dimanche 25 janvier 2015

Bilan 2014 : « Albums » (10-01)

 

Dimanche 25 janvier. Je crois qu'il est définitivement temps d'en finir avec cette belle année 2014. Après la sélection des meilleurs formats courts, après le « Top 50 Chansons », après le top albums avec les disques classés de la 50è à la 31è puis ceux classés de la 30è à la 11è place, voilà donc les 10 albums les plus marquants de l'année pour votre serviteur.

Mais avant ça, comme toujours, voici quelques liens pour aller découvrir la sélection d'autres blogs ou site :


Une nouvelle fois, 2014 fut une belle année, faite de découverte, de confirmation et de très beaux albums. Certains la critiquent, certains préfèrent l'année précédente. Mais c'est à chaque fois la même chose, la même rengaine. Pour ma part, je m'en contente allégrement, y ayant trouvé ce qu'il fallait pour bercer mon année 2014, faite de joies, de pertes, de soleil levant sur le Salar d'Uyuni et de fin des illusions. 
Bref, le top 10. Avec pas moins de trois groupes/artistes français, de la pop américaine née à Liverpool, le groupe hip-hop au meilleur nom qui soit et le meilleur groupe du monde tout court. Entre autres. 

A découvrir/approuver/désapprouver ci-dessous. Avec tout en bas de cet article un lecteur pour écouter une chanson de chacun des albums présentés ci-dessous. Bonne lecture et bonne(s) écoute(s) !

Pour rappel :



10. Gulcher - Cocktails [Without My Hat Records]
Sorti à une période de l'année difficile, je pense que beaucoup d'observateurs seront passés à côté de ce second album des parisiens de Gulcher. Je ne suis évidemment pas totalement objectif, mais il n'empêche : il y a là 12 chansons que beaucoup de groupes français voudraient pouvoir se targuer d'avoir écrites.
Pas immédiat mais rapidement entêtant, le rock presque arty du quatuor s'étale sur 40 mns, accueillant aussi bien les Strokes, Oasis que Pavement sur ses épaules. Mené par des singles évidents (Up Against The Wall, Johnny's Square ou Julia), fort d'un tracklisting intelligent et orné d'une pochette magnifique, ce disque est un album somptueux qu'il faut écouter. On dit souvent qu'on a tendance à passer à côté de grands albums. Puisse 'Cocktails' être l'exception qui confirme la règle.



09. Rivulets - I Remember Everything [Jellyfant Records]
Nouvel album de Rivulets, 'I Remember Everything' peut se targuer d'avoir reçu les éloges d'Alan Sparhawk de Low. Ce qui vous pose un disque. Des éloges totalement méritées tant tout ici est d'une sombre et fatale beauté (et jusqu'à la très belle pochette). Slowcore ténébreux, dépressif, lancinant et avant tout mélodique, qui rend également un vibrant hommage à Jason Molina, cet album prend aux tripes. Sublime.



08.  Foxygen - ... And Star Power [Jagjaguwar]
'... And Star Power'  est un concept album, genre fourre-tout nawakesque entre folk brinquebalant, rock 60s lo-fi, chansons acoustiques sublimes, glam-rock séduisant, psychédélisme à tous les étages, le tout emballé dans une production dégueulasse mais qui va bien à l'ensemble. '... And Star Power' est un disque sans doute trop long. '... And Star Power' a sans doute pleins de défauts. Mais il n'empêche : '... And Star Power' possède un charme indéniable. On encensera ce disque dans quelques années à n'en pas douter.



07. The Pains of Being Pure at Heart - Days of Abandon [Fierce Panda]
Troisième album pour la bande à Kip Berman qui ralentit régulièrement le tempo, mais ne range pas pour autant ses guitares à la cave. Capable de mélodies tuantes et d'arrangements divins (The Asp In My Chest), 'Days of Abandon' étale une nouvelle facette, très mélancolique, de The Pains of Being Pure at Heart, ni plus ni moins que le meilleur groupe du monde.



06. King Creosote - From Scotland With Love [Domino]
Bande originale d'un documentaire sur l’Écosse, 'From Scotland With Love' est avant tout un album à part entière de King Creosote. On retrouve ici peut-être le meilleur de ce qu'a composé Kenny Anderson depuis le début de sa carrière. On reste dans un univers bien connu, mais tout ici resplendit. Onze chansons de folk-pop mélancolique, très bien habillées (cordes, touches de piano caressées). Et au milieu d’entre elles, une plus sublime que les autres, Miserable Strangers.



