mardi 25 mai 2010

[Track of The Day] Johnny Cash - Redemption Day (Sheryl Crow cover)

Seize ans après avoir débuté ses 'American Recordings' debout entre ses deux chiens, le dos à un champ, puis avoir symbolisé par des pochettes de plus en plus sombres l'arrivée de la grande faucheuse, l'histoire discographique de Johnny Cash se termine donc dans un sourire: le sien, gamin aux grandes oreilles qu'il était, et aux dents proposant du bonheur à tout l'état de l'Arkansas.

Enregistrées durant les sessions d''American V: A Hundred Highways', quelques semaines avant la mort de Johnny Cash, les 10 chansons de ce 'American Recordings VI: Ain't No Grave' sont un bien beau point final à une aventure discographique passionnante - et objectivement sans défaut -, menée par Rick Rubin (qu'il soit sanctifié) et qui aura donné un véritable second souffle à l'homme en noir.

Certains arguent aujourd'hui du fait qu'on fait là les fonds de tiroir, que tels de vulgaires Mary Guibert (la mère de Jeff Buckley qui fait passer les ayant-droits de Jimi Hendrix pour de gentils philanthropes) Rick Rubin et consorts ne font que dépecer encore et encore le corps plus très chaud de Johnny Cash.

Critique assez vaine tant l'univers du maître a été respecté et tant la qualité des enregistrements reste de haute tenue. Car comment ne pas frémir à l'écoute de Ain't No Grave (a priori, la dernière chanson enregistrée par Johnny Cash) et de cette voix, pleine de douleur et arrivée au bout de la route ?
Comment ne pas frissonner à l'écoute de la reprise de Redemption Day de Sheryl Crow, sublimée comme le fut en son temps le One de U2?
Comment ne pas avoir les yeux qui se mouillent et sourire dans le même temps au joli clin d'œil de l'histoire avec Aloha Oe, la chanson qui clôt ce 'American Recordings VI: Ain't No Grave', chant hawaïen enregistré en 1961 par Elvis Presley? Difficile pour ma part.

On dit souvent que les héros ne meurent jamais. Et Johnny Cash, avec la fin de la boucle, ses 6 albums et un coffret essentiel, ne sera pas l'exception qui confirmera la règle. 

Album: American Recordings VI: Ain't No Grave 
Année: 2010 
Label: American Recordings

lundi 24 mai 2010

[Track of The Day] Robyn - None Of Dem (feat. Röyksopp)

Quand certaines personnes dans mon entourage vont écouter cette chanson, nul doute qu'ils vont me gausser, se moquer. Il faut dire que les Annie, Ladyhawke et autres Britney Spears ne sont pas franchement leur tasse de thé, sauf dans des conditions bien particulières (incluant une forte dose d'alcool et une heure très tardive). Mais que voulez-vous, quand on aime ces gens là, on passe outre!

Car, ces demoiselles ont un talent dingue. Dernière en date, Robyn de retour après un intermède discographique de cinq ans tout rond. Et quel retour! La blonde suédoise annonce pas moins d'ici la fin de l'année 3 albums, le premier devant voir le jour le 7 juin prochain; les autres devant nous arriver à la fin de l'été et dans le courant de l'automne.

La question étant de savoir si Robyn serait capable de sortir un autre gros tube à la With Every Heartbeat sur 'Body Talk Pt. 1'. Car cinq ans, c'est long. Oui. Mais au final c'est bon.

Parce que la belle est tout sauf rouillée. Une fois de plus, elle a su s'entourer (Diplo , Röyksopp) et préparer un dancefloor qui n'attendait que ca. Car les Don't Fucking Tell Me What to Do, Dancing On My Own et autres None of Dem, sentent la transpiration et les ambiances moites de l'été. Et peu de chances qu'elle dise la vérité quand elle balance «I keep dancin' on my own». Impossible.

