Chez Art-Rock, on aime faire les choses bien. Alors, à l'heure où la réédition de la discographie des Beatles continue de faire espérer l'industrie du disque à des jours meilleurs et après le bilan précis et exhaustif de l'affaire par KMS (à lire, absolument), GT nous propose d'écrire une bafouille sur une chanson des Fab Four. Dont acte, ci-dessous. (vous pouvez retrouver tous les articles écrits à ce sujets en cliquant ici).
Et histoire de rendre le tout plus participatif, à vous de donner votre top 5 du groupe dans les commentaires.
Mon amour de la pop doit venir de cette chanson.
A l'époque des longs trajets Lyon-Aubenas ou Lyon-Roanne, pour aller voir cousins, cousines, grand-parents, oncles, tantes ou tout ce qui se rapprochait peu ou prou de la famille, pour les 2h de voyage, nous avions droit ma petite sœur et moi aux compilations parentales. Avec au choix, Michel Sardou (je suis totalement incollable), Julien Clerc, Pierre Bachelet, Joe Dassin (grand monsieur totalement mésestimé), Jacques Brel ou Georges Brassens (ma mère en était fan. Elle l'est toujours d'ailleurs). Mes parents aimaient la variété française et cela nous allait bien.
Un jour - je devais avoir huit ans - en visite chez la sœur de ma mère du côté de la Loire, ma tante, plutôt fan de musique anglo-saxonne (et de Daniel Guichard, faut pas déconner) avait copié sur K7, et à l'attention de mes parents, le 'Red Album' des Beatles.
Au retour vers Lyon, et, alors que nous nous apprêtions à entonner ma sœur et moi "Toi, Vladimir Ilitch, t'as raison, tu rigoles, toi qui as voyagé dans un wagon plombé" et autres "Lili voulait aller danser, aller danser le rock'n'roll", voila t-y pas que ma mère insère ça dans l'autoradio de la R11. Hérésie! Sacrilège!
Oui mais non: les Beatles, on connait. Faut dire que prendre son petit déjeuner tous les week-end avec 'Stop ou Encore' de Julien Lepers sur RTL en fond sonore, ça aide. De Help à Yesterday, de A Hard Day's Night à Paperback Writer, nous étions incollables.
Sauf que là, sans crier gare au milieu des tubes que nous connaissons presque par cœur et que nous chantions en yaourt, vient se faufiler une chanson toute bête, dont la petite mélodie me renverse. Celle de Nowhere Man. Cette intro sans instrument, cette voix à plusieurs, ces chœurs au refrain, cette mélodie toute simple, ces "wah-wah" et ces mots finalement assez simples à retenir, font chavirer mon petit cerveau. Va comprendre.
Nowhere Man n'a rien d'extraordinaire, n'a pas vraiment d'histoire hormis le fait qu'elle parle de Lennon et qu'il semblerait que ce soit la première chanson du groupe qui ne parle pas d'amour. Elle se trouve juste sur 'Rubber Soul' (sans doute pour cela que j'ai toujours préféré cet album à 'Revolver'). Et si le côté madeleine de Proust joue beaucoup, je la trouve quand même très belle.
D'ailleurs, depuis cette époque là, j'ai toujours placé Nowhere Man dans mon panthéon personnel des Beatles (avec A Day In a Life, Eleanor Rigby, Tomorrow Never Knows, With a Little Help from My Friends) .
Je me souviens que lors des voyages suivants, je demandais souvent qu'on rembobine la K7 dès la chanson écoulée. Au grand dam de ma petite sœur qui voulait écouter sa chanson à elle, placée juste après sur la compilation. Un titre qu'elle connaissait par cœur, du haut de ses cinq ans: Michelle. L'effet Lepers sûrement.
Sortie album: 3 décembre 1965
Sortie Ep: 8 juillet 1966