05. Spoon - They Want My Soul [-ANTI]
En accueillant un nouveau membre au clavier et aux guitares et en confiant la production à ce diable de Dave Fridmann, Spoon a réussi son virage, et avec quelle classe. Il y a sur 'They Want My Soul' beaucoup de tubes implacables portées par des mélodies efficaces. Jamais Spoon n'avait réussi à composer ou à sortir autant de chansons aussi efficaces sur un même disque. En fait, une seule question reste après tant d'écoutes : et si 'They Want My Soul' était tout simplement le meilleur album de Spoon ?



04. Cunninlynguists -  Strange Journey : Volume Three [APOS Music]
Les années passent, et les Cunninlynguists continuent de ne pas me décevoir. J'aime tout chez eux : leur façon de poser leur flow, ces productions faisant la part belle aux mélodies pop, leurs invités de talent en pagaille. Le 3è opus de leur série de mixtapes voit le groupe partir pour un voyage interstellaire sur Terre. Très bien pensé et conçu, parfois même drôle, 'Strange Journey : Volume Three' est l'album hip-hop que j'aurais le plus écouté en 2014. Et de loin.



03. Pain Noir - st [MicroCultures]
Bien sûr, il y avait eu les trois chansons postées sur son bandcamp l'an passé, dont une m'avait renversé plus que tout (voir ici). Bien sûr, il y avait les albums sortis sous le nom St Augustine. Bien sûr. Mais pouvait-on imaginer que Pain Noir allait sortir un si bel album ? Qu'il allait tenir la longueur de 9 chansons ? Nous sommes beaucoup à l'avoir espéré secrètement, à avoir financé ce premier album sous le nom de Pain Noir, et resté interdit devant le résultat final. 
Ces 9 chansons folk (dans sa plus pure acception à savoir une musique solitaire, qui plonge dans l'intime au travers de beaux voyages) où François-Régis Croisier, avec une grande sensibilité et une voix posée qui sait se faire presque murmure quand le texte ou la musique le requiert, raconte des histoires du passé faites de mains calleuses, de travail aux champs et de villages engloutis. Musicalement épatant, très mélancolique, ce premier album de Pain Noir est assurément le disque le plus touchant de 2014.



02. We Are Catchers - st [Domino]
Incroyablement ignoré par la critique, ce premier album de Peter Jackson (aka We Are Catchers) est pourtant le plus beau disque sorti chez Domino en 2014, pourtant pas avare à ce niveau là.
Dans l'esprit du déjà très beau 'A Bad Wind Blows In My Heart' de Bill Ryder Jones (présent à la guitare et à la production), 'We Are Catchers' est essentiellement centré autour du piano. Souvent rythmé par un tambourin très présent, avec pleins de vocalises et autres chœurs rappelant la bande à Brian Wilson, et une production entre reverbs et échos, 'We Are Catchers' illumine depuis de nombreuses semaines mes journées de pop aux mélodies soignées et travaillées. Et a priori, ce n'est pas près de s'arrêter.



01. Dominique Dalcan - Hirundo [PIAS]
Découvert grâce à Ninie, 'Hirundo' est devenu chez moi, et en quelques écoutes, un classique, et pas seulement de cette année 2014. A première vue un bel album de chanson française, 'Hirundo' est surtout un disque qui croise le fer avec la pop, où les mêmes mélodies sorties par un groupe étrangers auraient eu les faveurs des médias. Entre tubes imparables (Transhumance, Sometimes) et moments délicats (La Clope au Bec) cet album de Dominique Dalcan est d'une beauté qui ne se dément pas. Il parait que le reste de sa discographie est du même acabit. J'aimerais bien pouvoir plonger dedans. Mais j'ai beau essayer, je n'arrive pas à détacher mes oreilles de cet 'Hirundo'. Évident album de l'année de votre serviteur.


Pour rappel :


Et comme le veut l'habitude, voilà un un lecteur streaming pour écouter une chanson de chacun des albums présentés ci-dessus. Parce que c'est tout de même plus pratique de mettre de la musique sur des mots. Bonne(s) écoute(s) !




vendredi 23 janvier 2015

Bilan 2014 : « Albums » (30-11)



Deuxième partie de ce bilan 2014, partie Albums s'entend. Après les disques classés de la 50è à la 31è place, voilà donc les 20 disques suivant, avant que dimanche, je ne vienne mettre un terme définitif à mon année 2014 avec le top dix.

