mercredi 31 octobre 2018

[Track of The Day] Queen - We Will Rock You (fast) [BBC Sessions 1977]

N’y allons pas par des chemins détournés et autres tournures de styles désuètes : le film « Bohemian Rhapsody » contant l’histoire de Freddie Mercury au sein et en dehors de Queen est raté. Un ensemble monté à la hache, une histoire très mal racontée en une suite de saynètes qui s’enchainent sans quelconque rythme (le début est catastrophique), des seconds rôles peu convaincants (la palme à Gwilym Lee qui joue le rôle de Brian May) et pas aidé par une direction d’acteurs suspecte. Mélangez à tout ça des bons sentiments un peu de partout, des erreurs grossières, une histoire très romancée et très aseptisée (la vie dissolue de Freddy Mercury (pourtant assez légendaire) est évoquée du bout des lèvres) et la très timide évocation du sida et vous obtenez un ensemble cinématographique franchement pas terrible. Bref, un biopic en somme.

Oui, c’est raté. Et pourtant, on passe un très bon moment. Parce que c’est un vrai kiff d’entendre dans les conditions du cinéma les chansons de Queen, fut-ce uniquement leurs gros tubes. Parce que la longue séquence du 'Live Aid' est quand même incroyable. Parce que l'imaginaire visuel est plutôt bien rendu. Parce que Rami Malek en Freddie Mercury est très crédible (Lucy Boynton dans le rôle de Mary Austin et Joseph Mazzello dans celui de John Deacon également). Et parce que Queen merde ! Des tubes en pagailles, des performances scéniques mémorabmes et puis ce 'Live at Wembley 1986' dont je parlais ici il y a quelques années. Bref, un sentiment très paradoxal à la sortie de la salle de cinéma. Mais une envie irrésistible d'écouter du Queen toute la nuit.

Alors comme il fallait bien trouver une excuse pour parler de ce film, mettons donc à la une cette version très « rapide » de We Will Rock You, que Queen jouait à ce rythme lors de leurs tournées de l’époque. Épatante version, extrêmement rock, qu’on peut trouver sur un coffret sorti en 2016 et compilant des versions tirées de BBC Sessions.

Album : On Air
Année : 2016
Label : EMI



En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), cette version rapide de We Will Rock You, tirée de sessions à la BBC en octobre 1977, est également en écoute ci-dessous :


J’aurais bien mis en « une » la sublime (non, le mot n’est pas trop fort) de All Dead, All Dead, la chanson de (et chantée par) Brian May au chat - décédé - de son enfance, avec Freddie Mercury au chant (disponible sur la réédition l'an passé de 'News Of The World'), mais elle n'était pas disponible sur Spotify/Deezer, mais tout de même disponible ci-dessous :



Enfin, pour les nostalgiques comme moi, la prestation de Queen au 'Live Aid' de 1985, à revoir, revoir et encore revoir :



mardi 30 octobre 2018

[Track of The Day] Rat Columns - Sometimes We’re Friends

L’an prochain, Slumberland fêtera ses 30 ans d’existence. Et comme ils aiment les choses bien faites, ils ont lancé il y a quelques semaines « SLR30 Singles Series », soit la sortie d’ici décembre 2019, date de leur anniversaire, la sortie de treize 45-tours de groupes, affiliés ou non au label. On peut évidemment souscrire à ce « SLR30 Singles Series » et recevoir donc, au format physique, les dits 45-tours (même si, évidemment, le convoi postal coûte un rein depuis les États-Unis).

« SLR30 Singles Series » a en tout cas débuté il y a une semaine, avec la sortie conjointe de 'Red Dust 7"' de The Suncharms et 'Sometimes We’re Friends 7"' de Rat Columns. Et c’est ce disque, et surtout cette chanson qui nous intéresse aujourd’hui. Sometimes We’re Friends et son entêtante mélodie, très cold où la guitare ne cesse de prendre une place de plus en plus grande, à tel point qu'on prierait pour qu'elle ne s'arrête jamais. On notera d'ailleurs que tout le 45-tours est d'une belle qualité, que ce soit le court Astral Lover et son violon plaintif et un Waiting to Die à la guitare triste à souhait.

