Pendant longtemps, Greed Recordings fut un de mes labels préférés. Et je ne me suis pas fait prier pour le faire savoir. Entre le choc que fut l'écoute de'Necessary Alibis' de Moonman, les découvertes de Cornflakes Heroes (voir ici et là), de Delphine Dora, des belges de Guernica, des italiens d'Action Dead Mouse (voir là et ici) ou encore des français de General Bye Bye, Greed Recordings fut un de mes labels préférés, celui dont je guettais impatients les futures sorties.
Sauf que depuis 2012 et la parution de 'ä', troisième dernier album des fameux italiens d'Action Dead Mouse, Michel Malégeant, aux manettes de l'aventure, s'était fait très discret. Il y avait bien son projet personnel CABALE, mais rien jusque là de consistant à se mettre sous la dent.
C'est donc tout à ma joie que je fus il y a quelques semaines de cela quand Michel Malégeant (et Greed Recordings par la même occasion) rompit le silence en présentant son nouveau projet, Maps of Jupiter, avec un 'Firewalker Ep' de cinq titres, aux belles guitares où les ombres et influences de Blonde Redhead et The Notwist planent sur l'ensemble. Un bien joli retour (Architects, en écoute ce jour, en est la meilleure preuve). Et qui, à en croire l'intéressé, n'est que le début de nouvelles aventures.
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Architects de Maps of Jupiter, qui ouvre ce 'Firewalker Ep', est en écoute ci-dessous :
Malcolm Middleton n’est pas un homme têtu. Et c’est tant mieux. Sinon 'Bananas' serait sorti sans avoir jamais existé ; la faute à notre façon d’écouter de la musique. Mais rembobinons.
Il y a quelques mois de cela, Malcolm Middleton annonce qu’il va sortir son septième album. Celui-là s’appelle 'Bananas' donc, et fait suite à 'Summer of '13', un disque de 2016, sans doute le moins bon de sa discographie, sauvé tout de même par le bien joli Like John Lennon Said.
Les annonces se multiplient, mais rien de précis à se mettre sous la dent. Quand la date de sortie arrive, on ne trouve rien et nulle part : ni sur les plateformes de streaming traditionnelles, ni sur bandcamp ou soundcloud. Youtube ? Rien, non plus. Quelques rares critiques s’enthousiasment pour ce 'Bananas'. Mais impossible de confirmer la chose en écoutant le disque. Quid donc ?
Quelques temps après m’être étonné sur twitter de l’absence du disque, Malcolm Middleton m’écrit et m’explique que oui, ne pas mettre son disque en écoute sur internet est un vrai choix. Comme il le dit lui-même : « the album was made with vinyl in mind. It’s like making a vase, rather than a photo of a vase » (l'analogie est jolie).
Un choix artistique aussi rare qu’intransigeant (tous les groupes ne sont pas sur Spotify et compagnie, mais mettent au moins leurs disques en écoute sur bandcamp ou soundcloud) et qui renvoie à une époque révolue où on achetait souvent un album les yeux fermés, conseillés par la presse ou notre disquaire.
Le problème, c’est qu’aujourd’hui, cette époque est totalement révolue. Et que commercialement parlant, cette stratégie est du suicide. Et pour un artiste comme Malcolm Middleton, certes pas tout en haut de la vague de la hype mais pas le premier venu non plus, j'ai rarement vu aussi peu de retours.
Depuis, et même s’il l’avait précisé (« I’ll do cd and digital later to keep everyone happy though »), le disque est disponible de partout ! Et vous savez quoi ? C’est une bonne chose tant il est réussi. Après s'être essayé à plusieurs choses, avec plus ou moins de réussites (le réussi projet'Human Don't Be Angry'et le disque du même acabit avec David Shrigley 'Music and Words', le plus dispensable 'Summer of '13' donc), Malcolm Middleton retrouve ses premières amours, ses mélodies pop pleines de rock et accouche avec 'Bananas' du petit frère de'Waxing Gibbous', disque adoré dans ces pages s'il en est.