Mais avant ça, comme toujours, voici quelques liens pour aller découvrir la sélection d'autres blogs ou site :


Quant à moi, ces 20 nouveaux disques présentés ci-dessous présentent des artistes perdus de vue depuis longtemps, des américains qui ne sont jamais aussi bons que quand ils ne sont pas sérieux, l'incarnation de la beauté musicale, des vieux toujours bruyants, des rescapés, des australiens sans raisin ni colère et deux bandes originales épatantes. Notamment.
Bref, c'est à découvrir et surtout à écouter (une chanson de chaque album présenté est en écoute en bas de l'article) ici.

Pour rappel :



30. God Help The Girl - Original Motion Picture Soundtrack [Milan]
Bande originale d'un film à la diffusion quasi-inexistante en France (9 salles à sa sortie, dont l'immense majorité à Paris), 'God Help The Girl' est le reboot de l'album de Stuart Murdoch de 2009, avec des passages du film entre chaque titre. Bien que l'original est très réussi, celui-ci, plus punchy et simplement plus pop, l'est tout autant. Et Emily Browning est impeccable dans un rôle de chanteuse.



29. James Yorkston - The Cellardyke Recording and Wassailing Society [Domino]
Dans un silence assourdissant, James Yorkston aura sorti un nouvel album. Et il est une nouvelle fois très beau. Folk délicat produit par Alexis Taylor d'Hot Chip, il se dégage de cet album une ambiance que James Yorkston sait rendre lumineuse que ce soit en quelques notes ou avec sa douce voix. Tout le monde ou presque s'en fout, comme à chaque fois, mais il faudra quand même un jour qu'on prenne le temps de s'arrêter sur les nouvelles sorties de James Yorkston, artiste dont le temps n'a - et n'aura sans doute jamais - de prise.



28. Alvvays - st [Polyvinl]
Alvvays ou sûrement ma révélation de l'année. Si comparaison n'est pas raison, celui qui m'a présenté le groupe comme la rencontre entre The Pains of Being Pure at Heart et Camera Obscura avait vu juste. Shoegaze et pop (presque twee) à la fois, ce premier album des canadiens (sorti l'an passé sur cassette, réédité à plus grande échelle cette année) a tout ce qu'il faut de mélodies, de guitares coquines et de mélodies impeccables.



27. Cheveu - Bum [Born Bad Records]
Découvert via '1000', il aura fallu 3 ans pour voir les français de Cheveu rajouter un troisième album à leur discographie. Et si l'ensemble est toujours aussi noisy, rock, il y a ce côté branleur (et qui leur va bien) qui a un peu disparu. Ici, on sent un 'Bum' carré, percutant, composé et produit à la perfection. Une histoire de maturité ? A dire vrai, on s'en fout un peu. Les chansons (et même les tubes !) sont là. Le reste...



26. Barzin - To Live Alone In That Long Summer [Monotreme]
Discrètement mais sûrement, le canadien Barzin continue son petit bonhomme de chemin dans l'indifférence la plus complète. Cinq ans après 'Notes to an Absent Lover' et toujours chez Monotreme, Barzin revient distiller son folk lumineux rempli de pop en composant des chansons belles à pleurer, le tout avec une production toujours très délicate.



25. Linda Perhacs - The Soul of All Natural Things [Asthmatic Kitty]
Il aura fallu donc 44 ans pour que Linda Perhacs sorte son 2è album, après son fabuleux 'Parallelograms', dont l'arrivée d'Internet lui aura permis de sauter aux oreilles du plus grand nombre, dont votre serviteur. 'The Soul of All Natural Things' reprend globalement les choses là où elle les avait laissées, continuant à chanter de cette si belle voix des chansons folk totalement habitées de fantômes du passé. Retour magnifique autant qu'inattendu.



24. Sun Kil Moon - Benji [Caldo Verde Records]
Dernièrement, je parlais avec un fan de Mark Kozelek et donc de Sun Kil Moon. Et il me disait que « Pour moi ce n'est pas le meilleur Sun Kil Moon et encore moins le meilleur Kozelek. Mais le gars est très inspiré en ce moment ». Pas assez fan de l'américain pour débattre à ce sujet, mais plutôt confiant quant à l'avis de mon ami, il n'en reste pas moins que 'Benji' est un album qui m'aura fait frissonner cette année. Longues mélopées folk, très introspectives, le disque est un bijou sombre. A écouter d'urgence.