Bref, Robyn en 2010 c'est aussi bon qu'avant, avec grosse production et tubes en pagailles. Parfait pour fêter un lundi de pentecôte et l'arrivée dans sa quatrième décennie d'une marmotte aussi grenobloise que jurassienne désormais. 

Album: Body Talk Pt. 1 
Année: 2010 
Label: Konichiwa

jeudi 20 mai 2010

Jeremy Messersmith - The Reluctant Graveyard [unsigned]

Je ne sais pas si vous avez eu une playstation il y a une dizaine d'années de cela. Je ne sais pas si vous vous souvenez d'un jeu en particulier, MediEvil où l'histoire d'un chevalier squelette prêt à se venger de sa mort trop rapide sur un champ de bataille, et se baladant plus que de raisons dans des cimetières vides.

Hé bien la pochette de 'The Reluctant Graveyard', mêlée à l'univers de Tim Burton (L'Étrange Noël de Monsieur Jack, forcément), me rappelle l'ambiance de ce jeu là.

Ceci posé, rien de funeste, de basse qui fout des frissons ou de voix venues d'outre-tombe sur ce troisième et nouvel album de Jeremy Messersmith - artiste américain qui m'avait particulièrement touché il y a 2 ans avec son très joli 'The Silver City'-. En tout cas de prime abord.

Car ici, musicalement parlant, Jeremy Messersmith fait dans la pop de qualité et bien ouvragée, haussant le niveau pourtant déjà élevé de son album précédent.
Toujours très (très très!) influencé par les Beatles - certaines mélodies se rapprochent indéniablement de certaines compositions des Fab 4 (au hasard Eleanor Rigby sur John The Determinist)-, Jeremy Messersmith rappelle surtout Elliott Smith (vous me direz quoi de plus normal quand on sait que l'auteur de 'Roman Candle' puisait son inspiration du côté de Liverpool) dans la façon d'appréhender ses compositions.
Ajoutez à cela un peu de Beach Boys (Violet) par-ci, un peu de Sufjan Stevens (A Girl, A Boy And A Graveyard) par là voire du Venus époque 'Vertigone' (John The Determinist) et le compte est bon.

C'est en fouillant un peu que 'The Reluctant Graveyard' et sa pochette justifient leur titre. Aussi bien au niveau des titres (Toussaint Grey, First In Life And Death, Organ Donnor, Deathbed Salesman) que des paroles (Repo Man: «Fourteen years I was sober // I worked hard for my pay // Left my tithe at the altar // Closed my eyes when I prayed // But I'm the repo man and nobody weeps for me») des chansons de l'album, ici tout respire le desespoir et la tristesse, portés par la voix d'un Jeremy Messersmith toujours très fin dans son interprétation et n'en rajoutant jamais dans le pathos - quand il n'en prend pas justement le contre pied.

'The Reluctant Graveyard' n'est pas un album long (moins de 35 mns). Mais quel délice! Quel plaisir d'écouter les compositions de Jeremy Messersmith, ses arrangements, entre cordes, guitare électrique, piano et harmonica, toujours délicats!
Et au fur et à mesure que les écoutes passent, 'The Reluctant Graveyard' rentre dans cette catégorie de disques qui nous rendent tous schizophrène. Une catégorie où l'envie de partager son bonheur du moment au plus grand nombre se dispute avec l'envie de le garder pour soit. (Sortie: 4 mai 2010)


Son:
Myspace (2 chansons de 'The Reluctant Graveyard' en écoute)
Site officiel


On peut télécharger, pour le prix de son choix, ce 'The Reluctant Graveyard' sur le site officiel de Jeremy Messersmith. A vous de voir, mais l'investissement (le son est en qualité 320k, flac, etc) vaut largement le coup; et puis soutenir des artistes non-signés de cet acabit là, franchement, ça n'a pas de prix. Cliquez ici!
Vous pouvez aussi vous procurer 'The Reluctant Graveyard' (ainsi que les 2 précédents albums), toujours sur le site officiel de Jeremy Messersmith, pour 10$ (environ 8€) en cliquant ici.