Il y a ici tout ce qui m'a toujours plu dans la carrière solo de l'ex-Arab Strap : des mélodies marquantes, des balades tuantes (il reste un des maîtres en la matière dès qu'il s'agit de composer des chansons belles mais à pleurer, la preuve avec Salamander Gray), du piano, une double-basse, des chansons qui finissent rarement là où elles ont démarré, des chemins de traverses, des tiroirs, des relances de ritournelles lorsqu'on sent qu'elles sont prêtes de s'éteindre, cette façon si délicieuse de dire « fuck-off », des textes aussi drôles que mélancoliques et emplis de peine, ces voix (notamment celle de Kenny Anderson, aka King Creosote) qui viennent sublimer l'ensemble, la production de Paul Savage (ex-Delgados), toujours à la production. Il y a un peu tout cela dans cet album de Malcolm Middleton. Un artiste on ne peut plus attachant à tous les niveaux. Et un putain de songwriter.
Hasard (?) du calendrier, un papier sur un ex-Arab Strap succède donc à un papier sur un ex-Arab Strap dans ces pages. C'est toujours bon à prendre. Encore plus quand, au détour d'une excellente interview (voir plus bas), j'apprends que Aidan Moffat et Malcolm Middleton, sont en train de travailler à un possible nouvel album d'Arab Strap : « so we’re writing at the minute, with a view to recording next year and releasing in 2020. We’ve no idea if it’s going to work, or if it’ll fit with the band or just be myself and Aidan ». Si c'est pas de la news ça. (Sortie : 28 septembre 2018)
Trois chansons de ce 'Bananas' de Malcolm Middleton en écoute. Tout d'abord, Salamander Gray (également en écoute dans les playlists Spotify et Deezer), le père Middleton se pose là. Puis, Love Is A Momentary Lapse In Self-Loathing, sans doute le tube de l'album. Et pour finir Buzz Lightyear Helmet, longue de plus de 8mns :
Dans quelques semaines (mais vous me direz, ça déjà commencé depuis fin octobre, va comprendre Charles), quand on tirera le bilan de l'année musicale 2018, il ne faudra pas oublier de mentionner 'Here Lies The Bodies', le très bel album d'Aidan Moffat et de RM Hubbert, dont je m'étais fait l'écho il y a quelques mois de cela.
Quelques mois plus tard, les deux compères écossais remettent le couvert pour un album de noël. Mais vu qu'on est en présence d'Aidan Moffat, c'est une certaine idée de ces célébrations. Le disque s'appelle 'Ghost Stories for Christmas' et il est défini comme ceci : « These are the ghosts of love, haunting happy homes and fairy-lit bars; these are the ghosts of memory, of haunted mirrors, pagan festivities, and unforgettable friends ».
Deux morceaux ont jusque là vu le jour, A Ghost Story for Christmas (et ses grelots de noël) et une très belle reprise d'Only You de Yazoo. Un joli programme donc. Et puis de mieux qu'une voix écossaise pour bercer ses soirées hivernales ?
Mis en lumière par Sufjan Stevens en 2007 à l’occasion d’un « Concert à Emporter » de la Blogothèque où il reprenait leur Lakes of Canada perché sur un toit (voir plus bas), The Innocence Mission ne semble pas usé, fatigué et à court de mélodies.
Fondé en 1989, le trio (le couple Peris, Karen et Don, et Mike Bitts) malgré ses 30 années d'activité continue de sortir des albums. Et contrairement à pas mal de leurs contemporains, on dirait que leurs nouveaux disques sont encore plus beaux que les précédents.
Dernier exemple en date, 'Sun on the Square', album sorti chez Bella Union et en tous points splendide. Bien sûr, il y a la voix de Karen Peris, presque enfantine, qui fait toujours le charme de leurs compositions. Bien sûr, il y a les textes de la même Karen Peris, aussi tristes que plein d'espoirs. Bien sûr, il y a ces arrangements soignés et soyeux, rendant leur folk pleine d'ampleur.
Mais surtout il y a une chanson : Star of Land and Sea (en écoute ce jour). A la première écoute, j'ai cru que Jonathan Donahue de Mercury Rev avait été invité au micro par The Innocence Mission. Et puis non. En fait, cette voix, c'est celle de Don Peris. Et cette chanson, assourdissante de beauté, c'est le plus bel hommage qui soit au 'Deserter's Songs' de Mercury Rev ; vingt ans après.
