Il y en avait vingt. Et voilà les vingt autres. La crème de la crème pour mes oreilles en cette année 2022. Loin de moi l'idée de dire qu'il s'agit là des meilleurs albums de l'année et que cette sentence est irrévocable. Car ce sont uniquement les albums que j'ai le plus écoutés de l'année. Ceux qui m'auront émerveillés, émus, enthousiasmés plus que de raison.
Mais avant d'aller plus loin dans l'exposé des disques en question, continuons notre traditionnel tour pour voir ce qui est ressorti de l'année 2022 chez les voisins - plus ou moins proches :
- Le bilan 2022 de Marc d’Esprits Critiques
- Les 50 meilleurs albums de 2022 selon The Revue
- Des artistes, des réalisateurs, des écrivains donnent leur bilan 2022 : c'est le très cool "Année des VIP" de Pop News
- Le best of 2022 de la rédaction de Stars Are Underground
- Le bilan de la rédaction d'Another Whisky For Mister Bukowski
Ils sont donc vingt à composer cette deuxième partie de mes albums de l'année. Vingt albums entre pop à chanter à plein poumons, mélancolie à tous les étages, folk bien ouvragé, rock et post-punk épatants, pop en équilibre précaire, quand elle ne voyage pas dans un expérimental cristallin, hip-hop sans frontière, chansons ethérées et vaporeuses, légende du néo-folk, garage à la sauce pop et en haut, tout en haut, un disque à la simplicité folle mais tellement puissant.
Et comme à chaque fois, au bas de ce papier se trouvent deux lecteurs Deezer et Spotify dans lesquels vous trouverez une chanson de chacun des albums cités ci-dessous, ainsi qu'un lecteur bandcamp pour le seul morceau absent des plateformes de streaming. Bonne lecture, bonne(s) écoute(s) et à dimanche pour le Top 50 singles (et la bonne année aussi).
Non, Courting n’est pas un énième groupe lambda de post-punk. Comme le laissaient présager leurs premiers singles, ils sont plus que cela. Car 'Guitar Music', son post-punk aux quelques échappées belles vers un rock marqué 90s et sa production maligne, cinglante et métallique, a tout pour leur permettre de s'inviter à la table de la nouvelle génération anglaise.
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Six ans après 'The Seeker', Craig Minowa et ses Cloud Cult ont fait leur retour. Et avec ce qu’ils savent faire le mieux : des chansons qui respirent la pop par tous les pores, les mélodies attachantes, les orchestrations qui s’emballent. Et la mélancolie, toujours cette mélancolie qui s’immisce, s’étend et vous étreint.
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Micah P. Hinson a toujours l’air aussi malheureux, mais dieu sait qu’il connaît l’art de la belle composition comme personne. 'I Lie to You' est sans doute un de ses albums les plus aboutis de toute sa discographie, un disque très beau où les chansons amples côtoient des titres plus simplement folk - et pas les moins réussis d’ailleurs.
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Découvert l’an passé avec un 'Ditties' purement folk, Zack Fischmann sous son alias Marmalade Mountain prend ses aises sur 'Strange Angels' son nouvel album. Un disque bien plus orchestré et produit que le précédent, qu’il n’aborde pas seul et où ses chansons folk sont magnifiées par une joyeuse bande de troubadours autour de lui.
En signant chez les pas vraiment indie Atlantic Records, le duo Surf Curse est devenu un quatuor. Et le résultat est imposant. Porté par quelques titres ébouriffants (Lost Honor ou Fear City notamment), une production qui sait mettre en valeur autant leurs mélodies que l’énergie de leurs compositions, 'Magic Hour' s’avère vite être un de ces petits bonheurs du quotidien, avec sa pop riffeuse, énervée et un rien slacker.
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Amateurs de pop en équilibre précaire, le trentième album de Pumice est fait pour vous. Avec sa voix étouffée, ses instruments qui flemmardent sans jamais s'ennuyer, grincent sans jamais agacer, enivrent sans jamais étourdir, Pumice crée ici des structures faites de plusieurs strates et divers niveaux d'écoute pour un ensemble cohérent dans son instabilité.
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'Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky' est le disque qui aurait du faire exploser Porridge Radio. Ce n’est pas encore vraiment le cas (la faute à l’absence d’un titre aussi puissant que Long ?) et pourtant, plus consistant que son prédécesseur (pourtant déjà très réussi), il est un disque d’une grande qualité, plein de passion et de rage, très bien écrit, avec pour tête de proue Dana Margolin, femme aussi incroyable sur disque que sur scène et une future star assurément.
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Merveilleusement produit, 'I don’t know who needs to hear this...' est un disque délicat et touchant, aussi aérien que vaporeux, langoureux et gracile, où la voix de Tomberlin coule, comme lovée dans l'air, sur des mélodies qui semblent sur le point de s'évaporer. « Je ne sais pas qui a besoin d'écouter ça... » se demande-t-elle en une de ce disque. Beaucoup de monde Sarah Beth. Le plus de monde possible.
