lundi 30 décembre 2024

Bilan 2024 : « Albums » (20-01)


Après la partie 1 sur les formats courts, compilations et rééditions, la partie 2 consacrée aux albums classés de la 21è à la 40è place, passons au vingt disques qui auront fait chavirer mon petit coeur pendant les 365 jours de cette année pas si pire mais fondamentalement pas vraiment remarquable. Un classement toujours compliqué tant tous les disques présents ici ont tous compté à un moment ou l'autre de l'année.

Mais avant ça, faisons notre traditionnel détour vers le voisinage plus ou moins lointain pour voir les choix des blogs et autres sites, amis ou non :
- Le très complet bilan de Benzine (site, rédacteurs et lecteurs)
- Les 100 albums de l’année de The Quietus
- Le top album de "Sonne Qui Peut" de Sami
- Les meilleurs albums de 2024 selon Raven Sings The Blues
- Le bilan 2024 d’Esprits Critiques de Marc Mineur 

Avant de décliner les vingt albums qui auront fait mon année, je voudrais avoir une pensée d'abord pour tous ces disques à-côté desquels je suis passé, ceux à qui je n'ai pas donné une seconde chance alors qu'ils l'auraient sans doute mérité pendant que j'en donnais dix à certains qui ne le méritaient pas, ceux que je n'ai pas écouté car submergé par trop de sorties, partout, tout le temps ou coincé dans des disques sans intérêt. Mais vingt albums donc. La crème de la crème (selon mes oreilles en tout cas), avec de la prêtresse aux atours de reine, deux albums hip-hop miraculeux, de la soul avec un grand "S", du rock qui fricote avec le post-punk à moins que ce ne soit l'inverse, de la jangle-pop de très haute tenue, un disque français court mais si parfait, un autre à la pop cosmique, de la chanteuse folk à vous hérisser le poil, de l'électro absolument imparable et un numéro 1 absolument évident et le seul album qui m'a bouleversé à la première écoute. Tout est ci-dessous en vingt mini-chroniques avec au bas de ce billet, évidemment, un lecteur Spotify et un lecteur Deezer présentant une chanson de chacun de ces disques. Bonne lecture et bonne(s) écoute(s).



Bilan 2024 :
Top « 50 Chansons
»
Top « Albums » (40-21)
Top « 7", 12", Ep, Réédition & Compilation »


