mercredi 29 novembre 2023

[Track of The Day] Treeboy & Arc - Human Catastrophe

« And as the shadows pass, the tension builds » chante Ben Morgan sur Human Catastrophe. Et ce vers résume à lui seul cette chanson, faite d'une tension qui ne fait que croître au son d'éclats de guitares n'ayant de cesse d'éprouver et de provoquer une batterie et une basse métronomiques.

Human Catastrophe est une des meilleures chansons de 'Natural Habitat', le premier album de Treeboy & Arc, groupe originaire de Leeds et qui a publié, ô surprise, un single chez Speedy Wunderground. C'était en 2019 et quatre ans, c'est le temps qu'il aura fallu aux cinq anglais pour écrire, enregistrer et peaufiner cet album réussi, post-punk dans l'âme et qui laisse entrevoir quelques sacrées promesses, avec des compositions sûres et de qualités (Behind The Curtain, Midnight Mass, Box of Frogs, Retirement) et dont la gestion des deux guitares est un petit régal.

Album : Natural Habitat
Année : 2023
Label : Clue Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Human Catastrophe de Treeboy & Arc est également en écoute ci-dessous :

Autre excellente chanson extraite de 'Natural Habitat' de Treeboy & Arc, voilà le single Behind The Curtain :

Le clip du parfait Behind The Curtain de Treeboy & Arc : 

lundi 27 novembre 2023

Pascal Comelade / Ramon Prats / Lee Ranaldo - Velvet Serenade [Staubgold / Cougouyou Music]

'Velvet Serenade', c'est l'histoire d'un groupe mythique, The Velvet Underground, dont l'importance fut telle qu'elle a donné lieu à une anecdote, devenue maxime avec le temps, qui veut que chaque personne qui a acheté l'album à la banane à l'époque a monté un groupe par la suite. Un groupe majeur des années 60, créé sous la coupe d'Andy Warhol et qui va faire naitre trois artistes majeurs : John Cale, Nico et Lou Reed.

'Velvet Serenade', c'est l'histoire d'un livre, 'Linger On: The Velvet Underground' du journaliste espagnol Ignacio Juliá, qui entre 1978 et 2022 a interviewé tous les membres du Velvet Underground et en a fait un livre, une somme même, que l'auteur considère être définitive à propos du groupe et de ceux qui l'ont composé.

Mais pour boucler la boucle et aller au bout de son idée, Ignacio Juliá a également souhaité, selon ses propres termes, « relive the New York band's original dynamics, that creative friction between an American noise guitare player and a poet, Lou Reed, and a radical, lyrical European pianist and songwriter, John Cale ». Alors quelques mois avant la publication de son livre, il a eu l'idée de rendre musicalement hommage au groupe en demandant le concours de Pascal Comelade et Lee Ranaldo de Sonic Youth (pas le dernier admirateur du Velvet), rapidement rejoint par le batteur Ramon Prats. D'où la naissance de 'Velvet Seranade'. La résultante de tout cela. Son aboutissement.

Matérialisé le temps de quelques répétitions et d'un unique concert à Banyoles en Espagne en avril 2022, ce « live » (qui ne sonne pas comme tel) voit donc un trio connaisseur, dévoué et talentueux rendre hommage au Velvet Underground et, notamment, à Lou Reed (sur les six chansons, cinq ont été écrites par Reed ; la sixième, Lou's Blues est une composition de Lee Ranaldo) en tout juste 35 minutes.

Mais qu'il n'y ait pas de méprise : 'Velvet Serenade' n'est pas un simple disque de reprise du Velvet Underground (comme l'indique d'ailleurs dans le livret de l'album Ignacio Juliá : « The three constructed what I had asked for, not a tribute concert made of more or less faithfull covers but a new thing »). Plutôt une relecture de l’œuvre des new-yorkais, un peu à l'image de sa très belle pochette, hommage à Andy Warhol, dont les photos sont tirées d'un film de 1977 d'Ignacio Juliá où il était déjà question du Velvet.