Album : Sometimes We're Friends 7"
Année : 2018
Label : Slumberland Records

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En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Sometimes We’re Friends de Rat Columns est également en écoute ci-dessous :


Autre chanson de ce 'Sometimes We’re Friends 7"' de Rat Columns, voilà Waiting to Die :



mercredi 24 octobre 2018

[Track of The Day] Teleman - Family of Aliens

A une lointaine époque, avant que les disques ne se retrouvent à la disposition du premier clic et captcha venu, les grandes enseignes culturelles avaient mis en place des bornes d’écoute dans leurs rayons, histoire de permettre au mélomane de ne plus acheter un album uniquement sur la foi de quelques critiques dithyrambiques venus de journaux et journalistes influents, mais de se faire son propre avis, fut-il partiel.

Rapidement, les artistes et leurs maisons de disques ont pris le coup de ce changement : on mettrait avant tous les chansons les plus réussies au début de l'album, persuadé (à raison) que l’acheteur lambda n’allait pas rester accroché à une borne d’écoute Fnac pendant 45 mns.

Il est marrant comme le nouvel album de Teleman me renvoie à cette époque. Car ce 'Family of Aliens' ne fait pas dans le détail avec un démarrage très réussi où les titres catchy s’enchainent aux autres. Produit avec soin (je trouve la production parfaite, donnant un effet rond à l'ensemble et ne poussant jamais les boutons dans le rouge alors qu'il y aurait tout pour), les tubes s’enchaînent, rappelant aussi bien A-Ha qu’un Spoon pop tant Dave Fridmann semble être derrière la console de cet album là.

Et puis il y a la suite qui gâche un peu ce départ un fanfare. Des chansons moyennes, moins inspirées, quand elles ne sont pas juste plus calmes, et tranchant complètement avec l’ambiance des débuts. Et ce n’est pas en piquant sans vergogne le piano de Come On! Feel the Illinoise! (Part I: The World's Columbian Exposition — Part II: Carl Sandburg Visits Me in a Dream (pour faire plus simple, la troisième de 'Illinoise') de Sufjan Stevens sur Sea of Wine que Teleman rattrape le tout.

Pas un mauvais disque au final, loin de là, de jolies choses, mais un ensemble un peu trop décousu pour vraiment marquer. Reste donc ce premier tiers…

Album : Family of Aliens
Année : 2018
Label : Moshi Moshi Records


En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Family of Aliens de Teleman est également en écoute ci-dessous :


Autre chanson de ce 'Family of Aliens' de Teleman, voilà Cactus


Pour finir, Song for a Seagull, le troisième morceau de 'Family of Aliens' de Teleman, via son clip :



lundi 22 octobre 2018

[Track of The Day] Gruff Rhys - Frontier Man

Sur son dernier album en 2014, Gruff Rhys, ex-tête pensante des Super Furry Animals, contait l'histoire fantasmée de John Evans, parti à la recherche du Prince Madoc, prince gallois qui aurait découvert 300 ans avec Christophe Collomb l'Amérique. L'album s'appelait 'American Interior' et il était très réussi. Tout comme le fut sa tournée où le père Rhys proposait un spectacle proche d'un music-hall lo-fi.

Quatre ans plus tard, Gruff Rhys continue d'agrémenter sa discographie avec la sortie de 'Babelsberg', son cinquième album solo. Très mélodieux, ambitieux (toute l'orchestration est du fait du BBC National Orchestra of Wales), c'est sans doute son plus beau disque, le plus seventies de tous et où il sonne plus souvent qu'à son tour comme un Lee Hazlewood gallois (Frontier Man ou Selfies in the Sunset, en duo avec l'actrice Lily Cole). Il y a dans ce disque des tubes indie évident (si les Last Shadow Puppets l'ont fait sur leur premier album, cela devrait être le cas pour lui), de Frontier Man à The Club en passant par Oh Dear!, des paroles très imagées et poétiques qui décrivent nos sociétés occidentales actuelles, des mélodies belles à pleurer. Bref, tout pour faire de ce 'Babelsberg' un des grands indispensables de 2018.

