mardi 24 décembre 2024

[Track of The Day] Ben Folds - You Don’t Have to be a Santa Claus (The Mills Brothers cover)

24 décembre oblige, place à une chanson de Noël. Tirée, histoire de bien faire les choses, d'un album de Noël. Le disque s'appelle 'Sleigher', est l’œuvre de l'américain Ben Folds, et est paru au milieu de l'automne dernier. 

A la toute dernière plage de l'album, on trouve You Don’t Have to be a Santa Claus. Une reprise de The Mills Brothers, quatuor vocal jazz/pop des années 1930/1950, notamment connu pour avoir été le premier groupe afro-américain à avoir son show à la radio nationale.

You Don’t Have to be a Santa Claus est une chanson de Noël comme l'entendent les américains, que Ben Folds et ses comparses ne révolutionnent en mettant leur pas dans ceux de The Mills Brothers, mais qu'ils dépoussièrent grandement en lui donnant un vrai coup de frais et en accentuant son côté jazzy. Et à l'écoute, on l'imaginerait bien habiller la fin d'un d'une comédie de Noël, où un couple heureux danserait langoureusement, serré l'un contre l'autre, devant un feu de cheminée, avec la caméra qui agrandirait peu à peu son angle pour mieux reculer, s'échapper et les laisser à leur intimité.

Une très belle reprise qui conclue donc une année de 'Track of The Day' très fournie dans ces pages (cent-trente et une tout de même, sans doute le plus gros total depuis 2008 ou 2009). Place désormais au bilan de l'année, en quatre parties comme le veut la tradition, dès jeudi, avant un retour aux affaires courantes début janvier. Mais d'ici là, il y a Noël donc. Que je vous souhaite le plus joyeux du monde.

Album : Sleigher
Année : 2024
Label : New West Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, la reprise de You Don’t Have to be a Santa Claus de The Mills Brothers par Ben Folds est également en écoute ci-dessous :
 

La version originale de You Don't Have to Be a Santa Claus (When Christmas Comes Around) de The Mills Brothers : 

 

lundi 23 décembre 2024

[Track of The Day] Ella Thompson - Let There Be Nothing

Pour l'avant-dernière 'Track of The Day' de l'année publiée dans ces pages avant les traditionnels bilans (que voulez-vous, on ne se refait pas), voyons les choses, si ce n'est en grand, au moins en beau, avec Let There Be Nothing, la chanson qui ouvre 'Ripple On The Wing', le troisième et nouvel album de l'australienne Ella Thompson.

Un soupçon de jazz, un rien de trip-hop mais une tonalité générale très soul sixties, Let There Be Nothing, inspirée par la série The Sopranos, est une chanson smooth au possible, aux belles rondeurs mais à l'ambiance sombre et hantée (la flûte traversière n'y étant pas pour rien), portée par une orchestration et des arrangements très soignés (cette basse, ces cuivres mélancoliques dans la seconde partie) dans lesquels la voix d'Ella Thompson, juste et n'en faisant jamais trop (alors que tout s'y prête), vient se lover et pleurer. Un véritable petit bijou, aussi doux que noir.

Album : Ripple On The Wing
Année : 2024
Label : Hopestreet Recordings

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Let There Be Nothing d'Ella Thompson est également en écoute ci-dessous :

Le clip de Let There Be Nothing d'Ella Thompson, chanson d'ouverture de 'Ripple On The Wing' :

vendredi 20 décembre 2024

[Track of The Day] Willi Carlisle - The Arrangements

Finissons cette semaine consacrée aux albums « must listen » de 2024 en évoquant 'Critterland', le troisième album de Willi Carlisle, un américain de 35 ans au chapeau de cowboy bien vissé sur la tête (notre homme vient du Kansas et habite dans l'Arizona, alors forcément). Un disque généreux de country-folk, à l'ancienne, avec du bluesgrass par ci et de l'americana par là, du banjo, de l’accordéon, du violon grinçant, de l'harmonica qui couine et de l'acoustique, rien que de l'acoustique (ou presque).