23. Hauschka - Abandoned City [City Slang]
'Abandoned City' a des airs de disque d'un autre temps. Composé autour - évidemment - d'un piano que l'allemand Hauschka maitrise par dessus tout, ce disque fait l'étalage de sonorités répétitives, aux cordes de piano souvent heurtées mais jamais salies. Mélancolique autant que mélodieux, ce disque raconte musicalement les histoires de ces villes abandonnées. Quelle beauté.



22. Allo Darlin' - We Come From The Same Place [Fortuna Pop]
Le groupe d'Elizabeth Morris change de braquet. Et passe du twee-pop de ses débuts à une tonalité plus indie-pop. Alternant les chansons « à la Belle and Sebastian » et les titres plus enlevés (l'évident Bright Eyes), 'We Come From The Same Place' est une nouvelle belle réussite de la part des anglais d'Allo Darlin'. A priori, c'est sympa d'être amoureux.



21. The Notwist - Close to the Glass [City Slang]
Disons le tout de go : 'Close to the Glass' est peut-être le meilleur album à ce jour de The Notwist. Oui, même devant 'Neon Golden'. Rien de bien neuf sous le soleil, The Notwist continue à faire du Notwist. Mais le fait très bien : mélodies synthétiques, electro-pop joliment emballée, portée par la voix toujours éthérée de Markus Acher. Cerise sur le gâteau, ils en profitent pour composer un tube indie en puissance, le formidable Kong. Du tout bon.



20. Ty Segall - Manipulator [Drag City]
Si l'on ne prend en compte que sa discographie personnelle, Ty Segall a sorti (à l'âge de 27 ans) sept albums « officiels », auxquels il faut ajouter une pelletée de cassettes et d'autres projets parallèles. 2014 aura pourtant été assez calme vu que 'Manipulator' est le seul album de Ty Segall de l'année. Plus concis que ses prédécesseurs, ne laissant rien au hasard sur chacune des 17 plages, mélangeant aussi bien moments nerveux que plus pop, avec toujours comme comme métronome un psychédélisme que Ty Segall maitrise à merveille, 'Manipulator' est sans doute le meilleur album de l'américain. 



19. The Steinbecks - Kick to Kick [Matinée Recordings]
Grand fan de John Steinbeck devant l'éternel, je ne pouvais qu'aimer un groupe qui s'appelle The Steinbecks. Originaire d'Australie, le groupe sort avec 'Kick to Kick' son 4è album... en 20 ans, le premier qui atteint mes oreilles. Rock brinquebalant et pleins de ruptures, pop aux accents anglais, 'Kick to Kick' est le genre d'album qui semble avoir été écrit en 1992. Délicieux en tous points.



18. Will Stratton - Gray Lodge Wisdom [Talitres]
Découvert via le beau 'Post-Empire', Will Stratton confirme sur 'Gray Lodge Wisdom' tout le bien que je pouvais penser de lui. Cet album de folk travaillé, qui rappelle aussi bien The Tallest Man on Earth que David Ackles, s'ouvre d'ailleurs par une de mes chansons de l'année, sublime mise en bouche avant que notre homme déroule ses chansons avec doigté et d'une voix touchante. Peut-être le fait que Will Stratton a vaincu l'an passé un cancer confère encore plus de beauté à cet album. Et encore, ces 8 chansons n'ont pas besoin de cela pour toucher au plus profond.



17. Swans - To Be Kind [Young Gods]
Passé à côté de 'The Seer', album monstrueux que je n'ai jamais réellement su apprivoiser, 'To Be Kind' est une belle occasion de renouer avec les Swans de ce furieux de Michael Gira. Un album une nouvelle fois très long (plus de 2h) et qui lorgne plus du côté d'Angels of Light (un des projets parallèles de Michael Gira, qui n'a pas été réanimé depuis le superbe 'We Are Him') que précédemment. Plus « pop » (on est chez Swans), mais pas forcément moins sombre ou bruyant, l'ensemble est totalement enivrant.