Album : Babelsberg
Année : 2018
Label : Rough Trade

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En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Frontier Man de Gruff Rhys est également en écoute ci-dessous :



Autre chanson très réussie de ce 'Babelsberg' de Gruff Rhys, voilà Selfies in the Sunset en duo avec Lily Cole :



Et pour finir, le clip de Frontier Man de Gruff Rhys :



vendredi 19 octobre 2018

[Track of The Day] The Last Detail - Fun Fair

De A Girl Called Eddy (l'alias artistique de Erin Moran), je me souviens du premier album et de son bel artwork qui imitait ces vieilles pochettes usées où la marque du vinyle ressortait. Un joli disque par ailleurs, signé chez ANTI- mais qui n'avait, à ce dont je me souviens, pas eu le succès attendu.
De Mehdi Zannad, français et leader de Fugu, je ne sais rien (mais j'ai tout de même appris qu'il avait avec son groupe partagé quelques split-7" avec des gens hautement recommandables comme Stereolab ou Saint-Etienne et qu'il avait produit et/ou arrangé des disques de Barbara Carlotti, Tahiti 80 ou April March).

Ce que je sais cependant, c'est que A Girl Called Eddy et Mehdi Zannad, sortiront dans quelques jours un premier album ensemble sous le nom de The Last Detail (qui vient du film de 1973 du même nom avec Jack Nickolson). Les choses étant bien faites, ce disque au titre éponyme, verra le jour sous la bannière Elefant Records, pas avare de bijoux pop depuis des décennies (rien que cette année, on leur doit le somptueux 'Take Me All Over The World Ep' de The Yearning et l'excellent single pop Summer Days d'Alpaca Sports).

Deux chansons sont à ce jour déjà parues. Et la plus belle est sans doute Fun Fair (en écoute aujourd'hui), magnifique balade pop entre sixties et seventies, à la fin exquise, où la mélodie fait mouche instantanément. Et à lire les mots de Harvey Williams (ex-Another Sunny Day et autres Field Mice), on serait sur un disque de très haute volée. Je ne pensais pas attendre un jour le mois de novembre avec autant d'impatience.

Album : The Last Detail
Année : 2018
Label : Elefant Records

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En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Fun Fair de The Last Detail est également en écoute ci-dessous :



Le second extrait de ce premier album de The Last Detail est également en écoute ci-dessous. Il est réussi lui aussi, et s'intitule Trust Your Buddy :


Pour finir, le clip de Fun Fair, premier extrait de cet album de The Last Detail :



mardi 16 octobre 2018

[Track of The Day] 王若琳 (Joanna Wang) - 騎著電動滑行車的葉豆老師 (The Motorized Scooter Edo)

Au commencement existait les chats IRC. Puis les forums internet. Puis apparurent les blogs comme celui-ci. On écrivait des tartines sur un album qui nous avait marqué, on déterrait on ne sait comment un album oublié et pourtant fabuleux,  qu’on venait tout juste de choper sur soulseek, on s’enflammait pour un pont, un refrain ou un nouveau groupe en devenir. Bref, c'était la fête, c'était la vie ; mieux, cette gigantesque base de données permettait aussi et surtout de sortir du sacro-saint agenda des majors qui imposaient leurs sorties au plus grand nombre.

Et puis un jour, au mitan des années 2000, les blogs ont commencé à péricliter (des larmes coulent sur mes joues), la génération suivante préférant la facilité des échanges fournie par Facebook. 

Coolbeans à l’époque était un blogueur hyperactif dont les multiples adresses permettaient de découvrir un nombre incroyable de disques qu’il chroniquait rapidement et auxquels il donnait une note. Les années ont passé mais rien n’a changé pour coolbeans, à part le support.

On peut désormais le suivre sur Facebook sur le groupe (ouvert à tous) « J’écoute une K7 de la vedette » où il propose et note un nombre toujours plus incalculables de disques. Tellement d’ailleurs qu’il est difficile impossible d’écouter la moitié ou même le quart de ce qui y est proposé. Donc on picore, on suit une recommandation ou on est intrigué par une pochette, et on fait souvent de belles découvertes.

