vendredi 28 février 2025

[Track of The Day] DITZ - The Body As A Structure

Mardi soir, pour au moins la troisième fois (une en 2019 à leurs débuts, une autre il y a tout juste un an), les anglais de DITZ étaient de passage à Lyon, sur la scène du Transclub. Forçats du live (ils tournent depuis quatre ans presque sans interruption), ces jeunes gens étaient notamment venus présenter leur deuxième album, 'Never Exhale', sorti au tout début de l'année. Disque de haute tenue, sans doute plus solide mais pas moins retors que son prédécesseur, et dans lequel on trouve des chansons comme The Body As A Structure (en écoute aujourd'hui), chanson noire et torturée que le pont vient illuminer d'une mélodie et de guitares imparables.

Dire que le public a répondu présent ce soir là est un euphémisme : concert complet, salle absolument blindée et ambiance bouillante pour accueillir le quintet de Brighton (considéré par Joe Talbot, le leader d'IDLES, comme le meilleur groupe du monde, rien que ça). Et il va en avoir pour son argent.

Bien que n'ayant que deux albums et un Ep au compteur, DITZ va proposer un set d'1h30 qui va ratisser toutes les chansons - ou quasiment - de son répertoire. Quatre-vingt dix minutes de déflagration sonore, d’ambiance survoltée, avec un public au taquet et un groupe ravi d'être là (on se gausse souvent des groupes qui balancent du « c'est le meilleur concert de notre tournée jusque-là » mais les DITZ semblaient sincèrement ravis d'être là). Le tout dans une salle dont le décorum industriel était l'écrin parfait pour leur musique.

Ditz en concert au Transclub (Lyon), mardi 25 février 2025
Le groupe va dérouler son set implacable à coups de post-punk, de noise-rock, de touches métal et indus, avec notamment un batteur surpuissant, un guitariste qui aimerait bien reprendre du Slayer et un leader queer (et habillée en robe) véritable bête de scène, qui plonge dans la foule dès le premier morceau, organise un wall of death, grimpe sur les amplis pour aller chanter sur le balcon qui surplombe la scène (il est assis tout en haut à gauche de la photo ci-contre), avant de lancer quelques circles pit sur la fin du concert pour mieux épuiser les corps fatigués mais heureux de la foule. Très grand concert. Et hype scénique on ne peut plus méritée pour les DITZ. Il n'est pas impossible que Joe Talbot ait raison.

Album : Never Exhale
Année : 2025
Label : -

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jeudi 27 février 2025

[Track of The Day] Little Simz - Flood (feat. Obongjayar & Moonchild Sanelly)

Elle avait fait comprendre via ses réseaux sociaux qu'une annonce était dans les tuyaux Et après quelques jours d'attente, l'annonce est enfin tombée : Little Simz revient avec un nouvel album, son sixième. Très attendu, qui plus est après un Ep assez peu enthousiasmant l'été dernier, il sortira le 9 mai prochain chez AWAL Recordings.

Surprise, ce disque ne sera pas produit par Inflo, compagnon de route longue date (ceci dit déjà absent de la console sur 'Drop Seven Ep' de juin 2024), mais par Miles Clinton James. Un changement de producteur qui donne une nouvelle orientation sonore à l'anglaise et qui s'entend sur le premier single disponible, Flood (en écoute aujourd'hui). Une chanson de moins de trois minutes, presque angoissante, pleine de groove, de rythmique lourde et d'ambiance torturée, où Little Simz convie Obongjayar (déjà présent sur le chef d’œuvre 'Sometimes I Might Be Introvert') et la musicienne et danseuse sud-africaine Moonchild Sanelly pour un plan à trois vocal sacrément réussi et très prometteur.

Album : Lotus
Année : 2025
Label : AWAL Recordings

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Le clip de Flood, premier extrait du nouvel album de Little Simz, 'Lotus'

mardi 25 février 2025

[Track of The Day] The Gallant Club - Love is not under control

Sept ans après un premier 'Ten Great Shower Songs' réussi et qui naviguait dans les eaux d'une pop à la New Order et Pet Shop Boys, avec quelques élans du Bloc Party des débuts, revoilà The Gallant Club, duo composé d'Alexander Faem, l'homme de Gulcher et d'une sacrée carrière solo sur divers noms (dont le sien, sous lequel il avait signé sur Without My Hat Records 'O'Cangaceiro' en 2015) et Clément Juttel.