16. Sage Francis - Copper Gone [Stange Famous]
Après quelques albums moyens portés par des singles ravageurs, Sage Francis retrouve de la consistance avec 'Copper Gone', cinquième album du barbu américain. Un disque percutant et lettré, porté par le flow le plus incisif du rap actuel, des mélodies piochant beaucoup dans la pop - tout en rendant tout de même hommage au hip-hop des années 90 (Thank You) - et un discours politique fort, comme souvent (le formidable Vonnegut Busy). 'Copper Gone' retourne aux bases de ce que Sage Francis a fait de mieux jusque là ('A Healthy Distrust'). Tant mieux.



15. Marissa Nadler - July [Sacred Bones]
Sorti chez Sacred Bones, orné d'une pochette magnifique, 'July' est un album qui voit l'américaine Marissa Nadler continuer à chanter et déployer ses chansons tristes. Folk aux contours psychédéliques, intelligemment produit (pas mal de reverb) qui confère à l'ensemble une atmosphère cotonneuse, 'July' est peut-être son meilleur album. Qui confirme une chose : Marissa Nadler est l'incarnation musicale de la beauté.



14. Jóhann Jóhannsson - McCanick OST [Milan Records]
Grosse année pour l'islandais avec la sortie de trois bandes originales : 'I Am Here', 'The Theory of Everything' (encensée aux derniers Golden Globes, ) et 'McCanick'. C'est cette dernière qui m'aura le plus séduit, même si les autres sont réussies également. Entre musique de chambre, partie plus ambiante, et montées échevelées, ce disque a même des airs d'album à part entière, tant il est cohérent. Mieux, Jóhann Jóhannsson rappelle sur cette BO de 'McCanick' qu'il est un compositeur formidable, le pendant islandais de Max Richter. On ne l'avait pas oublié certes mais une piqûre de rappel ne fait jamais de mal.



13. Parkay Quarts - Content Nausea [What’s Your Rupture?]
Non content de s'être révélé il y a un an avec 'Light Up Gold', les new-yorkais et leur rock lo-fi ont sorti un nouvel album, 'Sunbathing Animal' à la toute fin du printemps. Un disque de qualité, dans la lignée de 'Light Up Gold', mais presque trop sérieux pour eux. Mieux, sous le nom de Parkay Quarts, le groupe (réduit à 2 membres pour l'occasion) a sorti début décembre 'Content Nausea', un disque beaucoup plus barré que son prédécesseur, punk animé d'une douce folie. Et plus séduisant à mes oreilles. Ces gens là semblent insatiables. Profitons en, la jeunesse n'est pas éternelle.



12. Jeremy Messersmith - Heart Murmurs [Glassnote]
Entre tubes pop évident (It's Only Dancing, Tourniquet), chansons qui parlent d'amour, de déceptions et de ruptures (You'll Only Break His Heart), avec les fantômes des Beatles, d'Elliott Smith et d'Adam Green qui volent autour, Jeremy Messersmith aura composé 2014 son meilleur album. Sorti enfin sur une structure digne de ce nom, le meilleur semble à venir pour l'américain. Ce n'est que justice.



11. Damien Rice - My Favourite Faded Fantasy [Wea]
Damien Rice ou le retour que l'on n'espérait plus. Malgré un succès qui ne se démentait pas vraiment, il aura fallu huit ans à l'irlandais pour sortir son troisième album. Et l'attente valait le coup. Sublime de bout en bout, paré de soyeux arrangements, 'My Favourite Faded Fantasy' est une réussite totale. Beau à en pleurer, très touchant (It Takes a Lot to Know a Man), cet album est aussi et surtout rassurant : non, Damien Rice n'a pas perdu son mojo.


Pour rappel :
Bilan 2014 : « Albums » (10-01)


Comme promis, un lecteur streaming avec une chanson de chacun des albums présentés ci-dessus. Bonne(s) écoute(s) !




mercredi 21 janvier 2015

Bilan 2014 : « Albums » (50-31)



Si tout avait été normal, ce top albums de l'année 2014 aurait du voir le week-end du 10 janvier. J'avais pris un peu de retard après les top «formats courts » et « chansons ». Et puis il est arrivé ce qui est arrivé et j'avoue que j'ai eu du mal à encaisser le choc, comprendre et parler d'autres choses.

