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vendredi 19 janvier 2024

Sprints - Letter to Self [City Slang]

Avec leur quasi sans-faute jusque-là, dire que j'attendais impatiemment ce premier album des Sprints est un joli euphémisme. Car il aura fallu le temps (quatre ans) pour les voir enfin passer au long format, après une pelleté de singles et d'Ep tous plus réussis les uns que les autres (dont une bonne partie a été chroniquée dans ces pages). Mais c'est chose faite depuis le 5 janvier dernier et la sortie de 'Letter to Self', chez City Slang (choix surprenant tant je pensais que Rough Trade ou Domino allaient les récupérer).

Un album qui, s'il n'est pas immense, ne déçoit pas une seconde. Un disque entre post-punk et garage, aux nuances noise-rock, ambitieux, engagé et enragé par moments, qui s'il va piocher chez Dinosaur Jr. (la fin de A Wreck (A Mess)) ou chez The Futureheads (soit les Sprints ont rendu un hommage à The Beginning of The Twist sur l'intro d'Adore Adore Adore, soit c'est un pompage sans vergogne) a sa propre couleur et son propre caractère. Extrêmement bien produit (c'est Daniel Fox de Gilla Band, désormais compagnon de route de longue date, qui est aux manettes), cet album au tracklisting bienvenu (un démarrage torturé et presque exigeant, une fin décapante) recèle bien de grands moments.

C'est dans la seconde partie d'ailleurs qu'on retrouve Literary Mind, le dernier (et épatant) single publié en 2022 et qu'on pouvait ressentir comme la première pierre de ce 'Letter to Self'. Sauf que les Sprints l'ont réenregistré pour l'occasion. Et ils en donnent une version plus resserrée (la chanson perd quasiment trente secondes) et rapide, beaucoup plus nerveuse avec des guitares qui semblent être mille et la voix de Karla Chubb très en avant qui prend clairement le lead. Le Literary Mind de 2024 tranche donc avec son prédécesseur et n'est ni meilleur ni moins bon que la version d'origine : il est juste différent et bien plus adapté à la tonalité des chansons qui l'entourent. Mais surtout, il est sacrément, mais alors sacrément jouissif et euphorisant.

D'autres s'enticheront sans doute d'une chanson différente, mais Literary Mind, en plus d'être la meilleure chanson de Sprints à ce jour, est pour moi la pierre angulaire de 'Letter to Self'. Un disque brillant, très convaincant, qui confirme toutes les promesses que les dublinois avaient laissées poindre, et est bien plus qu'un simple ersatz de Fontaines D.C. comme j'ai pu le lire ici et là (une analyse un peu trop feignante si vous voulez mon avis). Espérons juste que les Sprints ne suivent pas la trajectoire de leurs homologues irlandais, continuent à écrire de bonnes chansons et ne se prennent pas trop au sérieux en voulant passer pour ce qu'ils ne sont pas. Car dans ce cas, aussi incroyable que cela puisse paraître, le meilleur des Sprints serait à venir. (Sortie : 5 janvier 2024)

Plus :
'Letter to Self' de Sprints est en écoute sur leur page bandcamp
'Letter to Self' de Sprints est à l'achat sur leur bandcamp
'Letter to Self' de Sprints est en écoute, notamment, sur Spotify et Deezer


Quatre chansons de 'Letter to Self' de Sprints en écoute aujourd'hui. A tout seigneur tout honneur, Literary Mind, version 2024, sans doute la meilleure chanson à ce jour du groupe (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis Shaking Their Hands et ses faux-airs calmes. Ensuite A Wreck (A Mess) dont on jurerait que le solo de la fin est l’œuvre de Jay Mascis. Et enfin, histoire d'avoir un point de comparaison Literary Mind mais dans sa version single / 2022 :

Beaucoup de chansons de 'Letter to Self' de Sprints ont eu droit à un clip. Alors choisissons-en deux : ceux de Heavy (gros single) et de Up and Comer :

 

Pour finir, un documentaire qui vient de paraître : dix minutes sur l'enregistrement de 'Letter to Self' de Sprints :

 

jeudi 22 septembre 2022

[Track of The Day] Sprints - Literary Mind

Jusque-là, ces jeunes gens sont impeccables. Leur premier disque ('Manifesto Ep') avait une gueule folle (Swimming, quelle chanson). Le second, 'A Modern Job Ep', sorti au printemps dernier, confirmait toutes les promesses avec quinze minutes au compteur et des chansons mémorables du genre Delia Smith (à écouter également tout en bas du papier).
 