Sauf que de duo il n'est désormais plus question, les deux compères s'étant adjoints les services de Marco Vicenzino à la batterie. Et c'est peut-être cela qui donne une couleur plus rock à ce deuxième album (ces guitares nerveuses, cette basse toute en rondeur), même si le trio va toujours chercher beaucoup de son ambiance dans les eighties. Et si l'on on aurait pu mettre en avant In Share (superbe balade mélancolique maltraitée par quelques guitares furieuses), les envolées riffeuses de In Universe et sa voix baladée d'écho en écho ou encore le simili post-punk Thank You en clôture, on partira aujourd'hui sur Love is not under control, tube évident de ce deuxième album de The Gallant Club, avec son gimmick répétitif, son côté discoïde et sa langueur toute dansante.

Album : Volume 2
Année : 2025
Label : Association Chantage Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Love is not under control de The Gallant Club :


Autre chanson très réussie de 'Volume 2' de The Gallant Club, voilà In Share :


Le clip de No Tattoos, premier single extrait de 'Volume 2' de The Gallant Club :

lundi 24 février 2025

[Track of The Day] Bill Fay - World of Life


A quelques mois de son 82è anniversaire, Bill Fay a donc décidé de passer l'arme à gauche. Lui le londonien, oublié de tous pendant près de trente ans et qui était devenu culte au tournant des années 2000 quand on réédita ses deux - alors seuls - albums publiés en 1970 et 1971 et qu'on en découvrit toute la beauté (notamment 'Time of the Last Persecution', vrai petit chef d’œuvre). Une reconnaissance tardive mais qui va lui permettre de reprendre là où il s'était arrêté, d'abord en publiant un projet avorté (mais enregistré) de troisième album à la fin des années 70 ('Tomorrow, Tomorrow & Tomorrow'), puis de sortir quatre nouveaux et beaux albums entre 2009 et 2020.

Alors plutôt que de choisir une de ses anciennes chansons (et il y en a beaucoup sur 'Time of the Last Persecution' qui auraient fait l'affaire : I Hear You Calling, Inside The Keepers Pantry ou le morceau titre pour n'en citer que trois), rendons hommage à Bill Fay avec une de ses plus récentes, la période la plus productive de sa carrière qui plus est. Et partons sur World of Life, avant-dernier morceau de son 'Who Is the Sender?' de 2015, peut-être mon préféré de ses derniers albums. Un titre qui résonne comme une chanson d'adieu tant elle est ample, belle, mélancolique, ouvragée, et qui semble détenir à elle seule toute l'éternité du monde. Bon voyage monsieur Fay.


vendredi 21 février 2025

James Felice - The Little Ones [Million Stars]

« C'est quand on s'y attend le moins que l'amour frappe à la porte » dit l'adage. Sachez que c'est aussi le cas en musique : c'est quand on s'y attend le moins qu'on tombe sur un bijou. Un petit diamant noir venu un peu de nulle part, inattendu mais dont le premier morceau, ses mesures et ses premières paroles vous happent et font résonner en vous quelque-chose que vous n'aviez pas ressenti depuis longtemps.

Le disque en question, c'est 'The Little Ones' de James Felice. James Felice, un des trois frères de The Felice Brothers, groupe à tenir en haute estime, toujours actif ('Valley of Abandoned Songs' remonte à juin dernier) mais qui voit donc un de ses membres s'émanciper le temps d'un premier album solo, publié lui aussi chez Million Stars, le nouveau label de Conor Oberst de Bright Eyes.

Si les biographies d'albums regorgent en général de lieux communs, les mots de James Felice pour présenter et résumer 'The Little Ones' sont ici très justes : « Little stories about little people up against the enormity of the universe and the hideous length of eternal time, and the endless confusions of love and being loved. Big serious ideas, funny little people. All sung softly in a song ».

