mardi 25 septembre 2012

[Track of The Day] Cold Cave - A Little Death To Laugh

Tristan Corbière est un poète français dont seul le nom ne m'était pas inconnu. Né à Morlaix en 1875, mort dans la même ville à même pas 30 ans, il est l'auteur de 'Les Amours Jaunes' en 1873. Poète maudit, il a été réhabilité par Verlaine lui-même qui parlera de chef d'oeuvre concernant son unique recueil. Je m'arrêterai là dans la biographie, parler plus en profondeur d'un auteur que je ne connais pas serait assez farfelu.

D'ailleurs la question se pose: pourquoi donc parler de poésie (domaine dans lequel mon inculture atteint des sommets) dans ces pages ?
Car Tristan Corbière est le poète qui a dernièrement inspiré Cold Cave et surtout son songwriter, Wesley Eisold. Celui-ci a enregistré (seul) il y a peu trois nouvelles chansons, à paraitre sur 'A Little Death To Laugh 7"' (et déjà sold-out sur le site du groupe, mazette!).

La première d'entre elles donne son nom au 45-tours. Dans une veine on ne peut plus Cold Cavienne, A Little Death To Laugh a les pieds bien ancrés dans les années 80 et dans une dark-wave très prenante. Le chant de Wesley Eisold est quant à lui toujours sombre, les synthés sont évidemment présents et la mélodie est marquante. 

A Little Death To Laugh est inspiré du poème de Tristan Corbière, Petit Mort Pour Rire:

Va vite, léger peigneur de comètes !
Les herbes au vent seront tes cheveux ;
De ton œil béant jailliront les feux
Follets, prisonniers dans les pauvres têtes...

Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes
Foisonneront plein ton rire terreux...
Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes...

Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violons qui sonnent creux...
Ils te croiront mort- Les bourgeois sont bêtes-
Va vite, léger peigneur de comètes !


Et la vision de Cold Cave de ce poème en fait assurément une des chansons de cette rentrée.

Album:
A Little Death To Laugh 7"
Année: 2012
Label: Heartworm



A Little Death To Laugh est en écoute également sur le youtube de Cold Cave ci-dessous :


Enfin, 'Les Amours Jaunes' de Tristan Corbière est à lire et/ou (re)découvrir grâce à la Bibliothèque Nationale de France sur le lien suivant.

lundi 24 septembre 2012

[Track of The Day] Iron & Wine - One More Try (George Michael cover)

C'est avec surprise que j'ai appris dernièrement - et avec retard - qu'Iron & Wine avaient sorti (après un 'Kiss Each Other Clean' l'an passé moyen et pour ainsi dire sans grand intérêt) au début de l'été un 45-tours  proposant deux reprises dont One More Try, un des nombreux tubes de George Michael.

Une version loin de l'originale, ici rythmée et portée par un orgue puis un saxophone venu en renfort. Et sans effets de voix. Une reprise surprenante et de très belle facture.

Pas dit que cette reprise arrive à relancer la carrière d'un George Michael dont le dernier come-back me semble un peu vain (voir sa prestation à la clôture des Jeux Olympiques de Londres).
Mais elle pourrait relancer Iron & Wine. Ce qui serait déjà fort appréciable.

Album: One More Try 7"
Année: 2012
Label: Suicide Squeeze


La reprise de One More Try de George Michael par Iron & Wine est également en écoute sur le soundcloud de Suicide Squeeze . Et ci-dessous. (malheureusement plus en écoute)


Pour rappel et ceux qui auraient oublié le très joli One More Try de George Michael, le voilà ci-dessous:


jeudi 20 septembre 2012

[Track of The Day] St. Augustine - My Father, My Son

C'était vendredi dernier. Pris d'une frénétique envie de Queen après un débat sans fin et inutile sur l'intérêt discographique de la bande à Freddy, voilà que je vais de 'A Day at The Races' en 'The Works' en passant par 'A Kind of Magic' et autres 'Sheer Heart Attack'. Et je tombe sur 'Innuendo', dernier vrai album du groupe pour lequel j'ai une vraie affection. Bref, retour à l'adolescence.

Et dans un moment de partage, je lance sur twitter quelques paroles de la chanson Innuendo. Et le premier à réagir se trouve être St. Augustine, artiste folk de la fratrie clermontoise Kütü Folk.

Quoi? St Augustine? Fan de Queen? Capable d'écrire le solo de guitare d'Innuendo à coups de «tam tagada tamtam tamtamtamtam tagada tamtam tamtamtamtam tagada tamtam tamtamtamtam»? Oui oui. Lui même. Comme il le dit lui-même: «Je suis un fan assumé de Queen depuis mes dix ans! Tu parles à un connaisseur».

A y regarder de plus près, nous sommes donc St Augustine et moi les mêmes. Bon, comme des millions d'autres, mais on s'en fiche des autres là. Par contre, je ne sais pas où personnellement j'ai merdé. Mais c'est une autre histoire.

Parce que lui a plutôt réussi. Deuxième album chez Kütü Folk et deuxième réussite. Plus diversifié, 'Soldiers' voit un St. Augustine ne pas s’appesantir sur son talent et mélanger allégrement rock, folk moderne et synthés le tout avec une production qui hésite presque à devenir lo-fi par moments.

Histoire de bien faire les choses, il termine 'Soldiers' par une balade sombre, nerveuse et électrique My Father, My Son, bijou brut au fade-out vocal qui lui sied à merveille.

St. Augustine a sorti cette année et sans nul doute un très bel album. Et il est sans nul doute aussi un grand fan de Queen. Comme quoi, tous les chemins mènent à Kütü Folk.

Album: Soldiers
Année: 2012
Label: Kütü Folk



Vous pouvez écouter et vous procurer 'Soldiers' de St. Augustine en cliquant ici-même.