Il y a quelques semaines, c’est un album à la pochette affreuse au possible qui a rencontré du succès sur ce groupe. Un disque que je n’aurais pas une seconde pensé écouter, le dernier en date de Joanna Wang, une taïwano-américaine de 30 ans.

Intrigué par de nombreux commentaires élogieux, j’ai écouté. Et je suis tombé des nues. Totalement opposé à l’image que l’on pourrait se faire du disque à la pochette portant le kitsch au pinacle et présentant une Joanna Wang vêtue d’une robe de mariée, surplombée d'un chérubin pointant sa flèche sur elle, le tout accompagné d’une typographie rappelant les heures les plus sombres des sites personnels époque Lycos, 'Modern Tragedy' est un sacré album pop.

Une pop déguindée, entièrement chantée en anglais, qui part dans tous les sens, entre cabaret (The Etiquette of Handing Scissors and Knives), skits qui voient une Joanna Wang chanter une bluette en faisant la vaisselle (I Cannot Wait To Fall In Love (Dish Washer)), chansons pop-rock à tiroir (The Motorized Scooter Edo et ses ouh-ouh-ouh), douces mélodies mélancoliques et autres titres comme enregistrés avec du matériel des années 20. 

Très bien construite, découlant naturellement, la musique émanant de ce 'Modern Tragedy' est en tout cas une sacrée surprise. La rencontre de beaucoup de choses, notamment des Fiery Furnaces et des Starlight Mints, le tout contant l'amour, la déception, l'espoir, les cœurs-brisés, les ruptures souhaitées ou subies et les sempiternelles erreurs que nous répétons dès qu'il s'agit de sentiments. De la belle ouvrage assurément.

Album : Modern Tragedy (摩登悲劇)
Année : 2018
Label : Sony


En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), 騎著電動滑行車的葉豆老師 (The Motorized Scooter Edo) de Joanna Wang est également en écoute ci-dessous, via son clip : 



Autre chanson tirée de ce 'Modern Tragedy' de Joanna Wang, voilà 莎賓娜,不要再結婚了! (ou Sabrina Don't Get Married Again! en occidental) et son formidable clip de 16 mns !


lundi 8 octobre 2018

[Track of The Day] Ryan Rebo - We All Invent Ourselves

Il est temps de continuer mon lobbying pour cet artiste américain qu'est Ryan Rebo. Et pas uniquement à cause de 'I'm A Rainbow, A Promise of God's Care' (je me permets d'ailleurs d'insister à nouveau à propos de cet Ep merveilleux sorti l'an passé). Parce que son nouveau projet '7 Songs In The Key of Z' continue d'être très intéressant. Après un Boogieman qui m'avait bien plu, voilà donc We All Invent Ourselves, second extrait d'un Ep à paraitre dans quelques mois.

Une chanson qui prend de l'ampleur au fur et à mesure de son déroulé, la production amenant beaucoup de chœurs n'y étant pas étrangère. De la synth-pop - ou l'inverse - avec une basse maîtresse d’œuvre. 

Album : 7 Songs In The Key of Z
Année : 2018
Label : -

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En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), We All Invent Ourselves de Ryan Rebo est également en écoute via soundcloud et son clip :



Et histoire de bien faire les choses, réécoutons Boogieman, premier extrait de ce '7 Songs In The Key of Z' de Ryan Rebo :



jeudi 4 octobre 2018

[Track of The Day] Gallant - TOOGOODTOBETRUE (feat. Sufjan Stevens & Rebecca Sugar)

Ma seule rencontre avec le dénommé Gallant date de l’album live de Sufjan Stevens pour célébrer la tournée 'Carrie & Lowell'. Et c’est peu dire que la performance du chanteur américain reprenant Hotline Bling de Drake ne m’avait pas convaincu. Pourtant, la seule sortie physique que connue 'Carrie & Lowell Live' fut... un 12'' composé de deux chansons, avec en face-B ce fameux Hotline Bling.