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Ce qui frappe d'emblée à l'écoute de 'No Thank You', c'est qu'il semble transpirer de colère. Une colère froide, sourde, que Little Simz contient du mieux qu'elle peut pour éviter qu'elle n'explose, mais qu'elle n'hésite pas à afficher clairement dans des textes pugnaces et qui ne transigent pas. Et puis il y a les productions d'Inflo chiadées, les compositions solides et ce flow inimitable. Dix chanson et cinquante minutes qui oscillent en rap, hip-hop, soul/neo-soul qu'elle agrémente de chœurs gospel à faire frissonner le plus sévère des hommes. Si 'Sometimes I Might Be Introvert' était le côté pile de Little Simz, 'No Thank You' semble être son côté face. A la chaleur des compositions du premier, il y a un sentiment plus froid, plus sombre sur le second. A l'image de la pochette : extravagante et pleine de couleur d'un côté, sérieuse et aux tons noir et blanc de l'autre. Mais dans les deux cas, une grande œuvre d'une artiste qui compte. Qui fait ce qu'elle veut. Comme elle le veut. Quand elle le veut.
11. Pascal Comelade - Le non-sens du rythme [Because Music]
Sur 'Le non-sens du rythme', Pascal Comelade fait avancer puis reculer (et l'inverse est aussi vrai) ses mélodies, les détourne pour mieux les pousser dans quelques retranchements, leur faire faire un pas de côté pour mieux les voir prendre de longs raccourcis, quand il ne leur fait pas faire la grande traversée. Tout à la fois pop, rock, psyché, il intrigue, épate et parfois même émeut, que ce soit par la constructions de ses morceaux, pleins de couches et sous-couches qui s'empilent, s'emboitent, se répondent et se complètent, ou par ses mélodies sublimes. Le tout sans jamais perdre une seconde l'auditeur. Du grand Art.
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Sur 'Peasant', Richard Dawson posait ses valises dans l’Angleterre du Moyen-Âge. Sur '2020', dans la même Angleterre mais à l’époque actuelle. Avec 'The Ruby Cord', il clôt son triptyque en se projetant dans un futur lointain. Et comme à chaque album, il le fait avec un incroyable sens de la composition folk, qu’elle soit longue et torturée (le premier titre fait plus de 40 mns !), ou qu'il s’engage dans des territoires plus orchestrés - qui rappelleraient presque par moment Sufjan Stevens - et aux choeurs majestueux. Une trilogie monumentale.
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Entre titres de leurs compositions et samples à foison (Randy & The Rainbows, Everly Brothers, Eddie Cochran), Panda Bear et Sonic Boom plongent dans la pop et le rock de la fin des années 50 et du début des années 60, où trames répétitives, reverb, loops, clappings et autres touches synthétiques se tutoient, se mélangent, se complètent ou s'évitent tout à la fois, toujours avec justesse, sans que cela ne semble jamais forcé. Avec toujours cette ombre de Brian Wilson qui plane sur les élans vocaux de Panda Bear, en un peu moins de quarante minutes, le duo réussit sa première grande collaboration. 'Reset' est un disque qu'on qualifiera de pudiquement formidable, rétro dans ses fondations mais actuel dans ses finitions. Un album simple, lumineux à bien des égards, superbement produit - et sans doute le plus facile d'accès de la discographie de Panda Bear.
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Avec Preservation derrière la console qui amène autant de boucles répétitives, de samples que de productions venues de tous les continents sans que cela ne soit un frein à l'unité du disque, ramenant en studio quelques invités de prestige ne tirant jamais la couverture à eux (El-P, Quelle Chris), 'Aethiopes' de Billy Woods se révèle vite être un disque de hip-hop, souvent abstract, à la finesse et l'écriture impeccables. Très grand album.
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Souvent doo-wop, un rien cheesy, rappelant ces girl band des années 60, et avec une voix qui sait monter dans de belles hauteurs, l'Irlandaise CMAT (pour les initiales de son nom: Ciara Mary-Alice Thompson) aura été une des révélations de mon année. Avec son canevas country pop, elle alterne ici tubes, balades country et petites douceurs mélancoliques, avec de belles orchestrations qu'elle agence joliment en y cachant moult détails, des textes bien écrits, pas dénués d'humour (grinçant) et où se cachent souvent beaucoup de souffrances passées.
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Perdu de vue depuis 2014 et un 'I Am the Last of All the Field That Fell' sombrement beau et qui m’avait enchanté, Current 93 et David Tibet auront fait un retour remarqué dans mes oreilles en 2022. 'If A City Is Set Upon A Hill' est un disque somptueux, qui a les atours d’un disque neo-folk mais qui est bien plus que ça, et où ses mélodies lumineuses sur lesquelles David Tibet vient raconter ses histoires, font merveille.
Projet solo du leader de METZ, Alex Edkins, Weird Nightmare aura été un des disques qui aura le plus tourné cette année. Loin de la fureur de son groupe d’origine, on est ici entre garage-rock et indie où la pop a son mot à dire. Des compositions soignées, de la guitare en veux-tu, en voilà, des hymnes à chanter à tue-tête (Lusitania), ce premier album est impeccable de bout en bout. Immense coup de coeur.
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