vendredi 19 janvier 2024

Sprints - Letter to Self [City Slang]

Avec leur quasi sans-faute jusque-là, dire que j'attendais impatiemment ce premier album des Sprints est un joli euphémisme. Car il aura fallu le temps (quatre ans) pour les voir enfin passer au long format, après une pelleté de singles et d'Ep tous plus réussis les uns que les autres (dont une bonne partie a été chroniquée dans ces pages). Mais c'est chose faite depuis le 5 janvier dernier et la sortie de 'Letter to Self', chez City Slang (choix surprenant tant je pensais que Rough Trade ou Domino allaient les récupérer).

Un album qui, s'il n'est pas immense, ne déçoit pas une seconde. Un disque entre post-punk et garage, aux nuances noise-rock, ambitieux, engagé et enragé par moments, qui s'il va piocher chez Dinosaur Jr. (la fin de A Wreck (A Mess)) ou chez The Futureheads (soit les Sprints ont rendu un hommage à The Beginning of The Twist sur l'intro d'Adore Adore Adore, soit c'est un pompage sans vergogne) a sa propre couleur et son propre caractère. Extrêmement bien produit (c'est Daniel Fox de Gilla Band, désormais compagnon de route de longue date, qui est aux manettes), cet album au tracklisting bienvenu (un démarrage torturé et presque exigeant, une fin décapante) recèle bien de grands moments.

C'est dans la seconde partie d'ailleurs qu'on retrouve Literary Mind, le dernier (et épatant) single publié en 2022 et qu'on pouvait ressentir comme la première pierre de ce 'Letter to Self'. Sauf que les Sprints l'ont réenregistré pour l'occasion. Et ils en donnent une version plus resserrée (la chanson perd quasiment trente secondes) et rapide, beaucoup plus nerveuse avec des guitares qui semblent être mille et la voix de Karla Chubb très en avant qui prend clairement le lead. Le Literary Mind de 2024 tranche donc avec son prédécesseur et n'est ni meilleur ni moins bon que la version d'origine : il est juste différent et bien plus adapté à la tonalité des chansons qui l'entourent. Mais surtout, il est sacrément, mais alors sacrément jouissif et euphorisant.

D'autres s'enticheront sans doute d'une chanson différente, mais Literary Mind, en plus d'être la meilleure chanson de Sprints à ce jour, est pour moi la pierre angulaire de 'Letter to Self'. Un disque brillant, très convaincant, qui confirme toutes les promesses que les dublinois avaient laissées poindre, et est bien plus qu'un simple ersatz de Fontaines D.C. comme j'ai pu le lire ici et là (une analyse un peu trop feignante si vous voulez mon avis). Espérons juste que les Sprints ne suivent pas la trajectoire de leurs homologues irlandais, continuent à écrire de bonnes chansons et ne se prennent pas trop au sérieux en voulant passer pour ce qu'ils ne sont pas. Car dans ce cas, aussi incroyable que cela puisse paraître, le meilleur des Sprints serait à venir. (Sortie : 5 janvier 2024)

Plus :
'Letter to Self' de Sprints est en écoute sur leur page bandcamp
'Letter to Self' de Sprints est à l'achat sur leur bandcamp
'Letter to Self' de Sprints est en écoute, notamment, sur Spotify et Deezer


Quatre chansons de 'Letter to Self' de Sprints en écoute aujourd'hui. A tout seigneur tout honneur, Literary Mind, version 2024, sans doute la meilleure chanson à ce jour du groupe (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis Shaking Their Hands et ses faux-airs calmes. Ensuite A Wreck (A Mess) dont on jurerait que le solo de la fin est l’œuvre de Jay Mascis. Et enfin, histoire d'avoir un point de comparaison Literary Mind mais dans sa version single / 2022 :

Beaucoup de chansons de 'Letter to Self' de Sprints ont eu droit à un clip. Alors choisissons-en deux : ceux de Heavy (gros single) et de Up and Comer :

 

Pour finir, un documentaire qui vient de paraître : dix minutes sur l'enregistrement de 'Letter to Self' de Sprints :

 

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