C'est All Tomorrow's Parties qui ouvre notre affaire dans une version très dénudée et instrumentale (comme quasi tout le disque), mené par les claviers lumineux de Pascal Comelade pendant que l'orage s'annonce derrière. Orage qui débaroule sur What Goes On, où les guitares viennent faire la nique à un piano martelé, avant que que I’m Waiting for the Man s'annonce dans une version très répétitive aux larsens bien sentis. Lou's Blues est presque une respiration (qu'on aurait bien vu chanté par Jeff Buckley d'ailleurs), un blues évanescent et aérien. Puis Ocean, chanson du premier album de Lou Reed mais qui aurait pu (du ?) se retrouver sur 'Loaded' du Velvet Underground, voit Lee Ranaldo prendre le micro d'aise et avec ses deux acolytes donner une version des plus Velvetienne à l'ensemble, avec un Ramon Prats faisant sonner ses cymbales et un Pascal Comelade affûtant ses claviers pour mieux les sublimer sur l'immense Femme Fatale, dernier morceau de 'Velvet Serenade', dans une version à la beauté évidente, aux quelques côtés déstructurés mais qu'on aurait rêvé avoir comme compagnon de sommeil lorsque nous étions enfants.

Les dernières notes s'évanouissent à peine que la conclusion est implacable : 'Velvet Serenade' n'est rien d'autre qu'un des plus grands disques hommage à l’œuvre du Velvet Underground jamais sortis. Car il réinvente leurs chansons, les fait passer par d'autres états et montre à quel point elles sont intemporelles et sont d'immenses compositions. N'étant pas un spécialiste de la bande à Warhol, je ne sais pas ce qu'en penseront les puristes. Mais j'ai du mal à ne pas croire que Lou Reed et ses anciens comparses n'aient - ou n'auraient - pas aimé cette réinvention de certains de leurs classiques. Immense disque. (Sortie : 5 mai 2023)

Plus :
'Velvet Serenade' de Pascal Comelade, Ramon Prats et Lee Ranaldo est à l'écoute sur le bandcamp de Staubgold
'Velvet Serenade' de Pascal Comelade, Ramon Prats et Lee Ranaldo est à l'achat sur le bandcamp de Staubgold
'Velvet Serenade' de Pascal Comelade, Ramon Prats et Lee Ranaldo est en écoute, notamment, sur Spotify et Deezer


Trois morceaux de 'Velvet Serenade' de Pascal Comelade, Ramon Prats et Lee Ranaldo en écoute aujourd'hui. What Goes On (parue sur The Velvet Underground en 1969) ouvre le bal, avec son délicieux attelage clavier/guitare (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis la longue relecture de Ocean. Avant de finir par la sublime version de Femme Fatale :

jeudi 23 novembre 2023

[Track of The Day] Lispector - Self-Driving Car

Je suis loin de connaître toute la discographie de Lispector, mais m'est avis que ce 'The Return of the Old Flame ' est le meilleur de tous ceux que j'ai pu découvrir jusque-là. Il faut dire qu'avec son ambiance ouatée, sa basse ronde, ses sonorités qui rebondissent et ses mélodies qui dégagent une jolie lumière, il a tout pour se rendre attachant.

Disque presque copieux (quinze titres), très justement produit, où la voix de Julie Margat (son nom dans le civil) continue de ne pas bouger, comme si le temps n'avait aucune accroche sur son timbre, 'The Return of the Old Flame ' est un petit bonbon délicieux de bedroom pop, aux saveurs indie-pop et synthétiques.

Un album duquel on ressortira - notamment - quatre chansons : le très poppy Do You Happen? (première vraie chanson après le court instrumental d'ouverture), La femme à quatre bras (seul titre en français), Your Silence Is Loud (superbe morceau de clôture) et Self-Driving Car (en écoute ce jour), single de l'album, aux nappes et au refrain très catchy dont on se surprendra à fredonner les paroles plus que de raison (« There must be someone for everyone, someone, someone... »). Oui, c'est cela : ce disque de Lispector est un paquet de bonbons. Et Self-Driving Car son dragibus noir.

