samedi 24 novembre 2007

[Oldies] Van Morrison – Saint Dominic's Preview (1972)

Comment se remet-on de la sortie d’un chef d’œuvre ? Combien de groupes n’ont jamais su réembrayer après avoir sorti un album essentiel ? Combien sont les destinées crashées sur l’autel d’un disque essentiel, et perclues ensuite de sorties plus insipides les uns que les autres ? Beaucoup. Beaucoup trop.
Quand, en 1968, Van Morrison sort son deuxième album, ‘Astral Weeks’, il met le monde de la musique à genoux par un charisme énorme et un talent hors-norme. Un disque essentiel des années 60 et de la musique contemporaine, entre rythm&blues, jazz (il s’entoure de grands musiciens de l’époque) et musique celtique. Et le meilleur de son auteur.

Il n’a pourtant pas 23 ans. Mais sa carrière est déjà longue comme le bras, ceci expliquant cela. Né en Irlande du Nord en 1945, il fonde son première groupe à l’âge de onze ans avant de créer, quelques années plus tard, Them qui obtiendra une belle notoriété grâce à quelques tubes restés dans les mémoires, Gloria étant le plus fameux d’entre eux, magnifié qu’il sera en 1975 sur le ‘Horses’ de Patti Smith.

Bref, quand à 23 ans, Van Morrison sort ‘Astral Weeks’, ce n’est pas débutant. C’est sûrement pour cela qu’il va se remettre en selle rapidement après la sortie de son saint graal. Quatre ans et trois albums plus tard, et alors qu’il vient d’écrire – peut-être – la plus belle chanson d’amour de l’histoire de la musique (Tupelo Honey pour ne pas la nommer), Van Morrison sort ‘Saint Dominic's Preview’.

Un disque qu’il enregistre avec vingt musiciens, changeant de line-up à chaque nouveau morceau. Et pourtant, tout est cohérent et loin d'être une collection de chansons mises bout à bout, comme on pouvait craindre. Non. ‘Saint Dominic's Preview’ est même un album essentiel dans la carrière du grand Van. Charnière en quelque sorte, bilan musical qui voit se côtoyer, en sept titres (une habitude chez lui) du rythm-and-blues, de la soul-pop qui flirte avec le gospel, un peu de jazz, un brin de country et quelques passages limite mystiques comme il savait si bien le faire en 1968.

Et histoire de gâter son auditoire, Van Morrison réserve la dernière plage de l’album à Almost Independence Day (voir plus bas), un titre d’une dizaine de minutes qui n’aurait pas dépareillé sur ‘Astral Weeks’. Un morceau magnifique qui rappelle un autre titre majeur de la musique des seventies : le Wish You Were Here des Pink Floyd, sorti trois ans plus tard sur l’opus du même nom. On ne criera pas du tout au plagiat, mais on reste assez circonspect à l’écoute. Car il y a des ambiances, des constructions qui sont trop évidentes pour ne pas penser une seconde que la bande de David Gilmour ne s’est pas inspirée de Van Morrison.

Et ils auraient d’ailleurs eu tort de se priver. Car ‘Saint Dominic's Preview’, s’il n’est pas un chef d’œuvre, est tout sauf une œuvre mineure de Van Morrison. Et quand on connaît le talent et la carrière du bonhomme, vous comprendrez aisément la place qu’occupe cet album dans ma discothèque idéale… Pas loin derrière ‘Astral Weeks’ en somme.

Première sortie : 1972 (Mercury)
Dernière réédition : 1997 (Mercury)


Son:
Site Officiel

Trois titres en écoute, comme toujours pour les oldies. Le poppy Gypsy suivi du titre éponyme avant de finir par Almost Independence Day, aux pré-relents floydien :


 

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