Sondre Lerche et moi avons une relation compliquée. Non pas que le bonhomme n'a pas de talent ou qu'il ne m'a jamais intéressé. Mais ma rencontre avec lui n'a pas été source de joie, littéralement à mon corps défendant.
Quant en 2001 sort le premier album de Sondre Lerche, celui-ci a 19 ans. Le disque s'appelle 'Faces Down' et la chronique de Rock & Folk me pousse à l'acheter - ah, douce époque où on achetait un disque sur la foi d'un critique qui avait comme parole d'évangile dans nos yeux.
'Faces Down' était un bel album, Sondre Lerche y chantait bien, ses chansons étaient accrocheuses. Sauf que son écoute me mettait mal à l'aise. Mais pas par ses paroles ou les thèmes qu'elles abordaient. Non. Ce disque me mettait physiquement mal à l'aise. Comme si ses mélodies provoquaient une réaction chimique chez moi qui me faisait me sentir mal. Comme si les suites d'accords qu'il faisait sonner déplaisait à mon corps, à mon sang, à mon cerveau. Incroyable et très désagréable sensation contre laquelle je ne pouvais - et ne peux toujours - rien. A tel point que j'avais arrêté de suivre - ou si peu - les aventures discographiques du jeune norvégien.
Il y a quelques jours, j'ai appris que Sondre Lerche continuait à officier et qu'il venait de sortir son douzième album (le dixième studio), le sobrement intitulé 'Patience'. La fin d'une trilogie en "P" si j'ai bien compris, après 'Please' et 'Pleasure'. Indécis et sur la défensive, ces retrouvailles sans rendez-vous se sont finalement avérées plus que jubilatoires. Aucun malaise à l'écoute de ce disque, aucun sang qui bouillonne et pas de cerveau qui vous intime l'ordre d'arrêter l'écoute. Alternant chansons douces aux ambiances mélancoliques (I Love You Because It's True), titres enlevés et synthétiques (That's All There Is), presque bossa (Why Did I Write The Book of Love), rappelant jeremy messersmith sur bien des chansons (You Are Not Who I Thought I Was, I Can't See Myself Without You), 'Patience' est une grande réussite, à l'agencement intelligent, où les mélodies font mouche.
Porté par Why Would I Let You Go, chanson merveilleusement ouvragée et qu'il est difficile de ne pas écouter en boucle, ce disque de Sondre Lerche, avec l'amour et ses aléas comme thème principal, est un très bel album de pop sophistiquée, de mélodies lumineuses, d'arrangements léchés et travaillés. Il m'aura fallu 19 ans pour apprécier comme il se doit un disque de sa part. L'attente valait le coup. (Sortie : 5 juin 2020)
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'Patience' de Sondre Lerche est en écoute sur sa page bandcamp
'Patience' de Sondre Lerche est à l'achat sur sa page bandcamp
Trois morceaux de 'Patience' de Sondre Lerche en écoute aujourd'hui. A tout seigneur tout honneur, commençons par la très belle Why Would I Let You Go (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, YouTube et Qobuz), sublime composition et apogée du disque. Puis l'entrainant I Can't See Myself Without You. Et puis Are We Alone Now et son clavecin :
Pour finir, deux clips tirés de 'Patience' de Sondre Lerche, That's All There Is et Why Would I Let You Go :
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