Album : The Return of the Old Flame
Année : 2023
Label : Ponytail Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Self-Driving Car de Lispector est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson très réussie de 'The Return of the Old Flame' de Lispector, voilà Do You Happen? :

Le clip de Self-Driving Car de Lispector, single de 'The Return of the Old Flame' :

mardi 21 novembre 2023

[Track of The Day] Jerry David DeCicca - New Shadows

Quelqu'un a dit un jour que le saxophone était la pire chose qui soit arrivée au rock'n'roll. Quand bien même, Jerry David DeCicca n'en a cure et en a mis sur son nouvel album, l'intriguant 'New Shadows'. Intriguant parce qu'il prend le contre pied de son disque de 2018, le très beau et apaisant 'Time The Teacher'. Et parce qu'il a un côté « mauvais goût » (totalement assumé) avec des moments cheap au possible et des sonorités datées que Jerry David DeCicca chante d'une voix trainante et pâteuse qui hésite entre le chant et le parlé.

Et pourtant ? Hé bien ça marche. Sans doute trop calme dans l'ensemble pour véritablement emballer totalement (alors que New Shadows, en écoute aujourd'hui, est une sacrée chanson d'ouverture), tout se tient tout de même ici, dans une sorte de mélange entre les moments soft de Dire Straits et les Bob Dylan et Leonard Cohen des années 80, où se côtoient saxophone, trompette - pas des plus vilaines d'ailleurs, trombone, clarinette, synthé et la toute la panoplie liée aux eighties.

Quelqu'un a dit un jour que le saxophone était la pire chose qui soit arrivée au rock'n'roll. Jerry David DeCicca n'est pas de cet avis. Et très franchement, il a plutôt raison.  

Album : New Shadows
Année : 2023
Label : -

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, New Shadows de Jerry David DeCicca est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson réussie de 'New Shadows' de Jerry David DeCicca, voilà Sing et ses riffs so années 80 : 

Le clip de New Shadows, single de l'album du même nom de Jerry David DeCicca :

vendredi 17 novembre 2023

[Track of The Day] Modern Cosmology - Le Train Ne Passera Pas

Mes amis vous le diront : je vois des sosies partout. Mais attention, c'est moins un talent qu'un toc car dans la majorité des cas il y a plus souvent du « à peu près » que du sosie certifié conforme. Par contre, oui, j'en vois partout.
Mais voyez-vous, cette « maladie » ne s'arrête pas au physique. Elle marche aussi bien au niveau musical (je vous laisse parcourir les innombrables pages de ce blog qui en accumulent un paquet) qu'au niveau de la voix et du phrasé.

Prenez par exemple cet album de Modern Cosmology, groupe que  Lætitia Sadier forme avec Mombojó, quintet brésilien avec qui l'ex Stereolab a déjà enregistré en 2017. On y trouve Le Train Ne Passera Pas, seule chanson en français du disque. Hé bien figurez-vous que j'ai beau faire, sur ce titre,  Lætitia Sadier me fait penser à une version féminine de Michel Berger. Cette façon d'articuler, de prononcer les mots, de dérouler ses vers, de faire tomber ses fins de strophe : tout me rappelle l'ancien compositeur français. 
 
Que faire de cette information me direz-vous ? Pas grand chose à dire vrai, c'est tout à fait anecdotique mais cela donne un cachet supplémentaire à ce très beau morceau et ce joli album qui navigue entre pop un peu arty, ambiances psyché et groovy, bossa ronde comme une balle, et sur lequel ronronnent quelques guitares qui aimer prendre leur temps. A l'image de ce disque qui a la tête dans les nuages.
 