Mais bon, il faut bien repartir de l'avant. Quand bien même Cabu, Wolinski, Charb et les autres. Ainsi donc, passons maintenant à la partie consacrée aux meilleurs albums (selon votre serviteur évidemment) de 2014, le tout en trois parties comme le veut la tradition : du numéro 50 au 31, du numéro 30 au numéro 11. Et enfin les 10 premiers.

Avant cela, quelques liens de sites amis (ou non) sur lesquels je vais souvent poser mes yeux et mes oreilles :

Ainsi donc, après le top « 7", 12", Ep & Compilation » et le top « Chansons » (toujours en écoute), passons au top albums avec ces cinquante disques qui auront rythmés mon année de diverses façons.

Première partie aujourd'hui avec les 20 « derniers » (je n'aime pas ce terme tant ces 50 disques comptent tous pour moi), avec des groupes pop au futur succès public, un barbu en pleine renaissance, des japonais bruyants, un français eighties, des canadiens furieux, des écossais toujours brillant, un gallois excentrique et un lyonnais de Roubaix.

Au bas de chaque disque, vous trouverez un lien vers une chronique de l'album en question (d'ici mais souvent d'ailleurs) ainsi qu'un lien renvoyant vers un magasin en ligne au prix très compétitif pour acheter le disque. Car oui, écouter de la musique, c'est bien, acheter des disques c'est bien aussi.

Également, au bas de ce long papier, un lecteur multimédia présentant une chanson de chacun des albums présentés ci-dessous. Bonne(s) écoute(s). Et n'hésitez pas à rajouter vos tops en commentaires !

Pour rappel :



50. Black English - No [Arts & Crafts]
Jusqu'à peu, le groupe s'appelait 'No'. L'album 'El Prado'. Et puis une confusion avec un jeune groupe punk de Los Angeles a forcé le groupe à changer et à devenir les Black English. Découvert en première partie de Yann Tiersen il y a quelques mois de cela, Black English est un sextet, sorte de mélange entre The National (pour la voix profonde qui a quelques airs de Matt Berninger) et Coldplay (avant que ceux-ci aillent se prostituer auprès de tout ce qui existe de plus dégueulasse dans l'industrie musicale actuelle). Un premier essai consistant, déroulant régulièrement quelques chansons très efficaces. Le charisme du chanteur Bradley Hanan Carter aidant, on devrait entendre parler de ce groupe assez rapidement.



49. Arthur Beatrice - Working Out [Polydor]
Premier album pour ce groupe découvert il y a 2 ans en première partie de Beach House, Arthur Beatrice n'en finit pas de me séduire. On ne criera pas au génie, mais ce premier album des londoniens est dans la lignée de leur Ep de l'an passé. Pop, belles mélodies, ambiance ouatée, et quelques sonorités électroniques pour donner du corps à l'ensemble. Séduisant disais-je.



48. The War on Drugs - Lost in the Dream [Secretly Canadian]
Dans la foulée de Mark Kozelek, The War on Drugs est devenu le nouveau groupe qu'il est de bon ton de détester en 2014. Affublés de surnoms débiles comme « Dire Straits des années 2010 », les américains auront pourtant sorti un disque sûr de lui cette année. Évidemment les guitares trainent parfois en longueur, évidemment, il y a ici un côté rock héroïque. Mais les compositions et les chansons sont là. Et c'est quelqu'un qui chérit le live de Dire Straits 'On The Night' plus que de raisons qui vous le dit : il n'y a rien de Dire Straits dans cet album.



47. Twin Peaks - Wild Onion [Grand Jury]
Aveu terrible : je n'ai jamais jeté le début d'un œil sur Twin Peaks. Internet étant mon ami, j'aurais sans doute l'occasion prochainement de me rattraper, David Lynch ayant annoncé la reprise de sa série mythique pour 2016.
Le seul Twin Peaks que je connais vient de Chicago et est un quatuor d'indie rock aux allures de groupe punk. 'Wild Onion' est leur deuxième album (en 2 ans) ; avec seize chansons au programme. Rien de bien révolutionnaire mais une belle réjouissance à écouter les chansons courtes et concises (quatre seulement de plus de 3mns) de ce qui ressemble bien à de jeunes branleurs, mais talentueux.



