Dans ces semaines épuisantes et qui ne veulent jamais finir à trop se ressembler, essayons de sortir la tête hors de l'eau et prenons le temps de relancer la machine en tentant d'avoir. Trois minutes seront suffisantes. Et même 173 secondes pour être précis. Soit la durée exacte de Begin Again, nouveau single d'un quatuor liverpuldien nommé The Mysterines, qui a commencé à vraiment faire parler de lui l'an passé avec 'Reeling' son premier album et dont la notoriété semble ne faire que grandir outre-Manche (ils ouvriront quinze dates de la tournée estivale des Arctic Monkeys qui vient de débuter).
Un disque qui n'est jamais arrivé jusqu'à mes oreilles mais dont ce nouveau single Begin Again donne envie d'en savoir plus. Production au cordeau, voix prenante de Lia Metcalfe et des guitares qui s'en donnent à coeur joie et qui fuzz à tout va. Une chanson immédiate et efficace en somme. Et en ce moment, c'est tout ce dont j'ai besoin.
Je crois que c'est cette chanson qui m'a fait découvrir autant qu'aimer Jean-Louis Murat ; qui a sans doute été un tournant dans mon appréhension de la musique et qui ouvert mes horizons : Nu Dans La Crevasse et ses dix minutes d'un folk-blues nerveux et habité, à la guitare riffeuse, aux choeurs profonds et aux paroles hallucinées, genre de Dylan sous psychotropes.
Depuis hier midi, je n'ai écouté que ce titre. Pris au dépourvu, comme beaucoup, j'ai été plus bien plus touché que je ne l'imaginais par le décès soudain de l'Auvergnat. Il faut dire que sa discographie gigantesque et foisonnante m'a longtemps accompagné. D'une
consistance indéniable, s'y côtoient quelques merveilles, des albums mineurs (mais où l'on trouve toujours de quoi se satisfaire), quelques perles méconnues (le merveilleux 'Parfum d'Acacia au Jardin') et au centre de laquelle on retrouve un chef
d'oeuvre absolu, 'Mustango', enregistré en 1999 à Tucson avec une clique de talents invraisemblables (Calexico et leur vieil ami Howe Gelb, Elysian Fields, Marc Ribot) et qui renvoya (et renvoie encore) nombre d'artistes à leur chères études en à peine plus de 50 minutes.
Un album immense qui 24 ans après sa sortie n'a pris une ride. Et dont la réécoute ces dernières heures me rappelle à quel point ce mec, par ailleurs pas exempts de défauts et aux coups de
sang ridiculement cons, quand ils n'étaient pas réac, avait pu compter dans ma vie. Et l'avait sans doute rendue plus belle. Merci pour les voyages, et so long.
« Adieu fine tige, brute d'avenir, brute de raison, oh que l'engin m'efface... oh que l'engin m'efface, que l'engin m'efface... How many roads to cross, how many rivers to cry »
Je ne sais pas ce qu'ils bouffent en Australie depuis quelques années, mais la scène locale actuelle (allez, élargissons même le propos et la zone à la Nouvelle-Zélande, pas exempte de belles découvertes) est des plus enthousiasmantes. Body Type, Amyl and the Sniffers, Flyying Colours, Jeanines, Rolling Blackouts Coastal Fever, The Stroppies et j'en oublie des wagons en route (tiens Julia Jacklin), on ne peut pas dire que les antipodes fassent dans le détail.
Dernière découverte en date, The Sprouts. Un quatuor de Melbourne dont 'Eat Your Greens' est la première sortie (disponible uniquement au format digital et cassette, ce qui explique la pochette) et qui fait dans l'indie-pop un rien jangle, pleine de mélodies à fredonner, le tout dans une ambiance lo-fi délicieuse. Un disque court (dix titres pour 28 minutes) qui n'est pas sans rappeler quelques uns de leurs prédécesseurs cités plus haut (au premier rang desquels The Stroppies). Mais surtout un album remarquable par bien des aspects qu'on pourrait résumer en trois chansons : la chanson d'ouverture Memories et son très beau refrain « I got enough memories in my head for a lifetime », et le duo de clôture, Hold Together et I See You There (en écoute aujourd'hui).
Album : Eat Your Greens Année : 2023 Label : Tenth Court
Après un Ep bien peu convaincant l'an passé, Ethan P. Flynn a semble-t-il retrouvé l'inspiration qui avait fait de 'B-Sides & Rarities : Volume 1' un si beau disque en 2020. C'est en tout cas ce que laisse penser Used To It, nouvelle chanson que l'anglais vient de publier : un morceau simplement pop, joliment orchestré et à la belle mélodie mélancolique.
Présenté comme le premier single d'une longue série, il n'est toutefois pas impossible qu'Used To It soit la première pierre d'un second album à venir. Il serait temps pour Ethan P. Flynn de délaisser la production des autres pour donner naissance à la suite de ses aventures. Trois ans c'est long.
L'an passé, le retour de Nina Nastasia après douze ans d'absence avait été une claque que je n'espérais plus. Son 'Riderless Horse', dépouillé (une guitare et sa voix) et puissant, était une véritable catharsis de ses douloureuses années 2010 et un album somptueux en tous points.
N'ayant pas eu, à mon sens, le succès qu'il méritait, 'Riderless Horse' continue néanmoins de vivre et d'exister, prouvant par la même à quel point ce disque reste important dans la vie récente de Nina Nastasia. Et cette dernière de proposer une relecture de deux des chansons de l'album, dont le somptueux This Is Love (en écoute aujourd'hui). Pour se faire, elle a convié Marissa Paternoster, guitariste, chanteuse et tout simplement leader des Screaming Females (revenus il y a quelques semaines avec un nouvel album bien peu passionnant), et amie de l'américaine.
Les deux s'éloignent de la version d'origine, l'agrémentant d'une guitare électrique, de quelques légers larsen, d'un piano et donc de leur deux voix. Le résultat est sincèrement sublime, et pourrait plaire à ceux que l'austérité 'Riderless Horse' pouvait rebuter. C'est aussi, quoique bien que plus anecdotique, une bonne façon de relancer ce blog, à l'arrêt forcé depuis quelques semaines.
Album : This Is Love b/w You Were So Mad Année : 2023 Label : Temporary Residence Limited
En écoute dans les playlists Spotify, Deezer,YouTubeet dans la colonne de gauche du blog
En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, la version de This Is Love de Nina Nastasia avec Marissa Paternoster est également en écoute ci-dessous :
Quitte à bien faire les choses, faisons les complètement. Voilà donc la face-B avec la reprise de You Were So Mad de Nina Nastasia et Marissa Paternoster :