jeudi 30 décembre 2021

Bilan 2021 : « Albums » (20-01)


Après vingt premiers albums, et avant le top 50 des meilleurs chansons de l’année, comme le veut la tradition le premier jour de l’année, finissons donc d’établir la liste de quarante albums qui auront animé mon année avec, comme disent les anglais, la crème de la crème, en tout cas selon mes oreilles.

Mais avant ça, allons faire un tour du voisinage :
- Pop News a demandé à quelques artistes de marque (Julien Ribot, Pascal Bouaziz, Olivier Rocabois, Maxwell Farrington & Le SuperHomard, Raoul Vignal et d’autres) de venir faire un bilan de l’année écoulée
- Les 100 albums de l'année des indispensables The Quietus
- "The Year's Essential Releases" de Bandcamp Daily
- Les 50 albums de 2021 pour The Revue
- Les 10 meilleurs albums de 2021 chez La Musique à Papa
 
Revenons donc à nos moutons. Vingt nouveaux albums. Et assurément les meilleurs que j'ai pu écouter tout au long de cette année très riche. Une année pleine de coups de cœur, de disques mémorables et qui vont m'accompagner longtemps. Vingt disques avec un artiste de plus en plus habitué de ces tops, de belles découvertes pop, un disque merveilleux où l'ombre d'Elliott Smith plane tout du long, du jazz qui s’acoquine à la pop, des disques enregistrés au débotté, des vieux de la vieille de retour et pas pour faire semblant, et l'album de l'année dantesque et foisonnant. Entre autres. C'est tout cela qu'il y aura eu au programme de mon année 2021.
Et pour mieux découvrir ces vingt albums, au bas de ce papier se trouvent deux lecteurs (Spotify et Deezer) vous proposant un morceau de chacun des disques chroniqués. Bonne lecture et bonne(s) écoute(s) !



20. Dummy - Mandatory Enjoyment [Trouble In Mind Records]

Premier album du quatuor californien Dummy, 'Mandatory Enjoyment' est un disque épatant, dans lequel on décèlera du Stereolab, mais pas que. Trop Trouble In Mind pour être résumé à cela, il fait aussi la part belle à la noise-pop, à l’indie-pop et au psyché, tout en laissant planer l’ombre de Broadcast. Avec toujours ces guitares qui ne semblent jamais en avoir marre.


19. Clap Your Hands Say Yeah - New Fragility [CYHSY, Inc]

Les années passent et Alec Ounsworth continue d’emballer son monde. Désormais seul à la tête du groupe dont tout le monde parlait il y a quinze ans, il aura sorti un des tous meilleurs albums de Clap Your Hands Say Yeah (si ce n’est le meilleur). 'New Fragility' est un disque ambitieux, au chant toujours aussi affecté (mais qui est une des forces et signatures du groupe) très bien arrangé, à la production parfaite, où l’émotion affleure sur chaque chanson.
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18. Torres - Thirstier [Merge]

Entre tubes pop et rock, bluette irrésistible et balade rock tuante, 'Thirstier' est le genre d’album brillant qui n’aurait pas dépareillé dans la production d’il y a 25 ans. Chansons aux élans mainstream et rock estampillé nineties, le tout saupoudré de pop, la floridienne rend une copie parfaite avec ce disque séduisant de bout en bout.


17. Danny George Wilson - Another Place [Loose Music]

Avec un timbre et un chant où l'on jurerait entendre Bob Dylan, Jonathan Donahue de Mercury Rev et surtout le regretté Vic Chesnutt, Danny George Wilson aura réussi son retour pour son deuxième album solo, le premier en seize ans. Pop où country et folk ne s'en laissent jamais compter, 'Another Place' est un vrai beau voyage où les mélodies volettent au bras tantôt de guitares électriques nerveuses, tantôt de guitares acoustiques et délicates, où violoncelle, piano et bruits en tous genres sont de la partie.


16. The Notwist - Vertigo Days [Morr Music]

Quatrième album en vingt ans (et le premier pour Morr Music), 'Vertigo Days' voit The Notwist continuer son quasi sans-faute. Un vrai beau voyage, à la diversité certaine et à l'unité impeccable, où les chansons entrelacées s'enchaînent avec une classe folle tout en oubliant ni la mélancolie, ni les mélodies accrocheuses. Un disque mis en orbite par un trio d’ouverture parfait, sans doute le meilleur de 2021.


15. Amyl and the Sniffers - Comfort To Me [Rough Trade Records]

Il y aura eu peu de disques aussi immédiats que celui d’Amyl and the Sniffers en 2021. Démarrant pied au plancher, sans jamais ralentir le tempo. A fond tout le temps, du punk dans l'esprit, du garage dans l'exécution, du gabba gabba hey aussi et surtout, des guitares qui n'aiment rien de plus que riffer dans tous les sens, descendre des manches et festoyer avec rage en déballant des tubes par poignées.