Car 'The Little Ones', c'est un peu tout cela : des histoires banales d'amour de gens comme vous et moi, de losers paumés (« Did it hurt when you fell from heaven? » chante James Felice sur l'excellente chanson d'ouverture Pick Up Line), parfois cachées derrière quelques questionnements presque métaphysiques, et où désespoir, blessures et nostalgie douloureuse ne sont jamais très loin. Le tout dans une ambiance mélancolique, sans flonflon ni paillettes, mais jamais austère (la production ample n'y est pas étrangère), où l'orchestration, parfois quasiment nue (Tiny Man en clôture), souvent plus fournie (My Enemies, More Than a Pet, Less Than a Friend ou le sublime The Giantess), ne fait jamais dans le superflu et le clinquant.

Enregistré presque en secret lors de chaudes nuit de l'été dernier, 'The Little Ones' est un disque intime, construit autour d'un piano délicat et qui aime intégrer le silence à ses mélodies, agrémenté d'accordéon, d'une boite à rythme, de quelques touches discrètes de cordes, de guitare et de basse, et magnifié par des chœurs d'une grande justesse. Un album qui, sous ses airs jazzy et quelques atours soul, se retrouve à la croisée des chemins de Leonard Cohen, Randy Newman, David Gray, Fiona Apple, Tom Waits et Bob Dylan, dont on ressent l'influence, si ce n'est l'âme, tout du long. Un premier album solo saisissant, touchant, désenchanté et d'une beauté rare de la part de James Felice. Rien de moins qu'un petit chef d’œuvre que l'on va adorer chérir. (Sortie : 14 février 2025) 


Plus :

'The Little Ones' de James Felice est en écoute sur Soundcloud
'The Little Ones' de James Felice est à l'achat sur le site officiel de Million Stars
'The Little Ones' de James Felice est à l'écoute un peu de partout


Trois chansons de 'The Little Ones' de James Felice en écoute aujourd'hui. The Giantess en ouverture, sublime avec son accordéon tendu
(en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis Pick Up Line et son fameux « Did it hurt when you fell from heaven? », accroche de drague la plus pétée qui soit. Et enfin Tiny Man en clôture, presque totalement dénudé mais à vous donner des frissons :



mercredi 19 février 2025

[Track of The Day] Sofia Karlsson - Slå upp dina fönster (musik för sorgfyllda bröst)

Vous prendrez bien un peu de country/folk suédoise avec votre café du matin, non ? Celle de Sofia Karlsson, chanteuse originaire d'Enskede, à la carrière longue de près de vingt-cinq ans et qui s'apprête à publier son huitième album. Enfin, ça on ne sait pas trop encore, mais disons que Slå upp dina fönster (musik för sorgfyllda bröst), son dernier single en date (en écoute aujourd'hui) a de grandes chances d'en être l'annonciateur.

Une chanson toute en suédois, qui signifierait « Ouvrez vos fenêtres (musique pour coeurs tristes) » et qui est basée sur le roman Saga de Gösta Berling de l'écrivaine Selma Lagerlöf - qui fut en 1909 rien de moins que la première femme à recevoir le prix Nobel de littérature. Surtout, Slå upp dina fönster (musik för sorgfyllda bröst) est un morceau lumineux, aux airs traditionnels, joliment troussé de guitares et d'harmonica, qui sonne étonnamment à la fois mélancolique et optimiste, et que la belle voix de Sofia Karlsson pare de mystère à déclamer ses paroles dans une langue insaisissable comme le suédois (en tout cas pour le latin que je suis).

Album : -
Année : 2025
Label : Supertraditional

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lundi 17 février 2025

[Track of The Day] Jim Putnam - Beautiful Things

Sans jamais avoir annoncé une quelconque séparation, les Radar Bros. (ou Radar Brothers, c'est selon) sont portés disparus depuis 2013 et la sortie de 'Eight', leur septième album, bizarrement mésestimé mais ô combien brillant, comme à chaque fois avec le combo américain.

