samedi 28 décembre 2024

Bilan 2024 : « Albums » (40-21)


Après un premier billet consacré aux formats courts, aux compilations et autres rééditions, poursuivons donc ce bilan 2024 avec sa deuxième partie, consacrée cette fois aux quarante meilleurs disques de l'année selon votre serviteur. Et comme ingérer quarante disques d'un coup peut-être lourd à la digestion, découpons ça en deux papiers en commençant par les disques classés des places 21 à 40.

Mais avant d'attaquer la présentation de ces vingt albums, allons voir ce que les voisins (ou non) ont tiré comme conclusions de cette année 2024 :
- Les meilleurs albums de l’année selon l’indispensable Bandcamp Daily
- Le top 10 de l’année de Pop News
- Le classement de la rédaction de Section26
- La cuvée 2024 de Pinkushion
- Les 10 albums de l’année selon Mind Riot Music

Vingt premiers albums donc. De belles découvertes, des confirmations, des « enfants de », des promesses qui ne demandent qu'à exploser, des retours inattendus et majestueux, des disques qui sonnent mineurs à la première écoute mais qui n'en finissent plus de revenir : il y a un peu de tout cela dans les vingt mini choniques ci-dessous. Avec évidemment, au bas de ce papier (mais également en cliquant là pour Spotify, ici pour Deezer) des players pour écouter une chanson de chacun des disques évoqués. Bonne lecture et bonne(s) écoute(s) !

