDIT : reprise de Swell comme me le fait justement remarquer Mind Riot Music), placé en toute fin d'album (et cette place lui va comme un gant) annonce de bien belles choses pour Dead Horse One. Et ce n'est pas une rapide écoute de l'album - alors même que j'écris ces lignes - qui viendra contredire ceci.
Si le monde de la musique est bien fait et si le suivisme sidérant qui est devenu la norme sur internet depuis quelques années fait une pause, alors 'Season Of Mist' pourrait faire parler de lui et connaître son petit succès. Il semble en avoir tous les atouts en tout cas.
Album : Season Of Mist Année : 2016 Label : Requiem Pour Un Twister
Forget About Jesus, premier extrait du premier album de Dead Horse One est en écoute sur le bandcamp de Requiem Pour Un Twister, et également ci-dessous (mais pas dans le lecteur spotify malheureusement) :
Pour les moins férus de comics américains, Plantman est un des innombrables héros de Marvel (autour duquel, sauf erreur, les nouveaux champions des blockbusters qui sont tous pareils n'a toujours pas lancé de projet cinématographique). Ne goûtant qu'assez peu cet univers là, Plantman reste pour moi le nom d'un groupe anglais composé de Matt Randall, Adam Radmall, Bryan Styles, Mark Steward et Stafford Glover.
Un groupe découvert en 2012 avec leur deuxième album 'Whispering Trees', genre de petite douceur qu'on aimerait garder pour soi mais qui mérite mieux que quelques oreilles attentives.
Leur nouvel album s'appelle 'To The Lighthouse', et est comme les fois précédentes orné d'une pochette dessinée (à l'instar de leur cousin américain Jeremy Messersmith auquel on pourrait parfois les rapprocher). Et il confirme tout le potentiel de ces anglais tout droit venu de l'Essex.
Ici, pas de rock abrasif, de drone entêtant ou de pop brinquebalante. Non. 'To The Lighthouse' est un disque de folk/folk-rock de composition assez classique, et qui voit les fantômes de Jackson C. Frankvoire Nick Drake passer par moment, tout en piquant ici et là des guitares tout droit venu des années 70.
Langoureux, lumineux, lascif même par moment, ce troisième album de Plantman est en tout cas une réussite à tous les niveaux. Les compositions tiennent la route, les mélodies sont belles, le glockenspiel est envoûtant, et la voix de Matt Randall, tête de proue du groupe, toujours posée, accentue ce sentiment de mélancolie qui s'échappe de l'écoute de 'To The Lighthouse'.
Album : To The Lighthouse Année : 2016 Label : Arlen Records
Je n'ai jamais été plus fan que cela des Teenage Fanclub, même si je tiens en bonne estime 'Bandwagonesque' et 'Grand Prix'. C'est peut-être à cause de cela que je n'ai pas plus accroché à ce 11ème album des anglais, plus si teenage que cela (on doit gentiment se rapprocher des 50 ans de moyenne d'âge désormais).
Car 'Here' n'est pas un disque renversant. A l'image du précédent d'où ne ressortait qu'un joli Baby Lee. Un disque qui ronronne plus qu'il ne convainc réellement. On en ressort sans grand souvenir finalement : les chansons s'enchainent sans véritablement de passion et rythme. Pis, les mélodies sont plutôt absentes, ce qui, on l'avouera, est un peu gênant.
Mais (car il y a toujours un « mais »), on notera toutefois le très bon enchainement The First Sight / Live in the moment, au cœur de ce 'Here', le seul passage vraiment marquant de l'album, qui a le bon gout de lâcher les chevaux et où l'on sent le groupe prendre pas mal de plaisir (ce qui fait d'ailleurs de Live in the Moment un excellent single en devenir).
Mais sinon oui, 'Here' reste un disque sans grande saveur. Pas de quoi blâmer les Teenage Fanclub, car il n'y a strictement rien de honteux ici. Mais c'est trop inoffensif pour être emballant.
Album : Here Année : 2016 Label : Merge Acheter
En écoute dans le lecteur Spotify, Live in the moment est également en écoute ci-dessous :
Pour finir, le clip de I'm in Love, premier single de ce nouvel album des Teenage Fanclub :
L'homme le plus triste du monde est de retour. Sept ans après 'There Are No Goodbyes', deux ans après son It's Easy to Be Lonely qui appelait à de nouvelles chansons déprimantes, Robin Proper-Sheppard aka Sophia est de retour avec son septième album.
Il s'appelle 'As We Make Our Way (Unknown Harbours)', sort chez The Flower Shop Recordings (son propre label) et se rapproche par sa construction de 'People Are Like Seasons', qui voit les titres fort et les balades dépressives se renvoyer la balle.
Unknown Harbours, qui ouvre l'album avec un piano obsédant, est un instrumental et lance parfaitement l'affaire. D'ici, Sophia va enchainer titres aux guitares alertes (Resisting et son côté The Twilight Sad), morceaux pop (California, bluette sautillante, presque optimiste; You Say It's Alright) et chansons plus langoureuses (The Drifter), mélancoliques (la flagellation de Blame et sa rythmique martiale) ou les deux à la fois (sublime Don't Ask et ses paroles à l'avenant : « So don't ask what you don't wanna know, because everybody's running from something »). Histoire de bien finir ses nouvelles aventures, Sophia termine ce 'As We Make Our Way (Unknown Harbours)' par une nouvelle version It's Easy to Be Lonely, qui gagne encore en nervosité.
Retour réussi donc. Ce mec semble toujours porter les malheurs sentimentaux du monde entier sur ses épaules. Je ne sais pas où il trouve autant d'inspiration pour chanter ces chansons là. Ce qui est sûr par contre, c'est qu'après une écoute intensive ces derniers jours, 'As We Make Our Way (Unknown Harbours)' est sans doute un de ses meilleurs albums.
Album : As We Make Our Way (Unknown Harbours) Année : 2016 Label : The Flower Shop Recordings
Bien que dit et répété de nombreuses fois dans ces pages ces 9 dernières années, assénons le une nouvelle fois : la discographie de Tim Hecker est sans faille. Et ce n'est pas son dernier album, 'Love Streams' qui contredira cette vérité.
Paru chez, excusez du peu, 4AD, cet album le voit continuer son travail passionnant sur les textures, dans la lignée de son précédent disque, le sublime 'Virgins' (et je pèse mes mots).
Mais à l'instar de Kevin Morby, Tim Hecker vient de sortir un nouveau titre (la comparaison avec le folkeux s'arrête là) pour la série des Adult Swim singles (dont il a déjà été question ici et là) : le morceau s'appelle Veil Scans et est d'une profondeur folle. Tim Hecker offre ici un titre puissant, lourd, presque oppressant, au rythme répétitif, où les couches s'empilent petit à petit, sans que le morceau ne se départisse en rien de sa ligne mélodique, avant que l'ensemble s'apaise et s'éloigne du fracas. Une allégorie de la semaine qui s'ouvre en quelques sortes.