Quelle ne fut donc pas ma surprise d'apprendre, au détour de la playlist mensuelle toujours aussi indispensable de Ben Laredo, que Jim Putnam, chanteur et leader des Radar Bros. (il est le seul du trio historique de départ à en être encore membre) se lançait enfin en solo, onze ans après un beau disque en duo avec Mickaël Mottet (plus connu sous le nom d'Angil, d'Angil and the Hiddentracks), déjà chez We Are Unique Records.

« Déjà » car c'est sur le label toulousain que ce premier album de Jim Putnam verra le jour. Un disque prévu pour le 28 mars prochain, qui ne devrait voir le jour qu'en digital (malheureusement), qui n'a pas encore de nom à l'heure qu'il est mais qui s'annonce par un somptueux Beautiful Things (en écoute aujourd'hui), slowcore empreint de nostalgie et de mélancolie, à la production ample, à l'orchestration foisonnante, où la voix de Jim Putnam est invariablement superbe, et qui n'est pas sans rappeler, évidemment, son groupe de toujours. Sans doute l'album le plus attendu de ce premier semestre chez moi.

Album : tba
Année : 2025
Label : We Are Unique Records

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jeudi 13 février 2025

[Track of The Day] The Laughing Chimes - High Beams

Contrairement à ce que sa pochette pourrait faire penser, The Laughing Chimes n'est pas un groupe de doom-metal dépressif (ce qui quelque part est dommage et n'aurait pas manqué de sel quand on sait que leur nom signifie « le carillon rieur ») mais fait dans la jangle-pop. Et, cela ne surprendra sans doute personne, ce quatuor américain originaire de l'Ohio est signé chez Slumberland Records.

C'est sur la structure californienne que The Laughing Chimes vient de publier son deuxième album, 'Whispers in the Speech Machine'. Un disque court (huit chansons, vingt-sept minutes) sur lequel on trouve High Beams (en écoute aujourd'hui), plein de grâce, de romantisme, d'indie-pop à la sauce 80s et d'un petit hook au clavier tout à fait délicieux. Tube certifié.

Album : Whispers in the Speech Machine
Année : 2025
Label : Slumberland Records

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Le clip de High Beams de The Laughing Chimes :

mardi 11 février 2025

[Track of The Day] Heartworms - Just To Ask A Dance

Contrairement à ce qu'on pourrait penser (et moi le premier), Heartworms n'est pas un groupe à part entière mais le projet solo d'une certaine Josephine Orme, surnommée Jojo. Dans le circuit depuis 2020 et la sortie de son premier single, la londonienne a très vite attiré les oreilles toujours avisées de Dan Carey et de son label Speedy Wunderground, révélateur de talent et lanceur de carrière comme personne. S'en sont suivis d'autres singles, un premier Ep remarqué ('A Comforting Notion Ep' en 2023) et aujourd'hui un premier album, 'Glutton For Punishment', toujours sur la structure anglaise.

Un disque particulièrement réussi qui s'ouvre (ou presque) par Just To Ask A Dance, un morceau à l'introduction comme martiale, à la mélodie mélancolique mais sous laquelle le feu semble brûler, que Heartworms chante d'une voix aux variations qui rappellent Shirley Manson, et un dernier tiers, lancé par quelques riffs noisy, où l'anglaise lâche les chevaux, rend presque le titre dansant et l'envoie dans une dimension qu'on n'aurait pas soupçonnée. Just To Ask A Dance est une chanson définitivement magistrale, goth sans l'être, et qu'on croirait avoir été écrite par Garbage à mi-chemin entre son premier et son deuxième album, 'Version 2.0'. Du Garbage v 1.5 en quelque sorte.

Album : Glutton For Punishment
Année : 2025
Label : Speedy Wunderground

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lundi 10 février 2025

[Track of The Day] Midding - Clem's Crime

Londres, Leeds, Glasgow, Dublin : il faut avouer que dans ces pages, quand il est question de musique « anglaise » ou « britannique » (que les irlandais me pardonnent de cet amalgame), il est souvent peu question du Pays de Galles - d'ailleurs, si j'en crois la fonction recherche de ce blog, je n'ai évoqué ici que Gruff Rhys (évidemment) et The Joy Formidable en 2011) comme artistes venus du pays du poireau ; ce qui est peu il faut bien l'admettre.