14. Middle Kids - Today We’re The Greatest [Lucky Number]

Sans doute la face-A la plus réussie de l’année. Tout dans les six premiers titres de cet album des australiens de Middle Kids confine à la perfection avec notamment, deux des chansons de mon 2021, Questions et R U 4 Me. De la pop ultra-efficace à prendre en intraveineuse, avec des cuivres à faire fondre en bandoulière et un rythme souvent échevelé.


13. Painted Shrines - Heaven and Holy [Woodsist]

Premier album de Painted Shrines (duo composé de Jeremy Earl de Woods et Glenn Donaldson de The Reds, Pinks And Purples), 'Heaven and Holy' fait dans le folk-rock pysché lové dans les bras d'une indie-pop de belle facture, où les guitares s'en donnent à cœur joie sur un tempo lent et où les élans de voix sont saisissants de beauté. Une sorte de parenthèse enchantée. Un petit délice d'indie-pop. Et un des disques les plus écoutés cette année.


12. Rien Virgule - La Consolation des Violettes [La République Des Granges / Murailles Music / Permafrost / Zamzam Records]
Ce troisième album de Rien Virgule (et le premier sur mes oreilles) est un voyage dans un monde brinquebalant, inquiétant, où ça craque, ça crispe, ça martèle et où ça part ici pour mieux finir là. Mais le (désormais) trio ne laisse jamais les mélodies en chemin ou en retrait, fussent-elles concassées. Pour ainsi dire, celles-ci sont même fascinantes de beauté.
 
11. Arab Strap - As Days Get Dark [Chemikal Underground]

Il y a des groupes qui se reforment parce qu’ils sont en manque de liquidités, et préfèrent tabler sur leur passé pour vendre de nouvelles chansons pas abouties mais qui feront mouche en usant de la carte nostalgie jusqu'à la lie. Et puis il y a Arab Strap. Malcolm Middleton avait annoncé que s’ils refaisaient un album, c’est qu’ils auraient les chansons pour. Spoiler alert : ils ont tenu parole. Préparé à être déçu de voir deux idoles se brûler les ailes dans une reformation convenue, j’en suis pour mon argent tant Arab Strap avec 'As Days Get Dark' aura publié un de ses tous meilleurs albums (ce qui n’est pas rien vu leur discographie), influencé par leurs diverses collaborations (Aidan Moffat) et expériences solos (Malcolm Middleton). Quels hommes !


10. Jack Ingram, Miranda Lambert & Jon Randall - The Marfa Tapes [Vanner Records]

Trois acteurs phares de la country music américaine actuelle se sont donnés rendez-vous dans un vieux ranch perdu dans le désert, autour d’un feu de camp ou l’arrière d’un pickup pour enregistrer un des albums les plus simples de l’année. Deux guitares, trois voix, des chansons belle à pleurer, et une ambiance incroyable qui s’en dégage. Un disque au temps suspendu et touché par la grâce.


09. Airelle Besson - Try! [Papillon Jaune]

Avec la trompette d'Airelle Besson en maîtresse du temps et du tempo, 'Try!' fait partie de ces albums dont la beauté vous explose à l'oreille instantanément. Jazz dans sa couleur et sa conception, il respire la pop par tous les pores. Un voyage gracile et élégant, aérien et sensuel, ardent et allègre. Le genre de disque qui vous fait vous demander pourquoi vous ne mettez pas plus de jazz dans votre vie.


08. Richard Dawson & Circle - Henki [Domino Records]
Richard Dawson est fan de Circle, groupe finlandais de trente ans d’âge, depuis longtemps. C’est donc sans doute un rêve d’adolescent qu’il a réalisé en publiant 'Henki' avec eux. Et quel album ! Baroque, rock et folk, métal dans l'inspiration, très habillé et porté par des choeurs et la voix qui part dans tous les sens de Richard Dawson. Un Dawson qui confirme album après album qu'il est un des artistes les plus passionnants de ces dernières années.
07. Julien Ribot - Do You Feel 9? [December Square]
Entièrement chanté en anglais, composé autour de la personnalité et de l'histoire d'un certain Neon Juju, 'Do You Feel 9?' est un disque qui va puiser son inspiration chez David Bowie, Air, MGMT ou Foxygen. De la pop orchestrale, léchée et lettrée, du glam-rock, pour un résultat ambitieux et grandiose. Un album majuscule de la part d’un compositeur génial.
 
06. James Yorkston and The Second Hand Orchestra - The Wide, Wide River [Domino Records]

'The Wide, Wide River' est un disque absolument majestueux. Du genre de ceux qui respirent le talent, évidemment, le plaisir aussi. Et surtout la liberté. Un album incroyablement généreux et vivant, genre de miracle inattendu, enregistré sans idée préconçue, live et au débotté (en trois jours, l’affaire était pliée). Et qui est plein de superbes chansons que The Second Hand Orchestra habille avec un doigté rare. Comme le dit James Yorkston : « this fast-footed, free-wheeling album ». En roue libre. Mais quelle belle roue libre.


