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mardi 4 mars 2008

Nina Nastasia – On Leaving [Fat Cat]

Elle a le charme de ces femmes qui ont vu la vie ne pas leur faire de cadeaux. Elle a une discographie sans faille. John Peel la trouvait extraordinaire. Steve Albini est son producteur attitré. Elle a sorti des albums sur Touch&Go et Fat Cat - ce qui vous classe quand même un artiste. Elle est en tournée en France dans les jours qui viennent.

Et comme Nina Nastasia, malgré tout son talent, n’a jamais connu un début de commencement de notoriété, je me suis dis qu’il serait bien (et en quelques mots ; on m’a répété que mes chroniques étaient bien trop longues) de mettre en avant une telle artiste. Histoire de motiver – sait-on jamais – quelques uns à sortir ces jours prochains leurs oreilles pour une bien belle balade.

Car Nina Nastasia est une artiste à côté de laquelle il serait indécent de passer. Le genre de songwriter dont on se rendra compte de l’immense talent dans une quinzaine d’années, quand l’eau aura coulé sous les ponts et que toutes ses contemporaines auront disparues aussi vite qu’elles auront lassées.

Auteur de cinq albums (dont un très beau ‘You Follow Me’ l’an passé avec Jim White de Dirty Three), 'On Leaving' est son quatrième. Un disque à l’ambiance très particulière, qui tranche avec la noirceur de 'Run to Ruin', son troisième album. Ici, le schéma est plus classique : guitare-piano et une batterie effleurée de temps à autres.

Au-dessus, cette voix, mélange de fragilité et d’assurance, avec pleins de sentiments dans chaque intonation, qui fait une grande partie du charme de Nina Nastasia. Et puis cette production, au cordeau, d’une délicatesse folle, où le piano semble loin tout en étant proche, où l’arrivée des cordes est juste évidente, où la voix est placée au bon endroit au bon moment, où les quelques notes de guitare acoustique ont un effet immense sur l’auditeur. Bref, Steve Albini dans toute sa splendeur, au service de la miss.

'On Leaving' est un disque qui, aux premières écoutes je m’en souviens, m’avait pris à la gorge. J’en avais presque même eu les larmes aux yeux en écoutant le titre 11, Bird of Cuzco (voir plus bas), hommage à John Peel et à cette ville qui l’a vu mourir. Bref, j’en ai été retourné. Ce qui est fou, c’est que je pourrais dire la même chose de ses quatre disques précédents. D’ailleurs, pourquoi parler de cet album là et pas de ‘The Blackened Air’ ou son somptueux ‘Dogs’ (dont j’avais mis un titre en écoute ici). Et pourquoi pas d’ailleurs ?

Nina Nastasia donc. Une bien grande songwriter (il faut se pencher sur ses textes, qui ne respire certes pas toujours la joie de vivre, mais quand même), à la grâce infinie, de passage chez nous et qui vient de sortir un nouveau single, What She Doesn't Know issu lui aussi des sessions de ce 'On Leaving', plus que jamais recommandable. (sortie : 11 septembre 2006)

Nina Nastasia en tournée française :
06 mars: Epicerie Moderne, Feyzin (69)
07 mars: Emmetrop, Bourges
08 mars: Le Vauban, Brest
09 mars: Nouveau Casino, Paris
10 mars: YAMOY, Nantes
12 mars: Cave Aux Poetes, Roubaix

Son :
Myspace (5 titres en écoutes)

Deux morceaux, assez courts, mais qui veulent dire beaucoup. Cinq minutes en cumulé. Et pourtant, les frissons sont bien là. Si vous n’en chopez pas à l’écoute de Treehouse Song et Bird of Cuzco, vous n’êtes pas humains (malheureusement, plus en écoute).

mardi 25 mars 2025

Willow Avalon - Southern Belle Raisin' Hell [Assemble Sound / Atlantic]

Jordi Cruyff fut footballeur professionnel comme son père et joua lui aussi au FC Barcelone. Bronny James est aujourd’hui un joueur des Los Angeles Lakers, comme sa légende de père. Sean et Julian Lennon, Jakob Dylan ont tous suivi les voies tracées par leurs pères. Tous ont - ou font - carrière, sans grand succès, en n’ayant pas le dixième du talent de leurs paternels et en n’arrivant jamais à se départir de leurs écrasantes auras.

Il n’est pas dit que l’histoire se répète pour Willow Avalon, fille de, comme son nom ne l’indique pas, Jim White, musicien américain à ne pas confondre avec son homonyme australien, artiste si ce n'est révéré dans ces pages, tout au moins largement estimé, tant il a joué dans des groupes (Dirty Three, Boxhead Ensemble ou plus récemment The Hard Quartet) ou travaillé avec des artistes (Nina Nastasia, Tanakh, Mark Kozelek, Jess Ribeiro, Phosphorescent, pour n’en citer que très peu) qui ont marqué l’auteur de ces lignes.

