mercredi 17 décembre 2025

Robert Finley - Hallelujah! Don't Let The Devil Fool Ya [Easy Eye Sound]

Au contraire de la doxa qui veut qu'une année musicale ne dure, au plus, que onze mois (donnant d'ailleurs lieu à quelques aberrations du genre l'album de Cameron Winter 'Heavy Metal' qui finit dans le top de pitchfork (et à la 3è place qui plus est) alors qu'il est sorti en décembre 2024... où, à l'époque, le site avait publié depuis belle lurette déjà son bilan de l'année), c'est sans doute ma découverte tardive, un soir de décembre 2004, de 'The Blue Notebooks' de Max Richter qui fait j'attends le dernier moment pour tirer mon bilan musical annuel. Car nous ne sommes jamais à l'abri d'une découverte de dernière minute.

Celle de 2025 s'appelle 'Hallelujah! Don't Let The Devil Fool Ya', le quatrième album d'un certain Robert Finley. En d'autres temps, la carrière de cet américain de 71 ans aurait été plus que singulière. Mais les exemples de Sharon Jones et de Charles Bradley avant lui font qu'on est presque peu surpris désormais de tomber sur une histoire comme la sienne. Pour autant, elle a le mérite de rester improbable et d'être - rapidement - racontée.

Né en 1954 en Louisiane, Robert Finley a toute sa vie eu la musique chevillée au corps. Du genre à s'engager dans l'armée américaine pour servir comme technicien hélicoptère en Allemagne pour au final devenir guitariste du groupe de l'armée et voyager à travers toute l'Europe avec lui. Ou de devenir charpentier tout en étant le leader d'un groupe de gospel Brother Finley and the Gospel Sisters. Et même si au milieu des années 2000 il perd quasiment la vue, l'obligeant à arrêter son métier de charpentier, il continue à chanter, aussi bien dans la rue que dans quelques petits clubs, loin d'un circuit professionnel.

Arrive enfin 2015. Il est repéré par la Music Maker Relief Foundation, une organisation qui aide des musiciens de blues et de roots oubliés et/ou en difficulté. De là, quelques performances live épatent leur monde et Finley sort finalement son premier album en 2016 chez Big Legal Mess Records. Un disque au nom taquin, 'Age Don't Mean a Thing', lui qui vient alors de fêter ses 62 ans. De là, tout bascule : Dan Auerbach des Black Keys - et pas le dernier pour pousser des projets soul - le signe sur son tout juste créé Easy Eye Sound. Robert Finley commence alors la carrière qui lui a toujours échappé et publie pas moins de trois autres albums entre 2017 et 2023 - pour l'anecdote, il participe même en 2019 à l'émission de America's Got Talent.

Aujourd'hui âgé de 71 ans, Robert Finley n'en a évidemment pas fini avec la musique. Dans l'ombre pendant toute sa vie, il n'allait pas s'arrêter en si bon chemin vers la lumière. D'où la sortie en octobre dernier de 'Hallelujah! Don't Let The Devil Fool Ya', son cinquième album. Un disque enregistré sur le tas (en arrivant en studio, Robert Finley n'avait ni musique, ni paroles) et en une journée (!), où se mélange soul et blues-rock, aux accents psyché et funk, le tout teinté de gospel. Très justement produit avec cette sorte de grésillement qui entoure chaque chanson et qui donne l'impression d'écouter un vinyle de l'époque où il est allé puiser ses racines (merci Dan Auerbach à nouveau), 'Hallelujah! Don't Let The Devil Fool Ya' est un album plein de guitares généreuses et à la liberté assez folle, de chœurs délicieux, où les musiciens qui l’entourent (tous impressionnants de justesse) semblent s'encanailler dans une longue session jam cadrée, pendant que Robert Finley déclame ses paroles (empreintes de beaucoup de spiritualité), comme habité, de sa voix grave et rocailleuse qui semble avoir vécue mille vies, bien aidé par sa propre fille, Christy Johnson, venu se mettre dans les pas de son père et le supporter de sa jolie voix.

Et le résultat n'est pas loin d'être magistral, de l'ouverture sublime I Wanna Thank You et son rhythm 'n' blues qui ne cesse de s'amuser et divaguer (en écoute aujourd'hui) à I Am Witness et sa soul 70s en passant par le merveilleux Helping Hand ou le langoureux His Love. Un grand album qui confirme ce que Robert Finley énonçait au fronton de son premier album : l'âge n'a aucune importance. (Sortie : 10 octobre 2025)

Plus :
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Trois chansons de 'Hallelujah! Don't Let The Devil Fool Ya' de Robert Finley en écoute aujourd'hui. La superbe ouverture I Wanna Thank You (
en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis Helping Hand. Et enfin I Am Witness :

Deux clips des singles extraits de 'Hallelujah! Don't Let The Devil Fool Ya' de Robert Finley : I Wanna Thank You et Helping Hand

 

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