Hormis dans la partie ‘Track of the day’, cela faisait un petit bail que je n’avais pas parlé dans ces pages de hip-hop. Il faut dire aussi que depuis quelques temps déjà, rien ne m’avait chatouillé l’oreille avec intérêt. La découverte (avec retard) de ce quatrième album des Cunninlynguists (soit dit en passant, le meilleur nom de groupe du monde), ‘Dirty Acres’, a donc été un petit choc et un vrai ravissement. Et l’occasion de pousser un bon gros «s’pas trop tôt» de soulagement.
Ce n’est pas la première fois que les trois compères Deacon The Villain, Natti et Kno m’enchantent. Leur second opus en 2003 ‘SouthernUnderground’ m’avait vraiment marqué à l’époque. Depuis, cinq ans ont passé, j’ai perdu cet album là, je n’ai jamais réécouté les Cunninlynguists qui ont continué leur route, sortant même, si l’on en croit les spécialistes, leur chef d’œuvre en janvier 2006, ‘Piece of Strange’.
Je ne sais pas si ce ‘Dirty Acres’ sera leur apogée discographique, s’il dépasse son prédécesseur ou s’il marquera l’histoire de la musique dite urbaine. Mais en tout cas il a du coffre. Il en résulte un mélange subtil de prod à la Madlib, de sons tout droit sorti des années 90 (le titre éponyme, c’est du Warren G époque ‘Regulate… G-Funk’, un des disques qui a bercé mon adolescence), de samples venant directement du début des années 70 et d’hip-hop plus indé (une musique très ouverte, qui pioche l’inspiration à droite et à gauche). Bref un petit bonheur d’idées éparses mais qui finissent par faire un ensemble homogène.
Ajoutons une bonne dose d’engagement politique sur ce ‘Dirty Acres’ (une constante chez le groupe) – il faut entendre Kno déclamer sur Georgia (voir plus bas) chanson hommage à son état de naissance “Do yall have time to discuss God's grace – if you're too busy studying the color of a face? – I don't follow man to avoid the disgrace – of the closed-minded culprits of Southern mistakes” - ou écouter ce K.K.K.Y qui évoque les abrutis blancs à capuches blanches à pointes – et vous obtenez un disque hip-hop de grande qualité et qui aurait mérité qu’on fasse un peu plus de bruit à son propos.
Car oui, ce voyage dans le monde merveilleux (?) des États-Unis d’Amérique des Cunninlynguists est savoureux. ‘Dirty Acres’ est le genre d’album doux et délicat : les flows sont posés, en rien agressifs et caressent littéralement les beats dans le sens du poil. Le tout recèle de petites perles – disséminés pour la plupart en fin de d’album – et qui ne demande qu’une chose : qu’on appuie toutes les 40 minutes sur play, à nouveau. (sortie : 27 novembre 2007)
Son :
Myspace (4 titres de ce ‘Dirty Acres’, 2 de ‘Piece of Strange’)
Deux titres pour cet album : un Dirty Acres qui m’évoque donc quelques prods West Coast du milieu des années 90 et un Georgia, mélodiquement imparable (malheureusement plus en ligne).
Et pour finir, la video de K.K.K.Y, single de l’album (malheureusement plus en ligne).
Et pour finir, la video de K.K.K.Y, single de l’album (malheureusement plus en ligne).
2 commentaires:
Commentaire a la bourre si il en est, mais il faut absolument parler de Cunninlynguists, un groupe de Hip-Hop comme j'aimerais en voir plus souvent.
Ce 'Dirty Acres' est très bon, mais effectivement 'A Piece of Strange' lui est supérieur (pas de beaucoup). Probablement grâce a une plus grande variété en ce qui concerne les instrus, celles-ci étant un poil trop échangeable a mon gout dans 'Dirty Acres'.
Ce qui me botte chez ces types, c'est leur coté idiosyncratique assumé. Suffit de voir la couv' de 'A Piece of Strange', ou 'Never' sur 'Dirty Acres' qui commence l'album sur une note étonnamment poignante et mélancolique.
Finalement ils ont bien résumé leur place dans le Hip-Hop avec ce sample à la fin de 'Since When' brulot contre l'amalgame 'Southern rap=Crunk' :
"See the public, see what y'all do to rappers? They just scared to be themselves. You know what I'm saying? Niggers don't think people gonna accept them as themselves!"
Ca c'est du post mon bon monsieur. Et j'ai toujours pas écouté 'A Piece of Strange'... :(
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