Quand même, Sonic Youth… quel groupe. Entre sa longévité (plus de 20 ans), sa stabilité (même line-up des débuts ou presque, Shelley arrivant dès 1985), des choix artistiques convaincants et convaincus, une influence énorme sur tout un pan des groupes d’aujourd’hui, et des albums toujours aussi intéressants, année après année (bon, on ne va pas se mentir, il y a quand même quelques ratés ici, là et même dans le coin aussi. Mais on est sympa, on passe l’éponge), la bande à Lee Ranaldo confirme année après année son statut de groupe culte.
Et comme ça ne leur suffit pas, les new-yorkais réussissent même en solo, là où tant et tant ont fait tanguer une aura et une carrière suite à des décisions artistiques douteuses et des promesses d’ego hypertrophiés. Dernièrement, c’est le père Thurston Moore qui s’y est collé avec son deuxième album solo, 'Tree Outside The Academy'.
Un disque qui déjà débute bien : la pochette est belle. Très belle. Basique, classique et sans génie certes. Mais belle. Tout simplement. Et en cette année 2007 peu gourmande en matière d’artwork de qualité, cela méritait d’être souligné.
La liste des invités fait aussi énormément envie. Si l’on retrouve de façon logique Steve Shelley à la batterie (compagnon de route un jour, compagnon de route toujours), la présence de Jay Mascis est une vraie surprise, lui qui depuis quelques mois a retrouvé le feu sacré au bout des doigts avec la reformation plus que réussie de ses Dinosaur Jr.. Leslie Keffer, de Charalambides (dont on reparlera du nouvel album bientôt dans ces pages) est là elle aussi. Tout comme la talentueuse Samara Lubelski au violon qui apporte une touche féminine, qui rend l'anodin beau (Fri/End, qui aurait été sans elle un morceau sans saveur) en mélodicisant un peu plus le tout.
Mais de mélodies, ce 'Tree Outside The Academy' n’en manque pas. Thurston Moore nous sort quelques compositions pas piqués des vers, qui n’auraient pas fait tâche sur les derniers albums du groupe (le titre éponyme par exemple, Honest James, Frozen Gtr), fait riffer Jay Mascis comme jamais (Wonderful Witches avec ce jeu reconnaissable entre mille) et s’applique à s’éloigner de l’œuvre de son groupe originel en se rapprochant d’un son plus folk-pop (bien évidemment, on est chez un membre de Sonic Youth, donc tout est relatif) en utilisant massivement l’alliage guitare acoustique/violon qui fait des ravages tout au long de l’album. Et puis il y a cette voix, ce grain si particulier qui a fait beaucoup, quoiqu’on en dise, sur la carrière du groupe.
Élevé au noise, Thurston Moore ne peut pas s’empêcher de planter ici quelques banderilles bien énervées, pour le plaisir (principalement à la fin de l’album). Et de conclure son disque par un enregistrement de lui à 13 ans. Une piste complètement décalée avec le reste, sans musique. Juste la voix du jeune Thurston expliquant à l’auditeur ce qu’il est en train de faire : ‘What you’re about to hear is the scissors snapping away at random… There!’. Un morceau inutile, sans saveur. Mais qui en dit beaucoup sur le bonhomme, ses idées, son imaginaire.
Et qui signifie aussi que cet homme là, bien qu'à la tête du plus grand groupe des trente dernières années, n’a pas fini d’avoir des choses à nous dire. Ce 'Tree Outside The Academy' très réussi en est la preuve la plus éclatante. Un disque pas forcément fondamental mais diablement passionnant. (Sortie : 18 septembre 2007)
Deux morceaux en écoute, comme à chaque fois. Deux petits bijoux, Fri/End et Wonderful Witches (malheureusement plus en écoute).
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