lundi 10 septembre 2018

Deafheaven - Ordinary Corrupt Human Love [ANTI-]

Il y a des chansons qui vous font prendre conscience de la force d’un disque. Oh, pas celles qui sont tellement au-dessus qu’elles écrasent le reste des compositions. Non, celles qui subjuguent, celles qui ont ce petit quelque-chose un plus, un rien, ce moment où tout bascule, et qui font passer un album de « réussi » à « mémorable ».

Canary Yellow est de celles-ci. Elle se trouve sur le dernier album de Deafheaven, quatuor de San Francisco, auteur en 2013 de 'Sunbather', disque absolument fascinant, incroyable maelström musical de post-rock, guitares shoegaze, black métal et voix d’outre-tombe.

Canary Yellow est le troisième morceau de 'Ordinary Corrupt Human Love' et le plus long de ce quatrième effort de Deafheaven. C’est surtout une chanson en trois temps. Un début post-rock avec une lente montée progressive qui amène à un déferlement de guitares et de hurlements. Et puis arrive cette huitième minute. La fureur se calme sur quelques accords de guitares ; ce sont ces accords là qui font passer la chanson - et donc l’album - dans une autre dimension. Car si le feu des guitares et le martèlement de la batterie reprennent de plus belle, la mélodie, elle, reste et va mener les 4 dernières minutes à la baguette. Mieux, sur la fin, Deafheaven rajoute encore des couches de guitares, augmente la puissance du son et amène des chœurs inattendus et à faire frissonner d’émoi. Et quand les dernières notes de guitares s’évanouissent, le choc est total. Canary Yellow est sans doute la chanson de l'année. Une sorte de The Pecan Tree mais puissance 10.

C’est donc cette deuxième partie qui envoie 'Ordinary Corrupt Human Love' parmi le sommet des disques écoutés ces derniers temps - et par « derniers temps » je ne parle pas de quelques semaines ou de quelques mois. Car le reste est au même niveau que Canary Yellow. Sans doute plus facile d’accès que ses prédécesseurs, il tranche avec le reste de la discographie de Deafheaven. Post-rock, black-metal, hard-rock, presque prog par moments, limite pop (You Without End qui ouvre notre affaire ou Night People pour un duo avec Chelsea Wolfe tout en retenue) et toujours avec ce « chant » guttural et hurlé, 'Ordinary Corrupt Human Love' est surtout un album clair-obscur incroyablement mélodieux, à la puissance époustouflante. Jamais guitares et hurlements n’auront été aussi lumineux et mélancoliques. (Sortie : 13 juillet 2018)

Plus :
'Ordinary Corrupt Human Love' de Deafheaven est en écoute sur leur bandcamp
'Ordinary Corrupt Human Love' de Deafheaven est à l’achat sur leur bandcamp
'Ordinary Corrupt Human Love' de Deafheaven est en écoute (notamment) chez Deezer et Spotify
Si vous ne deviez lire qu'une seule chronique de 'Ordinary Corrupt Human Love' de Deafheaven, celle de pitchfork est particulièrement conseillée

Trois titres en écoute de 'Ordinary Corrupt Human Love' de Deafheaven, et pas les plus courts évidemment. Forcément, à tout seigneur tout honneur, Canary Yellow et ses 12'17" est essentielle. You Without End, presque pop, est une très belle porte d'entrée pour un album comme celui-ci. Et tant qu'à faire, finissons par Worthless Animal, la chanson qui clôt le disque :




Et pour finir, voilà le clip de Night People, sans doute la chanson la plus calme jamais enregistrée par Deafheaven, et, ce qui ne gâche rien, avec la participation de Chelsea Wolfe. Et premier single de 'Ordinary Corrupt Human Love' :



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