[Track of The Day] Bashy - How Black Men Lose Their Smile
Vendredi soir, moi qui étais prêt à dézinguer comme jamais ces Jeux Olympiques de Paris 2024 en commençant par cette cérémonie d'ouverture que je présageais, comme toutes ses devancières (ou quasi), chiante et longue comme la pluie, à ma plus grande surprise, je suis tombé des nues. Et j'ai été subjugué par ce moment de plus de 3h30, grandiose, prodigieux, extraordinaire, plein d'allant, de modernité, d'inventivité, de beauté et de classe. Une cérémonie d'ouverture absolument incroyable dont il est difficile de savoir quel moment a été le plus marquant : Aya Nakamura et la Garde Républicaine ? Le tableau « Synchronicité » avec ces danseurs entourés d'or ? Gojira qui fait exploser la Conciergerie ? Les dix femmes en or ? La Marseillaise d'Axelle Saint-Cirel ? Le catwalk transformé en Dj Set de l'Olympe ? L'arrivée du bateau français sur un duo Que Je T'Aime / Lettre à France ? Le cheval qui galope sur la Seine ? La Tour Eiffel qui scintille au son de Supernature de Cerrone ? Les derniers relais ? La vasque d'une beauté folle qui s'élève dans le ciel de Paris après avoir été allumée par deux légendes ? L'apothéose de L'Hymne à l'Amour chantée par Céline Dion à vous donner des frissons comme jamais ? Faites votre choix, moi j'en suis bien incapable tant j'ai succombé à cette cérémonie à nulle autre pareille et qui n'est pas prêt de sortir de ma mémoire.
Pas encore totalement remis pour être tout à fait honnête, c'est, dans un autre genre, un morceau tout aussi fort qui ouvre cette semaine dans ces pages. Il s'appelle How Black Men Lose Their Smile et est l’œuvre de Bashy, rappeur anglais qui après dix ans à faire l'acteur vient de revenir à ses premières amours ce début juillet en publiant son troisième album - le premier depuis 2011. Une chanson puissante (son titre en dit déjà beaucoup) en forme de manifeste qui, sur une prod dub aux trompettes comme ivres, raconte comment nos sociétés occidentales ont réussi à casser les espoirs de la population noire, comment par leur racisme elles ont tout fait pour réduire son histoire à la portion congrue, comment elles ont tout fait pour l'invisibiliser et ne lui donner que peu d'échappatoire et comment elles ont réussi (« That’s how Black men lose their life, the world has made me hate myself, I’m scared of men that look like me, self hatred rooted so deep, him or I, I must protect myself, I’m going grave or I’m going jail, that’s How Black Men Lose Their Smile »). Le flow de Bashy, qui rappelle sur quelques intonations celui de Roots Manuva, est racé, précis, percutant et rend parfaitement justice à ses paroles ciselées et sans faux semblant. Immense chanson et sommet d'un album qui n'en manque pourtant pas.
Album : Being Poor is Expensive Année : 2024 Label : Bish Bash Bosh Music
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