samedi 8 novembre 2008

[Oldies] Rodriguez – Cold Fact (1970)

Quand un ami m’a présenté ce ‘Cold Fact’, j’ai d’abord cru à une blague en voyant la pochette : en quoi pourrais-je être intéressé par un album de rap hispanique à l’allure kitch sorti au début des années 90 ? En rien. Pour la simple et bonne raison que ce disque n’a pas 20 ans mais 40 et qu’il ne s’agit pas de rap, loin de là.

‘Cold Fact’ est un album de 1970, composé par Sixto Diaz Rodriguez, sorti sous le nom de Rodriguez, trésor oublié de la fin des années 60 – rien de moins – et réédité cette année par Light In The Attic. Un songwriter américain qui avait tout pour, au moins le temps d’un album, mettre le monde à ses pieds avec ses balades et son folk psychédélique. Mais il n’en fut rien. Une fois de plus dans cette rubrique.

Il y aurait beaucoup à dire sur notre homme. Mais on sait finalement peu de choses sur lui, à part qu’il est né en 1942, et qu’il est le sixième enfant (d’où son surnom de Sixto) d’une fratrie d’immigrés Mexicains.

L’histoire (connue) de Rodriguez démarre vraiment en 1967 avec la sortie de son premier single, I’ll Slip Away qui ne connait rien d'autre que l’anonymat. Trois ans d’inactivité plus tard, il signe chez Sussex Records, pour qui il enregistre deux albums, dont ce ‘Cold Fact’.

Un disque court comme le veut l’époque (32 minutes) et qui présente un Rodriguez qui se balade dans toutes les discographies des grands artistes de l’époque, allant faire un coucou à Dylan (superbe texte que celui de This Is Not A Song, It's an Outburst: Or, The Establishment Blues), revenant serrer la pince à Donovan, jammant avec Love (on jurerait que feu Arthur Lee est derrière les manettes), demandant conseil aux Beatles ou prennant un verre avec les producteurs de Motown.
‘Cold Fact’ est un peu tout cela à la fois. Un album de folk psyché, éclaboussé de pop et de blues (Gommorah (A Nursery Rhyme)), le tout aussi bien ancré sur son époque, les années 60 (sur la majorité du disque) que sur les années 70 (Only Good For Conversation) et entouré d’une production soulful, très Motown, au son très chaud (son I Wonder aurait pu sortir en single sur le label de Diana Ross et de Marvin Gaye).

Malgré la qualité d’écriture (il y dépeint une Amérique complètement désabusée) et de composition, ce disque sera un flop total. Comme le suivant, ‘Coming From Reality’, sorti en 1971. Enfin, aux Etats-Unis.

Car si son pays d’origine le snobe, d’autres vont au contraire lui vouer un véritable culte. A commencer par les Australiens, via Goose Recordings pour qui il sortira ‘Alive’ en 1979, un album live de sa tournée au pays des kangourous cette année là. Mais c’est surtout en Afrique du Sud qu’il connaîtra un succès fou, ses disques devenant platines, les salles de 5000 places débordants lors d’une tournée en 1998 qu’il fera dès qu’il y apprendra son incroyable célébrité (et ce même alors qu’il a arrêté toute production près de deux décennies plus tôt). L’apogée de cette arrivée sur le devant de la scène (on ne peut pas vraiment parler de retour), Rodriguez la doit à David Holmes qui l’inclut à sa compilation ‘Come Get It, I Got It’ de 2002 et à Large Professor, producteur de hip hop, qui sample son Sugar Man pour Nas et son You’re Da Man.

Depuis, Light in The Attic s’est emparé des droits et a ressorti de fort belle manière ‘Cold Fact’. Bien leur en a pris. Depuis quelques semaines, un buzz tout droit venu du net monte concernant cet album oublié. Et il est mérité. Espérons juste que le succès sera au rendez-vous. Histoire d’avoir une réédition digne de ce nom de ‘Coming From Reality’, le second (et dernier) album de Rodriguez, lui aussi totalement tombé dans l'oubli. Ce mec le mérite. Nos oreilles aussi.

Première sortie : 1970 [Sussex]
Réédition : 2008 [Light In The Attic]

Son :
Myspace (six titres dont quatre de ‘Cold Fact’)
Sugar Man en téléchargement gratuit (et légal) ici (click droit et enregistre sous l'ami).

Retrouvons également les bonnes habitudes avec trois titres en écoute dans le lecteur deezer ci-dessous. Un langoureux Crucify Your Mind, un roots Hate Street Dialogue et un Jane S Piddy et ses cordes délicieuses :


6 commentaires:

Anonyme a dit…

Cà fait plaisir d'entendre (de lire) parler de ce très bon disque. Si çà se trouve, il y a une justice....

-Twist- a dit…

Merci :)
Bien beau blog. M'y plongerai plus longuement très prochainement. :)

Anonyme a dit…

Ca fleure très bon les sixties tout ça!
Jamais entendu parlé du gars auparavant, je vais y jeter une oreille plus inquisitrice, j'ai beaucoup aimé les extraits.
Merci pour la découverte. :)

-Twist- a dit…

De rien. Si tu fouilles bien internet, tu devrais sans difficulté trouver l'album. ;)

andmoreagain a dit…

Excellent album... Néanmoins le rap recèle aussi de grands albums!
Passe écouter deux trois vieilleries, du rock,de l'indie... sur tonicoulibali.blogspot.com

-Twist- a dit…

Ah ben encore heureux que le rap recèle d'albums de légende!
Je mets ton blog dans mes favoris, il me plait bien tiens. :)