46. Jessica93 - Rise [Teenage Menopause]
Avec son nom qu'on dirait tout droit sorti d'un chat caramail, Jessica93 n'a pourtant rien d'une gamine qui vous aurait accosté par un « ASV ? ». Geoffroy Laporte, l'homme qui se cache derrière Jessica93 (il fait tout), est plutôt du genre à balancer des pralines dans les oreilles de ses auditeurs. Entre shoegaze, cold-wave, boite à rythme et guitares bouclées. Avec le saint patronage des Cure.



45. Allah Las - Worship The Sun [Innovative Leisure]
Quatuor californien, Allah-Las aura confirmé en 2014 les jolis espoirs que l'on plaçait en eux il y a 2 ans à la sortie de leur premier album. Gardant la même ligne de conduite, les Allah-Las continue de plonger leur musique au sein des années 60, mélangeant habilement garage-rock et pop ensoleillée. Rétro sans l'être, les Allah-Las deviennent une valeur sûre.



44. Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra - Fuck Off Get Free We pour Light on Everything [Constellation]
Quatre ans après leur dernier album, deux ans après leur dernier Ep en date, la bande d'Efrim a enfin eu envie de donner de plus amples nouvelles. En résulte un 'Fuck Off Get Free We pour Light on Everything' puissant et porté par une chanson délicieuse et pleine de frissons dans la plus pure tradition Silverienne (What We Loved Was Not Enough). La reformation de Godspeed You Black Emperor semble les avoir remis dans le bon sens après un 'Kollaps Tradixionales' plutôt faiblard. Tant mieux.



43. I Love You But I've Chosen Darkness - Dust [Monopsone]
Deux albums et un Ep en 13 ans d'existence, on ne peut pas dire que les texans de I Love You But I've Chosen Darkness soient prolifiques. Ainsi, 8 ans après premier album 'Fear is On Our Side', voilà le retour du quatuor. Dans la droite lignée de son premier album. Post-punk toujours élégant, aux compositions entre gris clair et sombre obscur. Et avec toujours la même grâce.






42. Current 93 - I Am the Last of All the Field That Fell (A Channel) [The Spheres]
A l'instar de Michael Gira, David Tibet continue sa carrière avec grandeur et sans décadence. Auteur ces dernières années d'albums somptueux l'ayant remis en selle (voir ici ou ), David Tibet, ses Current 93 et sa pelletée d'invités (de Nick Cave à John Zorn en passant par James Blacksaw et Antony Hegarty d'Anthony and The Johnsons), remetten le couvert pour une nouvelle descente poétique dans les noirceurs de l'âme, avec de longues chansons (une moyenne de 6 minutes) avec le piano toujours et évidemment en pièce centrale. Sombrement beau.



41. Arandel - Solarispellis [InFiné]
Petit prodige français de l'électro mais très discret, on ne sait pas qui est Arandel. Mais ceci importe peu. Car 4 ans après un 'In D' envoutant, le voilà de retour, toujours chez InFiné, pour un hommage aux années 70.
Comme pour le précédent album, Arandel se donne une grande ambition : n'utiliser que des instruments classiques et autres synthés analogiques. Contrainte qui n'en est pas une tant ce nouvel album semble habité. Bien que différent, 'Solarispellis' n'est peut-être pas du niveau d''In D' mais on n'en est toutefois pas très loin.



40. Fear of Men - Loom [Kanine]
Indie-pop qui aime les guitares, Fear of Men est un groupe à côté duquel j'étais passé l'an passé. Rattrapage en 2014 avec 'Loom', deuxième album du quatuor de Brighton, très réussi, sorte de synthèse entre The Magnetic Fields et Broadcast sur beaucoup de titres. Décidément, ces jeunes anglais ont tout pour plaire.



39. Ought - More Than Any Other Day [Constellation]
Premier album pour les canadiens de Ought, et sortie directe chez Constellation, excusez du peu. Pétri d'influence (Talking Heads par ci, The Fall par là), 'More Than Any Other Day' est avant toutes choses un premier album décapant de post-punk aux morceaux longs et travaillés. Et quitte à faire une analogie bêtasse, je dirais que Ought est l'alter-ego post-punk de Clap Your Hands Say Yeah (évidemment, la voix y est pour beaucoup, mais quand même).



38. Avi Buffalo - At Best Cuckold [Sub Pop]
En 10 chansons (et 36 mns), Avi Buffalo fait sur son deuxième album 'At Best Cuckold' une belle revue de la pop actuelle ou tout au moins récente : du Death Cab for Cutie par-ci, du Elenaor Friedberger par là, et du Sufjan Stevens au milieu de tout cela (évident Overwhelmed with Pride). Le tout avec quelques élans hero-rock (Oxygen Tank, Memories of You) pas désagréables, mais surtout piano, cordes et cette belle voix, très haute et qui caresse les compositions. Joli classique de 2014.