20. EggS - Crafted Achievement [Howlin Banana Records]
Si ce nouvel album d’EggS a de faux-airs d’Ep (24 minutes seulement), il n’en reste pas moins remarquable de bout en bout, enivrant, passionnant, plein de cuivres, de guitares énergiques, de rythmiques imparables, de chœurs qui sonnent comme des cerises sur le gâteau, et de chansons mémorables quand elles ne sont pas des tubes évidents. Un album très américain, au rythme échevelé et sur lequel la présence de nombreux invités (dont deux En Attendant Ana) n’est pas étrangère à sa grande classe.
19. Being Dead - Eels [Bayonet]
Passé la première mésentente (non, il ne s'agit pas d'un nouvel album de Mark Oliver Everett), 'Eels' du duo texan Being Dead s'avère vite être un album comme on les aime. De l'indie-rock un peu bringuebalant, à la vibe surf-rock, aux influences sixties, avec de la pop un peu de partout, dont chaque écoute se révèle meilleure que la précédente. Grand disque qui sonne comme un album de branleurs mais qui ne l'est pas. Reste plus qu'à savoir si, à l'instar d'un Nick Lowe qui avait sorti un 'Bowi Ep' au réponse au 'Low' du grand David Bowie, le prochain album d'Eels s’appellera 'Being Dead'.
18. Penny Arcade - Backwater Collage [Tapete Records]
Formé autour de James Hoare de The Proper Ornaments, Penny Arcade n’aura pas raté ses débuts discographiques avec 'Backwater Collage', disque de pop résolument fatiguée, dont les mélodies, le rythme, la voix comme effacée et une production ronde et cotonneuse vous bercent par leur langueur et leur beauté.
17. Nia Archives - Silence Is Loud [Island]
Album de jungle/drum'n'bass qui aurait pu n'être qu'un disque de genre si l'on n'y avait pas insufflé beaucoup de pop, de r'n'b et même d'indietronica pour lui donner une épaisseur toute autre, 'Silence Is Loud' est un premier album remarquable de la part de l’anglaise Nia Archives. Une sorte de rencontre improbable entre Ms. Dynamite, la britpop et le breakbeat des années 90.
16. Jessica Pratt - Here in the Pitch [Mexican Summer / City Slang]
'Here in the Pitch' est un disque hors du temps où la folk joliment ouvragée de Jessica Pratt, avec ses quelques touches de bossa-nova qui semblent flotter tout du long, fait merveille. Un disque à l’ambiance rétro, presque anachronique, mais d’une beauté immédiate et imparable.
15. Mannequin Pussy - I Got Heaven [Epitaph]
Porté par sa chanson titre et d'ouverture très représentative (construction dichotomique avec des couplets punk à souhait et un refrain entre shoegaze et pop), 'I Got Heaven' voit le gang de Philadelphie faire encore mieux que sur son album précédent 'Patience' (déjà vieux de cinq ans). Du rock, du punk, du hardcore à juste dose, le tout sur trente minutes resserrées : les Mannequin Pussy prouvent qu'ils sont un groupe qui compte.
14. Chelsea Wolfe - She Reaches Out To She Reaches Out To She [Loma Vista]
Produit par David Sitek de TV On The Radio qui lui donne une remarquable identité, 'She Reaches Out To She Reaches Out To She' est un disque gothique et puissant, plein de dark-wave, de trip-hop et de pincées de métal, avec des nappes profondes et des atmosphères industrielles, où flotte des ambiances comme malignes, possédées, d'où ressort - et contraste - la voix de Chelsea Wolfe, parfaitement - et sans doute jamais aussi bien - mise en valeur ici. Grande disque. Immense reine noire.
13. Irène Drésel - Rose Fluo [Room Records / Wagram Music]
Dernier album d'une trilogie voulue comme telle, 'Rose Fluo' est le disque qui m'aura fait découvrir la française Irène Drésel. Et quelle claque ! De la techno et de l'électro d'une efficacité dingue, prompte à faire danser n'importe qui, tout en jouant avec le tempo d'une manière imparable, est entourée d'une élégance et d'un raffinement dingues.
12. Tramhaus - The First Exit [Subroutine Records]
Une vibe Frank Black (plus que Pixies), un côté de Iceage/Bambara et même un soupçon de Swans : ce premier album des néerlandais de Tramhaus est une réussite de chaque instant. Un disque puissant, carré inspiré, avec une férocité sous-jacente qui ne demande qu’à exploser. Sans conteste un des très grands albums post-punk de l’année.
11. Sam Lee - songdreaming [Cooking Vinyl]
Poétique à bien des égards, centré sur la nature et tout ce que nous sommes en train de lui faire subir sans jamais ciller, qui est notamment porté par la chorale transgenre Trans Voices, 'songdreaming' est un album évanescent de folk et d’avant-folk, qui sait respirer et prendre son temps comme être sujet à quelques poussées de fièvre irrésistibles. Aussi enchanteur que touchant.
10. Friko - Where we've been, Where we go from here [ATO Records]
Duo de Chicago qui est sonne comme un quatuor, Friko fait autant dans la pop que dans le noise, le rock et la chamber pop. Des chansons qui commencent comme une balade et qui finissent avec de la disto, des morceaux énervés au possible, une chanson d'ouverture qui résume bien notre affaire et quelques bluettes mélancoliques à tomber. Un sacré premier album qui sonne un deuxième ou troisième. A suivre de près.
09. Godfather Don - Thesis [HHV Records]
Hip-hop à la sauce boom-bap, qui sonne à l'ancienne mais qui ne fait pas daté pour autant, 'Thesis' est un album brillant et inspiré, même souvent imparable, où Godfather Don s'occupe de tout, du flow comme de la production et des samples, avec le touché de celui qui sait, qui a l'expérience de compositeur, de producteur et qui sait aller piocher dans tous les genres pour affirmer son propos. Disque de patron.
08. Jamie xx - In Waves [Young]
Électro et house, samples stylés (Astrud Gilberto, The Moody Blues), invités triés sur le volet (The Avalanches, Panda Bear), 'In Waves' est un disque d'une réjouissance continue et totale qui sonne comme un mix savoureux où tout découle naturellement, pour un résultat aussi dansant qu’euphorique de la part d'un membre de The XX, groupe je n'ai l'habitude pas grand-chose à faire.
07. Kelly Finnigan - A Lover Was Born [Colemine Records]
Guitares et basses savamment jouées, rythmique soyeuse, cuivres euphoriques et langoureux, cordes légères et promptes à soumettre le premier des hésitants, à d'autres plus tendus et aiguisées, piano qu'on aurait piqué à un club de jazz, chœurs propres à venir relever chacun de ses élans vocaux : cet album de l’américain Kelly Finnigan est tantôt Northern, Midwest, Pop, que sais-je encore et même tout ce que vous voulez. Mais c’est avant tout de la très grande Soul. Avec un « S » majuscule, oui.
06. Jess Ribeiro - Summer of Love [Poison City Records / Labelman]
Né dans la douleur, enregistré avec nombre d'artistes, pour la plupart à distance, porté par une excellente production, assez sombre, un rien étouffante parfois, et surtout la belle voix de Jess Ribeiro, presque discrète et qui semble ne vouloir chanter que pour nous, 'Summer of Love' fait partie de ces albums superbes et divinement mélancoliques où la vie n'est pas toujours belle, ni évidente, mais dont les mélodies et les chansons le sont, elles.
05. English Teacher - This Could Be Texas [Island Records]
Auréolé d'une production remarquable qui ne subit pas les chansons mais sait s'adapter à elles, d'un mix méticuleux, de basses terriblement soignées, de guitares qui jouent le feu et la glace, d'une rythmique impeccable, de textes pas anodins et bien dans leur époque, le tout soutenu par la voix toujours plus surprenante et belle de Lily Fontaine qui alterne entre spoken word et chant, 'This Could Be Texas' est un disque immense, aux compositions, à la construction et à l'unité éclatantes. Un album, un vrai, pensé comme tel, écrit comme tel, assemblé comme tel. La marque des très grands.
04. The Blue Herons - Go On [Subjangle]
Avec son indie et jangle-pop circa 80s, qui rappelle les univers C86 et de Sarah Records autant qu'il évoque The Luxembourg Signal, 'Go On' du duo suisso-américain The Blue Herons sonne de prime abord comme un disque de genre. Mais très vite, il transcende tout cela. Un album solaire, romantique, aux mélodies superbes, aux guitares exquises et à la voix toujours d’une très grande justesse. Immense album auquel l'immonde pochette générée par IA ne rend pas du tout justice.
03. Omega Violet - Hic Sunt Leones [Licorne Label]
Sorti au tout début du printemps, 'Hic Sunt Leones' (« Ici Sont Les Lions » en latin), le premier album du trio français Omega Violet est le disque que j'ai le plus écouté en 2024 en streaming (selon le Spotify Wrapped). La faute a une sortie uniquement numérique alors que ce voyage plutôt onirique, envoûtant au possible, fait de guitares et de claviers, où l'on se balade de riffs délectables en nappes superbes, dans un monde de rock progressif, de space pop et de balades toute floyd-ienne, mériterait une version physique. Mais quelle découverte !
02. CRIMEAPPLE & Preservation - El León [Manteca Music / Mon Dieu Music / RRC Music Co.]
Premier album d’une trilogie annoncée entre CRIMEAPPLE et Préservation, 'El Leon' est un disque aux ambiances 70s (la pochette est au diapason), à la production magistrale faite de jazz, de funk, de soul, de samples hispanisant merveilleux et d’un flow percutant. Un disque court, fin et mélodieux, qui respire la classe. Un classique instantané.
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01. Adrianne Lenker - Bright Future [4AD]