Un très bel album qui s'ouvre par Critterland, parfaite pour donner le ton et qui se referme par un morceau de spoken word (The Money Grows on Trees). Mais la chanson la plus belle et la plus marquante de 'Critterland', c'est The Arrangements. Une chanson folk au possible, qui déroule dans un très simple appareil (il y a bien une guitare qui slice au fond mais c'est bien peu) ; mais surtout un titre très personnel (ou en tout cas, on peut l'imaginer). L'histoire d'un homme qui voit son père mourir alors qu'il le détestait (« He was dead inside my head long before he died ») à cause de sa violence, de son alcoolisme. Et bien que ce sentiment lui ait permis de ne pas perdre de temps à essayer de le sauver de sa maladie (« So making the arrangements felt natural, felt nice, no medicine for saving him from cigs and booze and salt. Feels pretty nice to say, I thought his sadness was my fault »), le narrateur ne peut s'empêcher de ressentir de la tristesse pour sa disparition (« It's still sad when bad men die »). Peut-être parce qu'il ne peut s'empêcher de voir dans ses échecs ses propres défaillances (« So don't ask about blame or forgiveness, It's still sad when bad love dies. Oh, I'm full of shit and you're over it, take the last word in my pride ») et de se rendre compte à quel point il est la propre image détestable de son père (« I'm my father's spitting image and I spit upon the mirror I see the old man's still here (...) I'm my own father now  »).

Bien que sonnant très personnelle, est-ce que cette chanson est inspirée de la propre vie de Willi Carlisle ? Je n'en ai aucune idée. Et à dire vrai, je m'en fiche un peu. Car si comme l'américain le dit lui-même (voir clip plus bas), The Arrangements est une chanson pour les mauvais pères, elle raconte surtout une tranche de vie, avec autant de justesse que de sincérité, et nous interroge sur qui nous étions, qui nous sommes, qui nous serons. Du folk sublime dans sa plus pure tradition.

Album : Critterland
Année : 2024
Label : Signature Sounds

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, The Arrangements de Willi Carlisle est également en écoute ci-dessous :

Autre très belle chanson de 'Critterland' de Willi Carlisle, voilà Higher Lonesome :

Une version live de The Arrangements de Willi Carlisle :

jeudi 19 décembre 2024

[Track of The Day] Sam Lee - Bushes and Briars

Après 'Thesis' de Godfather Don et 'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan, continuons sur notre lancée et évoquons pour cette - véritable - dernière semaine de 2024 un autre grand album qui aura fait mon année et à propos duquel je n'avais pas encore écrit quelques mots. Et faisons le par le prisme de sa magnifique chanson d'ouverture Bushes and Briars.

Le disque s'appelle 'songdreaming' et est paru en mars dernier. Il est le quatrième album en douze ans d'un certain Sam Lee, un anglais de bientôt 45 ans. Bushes and Briars (en écoute aujourd'hui) résume à elle seule ce qu'on trouve dans cet album : une (avant-)folk très onirique, habillée de cordes plaintives qu'on dirait sorties d'un quartet néo-classique, qui planent au-dessus de guitares sèches et discrètes et d'un piano presque joueur mais essentiel, avant que des guitares électriques plus nerveuses et profondes s'invitent à la fête et ferment le ban.

Bushes and Briars est une chanson superbe, pleine de mélancolie enrobée de douceur, qui sonne comme la rencontre mélodieuse entre Richard Dawson et Lankum. Elle est donc surtout la rampe de lancement parfaite de 'songdreaming', disque poétique à bien des égards, centré sur la nature et tout ce que nous sommes en train de lui faire subir sans jamais ciller, et qui est notamment porté par Trans Voices, une chorale transgenre londonienne dont ce sont les débuts ici. Un album évanescent, qui sait respirer et prendre son temps comme être sujet à quelques poussées de fièvre irrésistibles. Et qui est aussi enchanteur que touchant.

Album : songdreaming
Année : 2024
Label : Cooking Vinyl

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Bushes and Briars de Sam Lee est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson de grande qualité de 'songdreaming' de Sam Lee, voilà Meeting Is A Pleasant Place (avec la participation de la chorale Trans Voices) :

Le clip de Bushes and Briars de Sam Lee, chanson d'ouverture de 'songdreaming'

mercredi 18 décembre 2024

Kelly Finnigan - A Lover Was Born [Colemine Records]

Il y a quelques semaines, alors que nous devisions entre deux dossiers sur nos derniers coups de cœur musicaux, lui dans tout ce qui est rap/hip-hop, moi tout ce qui touche plus au rock ou à la pop (quelle surprise), mon collègue Aymeric m'avait dit la chose suivante : « Tu devrais écouter Kelly Finnigan. Ce mec là est au-dessus de la mêlée dans tout le revival soul actuel où tout se ressemble et est d'un platitude sans nom ». Une analyse sévère, certes, mais au final assez juste. Surtout, un conseil des plus avisés.