Six mois plus tard, revoilà les Sprints, insatiable quatuor irlandais qui monte, qui monte. Toujours chez Nice Swan Recordings (pourquoi partir d'une aussi bonne crèmerie ?), toujours avec une très belle pochette, toujours produit Daniel Fox de Gilla Band, le groupe élève encore le niveau d'un cran avec Literary Mind, leur nouveau 45-tours à sortir. Avec une production plus travaillée et un poil moins rugueuse, voilà sans doute leur titre le plus ambitieux, qui déborde de guitares, au duel vocal des plus fameux et au rythme imparable. On n'est quand même pas très loin du tube là. Et ça ne serait pas surprenant que ce single soit un ballon d'essai pour un premier album à venir (et très attendu, cela va de soi).

Album : Literary Mind 7"
Année : 2022
Label : Nice Swan Recordings

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En plus des playlists Spotify, Deezer, YouTube et Bandcamp, Literary Mind de Sprints est également en écoute ci-dessous :
 
 
Le clip de Literary Mind de Sprints :
 
 
Vu que je n'en avais pas parlé au printemps, voilà Delia Smith, superbe chanson extraite de 'A Modern Job Ep' de Sprints :

vendredi 19 mars 2021

[Track of The Day] Sprints - Swimming

Il y a peu de choses dans lesquelles croire ces derniers temps. Parmi celles-ci, il y a Nice Swan Records, jeune label anglais particulièrement intéressant (Hotel Lux ou Courting, ce sont eux) et auquel on peut toujours faire confiance. La preuve avec un de leurs derniers poulains, Sprints, un quatuor irlandais originaire de Dublin qui s'apprête à publier son premier Ep, 'Manifesto', après quelques singles pas piqués des hannetons.

(Très bien) produit par Daniel Fox, le bassiste des furieux Girl Band, le disque comptera quatre chansons, dont Swimming, dernier extrait en date, punk en diable et à l'urgence revigorante. Et si l'on ajoute les deux autres morceaux déjà disponibles, on tient déjà un des Ep de l'année.

Album : Manifesto Ep
Année :
2021

Label :
Nice Swan Records


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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, Swimming de Sprints est également en écoute ci-dessous :
 
 
Autre chanson extraite de 'Manifesto Ep' de Sprints, voilà Drones, noise à souhait :

lundi 26 décembre 2022

Bilan 2022 : Top « 7", Ep & Rééditions »


Après avoir clôs la saison avec Rosie Thomas et Sufjan Stevens, il est temps de tirer le bilan de l'année 2022, comme le veut la tradition. Et comme ce n'est pas en vieillissant que je vais changer mon fusil d'épaule, ce bilan annuel se déroulera comme les années précédentes : en quatre temps. Il se terminera dimanche matin par mes cinquante chansons préférées de l'année pour ouvrir 2023 comme il se doit. Quelques jours avant sera publié un bilan des quarante albums qui auront fait mon 2022. Mais avant d'en arriver là, ouvrons le bal avec les meilleurs 45-tours, Ep et autres rééditions qui auront rythmés mes 365 derniers jours.

Mais comme je suis un homme de tradition donc, allons tout d'abord jeter un coup d'oeil chez le voisinage pour voir quel bilan ils ont tiré de 2022 :
- Le Top Album de la rédaction précieuse de Section26
- Les 40 meilleurs Ep de l'année selon Indie Rock Mag
- Les 20 meilleurs Ep de 2022 selon l'essentiel For The Rabbit
- Les 20 meilleurs Ep de l'année selon les tout autant essentiels The Revue
- Les 25 Ep de 2022 selon Stereogum

Et donc, sous mon chapeau perdu ? Une très belle année, aux 45-tours plein de grandes chansons, aux Ep remplis de promesses et annonciateurs de jours qui chantent pour leurs auteurs. Et des rééditions, ô que de bien belles rééditions, avec des retrouvailles qui séduisent et nous brisent le coeur à nouveau, une découverte française fameuse et un chef d'oeuvre réédité pour la première fois depuis sa sortie et qui, plus d'un demi siècle après, reste plus que jamais un chef d'oeuvre.
Tout est à lire/découvrir ci-dessous. Et comme lire de la musique c'est bien mais l'écouter c'est mieux, au bas de cette page se trouvent des lecteurs Spotify et Deezer pour écouter une chanson de chacun des disques présentés. Bonne lecture et bonne écoute !


