En 1992, The Wedding Present avait l'idée un peu saugrenue mais réjouissante de publier chaque mois de l'année un 45-tours comprenant un nouveau single en face-A et une reprise en face-B. Un concept qui leur avait permis de classer chacun de ces singles dans le classement des meilleures ventes en Angleterre, égalant le record d'alors d'Elvis Presley.
Vingt-huit ans plus tard, David Gedge et ses Wedding Present remettent ça avec leur projet '24 Songs'. L'idée est ici la même : douze 45-tours, un pour chacun des mois de l'année 2022, avec cette fois, non pas douze mais vingt-quatre compositions originales.
Et pour ainsi dire, cela commence plutôt bien avec We Should Be Together, la face-A du single de janvier. Une chanson qui faisait partie des deux inédits qu'on avait pu découvrir l'an passé sur l'album 'Locked Down and Stripped Back'- qui voyaient Gedge et ses nouveaux Wedding Present reprendre des classiques (ou non) du groupe mais en s'enregistrant chacun chez soi. Un titre avec évidemment de belles guitares (et si reconnaissables d'ailleurs), où David Gedge invite Louise Wener, la chanteuse des brit-popeux de Sleeper, à venir partager le micro avec lui, pour un résultat très pop et séduisant, où l'alchimie est de mise. Un lancement de projet très réussi donc. M'est avis qu'on devrait écouter pas mal de nouvelles chansons des Wedding Present dans ces pages en 2022...
Album : We Should Be Together / Don't Give Up Without A Fight 7" Année : 2022 Label : Clue Records
Éloignons nous un instant des États-Unis, de l'Angleterre et des quelques autres contrées qui peuplent habituellement ces pages et continuons ce tour du monde entamé il y a bientôt 15 ans en partant découvrir aujourd'hui un groupe d'Indonésie. Il se nomme The Bunbury, est originaire de la ville de Yogyakarta (Java) et est composé de cinq membres. Un groupe qui après quelques singles l'an passé vient d'ouvrir l'année avec sa première sortie, 'Alius Malicious Ep'.
Au programme, moins de musique indonésienne (ou disons plutôt de l'image que je me fais de la musique indonésienne) qu'une indie-pop occidentale où le shoegaze affleure. Car avec avec son chant en anglais, ses guitares jamais fatiguées et l'énergie de
ses compositions, il y a autant d'influences anglaises qu'américaines dans les compositions de The Bunbury.
De cet Ep sacrément efficace et réussi, on retiendra notamment Blue Haze (en écoute aujourd'hui), superbe chanson aux allures de tube, où l'on croirait entendre les enfants qu'auraient eu The Pains of Being Pure at Heart et Puressence. Pas surprenant que je sois tombé sous le charme.
Album : Alius Malicious EP Année : 2022 Label : La Munai Records
Yard Act ou la nouvelle sensation venue d'outre-manche. Sensation est peut-être un peu fort mais le buzz autour de ce quatuor de Leeds est réel, à tel point qu'ils sont sur le point d'être numéro 1 des ventes la semaine de la sortie. Pas rien.
Pour autant, j'avoue être passé à côté de leur premier 'Dark Days Ep' l'an passé qui ne m'avait pas marqué. Comme je passe à côté de 'The Overload', leur premier album donc. Un disque de post-punk sympathique mais au final assez inoffensif et pas franchement passionnant, à qui il manque avant tout, et c'est dommage, de vraies chansons. Pour autant, on retiendra tout de même la chanson titre - et d'ouverture - The Overload, puissant single qui lançait très bien les hostilités avec ce chant si anglais et ce refrain. Ce n'est pas tout ce qu'il y a à picorer dans cet album (soyons honnêtes), mais c'est tout de même pas loin d'être l'essentiel.
Album : The Overload Année : 2022 Label : ZEN F.C. / Island Records
Acheter
En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, The Overload de Yard Act est également en écoute ci-dessous :
Les Lewsberg auraient-ils décidé de passer la vitesse supérieure ? Après deux très beaux premiers albums sortis sur leur propre structure, voilà les néerlandais signer sur leur premier label, les anglais de Speedy Wunderground. Au programme (pour l'instant ?), un premier 45-tours, 'Six Hills'. Tout court : en face-A, la partie 1, en face-B la deux.
Mais au-delà de ces considérations presque administratives, c'est la production de Six Hills qui surprend : puissante, carrée, elle frappe d'entrée. C'est Dan Carey qui est derrière tout cela. Un producteur anglais qui a produit pléthore de disques dont les plus connus se nomment 'Tonight: Franz Ferdinand', 'Bright Green Field' de Squid, les albums de Fontaines D.C. ou encore 'Schlagenheim', le premier Black Midi.