Kelly Finnigan donc. Un américain d'une quarantaine d'années, originaire de San Francisco et qui en parallèle d'une carrière au sein de formations diverses (Destruments et Monophonics pour les plus connues) s'est lancé en 2019 dans une carrière solo qui ne fait pas les gros titres - ni les moyens d'ailleurs - mais dont la qualité n'est pas à remettre en cause.

'A Lover Was Born' est son troisième album, paru à l'automne dernier. Kelly Finnigan y chante divinement bien (il a ce grain et cette façon de chanter qu'avaient certains de ces glorieux devanciers dans les années 60/70), sait être aussi expansif que câlin ou tout en retenue (All That's Left, Count Me Out). Mais comme une belle voix ne suffit pas à faire de grandes chansons, notre homme s'est entouré d'une équipe de musiciens triés sur le volet pour mettre en musique ses compositions : Joe et Max Ramey de The Ironsides, Jimmy James, Sergio Rios, J-Zone et Joey Crispiano, des Dap Kings, le groupe de feue Sharon Jones.

Et le résultat est sans appel : chacune des onze compositions de l'album résonne de guitares et de basses savamment jouées, d'une rythmique soyeuse, de cuivres euphoriques et langoureux, de cordes légères et promptes à soumettre le premier des hésitants à d'autres plus tendus et aiguisées, de piano qu'on aurait piqué à un club de jazz et de chœurs propres à venir relever chacun de ses élans vocaux.

Plein de groove, de soul, de funk (superbe Chosen Few) et globalement de tout un son racé qui va chercher le meilleur de ce qui a fait la légende de ce genre musical, 'A Lover Was Born' est un album remarquable, qui voit Kelly Finnigan monter en gamme après ses deux premiers disques (dont un, vu que c'est la période, très recommandable album de Noël 'A Joyful Sound'), que ce soit au niveau de la production que des arrangements aussi classieux que amples. De Prove My Love en ouverture et son orchestration qu'on dirait venue de la fin des années 60 à Count Me Out, la superbe chanson de clôture, à la belle langueur et aux chœurs divins, en passant par le très cuivré His Love Ain't Real, Love (Your Pain Goes Deep) et ses cordes discrètes mais vraies pierre angulaire du morceau ou le sublime Cold World et son piano jazz qu'on dirait presque à contretemps, tout ici n'est que soul. Northern, Midwest, Pop, que sais-je encore et même tout ce que vous voulez. Mais pas de la commune, non. De la très grande Soul. (Sortie : 18 octobre 2024)

Plus :
'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan est à l'écoute sur bandcamp
'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan est à l'achat sur bandcamp
'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan est à l'achat et l'écoute un peu de partout


Trois chansons de 'A Lover Was Born' de Kelly Finnigan en écoute aujourd'hui. Le choix a été dur mais partons en premier lieu sur Love (Your Pain Goes Deep), sans doute un des deux tubes de l'album (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Continuons avec le superbe Count Me Out, la chanson de clôture de 'A Lover Was Born'. Et finissons par Cold World, le morceau qui m'a renversé à la première écoute.

lundi 16 décembre 2024

Godfather Don - Thesis [HHV Records]

La chanson la plus évidente de 'Thesis' de Godfather Don à mettre en une en ce lundi aurait été Full Court Press, le morceau qui ouvre l'album. Un titre qui va emprunter sa mélodie au Melody de l''Histoire de Melody Nelson' de Serge Gainsbourg et dont l'américain fait le meilleur des usages. Mais si ce titre sait nous aguicher d'entrée, il n'est rien d'autre que la superbe ouverture d'un des meilleurs albums de l'année.

Car Full Court Press n'est pas le seul moment mémorable de ce nouvel album de Godfather Don, nom plus que sérieux du hip-hop estampillé East-Coast et ancien acolyte de  Kool Keith dans les années 90. C'est plutôt une formidable rampe de lancement d'un 'Thesis', pourtant long (seize titres en soixante-huit minutes) mais que notre homme, à coups de flow soigné et de samples bien sentis et souvent très mélodieux, tient tout du long.