37. Champs - Down Like Gold [PIAS]
Originaire de l'île de Wight où Dylan is Dylan et che Viva Donovan, les frères Champion (d'où le Champs) font dans la pop joliment ouvragée sans pour autant négliger quelques passages plus fok. Leur premier album 'Down Like Gold' est un beau premier jet qui devrait plaire à tous les amoureux de belle pop. Mieux, les deux frangins semblent être des rapides : leur prochain album est prévu pour dans quelques semaines.



36. Shellac - Dude Incredible [Touch & Go]
Sixième album pour le groupe de Steve Albini, Bob Weston et Todd Trainer. Et il aura fallu attendre 7 ans. Il faut dire que les Shellac prennent leur temps et surtout n'ont pas vraiment de plan de carrière arrêté et décident d'enregistrer quand l'envie est là. Tant mieux, car à chaque fois, le choc est aussi frontal que délicieux. Shellac ne change pas son fusil d'épaule. Et pond là un disque plus math rock que jamais, évidemment produit au cordeau.



35. MONO - The Last Dawn / Rays Of Darkness [Pelagic]
Difficile de dissocier ces deux albums - parus simultanément - de MONO, les 8è et 9è des japonais. Difficile car ils ne font véritablement qu'un. Que ce soit sur 'The Last Dawn' ou 'Rays of Darkness', pourtant présentés comme le yin et le yang, tout n'est que noirceur et mélancolie, comme toujours avec MONO, avec guitares aux riffs rageurs, fûts martelés avec précision et force, et même voix caverneuse. Mais les japonais savent s'adonner aussi au calme, certes sans volupté, avec des passages très Godspeed You ! Black Emperor (magnifique Surrender). Grands crus.



34. Amen Dunes - Love [Sacred Bones]
Damon McMahon (aka Amen Dunes) aura été une de mes découvertes de 2014. Sur son quatrième album 'Love', aidé de quelques Ice Age, Colin Stetson et d'Efrim de Thee Silver Mt. Zion, l'américain égrène ses chansons longues, folk et psychédéliques, lorgnant parfois même sur des titres plus rock. Ajoutez à cela une production pleine d'écho, et vous obtenez un disque obsédant.



33. Gruff Rhys - American Interior [Turnstile]
Existe t-il aujourd'hui un artiste comme Gruff Rhys ? Que ce soit sur cet album (ou l'histoire fantasmée de John Evans parti à la recherche du Prince Madoc, gallois qui aurait découvert l'Amérique 300 ans avant Christophe Collomb) ou sur scène (dans un show drôle, parfois même hilarant, où le gallois est capable de tenir un auditoire avec une simple gratte acoustique et quelques 45-tours), la question se pose clairement. Chapeau Mister Rhys.



32. The Twilight Sad - Nobody Wants To Be Here and Nobody Wants To Leave [Fat Cat]
Le meilleur groupe écossais depuis quelques années confirme qu'il est bien le meilleur groupe écossais depuis quelques années (je ne peux faire plus clair).  Sombre et nerveuse, leur musique l'est toujours autant, se déclinant en guitares rugueuses, batterie martelée avec un rythme implacable et basse métronome. Et non content d'avoir signé un des disques de l'année, ils peuvent se targuer d'avoir le plus bel artwork de 2014. Easy, comme souvent avec eux.



31. Eels - The Cautionary Tales Of Mark Oliver Everett [E Works]
En 1996, comme tout mon lycée, j'étais tombé en pâmoison devant le premier album de Eels, 'Beautiful Freaks', l'album au bébé avec des yeux énormes. J'avais suivi la suite de ses aventures d'un peu plus loin, avant de lâcher progressivement, lassé. Et puis est arrivé cet album, 'The Cautionary Tales Of Mark Oliver Everett'. Un disque d'une douceur et d'une noirceur à ne pas écouter quand le moral est dans les chaussettes. Mais un disque beau. Mais triste, on n'a pas idée.

Comme promis, un lecteur multimédia présentant une chanson de chacun des albums présentés ci-dessus. Bonne(s) écoute(s) !