Bilan 2022 :
Top 50 « Chansons »
Top 40 « Albums » : 20-01
Top 40 « Albums » : 40-21


7"
 
Lucy Dacus - Kissing Lessons 7" [Matador Records]
Et vous, c’était comment votre premier baiser ? Le sien, Lucy Dacus le raconte en moins de temps qu’il ne faut pour le dire (1'54" au compteur) dans la chanson titre de ce 45-tours, nerveuse à souhait où l’américaine fait montre une nouvelle fois de son talent pour raconter des histoires. Pour bien faire les choses, elle ajoute en face-B le délicat mais aux paroles sombres Thumbs Again
 
 
Lewsberg - Six Hills 7" [Speedy Wunderground]
Ce qui surprend le plus à l’écoute de Six Hills, c’est à quel point la production capitonnée, souvent brumeuse, qui allait bien au teint des Lewsberg a disparu. A la place, on a droit à un son puissant et carré. Et ca marche. One shot pour le label Speedy Wunderground de Dan Carey, faiseur de carrière par excellence, et sans conteste le titre le plus efficace et immédiat des néerlandais, qui ne renient rien de leur passé en changeant de braquet.


Sinaïve - Super 45T [Hidden Bay Records / Hellzapoppin Records / Arvo Disques]
Souvent croisés, rarement écoutés, j’aurais enfin pris le temps en 2022 de me mettre aux Sinaïve. Difficile il faut dire aussi de résister à ce 'Super 45T' du trio strasbourgeois, entre balade simple et belle, noisy-pop aux effluves sixties, shoegaze tendu et même un peu de Noir Désir de fin de carrière. De la belle ouvrage assurément, à la pochette belle comme tout.
 




Sprints - Literary Mind 7" [Nice Swan Recordings]
Grosse année pour les Sprints qui après un dépotant 'A Modern Job Ep' (voir plus bas) auront enfoncé le clou avec 'Literary Mind 7"' et sa chanson titre ambitieuse, qui déborde de guitares et au duel vocal imparable. Un titre qui voit les Sprints faire évoluer leur son, avec l'aide de leur producteur de toujours, le Gilla Band Daniel Fox. Un Literary Mind qui nous rapproche un peu plus du moment où le quatuor irlandais va exploser à la face du monde.


Sufjan Stevens - Fourth of July 7" [Asthmatic Kitty Records]
On l’oublie souvent mais Fourth of July est en train petit à petit de s’imposer comme une des plus grandes chansons de Sufjan Stevens. L’américain a décidé cette année de publier un 45-tours du dit morceau pour honorer les dix ans du décès de sa mère Carrie. Mais non en publiant le morceau original mais en en proposant deux relectures. Les grandes chansons restant magnifiques dans d’autres habits, Fourth of July ne déroge pas à la règle aussi bien dans sa version April Base (qu’on dirait venue d’une session de 'Seven Swans') que DUMBO. « We’re all gonna die » comme il dit. Mais en beauté.
 

The Reds, Pinks & Purples - Slow Torture of an Hourly Wage [-]
A chaque année ses chansons de The Reds, Pinks & Purples. Et parmi la myriade de singles qu’a publiés Glenn Donaldson en 2022, choisissons les trois chansons sorties sous le nom 'Slow Torture of an Hourly Wage'. Pas vraiment un 45-tours au sens strict du terme (les morceaux n’existent jusque là qu’au format digital) mais indéniablement un « disque » remarquable, mélancolique à souhait et à la jangle-pop déprimée.
Jane Weaver - Oblique Fantasy 7" [Speedy Wunderground]
Très gros coup de coeur de l’année, le single de la liverpuldienne Jane Weaver, chez les anglais de Speedy Wunderground, encore eux. Une chanson qui s’intitule Oblique Fantasy, qui occupe les deux faces du 45-tours, et dont la structure dynamique, qui ne relâche jamais son rythme, fait merveille. Cerise sur le gâteau, la voix de Jane Weaver, qui sublime une bien belle mélodie.