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Star of Land and Sea de The Innocence Mission est également en écoute ci-dessous :
Autre chanson de ce 'Sun on the Square' de The Innocence Mission, voilà le très beau Shadow of the Pines, dont les quelques notes de piano d'introduction ne sont pas sans rappeler le prélude de Bach :
La reprise de Lakes of Canada de The Innocence Mission par Sufjan Stevens en 2007, lors d'un Concert à Emporter :
Ma première rencontre (musicale s'entend) avec Agoria date de 2004, où, en fin de master, j'étais parti faire un stage de six mois chez PIAS. Là-bas, au service « promotion », j'avais en charge, entre autres choses, la promo (« province » évidemment, les dates parisiennes étant gérées par les attachés de presse) des tournées de Julie Delpy (pour son album éponyme), Sylvain Chauveau (pour 'Un Autre Décembre') et Agoria (il avait sorti l'année précédente 'Blossom'). Nos relations se sont limitées à quelques rares coups de téléphone pour caler quelques interviews ici et là avec les quotidiens régionaux, fanzines et autres radios locales.
Vous me direz, on a rarement fait pire niveau anecdote de pacotille. Mais que voulez-vous, il faut bien ouvrir un papier. Surtout quand on s'est éloigné, chaque année un peu plus de la scène électro actuelle.
Tout ça pour dire donc, que depuis, je n'ai pas arrêté de recroiser Sébastien Devaud, essentiellement en soirée ou en festival. Surtout qu'en tant que lyonnais, on a pu le voir à chacune des éditions de Nuits Sonores (forcément), et que ce furent à chaque fois de grands moments (son ping-pong avec Laurent Garnier en 2008 fut dantesque, le mix final des 10 ans impeccable).
Retomber sur lui au détour d'une news m'a donc poussé à écouter ce nouveau single, Embrace, annonciateur d'un album à venir en mars 2019. Un titre moins électro que pop voire digital-soul, très bien mené et sur lequel la voix de Phoebe Killdeer est délicieuse. Une chanson qui me rappelle bizarrement le Black Water d'Apparat ; et dont la beauté et la puissance prennent encore plus de force à la vision du clip, très fort, réalisé par la réalisatrice libanaise Jessy Moussallem (voir plus bas).
En écoute dans les playlists Spotify et Deezer à gauche, Embrace d'Agoria, avec Phoebe Killdeer au chant, est en écoute ci-dessous, via soundcloud ou son clip :
Pour ainsi dire, j’allais aller me coucher. Et tôt pour une fois. La semaine qui vient de s'ouvrir promet beaucoup. Et puis, sur un dernier passage par twitter, je vois que Grandaddy vient tout juste de faire paraître une nouvelle chanson, la première depuis 'Last Place' leur album de retrouvailles. Et surtout la première depuis le décès de Kevin Garcia, leur bassiste de toujours, mort à 41 ans en pleine tournée en mai 2017. Et la chanson est tellement belle que j'ai reporté de quelques heures mes bonnes résolutions hebdomadaires, une nouvelle fois.
Qu’attendre donc de ce Bison on the Plains ? Une chanson à la douce mélancolie, particulièrement belle, touchante, envoûtante et on ne peut plus Grandaddy. Écrite avant l'enregistrement de 'Last Place', elle n'y avait pas trouvé sa place si l'on en croit Jason Lytle. Et puis, il l'a ressortie des cartons, l'a retravaillée pour mieux la présenter.
Est-ce que Bison on the Plains est dédiée à Kevin Garcia ? Difficile à dire. Lytle ne l'exprime pas dans le court message qui accompagne la sortie de ce titre. Mais si les paroles moins évocatrices que pleines de nostalgie n'y font pas directement référence, il est difficile de ne pas noter l'importance donnée à la basse sur la fin du morceau. Comme un symbole diront certains.
Album : - Label : 30th Century Records Année : 2018
Né en 2009, We Were Promised Jetpacks est un résumé d'une tripotée de groupes de cette époque là : auteurs d'un premier album aussi épatant qu'éclatant ('These Four Walls', adoré dans ces pages) et de suites un peu moins intéressantes à chaque fois.
'The More I Sleep, The Less I Dream' est le quatrième disque des écossais. Et il est à l'image des précédents : pas infamant loin de là, mais franchement pas mémorable. Comme si les We Were Promised Jetpacks avaient tout donné sur leur premier album.
Pour autant, on y trouve sans conteste une de leurs meilleures compositions : The More I Sleep, The Less I Dream (celle-là même qui donne son nom à l'album donc). Un morceau à triple-détente : une première avec la tristesse à fleur de riffs, évacuée par une partie très bruitiste (presque math par instants), où les We Were Promised Jetpacks martyrisent leurs instruments. Et enfin une troisième qui voit le groupe finir la chanson avec une belle ambiance mélancolique (à l'image de ses paroles : « Oh my word I'm nothing but a curse ») menée par quelques notes de guitares et une batterie métronomique.