Album : What Will You Grow Now?
Année : 2023
Label : Duophonic

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Le Train Ne Passera Pas de Modern Cosmology est également en écoute ci-dessous :
 
 
 
Autre chanson réussie de 'What Will You Grow Now?' de Modern Cosmology, voilà sa chanson titre :


Le clip de What Will You Grow Now? de Modern Cosmology :

mercredi 15 novembre 2023

[Track of The Day] Le collage de France - Autoporté

Il avait promis que la suite arriverait vite. Et il a tenu parole. Après un 'Rue des Boulets Ep' aguicheur et qui donnait envie d'en savoir plus, Rémi Nation (plus connu pour être l'homme derrière Orouni) donne un peu plus de corps à sa nouvelle aventure Le collage de France avec un nouveau single, Autoporté - qu'on peut imaginer sans trop de mal être la première pierre d'un album à venir.

Autoporté qui poursuit - très bien - les premiers travaux de 'Rue des Boulets', avec sa mélodie joliment pop aux faux-airs synth-pop et que chante Cyriane Girouard d'une voix aux atours presque diaphane. Un nouveau single enthousiasmant et plutôt entêtant.

 
Album : -
Année : 2023
Label : Les Disques du Pavillon

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Autoporté du Collage de France est également en écoute ci-dessous :
 

mardi 14 novembre 2023

[Track of The Day] Animal Collective - Stride Rite

Cela fait vingt ans que je crie dans ces pages mon amour pour Animal Collective. De l'importance qu'ils ont eu sur les productions de leur époque et les suivantes. De leurs albums qui sans cesse se renouvelaient. Des idées foisonnantes que Panda Bear, Avey Tare,  Geologist et Deakin apportaient sur chaque disque. Et si les années ont passé, si leur importance et leur aura ont baissé, le constat ne change pas.

Plutôt que de recommencer et de me répéter à nouveau, faisons vite, faisons bien : leur nouvel album 'Isn't It Now?', s'il ne révolutionnera pas de prime abord leur discographie est en réalité une drogue à l’accoutumance. Un disque brillant, extrêmement bien produit, à la première partie très Animal Collective, presque classique (tout de même Soul Capturer, quel morceau d'entrée) mais qui dès Defeat (chanson pivot merveilleuse de 22 minutes) renvoie beaucoup de monde à ses chères études en faisant des pas de côtés, en explorant à nouveaux d'autres territoires et en ravivant plus que jamais leur flamme (Gem & I, All The Clubs Are Broken).

En point d'orgue, on trouve Stride Rite, sublime chanson, sorte de rencontre entre les Beach Boys et les Fleet Foxes, qui démarre sur un simple piano conduit par Deakin, tandis que des cymbales s’époumonent à l'arrière et que les voix se doublent et se complètent tout du long sur une ambiance de plus en plus psychédélique. Sans aucun doute une de leurs meilleures compositions des dix dernières années.

Album : Isn't It Now?
Année : 2023
Label : Domino Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Stride Rite d'Animal Collective est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson très réussie de 'Isn't It Now?' d'Animal Collective, voilà All The Clubs Are Broken

lundi 13 novembre 2023

[Track of The Day] Lewsberg - Communion

Vendredi soir dernier. La fatigue m'étreint sur les coups de 19h. Comme souvent, une petite sieste de pré-soirée s'impose. Parfois, cette sieste se transforme en nuit complète sans que je m'en rende compte, ouvrant alors les yeux vers 5h du matin, requinqué, frais et dispo. Mais pas ce vendredi non. Car ce vendredi, il y a Protomartyr en ville. Et je n'ai pas envie de rater les américains, auteurs avec 'Formal Growth in the Desert' d'un des meilleurs albums de l'année. J'ai encore moins envie de les rater que la soirée s'ouvre par les néerlandais de Lewsberg, groupe vu à de nombreuses reprises déjà sur Lyon (ils doivent avoir un truc avec la ville). Alors je décolle mes paupières une trentaine de minutes après les avoir fermées, et mon cerveau, conscient de l'opportunité qui m'est donné ce soir, rentre dans un âpre combat avec mon corps qui m'ordonne lui de continuer ce que j'ai si bien commencé.