Si tout l'album est fameux dans une veine boom bap (notre homme vient de la côte Est) mais qui ne manque pas d'effluves jazz (Godfather Don se destine désormais à une carrière de saxophoniste de jazz, ceci explique peut-être cela), et si l'on aurait pu mettre en avant .32 Shots et sa basse qui saccade, Definite et son gimmick féminin délicieux, ou les deux morceaux de clôture Recognize et Chekmate, on ressortira en priorité une Sainte Trinité : The Blessing, The Power and The Glory et Thesis. Trois chansons qui s'enchainent en milieu d'album et qui montrent autant le savoir faire de Godfather Don que sa qualité à aller chercher des samples de qualité, qu'on n'attendait pas (The Power and The Glory sonne comme une orchestration d'Aznavour) et à savoir en tirer le meilleur - et souvent la mélancolie.

'Thesis' est un très grand album, qui sonne à l'ancienne mais qui ne fait pas daté pour autant. Un disque brillant et inspiré, même souvent imparable, où Godfather Don s'occupe de tout, du flow comme de la production et des samples, avec le touché de celui qui sait, qui a l'expérience de compositeur, de producteur et qui sait aller piocher dans tous les genres pour affirmer son propos. A part 'El Leon' de CRIMEAPPLE & Preservation, je n'ai rien entendu d'aussi inspiré en hip-hop cette année. (sortie : 30 août 2024)

Plus :
'Thesis' de Godfather Don est à l'écoute sur bandcamp
'Thesis' de Godfather Don est à l'achat sur bandcamp
'Thesis' de Godfather Don est à l'achat et à l'écoute un peu de partout

Trois chansons extraites de 'Thesis' de Godfather Don. The Blessing pour ouvrir le bal (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis Full Court Press et son sample de Gainsbourg. Et enfin The Power and The Glory

vendredi 13 décembre 2024

[Track of The Day] Oneida - Reason to Hide

Malgré une continuité et une discographie tout à fait remarquable, on oublie souvent de parler des incroyables Oneida. Un groupe qui déçoit rarement et dont le nouvel album 'Expensive Air' (le dix-septième disent-ils alors que j'en aurais donné deux de plus) est une nouvelle fois plus que recommandable à bien des égards : pour la qualité de son rock impétueux, que les new-yorkais trimballent un peu dans toutes leurs sphères d'influences : du psyché bien sûr, du grunge-pop à la Weird Nightmare, du noise, du kraut, du garage et quelques éclats punk ; pour la classe de ses compositions et de ses mélodies, qui ne tombent jamais dans la facilité (les Oneida sont intransigeants, ce n'est pas nouveau) mais qui font mouche à chaque fois ; pour avoir su être concis et aller droit au but (huit morceaux, trente-quatre minutes).

Et puis aussi et surtout pour Reason to Hide, sa chanson d'entrée majestueuse de plus de sept minutes (dont quatre totalement instrumentales et enragées). Un morceau du genre à vous prendre par le colbac et à vous enfoncer dans le mur à grands coups d'un noise-rock psyché qu'on dirait motorik, où les guitares s'en donnent à cœur joie à se passer et repasser dessus, où un clavier lui donnerait presque le tournis, avant qu'un chant (puis des voix) furieux vienne enfin prendre part à la fête en se mettant au diapason. Sans doute le morceau d'ouverture de mon année 2024. Ébouriffant.

Album : Expensive Air
Année : 2024
Label : Joyful Noise Recordings

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Reason to Hide d'Oneida est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson marquante de 'Expensive Air' d'Oneida, voilà Here It Comes :

Le clip de Reason to Hide d'Oneida, chanson d'ouverture de 'Expensive Air' :

mercredi 11 décembre 2024

[Track of The Day] The Hard Quartet - Killed By Death

Stephen Malkmus, Matt Sweeney, Emmett Kelly et Jim White. Quatre artistes au passé plus ou moins doré, mais qui sont des noms de la musique des trente-cinq dernières années et qui, surtout, se connaissent vu qu'ils ont tous un jour ou l'autre collaboré ensemble. Et ces quatre compères se sont dit que ce serait une belle idée de former un super groupe, le simplement nommé The Hard Quartet.

En général, les super groupes, ça va, ça vient. Ça a son petit buzz à l'annonce, sur le papier, ça promet toujours beaucoup et au final ça ne marche jamais vraiment. Sans doute parce que la plupart du temps, on est sur des artistes qui se mettent ensemble quand le succès qu'ils ont connu plus jeune ou avec leurs formations précédentes s'est étiolé (ce qui est le cas ici). Mais surtout parce que l'alchimie ne prend jamais vraiment et qu'on ressort toujours de ces disques là avec le sentiment d'avoir écouté un disque d'un des membres, qui prend forcément l'ascendant sur ses nouveaux camarades.