En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), The More I Sleep, The Less I Dream de We Were Promised Jetpacks est également en écoute ci-dessous :
Autre chanson tirée de ce 'The More I Sleep, The Less I Dream' de We Were Promised Jetpacks, voilà Repeating Patterns :
Tatoos de DFA sur le bras, concerts démentiels (en tout cas, c’est ce qui se dit un peu de partout. Réponse dans quelques jours à Lyon), la confirmation de l’année 2018 est sans conteste celle d’IDLES, quintet de Bristol en Angleterre dont le premier remarqué album 'Brutalism' laissait augurer de bien belles choses.
'Joy as an Act of Resistance.' (oui, avec un point) est sorti à la toute fin du mois d’août dernier et a appuyé là où ça faisait déjà beaucoup de bien. Que ce soit dans la justesse de la production, dans la puissance sonore qu’IDLES engage dans toutes ses chansons, dans la perfection de son tracklisting (quelle introduction que ce Colossus !), dans les paroles de Joe Talbot, rares pour un tel groupe (critique ouverte de la masculinité sur Samaritans où le chanteur assène ses quatre vérités à l'éducation de nos pères, le détournement du tube de Katy Perry en « I kissed a boy and I liked it » sur le même titre, et plus globalement une conscience sociale qui infuse les paroles) et qui ouvre son cœur comme jamais (June, qui évoque la fausse couche de sa femme) ou plus simplement dans ses mélodies implacables, tout est bon dans ce post-punk (mais doit-on vraiment les limiter à cela ?) plus anglais que jamais.
'Joy as an Act of Resistance.' en tout cas s’ajoute à la longue liste des albums « rock » (dans son assertion la plus large évidemment) de très haute volée sortis cette année, de Car Seat Headrest à Deafheaven en passant par Iceage (pour ne citer qu’eux). Le rock est décidément une bien vilaine bête qui n’a vraiment pas envie de mourir.
Album : Joy as an Act of Resistance. Année : 2018 Label : Partisan Records
Je parle rarement deux fois d'un même album dans ces pages (évidemment, il y a des exceptions). Mais faisons une nouvelle exception pour Iceage, quatuor danois, auteur cette année de 'Beyondless', leur quatrième album. Lancé en éclaireur, Catch It annonçait tout le meilleur en février dernier. Mais à ce point ? Peut-être pas.
Parce quedisons le, 'Beyondless' est un album de rock absolument terrible, d'une justesse et d'une efficacité quasi sans égal cette année ('Twin Fantasy (Face to Face)' de Car Seat Headrest). Proto-punk par moments (The Day The Music Dies, forcément Stooges), punk-soul à d'autres (Pain Killer avec Sky Ferreira), rempli de mélodies marquantes, fortes et évidentes (Hurrah ou Take It All, aux faux-airs du Lover's Day de TV On The Radio), porté par un chant toujours aussi impressionnant, Iceage rajoute, comme
si ce n'était pas assez, violon, trompette, saxophone et même trombone.
Impeccable de bout en bout - c'est vraiment peu de le dire - et toujours sans compromission.
Quand sort en novembre 2011 'Twin Fantasy', Will Toledo n’a que 19 ans. Et pourtant, ce disque est déjà son 6è (auquel il faut ajouter un Ep et une compilation de raretés qu’il met à jour depuis) sous le nom Car Seat Headrest (qui, rappelons le, signifie « appui-tête de voiture ») . Un disque qui fera trembler d’émoi toute la fan-base qui ne cesse de grossir et qui a vu, bien avant beaucoup de monde, de Matador à l’auteur de ces lignes, le talent de cet américain à - grosses - lunettes.
Juillet 2016. Pour les ignorants dont je fais partie, 'Teens of Denial' est une révélation. Premier album de Car Seat Headrest signé sur un label (Matador donc, excusez du peu), la claque est immense (lire ici). Voilà donc un jeune homme de 24 ans, qui met un coup de pied formidable dans un rock qui tourne plus souvent en rond qu’à son tour, en y apportant une grande fraîcheur.
Février 2018. Alors qu’on attend un nouvel album de sa part, Will Toledo sort 'Twin Fantasy', qu’il affuble entre parenthèses de « Face to Face ». Non pas un simple re-pressage de son album de 2011, mais un ré-enregistrement complet. Comme il le dit dans un court documentaire de Tidal "I Haven't Done Sh*t This Year" (voir au bas de ce papier), 'Twin Fantasy' est le premier bon album de Car Seat Headrest. D’où l’intérêt de le ré-enregistrer, surtout depuis que Car Seat Headrest est passé de projet solo à groupe à part entière (ils sont désormais six à entourer Will Toledo).
