Il n’est pas dit que l’histoire se répète pour Willow Avalon, fille de, comme son nom ne l’indique pas, Jim White, musicien américain à ne pas confondre avec son homonyme australien, artiste si ce n'est révéré dans ces pages, tout au moins largement estimé, tant il a joué dans des groupes (Dirty Three, Boxhead Ensemble ou plus récemment The Hard Quartet) ou travaillé avec des artistes (Nina Nastasia, Tanakh, Mark Kozelek, Jess Ribeiro, Phosphorescent, pour n’en citer que très peu) qui ont marqué l’auteur de ces lignes.
Fille d’un musicien indépendant, loin des spotlights et d’un succès colossal, on pourrait croire que la vie de Willow Avalon fut celle d’une enfant de la balle. Il n’en est rien. Comme le raconte très bien "How Jim White Helped His Bluebird Spread Her Wings", un long et excellent article de Max Blau du Sunday Long Read en juin 2020 (donc bien avant que notre héroïne du jour se lance dans le grand cirque musical), la vie de Willow Avalon n’a pas été simple et de tout repos. Une enfance compliquée suite au divorce de ses parents alors qu’elle était très jeune, une famille qui se déchire notamment autour de sa garde, un père au départ absent mais qui fait tout pour être le plus présent possible (sur son album de 2004 'Drill a Hole in That Substrate and Tell Me What You See', Jim White lui chantait tout l’amour qu’il lui portait sur le très beau Bluebird (son surnom) : « And I pulled you close and held you in my arms / Yes, salvation wears a thin disguise 'cause I can see the heaven in your eyes / And I thank God them years I searched were not in vain / Finally found someone to love more than the rain / Bluebird I love you more than the rain »), une adolescence compliquée faite de rebellions, d’incompréhension, de déménagements réguliers et soudains, d’indépendance sans doute prématurée et de choix de vie tendancieux pour subvenir à ses besoins (elle a loué ses services auprès d’hommes généreux pour qu’ils profitent de sa compagnie, sans pour autant, c’est à noter, que cela n’implique de relations sexuelles tarifées).
A l’âge adulte, Willow Avalon a trouvé l’apaisement. Elle a fini par faire la paix avec son père (de son côté, son père a fait la paix avec lui-même) et a pu se lancer dans la musique, chose qui l’a évidemment accompagnée toute sa vie et pour laquelle elle a quelques prédispositions. Quelques singles pour débuter, une signature (excusez du peu) chez Atlantic Records pour un premier Ep 'Stranger' en février de l’année dernière, puis quelques nouveaux singles marquants (Homewrecker, Tequila or Whiskey, Country Never Leaves) qui l’ont mis sur la carte de la country-pop américaine, genre en plein effervescence aux États-Unis, et enfin un premier album début janvier 2025, dont le titre 'Southern Belle Raisin' Hell' semble faire écho à son premier quart de siècle.
Porté par une belle pochette, bien plus naturelle, réelle et moins lisse que celles de ses singles précédents où elle apparaissait comme une poupée fabriquée par une IA lambda, 'Southern Belle Raisin' Hell' s’ouvre par Something We Regret et ces quelques vers : « I love you like sugar, you love me like sex, put us both together, we'll do something we regret ». Des mots et une mélodie endiablée qui posent le décor et résument à eux seuls la teneur de ce premier album : un disque de country, souvent pop, parfois folk, aux relents rock (la chanson titre Southern Belle Raisin' Hell) et mélancoliques, qui ne manque ni de grandes mélodies (les trois singles cités plus haut mais aussi le simple et touchant Want Me Now, The Actor et ses belles guitares et surtout Blue Bird, sans doute la meilleure chanson du disque, à l’amorce d’un classicisme banal mais que la mélodie, imparable et immédiate transcende) ni de textes malins, où Willow Avalon parle d'amour, de ruptures et d'abandon, d'alcool, de conneries de jeunesse, et chante d'une voix belle, lumineuse et un rien kinky.
En 2017, Jim White avait terminé son album 'Waffles, Triangles & Jesus' en enregistrant Sweet Bird Of Mystery, une chanson qu’il avait écrite pour sa fille vingt ans auparavant. Sur l’enregistrement, on peut entendre une très jeune Willow Avalon chanter quelques mots. Sur 'Southern Belle Raisin' Hell', cette dernière n'a pas l'air d'avoir fait appel à son père. Sans doute pour mieux s’émanciper de sa tutelle musicale, sans doute surtout pour garder cette indépendance qu’elle semble avoir chevillée au corps. Mais ce n'est que partie remise, tant il est évident que père et fille chanteront un jour ensemble, leurs univers musicaux et leur histoire personnelle faisant que. Et contrairement à beaucoup d'autres enfants d'artistes, ce jour là, il y a fort à parier que la star se sera la fille, Willow Avalon, dont le succès futur ne fait pas vraiment de doute à l'écoute de ce très réussi 'Southern Belle Raisin' Hell'. (Sortie : 17 janvier 2025)
Plus :
'Southern Belle Raisin' Hell' de Willow Avalon est en écoute un peu de partout ici
'Southern Belle Raisin' Hell' de Willow Avalon est à l'achat en vinyle ici
L'article "How Jim White Helped His Bluebird Spread Her Wings" de Max Blau publié sur Sunday Long Read en juin 2020, passionnant de bout en bout, est à lire ici.
Trois chansons de 'Southern Belle Raisin' Hell' de Willow Avalon en écoute aujourd'hui. Baby Blue pour débuter et sa ritournelle qui reste en tête (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis Something We Regret et son « I love you like sugar, you love me like sex, put us both together, we'll do something we regret ». Et enfin The Actor et ses belles guitares :
Le clip de Baby Blue, dernier single extrait de 'Southern Belle Raisin' Hell' de Willow Avalon :
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