Fille d’un musicien indépendant, loin des spotlights et d’un succès colossal, on pourrait croire que la vie de Willow Avalon fut celle d’une enfant de la balle. Il n’en est rien. Comme le raconte très bien "How Jim White Helped His Bluebird Spread Her Wings", un long et excellent article de Max Blau du Sunday Long Read en juin 2020 (donc bien avant que notre héroïne du jour se lance dans le grand cirque musical), la vie de Willow Avalon n’a pas été simple et de tout repos. Une enfance compliquée suite au divorce de ses parents alors qu’elle était très jeune, une famille qui se déchire notamment autour de sa garde, un père au départ absent mais qui fait tout pour être le plus présent possible (sur son album de 2004 'Drill a Hole in That Substrate and Tell Me What You See', Jim White lui chantait tout l’amour qu’il lui portait sur le très beau Bluebird (son surnom) : « And I pulled you close and held you in my arms / Yes, salvation wears a thin disguise 'cause I can see the heaven in your eyes / And I thank God them years I searched were not in vain / Finally found someone to love more than the rain / Bluebird I love you more than the rain »), une adolescence compliquée faite de rebellions, d’incompréhension, de déménagements réguliers et soudains, d’indépendance sans doute prématurée et de choix de vie tendancieux pour subvenir à ses besoins (elle a loué ses services auprès d’hommes généreux pour qu’ils profitent de sa compagnie, sans pour autant, c’est à noter, que cela n’implique de relations sexuelles tarifées).

A l’âge adulte, Willow Avalon a trouvé l’apaisement. Elle a fini par faire la paix avec son père (de son côté, son père a fait la paix avec lui-même) et a pu se lancer dans la musique, chose qui l’a évidemment accompagnée toute sa vie et pour laquelle elle a quelques prédispositions. Quelques singles pour débuter, une signature (excusez du peu) chez Atlantic Records pour un premier Ep 'Stranger' en février de l’année dernière, puis quelques nouveaux singles marquants (Homewrecker, Tequila or Whiskey, Country Never Leaves) qui l’ont mis sur la carte de la country-pop américaine, genre en plein effervescence aux États-Unis, et enfin un premier album début janvier 2025, dont le titre 'Southern Belle Raisin' Hell' semble faire écho à son premier quart de siècle.

Porté par une belle pochette, bien plus naturelle, réelle et moins lisse que celles de ses singles précédents où elle apparaissait comme une poupée fabriquée par une IA lambda, 'Southern Belle Raisin' Hell' s’ouvre par Something We Regret et ces quelques vers : « I love you like sugar, you love me like sex, put us both together, we'll do something we regret ». Des mots et une mélodie endiablée qui posent le décor et résument à eux seuls la teneur de ce premier album : un disque de country, souvent pop, parfois folk, aux relents rock (la chanson titre Southern Belle Raisin' Hell) et mélancoliques, qui ne manque ni de grandes mélodies (les trois singles cités plus haut mais aussi le simple et touchant Want Me Now, The Actor et ses belles guitares et surtout Blue Bird, sans doute la meilleure chanson du disque, à l’amorce d’un classicisme banal mais que la mélodie, imparable et immédiate transcende) ni de textes malins, où Willow Avalon parle d'amour, de ruptures et d'abandon, d'alcool, de conneries de jeunesse, et chante d'une voix belle, lumineuse et un rien kinky.

En 2017, Jim White avait terminé son album 'Waffles, Triangles & Jesus' en enregistrant Sweet Bird Of Mystery, une chanson qu’il avait écrite pour sa fille vingt ans auparavant. Sur l’enregistrement, on peut entendre une très jeune Willow Avalon chanter quelques mots. Sur 'Southern Belle Raisin' Hell', cette dernière n'a pas l'air d'avoir fait appel à son père. Sans doute pour mieux s’émanciper de sa tutelle musicale, sans doute surtout pour garder cette indépendance qu’elle semble avoir chevillée au corps. Mais ce n'est que partie remise, tant il est évident que père et fille chanteront un jour ensemble, leurs univers musicaux et leur histoire personnelle faisant que. Et contrairement à beaucoup d'autres enfants d'artistes, ce jour là, il y a fort à parier que la star, ce sera la fille, Willow Avalon, dont le succès futur ne fait pas vraiment de doute à l'écoute de ce très réussi 'Southern Belle Raisin' Hell'. (Sortie : 17 janvier 2025)

Plus :
'Southern Belle Raisin' Hell' de Willow Avalon est en écoute un peu de partout ici
'Southern Belle Raisin' Hell' de Willow Avalon est à l'achat en vinyle ici
L'article "How Jim White Helped His Bluebird Spread Her Wings" de Max Blau publié sur Sunday Long Read en juin 2020, passionnant de bout en bout, est à lire ici.

