lundi 9 décembre 2024

Brigitte Calls Me Baby - The Future Is Our Way Out [ATO Records]

Tirant son nom de Brigitte Bardot et d'une correspondance fantasmée que le leader du groupe Wes Leavins aurait eu avec l'égérie française des années 60, Brigitte Calls Me Baby est un tout jeune groupe américain (cinq membres dont deux guitares) venu de Chicago qui a sorti en août dernier son premier album, le mal nommé 'The Future Is Our Way Out'

Mal nommé car si l'avenir est la porte de sortie du quintet, alors ils ne sont pas prêts d'arrêter de tourner en rond tant cet album regarde vers le passé. Surtout vers les années 80. Surtout vers Manchester. Et surtout vers un quatuor mené par un grand chanteur (et parolier), et par un guitariste plus que talentueux. Oui, 'The Future Is Our Way Out' voit les Brigitte Calls Me Baby lorgner de très près les Smiths. Que cela soit pour la voix de Wes Leavins qui fait plus que rappeler, dans son grain autant que dans ses intonations, celle de Morrissey, sa production (qu'on dirait avoir été laissée aux bons soins de Stephen Street) ou de quelques morceaux à l'inspiration évidente (I Wanna Die In The Suburbs est leur There Is a Light That Never Goes Out).

Pourtant, ce qui sonne comme un pastiche assez mal dégrossi à la première écoute devient rapidement entêtant. Premièrement parce que si l'influence Smiths-ienne est claire, elle n'est pas la seule. Très vite, on se rend compte qu'il y a autre chose en plus, comme ces quelques touches sixties (notamment dans la rythmique), ce côté Elvis (You Are Only Made Of Dreams, la chanson de clôture Always Be Fine ou les style crooner de Eddie My Love), ces quelques fulgurances qui pourraient évoquer les Strokes qui auraient fricoté avec New Order (We Were Never Alive) et même un soupçon d'Aline (Pink Palace. A vous ensuite de déterminer qui de l’œuf ou la poule...).

Si vous ajoutez à cela des mélodies belles et chiadées, vous obtenez un 'The Future Is Our Way Out' qui manque sans doute de personnalité mais qu'on ne peut pas simplement résumer à un album des Smiths sans les Smiths comme on a pu le dire ici et là. Certes, c'est l'album le plus influencé de l'année mais il n'en reste pas moins étonnamment charmant, efficace et romantique à souhait. (Sortie : 2 août 2024)

Plus :
'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby est à l'écoute sur le bandcamp du groupe
'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby est à l'achat sur le bandcamp du groupe
'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby est
à l'achat et à l'écoute un peu de partout

Trois chansons de 'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby en écoute aujourd'hui. I Wanna Die In The Suburbs (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis le très 80s We Were Never Alive. Et enfin, Eddie My Love et sa voix de crooner :


Le clip de We Were Never Alive, single évident de 'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby :

 

mercredi 4 décembre 2024

[Track of The Day] Tramhaus - Worthwhile

Si les anglo-saxons n'ont pas l'apanage du post-punk, il faut quand même avouer qu'il reste les tauliers du genre. En tout cas dans ces pages. Car après une rapide recherche dans l'historique de ce blog à la vie déjà bien (trop ?) longue, les groupes qui font dans le post-punk mais qui ne sont pas nord-américains, britanniques ou océaniens ne sont pas légions. Tout juste ai-je pu lister les (feu) Action Dead Mouse, les ex Sloy de 69, les belges de Guernica ou les russes de Motorama. J'en oublie sans doute certains mais il faut admettre que ce n'est pas bezef.

Essayons de commencer à rétablir l'équilibre en ajoutant un groupe à la liste : Tramhaus. Un quintet originaire de Rotterdam qui a publié à la fin de l'été 'The Next Exit', un premier album du genre super avec sa vibe Frank Black (plus que Pixies), son côté de Iceage/Bambara par-ci voire Swans (le pont de The Cause, le très grand morceau d'ouverture). Puissant, inspiré, carré, ce disque court (neuf chansons pour trente-trois minutes), extrêmement cohérent, enchaine les grandes chansons (le faussement langoureux Worthwhile, électrique et furieux, en écoute aujourd'hui, Past Me ou A Necessity) avec toujours cette férocité sous-jacente qui semble pouvoir éclater à tout moment. Un très grand cru, venu de l'autre pays du fromage. C'est bien, ça (me) change.

Album : The First Exit
Année : 2024
Label : Subroutine Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Worthwhile de Tramhaus est également en écoute ci-dessous :

Autre grande chanson de 'The First Exit', voilà The Cause, le morceau de ce premier album de Tramhaus :

lundi 2 décembre 2024

[Track of The Day] Nia Archives - So Tell Me...