40. Flower Face - Girl Prometheus [-]
Avec sa pop et sa folk qui tendent vers des horizons plus goth, parfaitement incarnée par sa pochette, 'Girl Prometheus' de Flower Face est un disque remarquable, écrit à la suite d'une très douloureuse rupture amoureuse et qui retranscrit très bien tous les affres par lesquels on passe lors d'une séparation : monde qui s'effondre, incapacité à repartir de l'avant et à croire en des lendemains heureux, douleur incommensurable, tristesse infinie, colère sourde.
39. Sprints - Letter to Self [City Slang]
Après moultes singles et Ep, il était temps pour les dublinois de Sprints de passer au long métrage. Produit par le désormais compagnon de route de longue date Daniel Fox (Gilla Band), 'Letter to Self' est premier effort solide, ambitieux et engagé, entre post-punk et garage, aux nuances noise-rock. Et le pire c’est que le meilleur est sans doute à venir avec eux.
38. The Maureens - Everyone Smiles [Meritorio Records]
Sens aigu de la mélodie, énergie à revendre, des choeurs ou des voix doublées qui se chevauchent ou se complètent, rehaussant l'ensemble de leurs compositions d'harmonies d'une efficacité folle, 'Everyone Smiles' de The Maureens est une sorte de mélange de The Lemon Twigs, des regrettés Hal et Jayhawks, avec parfois une pointe de Gulcher. Un disque éminemment brillant, à la pop chevillée au corp et aux sacrées chansons.
37. The Waeve - City Lights [Transgressive Records]
D'un côté, Graham Coxon, guitariste de Blur, de l'autre Rose Elinor Dougall, clavier de feu The Pipettes. Couple à la ville, le duo l'est également sur scène sous le nom de The Waeve, dont 'City Lights' est le second album en deux ans. Mais si leur premier m'avait plutôt laissé de marbre, celui-ci avec sa synth-pop et ses relents post-punk mâtinés de saxophone, est un disque plein d'excès, portée par une production qui ne fait pas dans la demi-mesure, et surtout efficace à tous crins.
36. Myriam Gendron - Mayday [Feeding Tube Records / Thrill Jockey]
'Mayday', qui se pare d'atours verts cette fois, n’est peut-être pas aussi marquant que son prédécesseur rouge (véritable chef d'œuvre de son temps) mais reste tout à fait recommandable, rempli qu’il est de petites douceurs, délicates ou électriques, intime, où Myriam Gendron raconte ses histoires en français ou en anglais, le tout saupoudré parfois d'un peu field recordings ici et là. Un disque beau comme tout, où le temps suspend son avancée inexorable.
35. Sam Forrest - Caught Under a Spell [Desert Mine Music]
Nouvel album pour l’ancien leader de Nine Black Alps et une nouvelle très grande réussite. Un disque qui semble ressusciter Elliott Smith à chaque nouvelle chanson (mélodies, constructions des morceaux, intros, cette façon de faire sonner sa guitare, sa batterie) et qui confirme que Sam Forrest est le secret le mieux gardé d'Angleterre.
34. Dummy - Free Energy [Trouble In Mind Records]
Trois ans après un premier album plus que convaincant fait de noise, de psyché et d'indie-pop, les américains de Dummy n'auront pas déçu pour leur retour. Une suite qui prend les mêmes ingrédients de base, mais où l'ambition est plus grande, les chansons mieux produites et peut-être plus carrées. Le tout sans perdre en qualité de composition.
33. Ed Harcourt - El Magnifico [Deathless Recordings]
Un retour en majesté pour Ed Harcourt qu’on n’avait pas connu à pareil niveau depuis des années. 'El Magnifico' est un disque pop beau, baroque pour beaucoup, mélancolique jusqu'au bout des ongles, aux orchestrations pleine d'emphase et à la production flamboyante. Un album d'Ed Harcourt en somme, mais parmi ses tous meilleurs. Et duquel on ressort en se posant une question : notre homme ne serait-il pas le dernier romantique ?
32. Royel Otis - Pratts & Pain [Ourness]
Premier album pour ce duo de Melbourne qui manie aussi bien l'indie-rock que l'indie-pop (aussi en version jangle) et des élans post-punk. Le tout en mettant les mélodies au-dessus du tout. Un disque (et un groupe ?) qu'on pourrait voir comme une réponse australienne à Will Toledo et ses Car Seat Headrest.
31. Bashy - Being Poor is Expensive [Bish Bash Bosh Music]
Alors qu’on aurait pu croire que 'Being Poor is Expensive' s’écrase sous le poids faramineux de How Black Men Lose Their Smile, l’anglais Bashy réussit le tour de force de rendre son album tout aussi cohérent et fort que cette chanson parmi les plus puissantes de l’année. Un disque très bien écrit, qui navigue entre UK rap et dub malin et particulièrement engagé pour un revenant anglais (treize sans aucun album, ce n’est pas rien).
30. Willi Carlisle - Critterland [Signature Sounds]
'Critterland' est un disque généreux de country-folk, à l'ancienne, avec du bluesgrass par ci et de l'americana par là, du banjo, de l’accordéon, du violon grinçant, de l'harmonica qui couine et de l'acoustique, rien que de l'acoustique (ou presque). Un album où Willi Carlisle excelle en conteur d’histoires jamais bien joyeuses.
29. Memorials - Memorial Waterslides [Fire Records]
Duo formé de Verity Susman (Electrelane) et Matthew Simms (Wire, dans sa version récente), Memorials est sans doute une des découvertes de l'année dont on a le plus envie de savoir où ils vont aller dans le futur. Disque curieux où se mêlent du psyché comme de l'indie-rock et même une bonne partie d'expérimental en son cœur, 'Memorial Waterslides' pourrait être résumé comme du post-punk à la sauce Stereolab et/ou Broadcast.
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28. Floating Points - Cascade [Ninja Tune]
Après une sublime échappée en 2021 avec Pharoah Sanders et The London Symphony Orchestra pour 'Promises', Sam Shepherd est revenu au source avec le nouvel album de son Floating Points. Un disque de house et de techno, souvent progressive, faite pour danser, mais presque rude, minimale et sans concession. Pas immédiat pour un sou, mais diablement efficace et à la construction pas loin d'être parfaite.
27. The Lostines - Meet The Lostines [Gar Hole Records]
Entre pop et country, mais celles des années 50 et 60, avec du doo-wop, de l'americana et une certaine idée de comment raconter des histoires, 'Meet The Lostines' est, à l'instar des disques de Tele Novella, autre duo adoré dans ces pages, un petit trésor hors du temps. Délicieusement recommandé.
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26. Outer World - Who Does the Music Love? [Happy Happy Birthday To Me Records]
Vous avez aimé le premier album de The Sweeping Promises ? Alors vous aimerez sans aucun doute son petit frère psyché Outer World. Un duo lui aussi qui pond là un disque qui a plus des allures de long Ep mais qui ne manque pas de sacrées chansons, le plus souvent garage-pop psychédéliques, lorgnant parfois vers des sonorités sixties, le tout auréolé d'une production post-punk plutôt parfaite. A suivre de près.
25. Beak> - >>>> [Invada Records / Temporary Residence Limited]
Album en forme de révérence pour Geoff Barrow qui après seize ans de bons et loyaux services au sein du groupe a décidé de mettre un terme à l'aventure (pour mieux enregistrer le quatrième album de Portishead ?), '>>>>' est sans doute le meilleur album de Beak> à ce jour. Un album extrêmement bien produit, souvent lancinant et obsédant qui prend son temps, qui confirme que Beak> est (fut ?) un groupe à l'attitude et au son à nulle autre pareils.
24. Boeckner - Boeckner! [Sub Pop]
Sorte de synthèse réussie de Wolf Parade et de Handsome Furs (forcément), ce premier album solo de Dan Boeckner regorge de chansons pop marquantes, pour ne pas dire mémorables, où le canadien enchaîne les mélodies soignées et efficaces, qu'il chante à merveille sur un tourbillon de guitares et de synthés.
23. The Rhythm Method - Peachy [Moshi Moshi Records]
Disque résolument pop et un peu fourre-tout où l'on passe d'ambiances très eighties à de l'indie-pop à guitare avant de revenir à de morceaux rêveurs et plein de synthés, puis de rebifurquer vers d'autres horizons country-pop quand ils ne sonnent pas presque seventies, 'Peachy' du duo anglais The Rhythm Method  arrive à faire naître du désordre une harmonie assez miraculeuse et particulièrement efficace.
22. Dr. Dog - Dr. Dog [We Buy Gold Records]
L’album du retour pour le quintet de Philadelphie, séparé en 2021. Et sans doute leur meilleur. Certes, rien ne ressemblera jamais plus à un album de Dr. Dog qu’un album de Dr. Dog. Mais si leur marque de fabrique et leurs compositions teintées de rock, de folk et de psyché sont toujours là, ils y intègrent beaucoup de pop qu’avant et le résultat est sans appel : c’est brillant, généreux et mélodieux au possible.
21. Corridor - Mimi [Sub Pop]
Avec sa pochette magnifique (sans doute la plus belle de l’année), 'Mimi' voit les québécois de Corridor enfin sortir leur grand œuvre, après quelques albums qui s’en rapprochaient plus que sérieusement. Un disque d’indie-pop, aux accents post-punk, psyché et des touches de jangle, avec toujours ces guitares superbes (qui ont quelque-chose de Tom Verlaine) et un ensemble on ne peut plus élégant et racé. Alors si en plus de tout ça, il rajoute une chanson majeure qui a de bons airs de tube de l’année (Mourir Demain), forcément…
Histoire de savoir de quoi l'on parle, vous trouverez ci-dessous deux players (Spotify et Deezer) proposant chacun une chanson des vingt albums chroniqués ci-dessus :

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