05. Tele Novella - Merlynn Belle [Kill Rock Stars]

Vintage sans être en rien daté, pas vraiment d'aujourd'hui sans être totalement d'hier, 'Merlynn Belle' du duo Tele Novella est un des disques que j’aurais le plus écouté en 2021. Mélodies pop soignées qui se baladent au bras d’une country-folk de cent ans d’âge quand ce n’est pas à celui de Stephin Merritt des Magnetic Fields ; chant divin de Natalie Ribbons, conteuse et pleine d’harmonies dans la voix ; tout est réuni pour en faire un des disques les plus beaux de l’année. Un album hors du temps et pour autant incroyablement moderne.


04. Floating Points, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra - Promises [Luaka Bop]

Avec pour canevas sept notes de piano jouées et répétées tout du long, comme un mantra, cet album et ses neuf titres n’en formant qu’un est le disque le plus cohérent de tous ceux que j’ai pu écouter cette année. L’alchimie entre le « trio » Floating Points, Pharoah Sanders et The London Symphony Orchestra est évidente et le résultat totalement envoûtant. Une petite merveille onirique et quasiment instrumentale de quarante-six minutes.


03. Sam Forrest - Aeroplane Days [Hidden Bay Records]
Une âme toute Elliott Smith-ienne se promène de par en par de ce 'Aeroplane Days' de l'anglais Sam Forrest. Un album qui aligne les chansons soyeuses, mélancoliques, élancées. En un mot comme en cent merveilleuses. Et même lorsqu'il s’échappe vers des horizons plus synthétiques, Sam Forrest séduit son monde. Sans doute un des plus beaux disques de l’année 2021 et un très grand album.
02. Little Simz - Sometimes I Might Be Introvert [Age 101]

Alors qu’il aurait du être écrasé par Introvert, sa chanson d’ouverture, 'Sometimes I Might Be Introvert' arrive à se départir de ce titre majuscule pour mieux s’en servir comme rampe de lancement. Car la suite ne va pas baisser la garde et laisser filer. Entre hip-hop, jazz, soul/neo-soul, r'n'b, pop, rap et afrobeat, le tout sous couvert d’orchestrations chiadées et ambitieuses, et d'un flow puissant, Little Simz tape fort et juste avec cet album grandiose. Pour ainsi dire, même la pochette est splendide ici. Masterpiece, ni plus ni moins.


01. Kìzis - Tidibàbide / Turn [Tin Angel Records]
 

Sans conteste possible, l’album monstre de l’année. 3h23 de musique au programme. 'Tidibàbide / Turn' s’ouvre et se referme par un chant traditionnel. Au milieu, 34 autres morceaux protéiformes qui balaient tout un pan de la musique (actuelle ou non), du folk shamanique à la pop, du trip-hop à la techno, du spoken-word au jazz, du r'n'b aux chants traditionnels (donc) en passant par l'electro-pop ou d’ambiance plus techno, que Kìzis mêle de voix célestes, de violons qui volettent comme du néo-classique, et d'arrangements soyeux - quand ils ne sont pas bricolés.
Alors oui, tenir la longueur sur 3h23 n’est pas que difficile, c’est impossible. Et il faut reconnaître que le cœur de l’album est un peu moins emballant. Pour autant, Kìzis n’en a cure, tient son cap et arrive au final à faire passer les titres plus faibles pour des respirations pour mieux continuer d’embarquer son monde.
Et de toutes façons, cela ne change rien à notre affaire. S'il n'est pas sans défauts, 'Tidibàbide / Turn' est assurément l'album le plus passionnant de l’année, lui qui arrive à ne pas s’écrouler sous le poids de son ambition démesurée. Un disque monde, rien de moins.
En savoir plus


Et comme promis, ci-dessous (ou sur les liens ci-contre), vous trouverez dans les lecteurs Spotify et Deezer une chanson de dix-neuf albums chroniqués ci-contre. Le vingtième extrait, celui de 'La Consolation des Violettes' de Rien Virgule (absent des plateformes de streaming), il est disponible via bandcamp :

2 commentaires:

Bojolpif71 a dit…

Beaucoup d'albums ne sont inconnus dans ce top 20.

Mais 2 figurent parmi mes favoris , Clap Yours Hands Say Yeah et Arab Strap que je mets dans mon top 3 (avec les albums de Dinosaur Jr et de The Antlers , ces 2 albums étant des productions un peu "attendues" mais en tant que fan..)

-Twist- a dit…

Pas assez écouté le Dinosaur Jr qui m'a pas plus parlé que ca en deux écoutes. The Antlers, jamais été très fan du groupe, mais y a de bien jolies chansons oui. Il a longtemps tourné autour de ce top pour ainsi dire.