The Wedding Present - 24 Songs Project [Scopitones & Clue Records]
Sacré David Gedge, l’homme qui n’aime rien de plus que composer de nouvelles chansons. Au programme de ce projet, vingt-quatre nouvelles compos dispatchées sur douze 45-tours, un pour chaque mois de l’année. Le résultat ? Épatant pour dire le moins. Alors certes, il y a quelques face-b sans grand relief et si tout n’est pas extraordinaire, l’ensemble se tient sacrément. Et un tel projet, fou à une époque comme la nôtre, était à signaler.


EP

Antenn.e - A. Bogoliubsky, Chien Ep [-]
Second Ep pour ce trio lyonnais nommé Antenn.e et dont le titre 'A. Bogoliubsky, Chien' fait référence à un dignitaire « russe » du XIIè siècle. Un disque de six morceaux, aux quelques références Clash-ienne (on ne me fera pas croire que Cheers n’est pas un clin d’oeil), résolument post-punk et de très haute volée. Sacrément prometteur.
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Bambara - Love On My Mind Ep [Wharf Cat Records]
Avec ses allures de mini-album, cet Ep de Bambara est dans la continuité de 'Stray', leur excellent album de 2020. Le disque s’appelle 'Love On My Mind' mais est  loin du positif qu'on serait en droit d'attendre, tant les new-yorkais continuent de fouiller dans les noirceurs de l'âme et de raconter les vies de gens qui ont suivi une autre voie que celle que l'on avait tracé pour eux. Le tout entre deux riffs de guitares ou de langoureuses frappes de batterie. Avec trois chansons de plus de cette qualité, j'en aurais fait un des albums de mon année.


Sprints - A Modern Job Ep [Nice Swan Records]
Encore eux oui. Parce qu'avant de les voir évoluer sur un Literary Mind jouissif, les Sprints ont quelques mois auparavant sorti 'A Modern Job Ep', dans la continuité de leur 'Manifesto Ep'. Un quatre titres urgent et puissant, aux chansons mémorables (Delia Smith tout de même !). Ces jeunes gens vont aller très très loin.
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REEDITIONS


Broadcast - Maida Vale Sessions [Warp Records]
Broadcast - Microtronics Volumes 01 & 02 [Warp Records]
Broadcast - Mother Is the Milky Way [Warp Records]
Jamais vraiment remis de la disparition de Trish Keenan il y a bientôt douze ans, l’année 2022 aura été un petit bonheur pour les amoureux de sa voix et des compositions qu’elle façonnait avec James Cargill. Au programme, pas moins de trois rééditions. A commencer par la compilation ‘Maida Vale Sessions' ou quinze morceaux (dont une reprise de Nico en clôture) enregistrés à la BBC sur quatre sessions différentes (1996, 1997, 2000 et 2003) qui fait montre de la beauté qui irradiait de ce groupe. 'Microtronics Volumes 01 & 02' elle, est une compilation qui date de 2003, vendue uniquement lors des concerts du groupe pour la tournée de 'Haha Sound'. Un disque totalement instrumental, aux morceaux très courts, presque comme des gimmicks, mais où l'âme de Broadcast est bien présente. Enfin, 'Mother Is The Milky Way', un Ep de 2009, très onirique autant que weirdo (le mot anglais est ici le plus adequat), mais que la voix de Trish Keenan apaise toujours. Dieu qu’elle nous manque.
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Gwendoline - Après c'est gobelet! [Mega]
J’ai longtemps cru que ce premier - et jusque-là unique - album des rennais de Gwendoline allait être un de mes albums de l’année. Mais il s’avère que cet excellent disque date de 2020, publié à l’époque sur Dead Wax et que le label Mega a fort opportunément ressorti cette année. Certes, le tracklisting original est ici complètement chamboulé (et c’est peut-être d’ailleurs pour le mieux) mais la puissance de leur cold-wave et de leurs textes desespérés est tout à fait remarquable.
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Nancy & Lee - Nancy & Lee [Light in the Attic]
Il aura fallu 54 ans pour voir ce bijou réédité. Cinquante-quatre longues années pour profiter à nouveau de ce mètre étalon dans tout ce qui touche au duo homme/femme en musique. Dans cet album merveilleux, découvert au hasard à l’époque où pour écouter tout ce que nous voulions Soulseek était la norme, il n’y a quasiment que des tubes (Summer Wine, Greenwich Village Folk Song Salesman), des mélodies pop tuantes un peu de partout et une alchimie incroyable entre les deux personnages qui s’attirent, puis s'éloignent pour mieux se séduire, se regarder par en-dessous et ne plus se lâcher des yeux. Chef d’œuvre en 1968. Chef d’œuvre en 2022.