Un coup d'eau sur le visage et un voyage en tram plus tard, nous voilà au Marché Gare, salle dont la reconstruction récente m'épate à chaque fois. Sur les visages de l'assistance et notamment de toutes les connaissances que je croise, les visages sont fatigués, presque fermés, les cernes réelles. L'envie d'être là semble mitigée mais que voulez-vous, le concert est complet et nous avons tous payé notre place. Et puis... et puis miracle.

Tout d'abord, Lewsberg s'avance sur scène. Il est 20h30. L'ambiance est feutrée. Les néerlandais démarrent leur set dans un silence poli, avec leurs chansons qui naviguent entre le Velvet Underground, Lou Reed solo et un rien de Belle & Sebastian des débuts - notamment dès qu'une des filles prend le chant, une des nouveautés de leur dernier album 'Out And About'. Les titres s'enchainent et très vite, on sent le public réceptif aux mélodies de ce quatuor stoïque et presque timide, et encore plus dès qu'il aligne les chansons les plus énergiques de son répertoire, avec en point d'orgue Six Hills, l'excellent single sorti il y a deux ans chez Speedy Wunderground. Une heure plus tard, Lewsberg tire sa révérence en ayant conquis une bonne partie du public avec leurs chansons moins post-punk décharné que par le passé et plus pop/jangle-pop sèche comme une trique mais tout à fait séduisante.

Autre ambiance avec Protomartyr qui en 1h15 va  renverser la table le temps d'un  set mené tambour battant, en alignant les meilleures chansons de 'Formal Growth in the Desert' (notamment en ouverture) et en faisant monter gentiment la pression sous le chant et les cris d'un Joe Casey en grande forme, avant de retourner totalement la salle au milieu du concert, pour ne plus la lâcher.

Après un rappel dantesque, les lumières se rallument, l'ambiance retombe, et les visages ont une toute autre apparence que quelques heures avant. Le plaisir et la puissance que Lewsberg et Protomartyr ont envoyé chacun à leur façon ont remis les pendules à l'heure. Il n'est plus question de bâillement, de grosse fatigue. L'énergie est revenue.

Reste à reprendre une bière, passer au merch acheter le dernier album de Lewsberg, en profiter pour échanger quelques mots avec Arie van Vliet et Michiel Klein (souriant et affable, très loin de l'image sérieuse et fermée qu'il affiche sur scène, ce qui fera dire notamment à mon ami Mathieu « lui, à mon avis, il rit quand il se brûle »), qui confirment donc qu'ils joueront bien (encore décidément !) sur Lyon le 18 décembre prochain à Grrrnd Zero à Vaulx-en-Velin, et que si leur dernier album 'Out And About' sort à nouveau sans label, c'est un vrai choix de leur part, pour être totalement libre. Des dernières paroles qui confirment, au delà de leurs chansons et de leurs mélodies, à quel point ce groupe est à part et qu'il mériterait un succès bien plus grand que celui qui est le sien jusque là.

Sur le trajet du retour, sous un léger crachin, et alors qu'on continue de deviser sur les prestations du soir, qu'on évoque les concerts à venir avant de dévier pour mieux parler des désespérantes saisons footballistiques de nos clubs de cœur respectifs, je me dis qu'à l'heure qu'il est je pourrais être dans mon lit depuis cinq longues heures. Mais qu'au final, la vie n'est pas si mal faite. Et que des vendredis revigorants comme ça valent toutes les siestes du monde.

Album : Out and About
Année : 2023
Label : -

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En écoute dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog

En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Communion de Lewsberg est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson réussie de 'Out and About' de Lewsberg, voilà Out For Milk :

jeudi 9 novembre 2023

[Track of The Day] Pascal Comelade / Lionel Limiñana / Marie Limiñana - Fin du Monde

Huit ans après un premier album ensemble ('Traité de guitares triolectiques (à l'usage des portugaises ensablées'), tout à fait recommandable), les Limiñanas et Pascal Comelade remettent ça. Enregistré sous le nom de Pascal Comelade / Lionel Limiñana / Marie Limiñana (ces deux derniers intervenant donc en leur nom et non sous celui de The Limiñanas), 'Boom Boom' est la continuité de son prédécesseur, tout en étant plus centré sur le piano de Comelade.