Réparons vite cette erreur en parlant de Midding, originaire de Cardiff. Un groupe qui a démarré comme un projet solo, celui de Joe Woodward, puis est devenu un trio quand ses amis Elliot Roberts et Cam Wheeler sont venus l'aider à bidouiller sur son 4-pistes, avant que ne s'agrègent à leur tour Eli Allison et Nia Abraham. Un quintet donc, auteur vendredi dernier de leur premier Ep 'Nowhere Near Today', signé chez les très souvent impeccables londoniens de Tough Love Records.

Un disque de cinq chansons, qui colle parfaitement à sa belle pochette et qui s'ouvre par Clem's Crime (en écoute aujourd'hui). Un morceau remarquable, sorte de rencontre entre My Bloody Valentine et Joy Division, autant shoegaze que noise-rock, plein de disto, de reverb et de guitare nerveuses, le tout mené par une rythmique métronomique, brute et clinique. Grande chanson d'un premier Ep qui fait montre de sacrées promesses.

Album : Nowhere Near Today Ep
Année : 2025
Label : Tough Love Records

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Le clip de Clem's Crime, chanson d'ouverture de 'Nowhere Near Today Ep' de Midding :

vendredi 7 février 2025

[Track of The Day] Ebo Taylor, Adrian Younge, Ali Shaheed Muhammad - Get Up

Jazz Is Dead est un label créé en 2017 par Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad d'A Tribe Called Quest. Son but ? Enregistrer live des pointures du jazz, qui ont été - et sont encore - des pourvoyeurs de samples pour la musique hip-hop. Ma connaissance en jazz étant très limitée, je ne vais pas pouvoir vous en dire beaucoup plus, ni m'extasier sur la liste de leurs invités, mais j'imagine qu'en vingt-un albums, ils ont pu enregistrer quelques légendes (pour ainsi, de toute la discographie, seuls les noms de Tony Allen et de Roy Ayers me parlent).

Mais pire que le jazz, il y a ma culture de la musique africaine. Disons le franchement, celle-ci est tout à fait nul. Je vais donc avoir du mal à vous parler d'Ebo Taylor, l'artiste, africain donc, qui est à l'honneur du vingt-deuxième album de la série Jazz Is Dead. Tout juste puis-je vous dire que notre homme est un musicien ghanéen né en 1936 et qu'il serait « le trait d’union entre Accra, berceau du highlife (genre musical africain né au Ghana), et Lagos, la Mecque de l'afrobeat » (merci Wikipédia).

Ce que je peux vous dire par contre, c'est que cet album (court, sept titres pour vingt-sept minutes) et au personnel nombreux (la page bandcamp de l'album les liste tous un par un) est très réjouissant. Et qu'il s'ouvre par un morceau absolument spectaculaire, Get Up, où flûte, conga, guitare électrique, claviers, saxophone, trompette, trombone et autres chœurs puissants s'encanaillent sur rythme débridé et une ambiance presque cosmique, et où Ebo Taylor, avec sa voix fatiguée (il a été victime d'un AVC il y a quelques années), se pose en vieux sage, tout à fait dans son élément.

Album : Ebo Taylor JID022
Année : 2025
Label : Jazz Is Dead

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mercredi 5 février 2025

[Track of The Day] P:ano - Leaving The Salon

P:ano : voilà un groupe à l'orthographe bizarre revenu d'entre les morts. Un quatuor canadien originaire de Vancouver que je ne croyais pas un jour revoir faire des disques vu que ma dernière interaction avec eux datait de 2005, à la sortie de 'Brigadoon', leur très réussi ultime album (alors).

Dix-neuf ans plus tard, à la surprise générale mais sans que cela émeuve le Landerneau de la musique, même indépendante, P:ano s'est rassemblé, est reparti en studio pour publier en septembre dernier le simplement nommé 'Ba Ba Ba'. Au casting, les même quatre membres (Nicholas Krgovich, Julia Chirka, Justin Kellam et Larissa Loyva) et l'indie-pop toujours bien accrochée au cœur. Sauf que celle-ci (à quelques exceptions près) est beaucoup plus apaisée, plus langoureuse, mélancolique que par le passé.