Deux chansons en écoute, pour tenter de vous donner envie de vous saouler de la pop de
Jeremy Messersmith all day long. Knots, énergique et mené par un piano lumineux. Et surtout, John The Determinist, entre le Eleanor Rigby des Beatles et les compositions de belges de Venus, sommet de ce 'The Reluctant Graveyard' (malheureusement plus en écoute).

mardi 18 mai 2010

The Bamboos – 4 [Tru-Thoughts]

Ca y est! Tant bien que mal, on y arrive : les saintes glaces sont bientôt terminées, le temps hivernal a décidé de rendre les armes après une bien belle bataille. Sortons donc le soleil et la chaleur et remisons la pluie et les écharpes au placard. Et fêtons ca dignement avec ‘4’, le bien nommé quatrième album de The Bamboos, groupe australien naviguant dans les eaux tout sauf troubles du funk et de la soul.

Un groupe qui m’était totalement inconnu jusqu’à il y a quelques semaines mais qui revient très régulièrement dans mes oreilles depuis lors. Originaire de Melbourne, The Bamboos aligne, dans un déluge de cuivres, des titres aussi bien uniquement instrumentaux que chantés par la belle voix de Kylie (toutes les chanteuses australiennes s’appellent Kylie ou quoi ?) Auldist.

A l’écoute de ce ‘4’, on navigue ici entre le Otis Redding live reprenant les Stones et de la soul plus classique. Tirant son inspiration de décennies cultes pour le genre, The Bamboos en profite même pour rendre un hommage aux Beatles avec Up On The Hill et sa cithare aiguisée.
Mieux, avec Like Tears In Rain, The Bamboos composent une chanson qui n’aurait pas fait tâche sur les compilations 'Motown Dance Party', tant son rythme est une euphorique invitation à la danse (voir plus bas).

Un bémol toutefois : des chansons instrumentales souvent très longues et mal placées et qui peuvent, les jours où l’on sera un peu chafouin, plomber l’ambiance. Car le reste du temps, l’adhésion à la musique de The Bamboos est finalement assez irrémédiable.
Lors de la chronique de l’album chez Maarsu, Thierry de Jazz, Blues & Co se posait des questions quant à la longévité du disque. Qu’il se rassure : en des périodes comme celle là, celle-ci semble être infinie. (sortie: 22 mars 2010)

Son :
Myspace (pas moins de 7 chansons de ‘4’ en écoute)
Site officiel

Deux chansons tirée de ce ‘4’. Le funky King Cross et le très Motown Like Tears in Rain (malheureusement plus en écoute).


Et pour finir le premier clip de ce nouvel album des Bamboos, You Ain’t No Good:



lundi 17 mai 2010

[Track of The Day] Against Me! - I Was a Teenage Anarchist

On prend les mêmes et on recommence. Après avoir débouché pas mal d'oreilles avec un 'New-Wave' en rien novateur mais vraiment efficace, les Against Me! a repris le chemin du studio avec Butch Vig, pour un 'White Crosses' qui continue sur la même lancée.

Le quatuor originaire de Floride, mené par Tom Gabel, propose à nouveau ici du rock-o-punk, que d'aucuns qualifieront de FM (toutes les chansons sont calibrées radio), qui va droit au but sans passer par des chemins de traverses.
En 36 mns tout pile, Against Me! fait pleuvoir sur 'White Crosses' des hymnes (I Was a Teenage Anarchist, Because of The Shame pour ne citer qu'eux) d'une efficacité redoutable et se permet même de rappeler même le temps de High Pressure Low (sur quelques mesures) The Smiths - la classe en moins, cela va sans dire.

Moins inspiré que 'New-Wave', ce nouvel album des Against Me! tient plutôt bien la route pour peu qu'on aime ce genre de chansons énergiques, bas du front, rapidement mémorisables, qui n'inventent rien, mais qui font du bien par où elles passent. Bref, un 'White Crosses' aussi peu mémorable que diablement efficace. 

Album: White Crosses 
Année: 2010 
Label: Sire