Bilan 2022 :
Top 50 « Chansons »
Top 40 « Albums » : 20-01
Top 40 « Albums » : 40-21


Comme promis, une chanson de chacun des disques présentés se trouve dans les lecteurs Spotify et Deezer et ci-dessous:
 
 

samedi 28 décembre 2024

Bilan 2024 : « Albums » (40-21)


Après un premier billet consacré aux formats courts, aux compilations et autres rééditions, poursuivons donc ce bilan 2024 avec sa deuxième partie, consacrée cette fois aux quarante meilleurs disques de l'année selon votre serviteur. Et comme ingérer quarante disques d'un coup peut-être lourd à la digestion, découpons ça en deux papiers en commençant par les disques classés des places 21 à 40.

Mais avant d'attaquer la présentation de ces vingt albums, allons voir ce que les voisins (ou non) ont tiré comme conclusions de cette année 2024 :
- Les meilleurs albums de l’année selon l’indispensable Bandcamp Daily
- Le top 10 de l’année de Pop News
- Le classement de la rédaction de Section26
- La cuvée 2024 de Pinkushion
- Les 10 albums de l’année selon Mind Riot Music

Vingt premiers albums donc. De belles découvertes, des confirmations, des « enfants de », des promesses qui ne demandent qu'à exploser, des retours inattendus et majestueux, des disques qui sonnent mineurs à la première écoute mais qui n'en finissent plus de revenir : il y a un peu de tout cela dans les vingt mini choniques ci-dessous. Avec évidemment, au bas de ce papier (mais également en cliquant là pour Spotify, ici pour Deezer) des players pour écouter une chanson de chacun des disques évoqués. Bonne lecture et bonne(s) écoute(s) !