Sur la fin de 'Ba Ba Ba', on trouve Leaving The Salon (en écoute aujourd'hui). Une longue chanson, aux airs de Belle & Sebastian des débuts, qui démarre comme une simple mélopée doucereuse que mène une guitare presque discrète. Mais dès le deuxième couplet, P:ano rajoute une très légère rythmique, qui se fait rapidement beaucoup plus présente. Dès le troisième, une batterie et un piano très lumineux se mêlent à la fête, avant que trompette, cordes et clarinette les rejoignent, chacun à leur tour, pour mieux envoyer Leaving The Salon vers une sorte d'apothéose instrumentale de plus de trois minutes. Un morceau pop-folk absolument renversant de la part d'un groupe disparu et oublié de beaucoup, mais qui n'a rien perdu de son talent.

Album : Ba Ba Ba
Année : 2024
Label : C.O.Q. Records

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mardi 4 février 2025

[Track of The Day] Ten Fé - Space Invader

Quoiqu'en dise son nom qui a tout de celui d'un groupe français venu du sud-ouest qui chanterait des chansons réalistes, Ten Fé est un groupe londonien, au départ duo mais devenu au fil du temps et des albums un quatuor, et qui semble connaître plus de succès à l'extérieur qu'à l'intérieur de ses frontières (j'en veux pour exemple sa page Wikipédia uniquement disponible en néerlandais et en russe).

'Still in Love' est le troisième album de Ten Fé, le premier depuis 2019. Un disque qui mélange indie-pop, soft-rock et guitares americana, qui est porté par une belle voix et une production assez rough. Un album pas forcément passionnant, qui manque de cohérence mais sur lequel on trouve deux petits bonbons : Half Light of Morning, genre de chevauchée pop très efficace, et Space Invader (en écoute aujourd'hui), où il est moins question d'aliens que de la difficulté de vivre à deux, et qui est surtout superbe balade mid-tempo, banale de prime abord mais qui très vite se révèle assez infectieuse avec cette voix haut perchée, ces belles nappes et ce piano du refrain, touche belle comme tout qui envoie la chanson dans les étoiles.

Album : Still in Love
Année : 2025
Label : Some Kinda Love

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Autre chanson très réussie de ce troisième album de Ten Fé 'Still in Love', voilà l'énergique Half Light of Morning

lundi 3 février 2025

[Track of The Day] Fat Dog - Peace Song

Pour beaucoup sensation de 2024, j'avoue ne pas avoir accroché au dance-punk-electro-survitaminé et aux chansons ultra boostées de Fat Dog, quintet anglais originaire de Londres, et à leur premier album 'WOOF.'. Un disque court mais épuisant, sans grande nuance, qui faisait tout dans l'excès en mettant tous les potards dans le rouge.

Pourtant, leur dernier single en date, Peace Song, sorti en novembre dernier, m'incite fortement à ne pas cataloguer ce groupe d'emblée et à lui coller une étiquette trop rapidement. Et bien que rien ne soit annoncé à ce jour, j'ai du mal à croire qu'une telle chanson ne se retrouve pas sur le deuxième album de Fat Dog que j'imagine à venir très rapidement (j'ai comme dans l'idée que ces jeunes gens vont essayer de battre le fer tant qu'il est chaud et de surfer sur la vague de hype qui les porte depuis des mois, notamment pour leurs prestations live qu'on dit dantesques). Car si elle porte mal son nom tant elle est échevelée et ne sonne pas comme une chanson pour la paix, Peace Song montre un petit virage de la part des anglais. Un morceau synth-pop en forme de tube (et un sacré d'ailleurs), endiablé et intense comme jamais, qui a le bon goût de laisser la surenchère et les outrances au vestiaire pour mieux mettre la mélodie au centre de tout. Et ça change tout.

Album : -
Année : 2024
Label : Domino Records

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Le clip de Peace Song de Fat Dog :