Trois chansons de 'Southern Belle Raisin' Hell' de Willow Avalon en écoute aujourd'hui. Baby Blue pour débuter et sa ritournelle qui reste en tête (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis Something We Regret et son « I love you like sugar, you love me like sex, put us both together, we'll do something we regret ». Et enfin The Actor et ses belles guitares :



Le clip de Baby Blue, dernier single extrait de 'Southern Belle Raisin' Hell' de Willow Avalon :

lundi 3 juin 2024

[Track of The Day] Jess Ribeiro - The Trees and Me

Il y a quelques semaines de cela, l'australienne Jess Riberio était venue ouvrir la soirée pour les américains de Widowspeak au Sonic. Elle venait tout juste de publier 'Summer of Love', son quatrième album (le premier en cinq ans), dont elle avait déroulé les chansons, seule, à la guitare, devant un public bien peu concerné - vous savez celui qui dans ces moments là se croit toujours obligé de discuter en hurlant le plus fort possible. Forcément, le set très linéaire n'avait pas été renversant ni mémorable mais l'australienne s'en était plutôt bien sortie vu le contexte.

Pourtant, ce serait une erreur de s'arrêter à cette prestation compliquée. Car l'ancienne choriste de Nick Cave sur la tournée 'Push The Sky Away' et 'Summer of Love' valent bien mieux que ça. Un disque folk dans l'esprit mais qui, avec ses batterie (Jim White de Dirty Three est à la manœuvre, excusez du peu), basse, clavier, saxophone et autres percussions, ne se résume pas à une Jess Ribeiro enchainant les morceaux, seule à la guitare. 

Né dans la douleur (les deux dernières années de l'australienne n'ont pas été simples), enregistré avec nombre d'artistes, certes, mais pour la plupart à distance, porté par une excellente production, assez sombre, un rien étouffante parfois, et surtout la belle voix de Jess Ribeiro, presque discrète et qui semble ne vouloir chanter que pour nous, 'Summer of Love' fait partie de ces albums superbes et divinement mélancoliques où la vie n'est pas toujours belle ni évidente, mais dont les mélodies et les chansons le sont, elles. De toutes celles-ci, on relèvera le sublime The Trees and Me (en écoute aujourd'hui), son piano lugubre et enveloppant, et sa progression orchestrale qui, touche par touche, fait de cette chanson une beauté sidérante.

Album : Summer of Love
Année : 2024
Label : Poison City Records / Labelman

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En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, The Trees and Me de Jess Ribeiro est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson très recommandée de 'Summer of Love' de Jess Ribeiro, voilà Everything Is Now :

Le clip de Summer of Love, la très belle chanson titre de ce nouvel album de Jess Ribeiro :

mardi 3 juin 2025

[Track of The Day] Mess Esque - Crow's Ash Tree

A ma gauche, Helen Franzmann, chanteuse australienne plus connue sous le nom de McKisko. A ma droite, Mick Turner, un des trois larrons de Dirty Three, groupe qu'on ne présente plus. A eux, ils forment Mess Esque, duo au nom bizarre (on dirait un jeu de mots) qui vient de publier 'Jay Marie, Comfort Me', son troisième album.

Un disque de de pop-folk rêveuse et évanescente, faussement inégal et qui se révèle vite être plutôt un disque de trainard où le jeu de Mick Turner fait merveille, où la voix d'Helen Franzmann est d'une beauté renversante, aussi délicate, touchante, timide, éthérée que pleine de mélancolie, où la présence de nombreux invités (dont Jim White, évidemment à la batterie) et les orchestrations chiadées qui en découlent apportent le cachet et la touche en plus pour sublimer leurs compositions, et où leurs mélodies, d'apparence monotones, recèlent de véritables petit bijoux. Au premier rang desquels That Chair et Crow's Ash Tree (en écoute aujourd'hui), les deux chansons pivot du disque (l'une ferme la face-A, l'autre ouvre la face-B), dilettantes autant que superbes à leur façon et dont l'esprit de liberté semble infini.

Album : Jay Marie, Comfort Me
Année : 2025
Label : Forgotten Song Records / Drag City

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Crow's Ash Tree de Mess Esque est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson tout à fait remarquable de 'Jay Marie, Comfort Me' de Mess Esque, voilà That Chair :

Le clip de Crow's Ash Tree, un des singles extraits de 'Jay Marie, Comfort Me', nouvel album de Mess Esque :