Un disque quasi exclusivement instrumental, qui sonne une nouvelle fois comme une récréation (rien que les titres des morceaux sont un indice : On ne mange pas la choucroute de Veronica, Le Riffifi brille en jaune, Solo de boxe en conserve et autre J’entends des voix qui ont mauvaise haleine) mais que les trois comparses ne prennent pour autant pas par dessus la jambe, faisant se côtoyer guitares électriques et fuzz, des cordes par-ci et une palanquée de claviers (piano, orgue électrique, melodica, cymbalum) par là, avec touché et talent. Un album tout à fait séduisant dès les premières écoutes, même carrément éblouissant sur quelques passages (Le retour de Black Sabata, suite directe de (They Call Me) Black Sabata de 2015, On ne mange pas la choucroute de Veronica) et notamment dès que Comelade est au centre du jeu. 

De toutes les chansons de 'Boom Boom', c'est sans doute Fin du monde (en écoute aujourd'hui) qui est la plus marquante. Une chanson basée sur le poème du même nom de l'expressionniste allemand Jakob van Hoddis, dont Lionel Limiñana déclame les vers avec un phrasé à la Gainsbourg, pendant qu'une mélodie lumineuse à plusieurs couches, menée par le piano de Pascal Comelade, déroule merveilleusement derrière, avant de prendre une ampleur qu'on n'imaginait pas. Immense chanson donc et très bel album de la part d'un groupe qui ne s’appesantit jamais sur ses lauriers en continuant toujours de se réinventer, et un génie, tout simplement.

Album : Boom Boom
Année : 2023
Label : Berreto Music / Because Music

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Fin du monde de Pascal Comelade, Lionel Limiñana et Marie Limiñana est également en écoute ci-dessous :

Autre excellent morceau tiré de 'Boom Boom' de Pascal Comelade, Lionel Limiñana et Marie Limiñana, voilà Le retour de Black Sabata :

Le clip de Hypnose en bas de gamme de Pascal Comelade, Lionel Limiñana et Marie Limiñana, premier extrait de 'Boom Boom' :

 

mercredi 8 novembre 2023

[Track of The Day] FACS - When You Say

Des concerts au Sonic, j'en ai fait en pagaille. Des bons, des moins bons, des aux sets trop courts, souvent avec des groupes à guitares, mais aussi des folkeux de légende seul en scène, des groupes qui ont aujourd'hui disparu, d'autres alors en devenir et qui depuis sont passés à des salles plus vastes. Il y a eu de tout - et il y aura encore de tout.

Pour autant, je ne me souviens pas avoir eu droit à un groupe qui sonnait aussi bien dans cette péniche mythique des nuits lyonnaises que FACS, ce mardi soir. Ces messieurs de Chicago envoient pourtant le bois plus souvent qu'à leur tour avec ce mélange de post-punk (par moments monolithique) et de noise-rock. Mais malgré mes craintes, tout était juste, à sa place, sans que ni la basse, la guitare et la batterie ne se marchent dessus. Comme sur leurs albums.

C'est leur dernier en date 'Still Life In Decay' que le groupe est venu présenter hier. Sorti au printemps dernier, toujours chez Trouble In Mind Records, il méritait d'être découvert sur scène tant il a quelque-chose de viscéral et d’hypnotique. Et le résultat live est encore plus prenant, notamment sur deux des meilleurs morceaux du disque, New Flag et surtout When You Say (en écoute aujourd'hui), excellent single au son très lourd, entre ombre et lumière, à la ligne de basse formidable. Un très bon concert donc, concis et sans fioriture, dans un Sonic pas loin d'être plein. Un mardi soir comme on les aime.