40. Flower Face - Girl Prometheus [-]
Avec sa pop et sa folk qui tendent vers des horizons plus goth, parfaitement incarnée par sa pochette, 'Girl Prometheus' de Flower Face est un disque remarquable, écrit à la suite d'une très douloureuse rupture amoureuse et qui retranscrit très bien tous les affres par lesquels on passe lors d'une séparation : monde qui s'effondre, incapacité à repartir de l'avant et à croire en des lendemains heureux, douleur incommensurable, tristesse infinie, colère sourde.
39. Sprints - Letter to Self [City Slang]
Après moultes singles et Ep, il était temps pour les dublinois de Sprints de passer au long métrage. Produit par le désormais compagnon de route de longue date Daniel Fox (Gilla Band), 'Letter to Self' est premier effort solide, ambitieux et engagé, entre post-punk et garage, aux nuances noise-rock. Et le pire c’est que le meilleur est sans doute à venir avec eux.
38. The Maureens - Everyone Smiles [Meritorio Records]
Sens aigu de la mélodie, énergie à revendre, des choeurs ou des voix doublées qui se chevauchent ou se complètent, rehaussant l'ensemble de leurs compositions d'harmonies d'une efficacité folle, 'Everyone Smiles' de The Maureens est une sorte de mélange de The Lemon Twigs, des regrettés Hal et Jayhawks, avec parfois une pointe de Gulcher. Un disque éminemment brillant, à la pop chevillée au corp et aux sacrées chansons.
37. The Waeve - City Lights [Transgressive Records]
D'un côté, Graham Coxon, guitariste de Blur, de l'autre Rose Elinor Dougall, clavier de feu The Pipettes. Couple à la ville, le duo l'est également sur scène sous le nom de The Waeve, dont 'City Lights' est le second album en deux ans. Mais si leur premier m'avait plutôt laissé de marbre, celui-ci avec sa synth-pop et ses relents post-punk mâtinés de saxophone, est un disque plein d'excès, portée par une production qui ne fait pas dans la demi-mesure, et surtout efficace à tous crins.
36. Myriam Gendron - Mayday [Feeding Tube Records / Thrill Jockey]
'Mayday', qui se pare d'atours verts cette fois, n’est peut-être pas aussi marquant que son prédécesseur rouge (véritable chef d'œuvre de son temps) mais reste tout à fait recommandable, rempli qu’il est de petites douceurs, délicates ou électriques, intime, où Myriam Gendron raconte ses histoires en français ou en anglais, le tout saupoudré parfois d'un peu field recordings ici et là. Un disque beau comme tout, où le temps suspend son avancée inexorable.
35. Sam Forrest - Caught Under a Spell [Desert Mine Music]
Nouvel album pour l’ancien leader de Nine Black Alps et une nouvelle très grande réussite. Un disque qui semble ressusciter Elliott Smith à chaque nouvelle chanson (mélodies, constructions des morceaux, intros, cette façon de faire sonner sa guitare, sa batterie) et qui confirme que Sam Forrest est le secret le mieux gardé d'Angleterre.
34. Dummy - Free Energy [Trouble In Mind Records]
Trois ans après un premier album plus que convaincant fait de noise, de psyché et d'indie-pop, les américains de Dummy n'auront pas déçu pour leur retour. Une suite qui prend les mêmes ingrédients de base, mais où l'ambition est plus grande, les chansons mieux produites et peut-être plus carrées. Le tout sans perdre en qualité de composition.
33. Ed Harcourt - El Magnifico [Deathless Recordings]
Un retour en majesté pour Ed Harcourt qu’on n’avait pas connu à pareil niveau depuis des années. 'El Magnifico' est un disque pop beau, baroque pour beaucoup, mélancolique jusqu'au bout des ongles, aux orchestrations pleine d'emphase et à la production flamboyante. Un album d'Ed Harcourt en somme, mais parmi ses tous meilleurs. Et duquel on ressort en se posant une question : notre homme ne serait-il pas le dernier romantique ?
32. Royel Otis - Pratts & Pain [Ourness]
Premier album pour ce duo de Melbourne qui manie aussi bien l'indie-rock que l'indie-pop (aussi en version jangle) et des élans post-punk. Le tout en mettant les mélodies au-dessus du tout. Un disque (et un groupe ?) qu'on pourrait voir comme une réponse australienne à Will Toledo et ses Car Seat Headrest.
31. Bashy - Being Poor is Expensive [Bish Bash Bosh Music]
Alors qu’on aurait pu croire que 'Being Poor is Expensive' s’écrase sous le poids faramineux de How Black Men Lose Their Smile, l’anglais Bashy réussit le tour de force de rendre son album tout aussi cohérent et fort que cette chanson parmi les plus puissantes de l’année. Un disque très bien écrit, qui navigue entre UK rap et dub malin et particulièrement engagé pour un revenant anglais (treize sans aucun album, ce n’est pas rien).
30. Willi Carlisle - Critterland [Signature Sounds]