Il faut croire que Sufjan Stevens et Gallant ont beaucoup de choses à faire ensemble puisque ces deux là se retrouvent à nouveau (accompagnés de Rebecca Sugar, créatrice de « Steven Universe »), mais cette fois pour un single du second, TOOGOODTOBETRUE (oui, en majuscule et tout accroché). Et l’effet est pour le coup totalement différent.

Du r'n'b particulièrement délicieux, à la belle mélodie et où la voix de Sufjan Stevens est d’une grande beauté. Qui confirme à quel point ce dernier n'aime rien de plus que ce genre de sonorités. Sans crier gare, TOOGOODTOBETRUE fait mouche en même pas 4 mns. Je ne suis pas sûr que j'aurais pu trouver mieux pour le 1300è papier publié sur ce blog.

Album : This Song Does Not Fit Ep
Année : 2018
Label : Mind of a Genius Records

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En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), TOOGOODTOBETRUE de Gallant avec les participations de Sufjan Stevens et Rebecca Sugar est également en écoute ci-dessous, via soundcloud ou son clip :




mercredi 3 octobre 2018

[Track of The Day] Elysian Fields - Household Gods

Les années passent et dans un relatif anonymat, le duo Elysian Fields continue de sortir des albums à un rythme régulier.

'Pink Air' est leur neuvième, et à l'instar de ses prédécesseurs, il n'est pas franchement transcendant. Plutôt ennuyeux même. Mais ce n'est donc pas une surprise, Elysian Fields n'a jamais brillé par ses disques de toutes façons (hormis peut-être au début, c'est mercredi, je suis d'humeur sympathique).

Pour autant, sur chacun de leurs disques, on trouve toujours à un moment donnée de quoi satisfaire son appétit de belles mélodies (voir ici ou ). Et on y retrouve surtout la voix de Jennifer Charles, sans conteste la plus belle voix de la pop actuelle (même si elle se fait très discrète) à laquelle il est difficile de résister ; que ce soit avec Elysian Fields, Jean-Louis Murat (Elle était venue de Californie), chez Dan The Automator (en écoute ici) ou chez bien d'autres.

Sur 'Pink Air', tout n'est pas notable mais on retiendra quand même le presque slowcore Household Gods, chanson sombre où Jennifer Charles y est totalement envoûtante, aidée par un Oren Bloedow qui retrouve la flamme le temps de quelques accords. A confirmer sur scène vu que le groupe va démarrer dans quelques jours une tournée de pas moins de dix dates en France.

Album : Pink Air
Année : 2018
Label : Microcultures



En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), Household Gods d'Elysian Fields est en écoute ci-dessous :




lundi 1 octobre 2018

[Track of The Day] Alain Bashung - Immortels

C’est un peu la news de la fin de semaine dernière : Alain Bashung va avoir droit à un album posthume. Il s’appellera 'En Amont', sortira le 28 novembre prochain et contiendra des chansons jamais publiées, écrites et/ou composées par entre autres Arman Méliès, Joseph d'Anvers, Doriand ou Raphaël. Voilà pour les informations brutes.

Afin de promouvoir ce disque, un premier single a été mis en avant. Il s'agit d'Immortels (en écoute ce jour). Initialement, Immortels est une chanson composée par Dominique A pour Alain Bashung et qui aurait pu figurer sur 'Bleu Pétrole', le dernier album de celui-ci. Le souci, c’est qu’elle avait été refusée par Bashung lui-même.
Sa qualité intrinsèque n’étant sans doute pas en question (Dominique A en a donnée une version magnifique sur son album 'La Musique'), on peut imaginer que le fantaisiste militaire ne se voyait pas chanter un texte parlant autant de la mort alors qu’il se savait condamné (Bashung est mort des suites d’un cancer un an presque jour pour jour après la sortie de son ultime album).