Album : Still Life In Decay
Année : 2023
Label : Trouble In Mind Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, When You Say de FACS est également en écoute ci-dessous :

Le clip de When You Say de FACS, single extrait de 'Still Life In Decay' :

mardi 7 novembre 2023

[Track of The Day] Broken Records - Night Time

C'était en 2008. Quasiment jour pour jour. Au détour d'une balade dans le centre ville d'Édimbourg, j'avais aperçu le nom "Broken Records" imprimé sur des affiches A4 scotchées sur quelques vitrines de magasins de la vieille ville. Je pensais qu'il s'agissait d'un petit label du coin, je l'avais noté dans un coin de ma tête. Quelques jours après avoir flâné dans la campagne écossaise, autour de lacs nombreux et magnifiques sous un chaud soleil automnal, à mon retour en France, j'avais commencé à chercher ce fameux Broken Records. Pour vite me rendre compte qu'il s'agissait nom pas d'un label mais d'un groupe. Un quatuor, originaire, ô surprise, d'Édimbourg qui allait sortir son premier album. Et qui venait de publier un 45-tours sur lequel on trouvait Lies, chanson absolument ébouriffante, romantique à souhait.

Quinze ans ont passé, les rides sont arrivées, les enfants (chez les autres) aussi, les longs week-end entre potes ont plus de mal à s'organiser. Et je suis retombé je ne sais trop comment sur Broken Records, qui à ma grande surprise n'a jamais arrêté de composer, bien qu'espaçant chaque fois un peu plus la sortie de ses albums. 'The Dreamless Sleep of the 1990s' est leur cinquième (le premier depuis cinq ans), un disque qui n'atteint pas le sommet que fut 'Until The Earth Begins To Part', est moins baroque que par le passé mais qui est très attachant, traversé qu'il est par de belles chansons (le groupe fait toujours montre d'un certain doigté pour ce qui est des mélodies qui font mouche) où la mélancolie transpire par tous les sillons. Un album qui prouve surtout que les Broken Records auraient mérité un autre succès et une autre carrière.

Alors certes, on pourra ergoter qu'avec le temps, leur magie s'est étiolée. Qu'avec l'âge, leurs chansons ont perdu en urgence, en folie. Peut-être même pourra-t-on dire que leurs mélodies ont vieilli avec eux. Mais il n'en reste pas moins que cette rencontre belle et impromptue avec le passé fait du bien. Sans nostalgie particulière d'ailleurs, mais elle ramène des souvenirs de balades autour de lacs qui peuplent la campagne autour d'Édimbourg, de chansons débiles braillées à tue-tête au volant d'une Vauxhall pleine de gentils fous qui n'avaient pas encore décidés de grandir.

Album : The Dreamless Sleep of the 1990s
Année : 2023
Label : J. Sharp Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Night Time de Broken Records est également en écoute ci-dessous :
 
 
Autre belle chanson extraite de 'The Dreamless Sleep of the 1990s' de Broken Records, voilà Is There Still Light? :
 
 
Le clip de Night Time, premier single extrait de 'The Dreamless Sleep of the 1990s' de Broken Records :
 

lundi 6 novembre 2023

[Track of The Day] Alamo Race Track - Fight

Voilà un groupe que je ne m'attendais pas à recroiser. Disparu de la scène depuis 2015 et un 'Hawks' sympathique à défaut d'être resté dans les mémoires, Alamo Race Track vient de faire son retour avec un nouvel album, 'Greetings From Tear Valley And The Diamond Ae', cinquième album totalement inattendu (il semblerait que le leader Ralph Mulder ait connu quelques soucis familiaux, qui expliquent sans doute le « Tear Valley » du titre) et toujours publié chez les fidèles Excelsior Recordings.

Moins acide que par le passé, cet album des néerlandais est aussi moins inspiré que ses prédécesseurs (surtout dans sa deuxième partie qui part dans tous les sens avec des chansons bien moins abouties, comme à l'état de démo). Toutefois, si on n'échangera une tonne de ce 'Greetings From Tear Valley And The Diamond Ae' contre leur parfait 'Black Cat John Brown', on se satisfera volontiers ici de quelques compositions de haute tenue, notamment le triptyque d'ouverture : Sally H. (chanson d'ouverture, pop à souhait, franchement sixties et aux choeurs plutôt fameux), Got to Get Home et Fight, morceau tendu comme il faut et à la rythmique très Alamo Race Track-ienne.