La première version de 'Twin Fantasy' (désormais sous-nommé « Mirror to Mirror ») est un disque excellemment lo-fi, fait à l’arrache mais où les chansons sont déjà là. En ré-enregistrant le tout, Will Toledo a bien modifié quelques structures, mais cela reste à la marge. Il en a bien changé quelques paroles (il en parle sur le tout dernier morceau Twin Fantasy (Those Boyes)), mais toujours de façon assez fine - en 2011, sur Cute Thing, Will Toledo souhaitait qu’on lui donne la voix de Dan Bejar (Destroyer) et la présence scénique de John Entwistle (The Who). En 2018, il ne rêve que d’avoir la voix de Frank Ocean et la présence de James Brown-. Mais, globalement, on est sur le même matériau de base.
Sauf qu’accompagné de six comparses, il lui donne une ampleur insoupçonnée et une profondeur impressionnante. Portées par sa voix toujours trainante et qu'on sent pleine de morgue, les mélodies bien plus mises en valeur qu’en 2011 et donc bien plus marquantes. Les chansons à tiroir ont désormais une justesse et une logique implacable. Et les paroles pas particulièrement enjouées (peur d’être quitté, peur de la mort, peur de voir les autres mourir) prennent une autre dimension.
Certains critiques (notamment de fans) reprochaient à Will Toledo d'avoir choisi la facilité en ré-enregistrant un ancien album plutôt que de sortir de nouvelles compositions. Très sincèrement, elles sont nulles et non avenues. Car 'Twin Fantasy (Face to Face)' est un vrai nouvel album, pas une resucée quelconque. Il est même la version adulte de 'Mirror to Mirror'.
Mieux, malgré sa longueur (71 minutes pour 10 chansons), ce disque n’est en aucun cas ennuyeux et ne s’étire pas plus que de raison. Alternant balades (sublime High to Death) et purs moments de rock'n'roll, il est surtout un album d’une grande unité, cohérence et homogénéité, qui balaye tout le spectre de la musique rock des années 60 à nos jours, pour mieux l’assimiler voire la synthétiser (les différentes influences des membres de Car Seat Headrest n’y sont sans doute pas étrangères).
Sorti dans une édition proposant la version 'Face to Face' et la version 'Mirror to Mirror' (une sorte de réédition anticipée, avec l’album et les démos) en février dernier, ce 'Twin Fantasy' de Car Seat Headrest a désormais neuf mois. Et depuis neuf mois, il revient invariablement dans mes oreilles et s’affirme à chaque nouvelle écoute comme un disque absolument brillant et essentiel. J’ose même le dire, il est au rock ce que furent en leur temps 'Late Registration' de Kanye West et 'Speakerboxxx/The Love Below' d’Outkast à la musique noire : un album synthèse. Et plus que l’album de l’année à mes oreilles, il pourrait être l’album d’une vie. A une autre époque, nul doute qu’il aurait même été l’album d’une génération. (Sortie : 16 février 2018)
Trois chansons de 'Twin Fantasy' de Car Seat Headrest en écoute aujourd’hui. Commençons par Bodys, le tube évident de l'album et son riff implacable(en écoute également dans les playlists Spotify et Deezer dans la colonne de gauche de ce blog). Puis Cute Thing, chanson qui se relance par un break imparable (à partir de 3'22") et où Will Toledo rêverait d'avoir la voix de Frank Ocean. Enfin, la balade sublime qu'est High to Death :
Pour finir, voilà le clip de Nervous Young Inhumans, l'autre tube de 'Twin Fantasy (Face to Face)' de Car Seat Headrest. Et unique single sorti à ce jour :
Tidal a sorti un court documentaire (17 mns) sur Car Seat Headrest en studio, répétant avant de partir en tournée. Alternant répétitions et discussions sur l'histoire du groupe ou de l'intérêt d'un concert, ce 'I Haven't Done Sh*t This Year' est à voir ci-dessous :
EDIT 17 novembre 2018 : Tidal vient de sortir la partie 2 de son documentaire sur Car Seat Headrest, qui se concentre sur le concert du groupe à The Fillmore à San Francisco (avec notamment une version live complète de Beach Life-in-Death) :