En plus de My Father, My Son en écoute ci-contre dans le lecteur Grooveshark tout rouge et ci-dessous via le soundcloud de St. Augustine, Ten Arms, la chanson qui ouvre ce bien beau disque. (malheureusement plus en écoute)

mardi 18 septembre 2012

Max Richter - Recomposed : Vivaldi - The Four Seasons [Deutsche Grammophon]

Hier, dans le cadre de la Biennale de la Danse 2012, j'ai fait mon dépucelage « spectacle de danse ». Au programme: Yo Gee Ti, la nouvelle création de Mourad Merzouki, a priori fameux chorégraphe.
J'espérais - sans trop y croire - entrer dans le trip, apprécier, peut-être un peu vibrer tout en me disant, qu'au pire je n'en avais que pour une heure).

Et j'en suis ressorti sous le choc, totalement subjugué. Dix danseurs (hip-hop et contemporains) dans une mise en scène formidable et un jeu de lumière vraiment impressionnant. Une heure jamais rébarbative, à naviguer entre ombre et lumière.
Et l'ensemble est rythmé par une musique qui m'a semblé être le beau mélange entre le classicisme moderne de Max Richter et les plus beaux moments de cordes de Godspeed (à quelques exceptions près, cela va de soit).

Autre domaine où mon inculture est crasse: le monde de la musique classique. Si je connais quelques grandes œuvres (mais jouées par qui? Conduites comment? Je n'en ai pas la moindre idée), si j'ai écouté quelques symphonies de Beethoven ou de Mahler, quelques opéras de Mozart, j'avoue me perdre assez facilement devant les auteurs majeurs.

Prenons Vivaldi par exemple. Ah ça, pour répondre que l'italien a composé 'Le Quattro Stagioni' au Trivial Pursuit, je suis le premier. Pour savoir exactement comment sonnent ces fameuses 'Quatre Saisons', par contre, c'est une autre histoire.

Max Richter, compositeur et artiste aimé particulièrement dans ces pages, vient de s'offrir une relecture de l’œuvre la plus célèbre de Vivaldi. Livré par la collection Recomposed de Deutsche Grammophon, cet album voit l'allemand reprendre à son compte une partie de l’œuvre, en picorant ici et là mais en gardant la trame principale.

Pour avoir écouté (vous imaginez bien) la partition originale de Vivaldi, celle-ci est très ample, pleine d'emphase, de lyrisme et de rondeur.
'Recomposed By Max Richter: Vivaldi - The Four Seasons' est au contraire, très incisive, dure sur l'homme, plus prégnante. Elle emporte l'auditeur dans un déluge de sentiment plus fort les uns que les autres. Les cordes sont ici saillantes, très expressives et complètement délirantes.

Mieux, Max Richter apporte ici et là quelques touches de minimalisme qu'il maîtrise à merveille pour passer de saisons en saisons et donner une touche très personnelle à l'ensemble.

'Recomposed By Max Richter: Vivaldi - The Four Seasons' court dans mes oreilles depuis une quinzaine de jours. J'ai du écouter cet album, dix, quinze, vingt fois peut-être.
Il irritera sans doute les puristes, mais il est sans nul doute une des plus belles choses que j'ai entendu, sur l'année 2012 cela va de soit, mais sûrement d'encore plus loin.

Entre cet album de Max Richter et le Yo Gee Ti de Mourad Merkouzi, ce mois de septembre est décidément époustouflant. (sortie: 31 août 2012)

Son :
'Recomposed By Max Richter: Vivaldi - The Four Seasons' est en écoute partielle (en gros une cinquantaine de secondes à chaque titre uniquement) sur le site de Deutsche Grammophon.
Site officiel de Max Richter


Le mieux pour apprécier ce 'Recomposed By Max Richter: Vivaldi - The Four Seasons' est quand même d'écouter l'album d'une traite. Mais à défaut de mieux, un titre de chacune des saisons pourraient vous donner envie d'en écouter plus: Spring 2, Summer 1, Autumn 1 et le divin Winter 3 qui termine cet album fabuleux. (malheureusement plus en écoute)

lundi 17 septembre 2012

[Track of The Day] King Creosote - Ankle Shackles

J'ai toujours aimé les longues chansons. Parce que leur équilibre est instable. Parce qu'arriver à tenir l'auditeur pendant 8, 10, 15, 20 mns (voire plus), le tout sur un fil, relève souvent du génie. Et parce qu'une telle chanson a le temps d'avoir une vie propre et de raconter une histoire.

Autant vous dire tout de suite qu'à l'écoute d'Ankle Shackles, le morceau qui ouvre (il fallait oser!) le nouvel Ep de King Creosote, j'ai été servi: 11 minutes et 42 au compteur. Et un petit bonheur qui passe tout seul.

Quelques notes de guitare pour lancer l'affaire, un piano qui vient ensuite mener le tempo, une tension qui monte, bien accompagnée parce quelques cordes déchirantes ; avant que la batterie ne prenne les choses en main. Et, au-dessus de tout cela et surfant sur la mélodie, la voix si reconnaissable de Kenny Anderson aka King Creosote.

Certains se diront que 12mns, c'est long; et qu'on peut en faire des choses en 12mns. Mais il faut prendre le temps et se plonger dedans.
Car Ankle Shackles est une chanson magistrale, dont le seul défaut est d'écraser le reste de l'Ep. Une suite plus traditionnelle, moins passionnante, sans mélodie vraiment accrocheuse. Comme si King Creosote avait tout mis dans cette dernière chanson. Et y était arrivé.

Album: To Deal With Things
Année: 2012
Label: Domino



Ankle Shackles est également en écoute sur le soundcloud de Domino et de King Creosote, et ci-dessous. (malheureusement plus en écoute)