Album : Greetings From Tear Valley And The Diamond Ae
Année : 2023
Label : Excelsior Recordings

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Fight d'Alamo Race Track est également en écoute ci-dessous :


Autre chanson réussie de 'Greetings From Tear Valley And The Diamond Ae' d'Alamo Race Track, voilà Sally H. :

mercredi 1 novembre 2023

Deeper - Careful! [Sub Pop Records]

Au grand désespoir de certains (on est underground ou on ne l'est pas) et à la joie de beaucoup (dont je suis), Sub Pop Records continue chaque année de faire ses petites emplettes dans le monde indé (et ils ne sont pas les seuls) pour aller chercher des groupes au potentiel artistique (et commercial, c'est un business) certain et qui en ont assez sous la pédale pour devenir des groupes reconnus et respectés. Les exemples sont légions, les citer tous n'auraient donc pas vraiment de sens (et ils sont d'ailleurs souvent relayés dans ces pages), donc mentionnons-en juste trois parmi les plus récents : Sweeping Promises, Girl and Girl et Kiwi Jr..

Une des dernières signatures en date de Sub Pop vient de Chicago. Originellement trio auteur de deux premiers albums semble-t-il remarqués (mais pas dans ces pages, que voulez-vous ma bonne dame, on fait c'qu'on peut avec c'qu'on a, on ne peut pas avoir les oreilles de partout), Deeper est devenu quatuor en arrivant sur le label de Seattle (Nic Gohl, Shiraz Bhatti et Drew McBride étant rejoints par Kevin Fairbairn).

Et c'est peu de dire que Sub Pop a eu du nez. Car ce 'Careful!' est une réussite de chaque instant. Plein de guitares racées (c'est le mot) et qui claquent, de basses profondes, de synthés dansant et d'une voix aux contours eighties (et mixée fort à propos), cet album de Deeper navigue dans les eaux troubles d'un post-punk circa-1980 et de wave qui ne veulent pas dire leurs noms. Un disque qui part dans beaucoup de sens tout en gardant une unité impeccable.

Il faut dire aussi que 'Careful!' s'ouvre sur Build a Bridge. Le genre de chansons qui vous agrippent l'oreille instantanément pour ne plus la lâcher. Un titre majuscule qui donne le la sur lequel le reste de l'album va s'appuyer. Mais à peine a-t-on le temps de fredonner ce premier morceau que déjà Glare et son post-punk mélancolique sous le bras déboule sans crier gare ; à peint terminé, voilà que Tele, dont on jurerait qu'elle vient tout droit de 1984, prend la suite et dévoile une nouvelle facette de Deeper.

On pourrait comme ça passer en revue toutes les chansons de 'Careful!'. Évoquer la superbe basse de Bite. Parler du désaxé Fame et son saxophone ivre. De l'instrumental impromptu devil-loc. Ou du langoureux Pressure aux atours Strokes-iens. On pourrait oui. Mais on va plutôt relancer l'écoute et dire en guise de synthèse, histoire de gagner du temps, que 'Careful!' de Deeper est une magnifique découverte et un des disques du genre les plus réussis de l'année en cours. (Sortie : 8 septembre 2023)

Plus :
'Careful!' de Deeper est en écoute sur leur page bandcamp
'Careful!' de Deeper est à l'achat sur leur page bandcamp
'Careful!' de Deeper est disponible un peu de partout

Trois chansons de 'Careful!' de Deeper en écoute aujourd'hui. Build a Bridge, superbe chanson d'ouverture (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis Tele, aux forts accents eighties. Et enfin Glare, à la mélancolie certaine.

Histoire d'être le plus complet possible, voilà trois clips tirés de 'Careful!' de Deeper. Ceux de Build a Bridge, Tele et Sub :