Erik Arnaud est un homme qui prend son temps. Entre son deuxième album 'Comment Je Vis' et ce 'L'Armure' s’est écoulé 8 ans. Huit longues années durant lesquelles il n'aura pas fait que roupiller à poil sur un matelas dégueulasse avec Neil Young en guise de Jiminy Cricket, mais plutôt à passer de l’autre côté de la vitre pour travailler, notamment, avec Karl-Alex Steffen (un mec bourré de talent, dont le premier ‘Billet Express’ avait beaucoup tourné dans mes oreilles) ou
avec son vieux compère Florent Marchet sur ‘Rio Baril’ et le livre-disque ‘Frère Animal’ (sur lequel il viendra également poser sa voix).
Huit longues années pour se reconstruire en tant qu’en artiste et pour se remettre de son éviction de chez les affreux Labels en 2004.
Et comment se remettre sur les rails? En deux temps: tout d'abord en créant sa propre structure, Matrice, nommée en hommage à Gérard Manset dont Erik Arnaud est grand fan; puis en signant un deal avec les toujours très surs Monopsone (on leur doit des albums de Laudanum, de Giardini di Mirò ou le premier Abstrackt Keal Agram) pour la sortie de 'L'Armure'. Trois étapes donc et qui sont à l’origine de ce nouvel album très réussi.
Ne connaissant alors que la partie émergée de l’iceberg, ‘L’Armure’ est ma première rencontre avec Erik Arnaud, . Et quelle belle rencontre!
Sur un disque assez court (même pas 35 mns), il propose un album rock mais à la géométrie variable. Car si Rocco, Cheval (sublime chanson d’entrée), Combat ou la reprise de Vies Monotones de Manset sont bien des morceaux rock, Erik Arnaud en profite aussi pour la jouer plus pop. Une pop aussi bien enthousiasmante (excellent Richard Cordoba, Nous Vieillirons Ensemble) ou plus introspective et déprimée (Nous Sommes, Abigaël), voire carrément éthérée (L’Armure, qui clôt l’album).
Tout au long de ses 10 chansons, Erik Arnaud rappelle à nos oreilles autant l’univers d’une certaine idée de la chanson/du rock français (Dominique A, Miossec) que la voix de Bertrand Cantat (certaines intonations de Nous Sommes sont saisissantes), tout en gardant une proximité artistique avec Florent Marchet (une mélodie par-ci, un texte par là).
Un univers que l’on retrouve également dans ‘C’est Pas L’Enfer Ep’, un mini-album sorti l’an passé, déjà chez Matrice et Monopsone et disponible gratuitement sur le site officiel d’Erik Arnaud, et qui se veut le parfait complément de ce ‘L’Armure’.
On pourra lui reprocher (je suis taquin) de parfois en faire un peu trop vocalement parlant. Mais oubliera vite ce petit détail, pour retenir surtout qu'Erik Arnaud (en tout cas quand on vient de le découvrir comme moi) est aussi doué derrière les manettes qu’aux commandes d’un album de rock français, aux textes intelligents et noirs.
J’espère en tout cas qu’il ne me fera pas mentir avec la sortie de ‘Courchevel’, nouvel album de Florent Marchet à venir, où il est une de fois de plus impliqué. (sortie : 1er Février 2010)
Bien que l’album doit se trouver en vente un peu partout, vous pouvez également le commander ici. Histoire de soutenir Monopsone, petit label aux choix artistiques gros comme ça.
Son :
Myspace (un mash-up de ‘L’Armure’ en écoute)
Site officiel (3 chansons de 'L'Armure' en écoute)
Deux chansons en écoute. Cheval, qui ouvre ‘L’Armure’, un tube en devenir, et le presque acoustique et rapidement entêtant Abigaël (malheureusement plus en écoute).