S'il n'est pas renversant (ses quinze morceaux pour cinquante-deux minutes n'y sont pas pour rien) et pas attrayant pour un sou (cette pochette banale au possible, pour ne pas dire laide, quelle idée), 'The Hard Quartet' (pourquoi faire compliqué etc) est un album plutôt séduisant. Nos quatre amis s'y partagent le micro, les instruments (Malkmus, Sweeney et Kelly guitares et basse, Jim White restant évidemment dévolu à la batterie) et composent là quelques chansons pas dénuées d'intérêt et même souvent inspirées. Certes, l'ombre de Pavement plane plus que toute autre ici (et la voix de Stephen Malkmus n'y est pas étrangère) mais l'album passe par tellement d'états qu'il est difficile de ne retenir que ça.

Des quinze morceaux de 'The Hard Quartet', on en retiendra deux particulièrement : la superbe balade très Pavement Hey (chantée par un Stephen Malkmus à son meilleur) et Killed By Death (en écoute aujourd'hui), chanson peut-être la moins représentative de l'album mais sans doute celle où l'alchimie entre les quatre artistes est la plus évidente, de cette mélodie mélancolique aux accents country-folk à ses guitares acérées, langoureuses et délicieuses du refrain en passant par la voix tout en retenue de Matt Sweeney.

Album : The Hard Quartet
Année : 2024
Label : Matador

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Killed By Death de The Hard Quartet est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson très réussie de ce premier album de The Hard Quartet, voilà la très belle balade Hey

lundi 9 décembre 2024

Brigitte Calls Me Baby - The Future Is Our Way Out [ATO Records]

Tirant son nom de Brigitte Bardot et d'une correspondance fantasmée que le leader du groupe Wes Leavins aurait eu avec l'égérie française des années 60, Brigitte Calls Me Baby est un tout jeune groupe américain (cinq membres dont deux guitares) venu de Chicago qui a sorti en août dernier son premier album, le mal nommé 'The Future Is Our Way Out'

Mal nommé car si l'avenir est la porte de sortie du quintet, alors ils ne sont pas prêts d'arrêter de tourner en rond tant cet album regarde vers le passé. Surtout vers les années 80. Surtout vers Manchester. Et surtout vers un quatuor mené par un grand chanteur (et parolier), et par un guitariste plus que talentueux. Oui, 'The Future Is Our Way Out' voit les Brigitte Calls Me Baby lorgner de très près les Smiths. Que cela soit pour la voix de Wes Leavins qui fait plus que rappeler, dans son grain autant que dans ses intonations, celle de Morrissey, sa production (qu'on dirait avoir été laissée aux bons soins de Stephen Street) ou de quelques morceaux à l'inspiration évidente (I Wanna Die In The Suburbs est leur There Is a Light That Never Goes Out).

Pourtant, ce qui sonne comme un pastiche assez mal dégrossi à la première écoute devient rapidement entêtant. Premièrement parce que si l'influence Smiths-ienne est claire, elle n'est pas la seule. Très vite, on se rend compte qu'il y a autre chose en plus, comme ces quelques touches sixties (notamment dans la rythmique), ce côté Elvis (You Are Only Made Of Dreams, la chanson de clôture Always Be Fine ou les style crooner de Eddie My Love), ces quelques fulgurances qui pourraient évoquer les Strokes qui auraient fricoté avec New Order (We Were Never Alive) et même un soupçon d'Aline (Pink Palace. A vous ensuite de déterminer qui de l’œuf ou la poule...).

Si vous ajoutez à cela des mélodies belles et chiadées, vous obtenez un 'The Future Is Our Way Out' qui manque sans doute de personnalité mais qu'on ne peut pas simplement résumer à un album des Smiths sans les Smiths comme on a pu le dire ici et là. Certes, c'est l'album le plus influencé de l'année mais il n'en reste pas moins étonnamment charmant, efficace et romantique à souhait. (Sortie : 2 août 2024)

Plus :
'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby est à l'écoute sur le bandcamp du groupe
'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby est à l'achat sur le bandcamp du groupe
'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby est
à l'achat et à l'écoute un peu de partout