Alors qu'on attaque la dernière ligne droite de 2024, les bilans annuels sont déjà légions. Mais trente-un jours dans une année, ce n'est pas rien, surtout quand on voit le nombre de disques toujours plus grand qui sortent chaque jour (une étude qui vient de paraître estime même qu'en 2023, plus de chansons ont été publiées en une journée que dans toute l'année 1989 !). Alors avant de tirer le bilan de 2024, attachons-nous à essayer d'en conter encore l'histoire.

Comme celle de Nia Archives, jeune anglaise originaire du West Yorkshire, dont le premier album 'Silence Is Loud' accompagne beaucoup de mes journées depuis sa sortie en avril dernier. Un disque qu'on pourrait résumer à un sorte de mélange entre Ms. Dynamite, britpop et breakbeat des 90. Pour le dire autrement, 'Silence Is Loud' est un album de jungle/drum'n'bass qui aurait pu n'être qu'un disque de genre si l'on n'y avait pas insufflé beaucoup de pop, de r'n'b et même d'indietronica (la chanson de clôture So Tell Me..., très Postal Service) pour lui donner une épaisseur toute autre.

Écrit et produit par Nia Archives (avec l'aide notamment d'une vieille connaissance de ces pages, Ethan P. Flynn), 'Silence Is Loud' est un disque remarquable de bout en bout, dans lequel l'anglaise à l'incisive aux couleurs de l'Union Jack passe par beaucoup d'émotions, le beat toujours surexcité en bandoulière, aussi prête à emballer les foules (la chanson titre en ouverture, F.A.M.I.L.Y, Unfinished Business) qu'à toucher son monde (Blind Devotion, So Tell Me... en écoute aujourd'hui). Pas étonnant que Nia Archives ait été nommée au Mercury Prize 2024 (finalement remporté par l'épatant 'This Could Be Texas' d'English Teacher) : 'Silence Is Loud' est un des grands albums, et pas qu'anglais, de l'année.

Album : Silence Is Loud
Année : 2024
Label : Island Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, So Tell Me de Nia Archives est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson remarquable extraite de 'Silence Is Loud' de Nia Archives, voilà Tell Me What It’s Like? :

Le clip d'un des tubes évidents de 'Silence Is Loud' de Nia Archives, Unfinished Business :

mercredi 27 novembre 2024

[Track of The Day] Kid Loco - The Crown (feat. Louise Quinn)

Une fois n'est pas coutume, évoquons aujourd'hui une chanson d'un genre qui, sorti de quelques albums mythiques qui ont marqué leur temps et l'histoire de la musique, ne m'a jamais bouleversé : le trip hop. Le morceau en question s'appelle The Crown et est issu de 'Concrete Islands, Lies & Vanités', le nouvel album du français Jean-Yves Prieur, plus connu sous le nom de Kid Loco. Un artiste dont je ne crois pas connaître l’œuvre ni une chanson en particulier mais dont le nom revient de temps à autre, ici et là, depuis plus de 25 ans déjà (le premier album de notre homme date de 1997, époque bénie du genre).

Construit autour de la voix de l'écossaise Louise Quinn, de quelques discrets scratchs et de cordes synthétiques, The Crown est la smoothitude incarnée. Du cool à qui on aurait instillé un peu de spleen. Une chanson qui sonne comme une relecture du Roads de Portishead (l'inspiration est évidente) qui devient encore plus belle, entêtante et délicieuse à chaque nouvelle écoute, et où Louise Quinn, si elle n'a pas le timbre de Beth Gibbons (mais qui l'a ?), fait merveille.

Album : Concrete Islands, Lies & Vanités
Année : 2024
Label : Balagan Music / Wagram Music

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, The Crown de Kid Loco et Louise Quinn est également en écoute ci-dessous :

lundi 18 novembre 2024

[Track of The Day] James Blake - Like The End

Vous voyez cette planche de bande-dessinée qui représente un chien assis à une table, prêt à boire son café alors que sa maison brûle tout autour de lui, et qui dit simplement, serein, « This is fine » ? Créé par l'artiste KC Green en 2013, ce dessin, devenu depuis un des mèmes les plus célèbres au monde, aurait pu être la pochette du nouveau single de James Blake, Like The End. Gageons d'ailleurs qu'il a influencé l'anglais dans la création de son propre visuel, qui dit exactement la même chose mais en plus sophistiqué.

Une pochette qui illustre bien le propos de James Blake sur ce nouveau titre. Sans nul doute écrite en réponse à l'élection de Donald Trump il y a deux semaines de cela, Like The End sonne une - fausse - berceuse à la mélodie presque agressive qu'on croirait avoir été écrite par Radiohead. Une chanson désabusée, pour ne pas dire désespérée (« But doesn't it feel like the end? Something's coming for us, I think we're not prepared that this might only be day one »), au tempo lancinant, mais pour le moins très réussie.

Album : -
Année : 2024
Label : CMYK

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