Produit à la perfection, 'Bright Future' est un disque qui m'a pris par surprise alors que je n'en attendais rien. Pour tout dire, c'est même le seul disque de 2024 qui m'a totalement soufflé et bouleversé dès la première écoute. Un album qui s'ouvre par Real House (dont il est honnêtement difficile de se remettre) et qui tout du long transpire de sincérité, de textes brillants, de petits vers d'une beauté folle (« You have my heart, I want it back »), de petits détails mélodiques (un violon grinçant par-ci, un piano discret par là, quelques voix en soutien), avant de venir briser notre cœur en mille morceaux, pour peu qu'on ne l'ait pas déjà en miettes après les onze premiers morceaux, avec Ruined, apothéose de ce sublime album. En un mot comme en cent, un chef d’œuvre comme on en voit peu dans une année. Une reine est définitivement née le 22 mars dernier.



Histoire de savoir de quoi l'on parle, vous trouverez ci-dessous deux players (Spotify et Deezer) proposant chacun une chanson des vingt albums chroniqués ci-dessus :

2 commentaires:

Tomek a dit…

Je ne suis pas rentré dans l'album d'Adrianne Lenker… il y a de superbes morceaux (dont Ruined effectivement), mais d'autres qui m'emmerdent carrément, comme certains du dernier Big Thief.
Pour le reste, j'ai encore des choses à découvrir…

-Twist- a dit…

J'aurais du être comme toi. Comme je dis, je n'en attendais rien, Big Thief ne m'a jamais bouleversé. Et là, sans crier gare, vraiment la 1ère écoute m'a totalement soufflé, mais littéralement. J'en étais le premier surpris. Ca m'a beaucoup touché. Je trouve qu'il se dégage une sincérité folle dans tout ce qu'elle chante, et que tout est d'une justesse dingue.