Trois chansons de 'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby en écoute aujourd'hui. I Wanna Die In The Suburbs (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis le très 80s We Were Never Alive. Et enfin, Eddie My Love et sa voix de crooner :


Le clip de We Were Never Alive, single évident de 'The Future Is Our Way Out' de Brigitte Calls Me Baby :

 

mercredi 4 décembre 2024

[Track of The Day] Tramhaus - Worthwhile

Si les anglo-saxons n'ont pas l'apanage du post-punk, il faut quand même avouer qu'il reste les tauliers du genre. En tout cas dans ces pages. Car après une rapide recherche dans l'historique de ce blog à la vie déjà bien (trop ?) longue, les groupes qui font dans le post-punk mais qui ne sont pas nord-américains, britanniques ou océaniens ne sont pas légions. Tout juste ai-je pu lister les (feu) Action Dead Mouse, les ex Sloy de 69, les belges de Guernica ou les russes de Motorama. J'en oublie sans doute certains mais il faut admettre que ce n'est pas bezef.

Essayons de commencer à rétablir l'équilibre en ajoutant un groupe à la liste : Tramhaus. Un quintet originaire de Rotterdam qui a publié à la fin de l'été 'The Next Exit', un premier album du genre super avec sa vibe Frank Black (plus que Pixies), son côté de Iceage/Bambara par-ci voire Swans (le pont de The Cause, le très grand morceau d'ouverture). Puissant, inspiré, carré, ce disque court (neuf chansons pour trente-trois minutes), extrêmement cohérent, enchaine les grandes chansons (le faussement langoureux Worthwhile, électrique et furieux, en écoute aujourd'hui, Past Me ou A Necessity) avec toujours cette férocité sous-jacente qui semble pouvoir éclater à tout moment. Un très grand cru, venu de l'autre pays du fromage. C'est bien, ça (me) change.

Album : The First Exit
Année : 2024
Label : Subroutine Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Worthwhile de Tramhaus est également en écoute ci-dessous :

Autre grande chanson de 'The First Exit', voilà The Cause, le morceau de ce premier album de Tramhaus :

lundi 2 décembre 2024

[Track of The Day] Nia Archives - So Tell Me...

Alors qu'on attaque la dernière ligne droite de 2024, les bilans annuels sont déjà légions. Mais trente-un jours dans une année, ce n'est pas rien, surtout quand on voit le nombre de disques toujours plus grand qui sortent chaque jour (une étude qui vient de paraître estime même qu'en 2023, plus de chansons ont été publiées en une journée que dans toute l'année 1989 !). Alors avant de tirer le bilan de 2024, attachons-nous à essayer d'en conter encore l'histoire.

Comme celle de Nia Archives, jeune anglaise originaire du West Yorkshire, dont le premier album 'Silence Is Loud' accompagne beaucoup de mes journées depuis sa sortie en avril dernier. Un disque qu'on pourrait résumer à un sorte de mélange entre Ms. Dynamite, britpop et breakbeat des 90. Pour le dire autrement, 'Silence Is Loud' est un album de jungle/drum'n'bass qui aurait pu n'être qu'un disque de genre si l'on n'y avait pas insufflé beaucoup de pop, de r'n'b et même d'indietronica (la chanson de clôture So Tell Me..., très Postal Service) pour lui donner une épaisseur toute autre.

Écrit et produit par Nia Archives (avec l'aide notamment d'une vieille connaissance de ces pages, Ethan P. Flynn), 'Silence Is Loud' est un disque remarquable de bout en bout, dans lequel l'anglaise à l'incisive aux couleurs de l'Union Jack passe par beaucoup d'émotions, le beat toujours surexcité en bandoulière, aussi prête à emballer les foules (la chanson titre en ouverture, F.A.M.I.L.Y, Unfinished Business) qu'à toucher son monde (Blind Devotion, So Tell Me... en écoute aujourd'hui). Pas étonnant que Nia Archives ait été nommée au Mercury Prize 2024 (finalement remporté par l'épatant 'This Could Be Texas' d'English Teacher) : 'Silence Is Loud' est un des grands albums, et pas qu'anglais, de l'année.

Album : Silence Is Loud
Année : 2024
Label : Island Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, So Tell Me de Nia Archives est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson remarquable extraite de 'Silence Is Loud' de Nia Archives, voilà Tell Me What It’s Like? :

Le clip d'un des tubes évidents de 'Silence Is Loud' de Nia Archives, Unfinished Business :