Mais surtout, il n'était peut-être pas totalement convaincu que cette chanson siérait à son répertoire. Alors évidemment, je nage en pleine supputations, mais à l'écoute de cette version, il n'est pas totalement impossible que ce soit cela. Car s'il est très touchant de réentendre la voix de Bashung sur une chanson inédite - qui plus est de cette qualité là -, l’ensemble n'est pas forcément cohérent ni vraiment convaincant.
On sent que les mots, le rythme voire même la musique (beaucoup moins orchestrée que la version de Dominique A, mais rentrant totalement dans le cadre de 'Bleu Pétrole') ne sont pas en adéquation avec le chant de Bashung. Tout du long, il y a une sorte de détachement entre la mélodie et les paroles, comme s'il n'arrivait pas à rentrer totalement dedans.

Mais plus globalement, c'est le procédé qui rend l'ensemble gênant. Et je le dis d'autant plus fort que je ne suis pas un intégriste de ce genre de choses. Dans quelques semaines, j'irai acheter le jour de sa sortie 'The Bootleg Series Vol. 14 'More Blood, More Tracks' de Bob Dylan consacrée à l'enregistrement de 'Blood and The Tracks', où l'on retrouvera notamment les New-York Sessions de 1974, dont j'avais parlé ici. Il est même fort possible que je me fasse l'acquéreur de la réédition des 50 ans de 'The Beatles', le double-blanc des Fab Four, moins pour le disque original (j'ai la version du coffret Mono de 2009, elle me va très bien) que pour les sessions de l'époque et les 27 chansons des 'Esher Demo' dont on m'a dit le plus grand bien.
Mais l'idée c'est que dans ces deux cas précis, les artistes ont donné leur accord. Mieux, les versions, si elles vont être nettoyées, devraient être les mêmes que celles enregistrées à l'époque. Elles ne feront sans doute pas l'objet de mise en avant en radio. Bref, il s'agit là à mon sens plus de bonus pour fans ou complétistes comme moi que de vrais nouveautés pour le grand public.

La démarche de Chloé Mons me semble toute autre ici. Comme elle le dit lors d'une interview donnée à RTL : « La sève était là, la colonne vertébrale des morceaux était là mais pas tellement plus (...) c'est délicat de retravailler des morceaux quand la personne n'est plus là, ça pose mille questions (...) Il fallait être complètement avec son âme, c'est un peu fou de dire ça mais vrai, pour être dans un respect total du geste d'Alain ». On a donc retravaillé les morceaux, on les a terminés, évidemment sans l'accord de Bashung. Mais heureusement, le traditionnel « je voulais en faire profiter tout le monde » est de sortie, donc tout va pour le mieux.
Ce disque posthume est une hérésie. Que ces morceaux refusés terminent sur les rééditions de 'Bleu Pétrole', de 'L'Imprudence', de 'Fantaisie Militaire' ou de tous ses albums qui ont précédé ce triptyque essentiel auraient eu un sens. Mais faire les fonds de tiroir pour composer un album en bonne et due forme me semble particulièrement problématique. Et même insultant pour la carrière d'Alain Bashung.

Traitez moi de cynique mais je rapproche plus cette sortie de toutes celles commises par Mary Guibert, la mère de Jeff Buckley qui, si elle avait en stock des enregistrements de son fils reprenant sous la douche les chansons de 'Grace', aurait sorti un cinquantième disque posthume ; ou des ayant-droits d'Hendrix, pas avares eux non plus en dépeçage de l’œuvre dont ils obtiennent la gestion.

Bref, gênant aux entournures, cet album posthume n'est pas forcément bienvenu sur le papier. Et le « vendre » en proposant la version refusée d'Immortels n'est pas la meilleure idée, tant la cohérence de l'ensemble n'est pas évidente - alors que justement, les trois chef d’œuvres de Bashung ne souffraient eux d'aucune discussion. C'est une belle curiosité, touchante car sa voix y est belle, puissante et que le texte prend depuis 9 ans une autre ampleur. Mais rien de plus. Et si la musique et la voix d'Alain Bashung sont immortelles, la sortie de ce 'En Amont' est triste : 'Bleu Pétrole' était une si somptueuse épitaphe...

Album : En Amont
Année : 2018
Label : Barclay


En plus des playlists Spotify et Deezer (colonne de gauche de ce blog), la version d’Immortels par Alain Bashung est également en écoute via son clip ci-dessous :


Et puis qu'on est lundi, double ration d'Immortels, avec la version de Dominique A :