'Critterland' est un disque généreux de country-folk, à l'ancienne, avec du bluesgrass par ci et de l'americana par là, du banjo, de l’accordéon, du violon grinçant, de l'harmonica qui couine et de l'acoustique, rien que de l'acoustique (ou presque). Un album où Willi Carlisle excelle en conteur d’histoires jamais bien joyeuses.
29. Memorials - Memorial Waterslides [Fire Records]
Duo formé de Verity Susman (Electrelane) et Matthew Simms (Wire, dans sa version récente), Memorials est sans doute une des découvertes de l'année dont on a le plus envie de savoir où ils vont aller dans le futur. Disque curieux où se mêlent du psyché comme de l'indie-rock et même une bonne partie d'expérimental en son cœur, 'Memorial Waterslides' pourrait être résumé comme du post-punk à la sauce Stereolab et/ou Broadcast.
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28. Floating Points - Cascade [Ninja Tune]
Après une sublime échappée en 2021 avec Pharoah Sanders et The London Symphony Orchestra pour 'Promises', Sam Shepherd est revenu au source avec le nouvel album de son Floating Points. Un disque de house et de techno, souvent progressive, faite pour danser, mais presque rude, minimale et sans concession. Pas immédiat pour un sou, mais diablement efficace et à la construction pas loin d'être parfaite.
27. The Lostines - Meet The Lostines [Gar Hole Records]
Entre pop et country, mais celles des années 50 et 60, avec du doo-wop, de l'americana et une certaine idée de comment raconter des histoires, 'Meet The Lostines' est, à l'instar des disques de Tele Novella, autre duo adoré dans ces pages, un petit trésor hors du temps. Délicieusement recommandé.
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26. Outer World - Who Does the Music Love? [Happy Happy Birthday To Me Records]
Vous avez aimé le premier album de The Sweeping Promises ? Alors vous aimerez sans aucun doute son petit frère psyché Outer World. Un duo lui aussi qui pond là un disque qui a plus des allures de long Ep mais qui ne manque pas de sacrées chansons, le plus souvent garage-pop psychédéliques, lorgnant parfois vers des sonorités sixties, le tout auréolé d'une production post-punk plutôt parfaite. A suivre de près.
25. Beak> - >>>> [Invada Records / Temporary Residence Limited]
Album en forme de révérence pour Geoff Barrow qui après seize ans de bons et loyaux services au sein du groupe a décidé de mettre un terme à l'aventure (pour mieux enregistrer le quatrième album de Portishead ?), '>>>>' est sans doute le meilleur album de Beak> à ce jour. Un album extrêmement bien produit, souvent lancinant et obsédant qui prend son temps, qui confirme que Beak> est (fut ?) un groupe à l'attitude et au son à nulle autre pareils.
24. Boeckner - Boeckner! [Sub Pop]
Sorte de synthèse réussie de Wolf Parade et de Handsome Furs (forcément), ce premier album solo de Dan Boeckner regorge de chansons pop marquantes, pour ne pas dire mémorables, où le canadien enchaîne les mélodies soignées et efficaces, qu'il chante à merveille sur un tourbillon de guitares et de synthés.
23. The Rhythm Method - Peachy [Moshi Moshi Records]
Disque résolument pop et un peu fourre-tout où l'on passe d'ambiances très eighties à de l'indie-pop à guitare avant de revenir à de morceaux rêveurs et plein de synthés, puis de rebifurquer vers d'autres horizons country-pop quand ils ne sonnent pas presque seventies, 'Peachy' du duo anglais The Rhythm Method  arrive à faire naître du désordre une harmonie assez miraculeuse et particulièrement efficace.
22. Dr. Dog - Dr. Dog [We Buy Gold Records]
L’album du retour pour le quintet de Philadelphie, séparé en 2021. Et sans doute leur meilleur. Certes, rien ne ressemblera jamais plus à un album de Dr. Dog qu’un album de Dr. Dog. Mais si leur marque de fabrique et leurs compositions teintées de rock, de folk et de psyché sont toujours là, ils y intègrent beaucoup de pop qu’avant et le résultat est sans appel : c’est brillant, généreux et mélodieux au possible.
21. Corridor - Mimi [Sub Pop]
Avec sa pochette magnifique (sans doute la plus belle de l’année), 'Mimi' voit les québécois de Corridor enfin sortir leur grand œuvre, après quelques albums qui s’en rapprochaient plus que sérieusement. Un disque d’indie-pop, aux accents post-punk, psyché et des touches de jangle, avec toujours ces guitares superbes (qui ont quelque-chose de Tom Verlaine) et un ensemble on ne peut plus élégant et racé. Alors si en plus de tout ça, il rajoute une chanson majeure qui a de bons airs de tube de l’année (Mourir Demain), forcément…
Histoire de savoir de quoi l'on parle, vous trouverez ci-dessous deux players (Spotify et Deezer) proposant chacun une chanson des vingt albums chroniqués ci-dessus :