Carey est aussi un des trois fondateurs de Speedy Wunderground. Mais surtout, son travail sied totalement à ces Lewsberg qui semblent vouloir s'émanciper de leurs premières aventures et de cette production capitonnée, parfois brumeuse, qui leur convenait pourtant parfaitement. Car Six Hills est un formidable single, porté par une mélodie toute Lewsberg-ienne et reconnaissable entre mille, une rythmique rigide et hypnotique, bien mise en avant, et des guitares noisy qui s'écharpent dans le fond. Bref, le Lewsberg 2.0 est sur le point de débarquer, et cette chanson en est la preuve éclatante.
Album : Six Hills 7" Année : 2022 Label : Speedy Wunderground
Parmi les innombrables groupes à côté desquels je suis toujours passé, voilà un concurrent sérieux : La Maison Tellier. Groupe français originaire de Rouen et qui a derrière lui une carrière de quinze ans et six albums (plus un live), je n'ai, je crois, jamais posé mes oreilles sur leurs productions, quand bien même celles-ci, pleine de folk, de pop et de cuivres avait tout pour me plaire. Et tout ceci, sans raison : j'ai juste toujours remis mes écoutes à plus tard. Et plus tard est aujourd'hui.
Je ne sais pas si l'attente a joué un quelconque rôle dans mon appréciation, mais cette première rencontre est absolument divine. Car Atlas, premier single de leur album du même nom à venir début mars prochain, est de ces merveilles qui vous saisissent instantanément par quelques notes de guitare, par la finesse des arrangement, par des cuivres qui savent apporter tout en discrétion et en évitant d'être omnipotents. Une chanson majuscule, où derrière un certain côté Dominique A et quelques élans vocaux qui rappellent Bertrand Cantat, il y a surtout un groupe majestueux qui déroule une americana d'une beauté renversante. En un mot comme en cent : magnifique.
Dire que j'aime ces gens serait sans doute en dessous de la vérité. Véritable révélation au mitan des années 2000 via des albums formidables ('Advice From The Happy Hippopotamus', 'Feel Good Ghosts (Tea-Partying Through Tornadoes)') ou extraordinaires et essentiels ('The Meaning of 8', pour moi un des monuments des 2000s, peut-être le meilleur album d'indie de cette décennie là), des singles incroyables (combien y a-t-il eu de meilleures chansons dans cette première décennie de millénaire que No One Said It Could Be Easy ? Quatre ? Cinq tout au plus ?), les Cloud Cult manquaient. Alors oui, certains de leurs derniers efforts étaient en deçà de leurs bijoux précédents, mais il y avait toujours de quoi satisfaire ses envies de pop bien achalandées, à la mélancolie bien troussée.
Les voir revenir avec un nouvel album, sans crier gare, six ans après un réussi 'The Seeker' me met en joie. Le disque s'appellera 'Metamorphosis', sortira le 4 mars prochain, toujours sur leur propre label, Earthology Records. En guise de mise en bouche, la bande à Craig Minowa a lancé One Way Out of a Hole, un morceau dans un style tout à fait Cloud Cult-ien. Une chanson qui pue la pop par tous les pores, la mélodie qui s'attache, l’orchestration qui s'emballe et la rythmique qui emballe. Hymne au besoin vital d'apprendre à se perdre et de ne pas suivre le chemin qu'on a tracé pour nous, cette chanson est un petit bonheur. Couplez cela à l'annonce du retour du groupe aux affaires, et vous comprendrez mon émoi. Vous ai-je dit que j'aime ces gens ?
Album : Metamorphosis Année : 2022 Label : Earthology Records
Cette dernière semaine, je l'ai passé en compagnie d'Elliott Smith. A poncer et re-poncer sa discographie en long, en large et en travers, histoire de ne pas oublier à quel point il fût un grand compositeur (et à quel point, des chansons comme Waltz #2 (XO), Can't Make A Sound et autre No Name #2 sont des bijoux indémodables de la pop des trente dernières années).
Il n'est donc pas étonnant de commencer cette semaine avec Without You, une des trois chansons du dernier EP des américains de Best Move, vu qu'il y a un je ne sais quoi d'Elliott Smith dans cette composition. Pas de quoi en faire la pierre angulaire des influences de ce trio californien venu de Sacramento et pas avare en sortie en 2021 (deux Ep dont celui-ci et un single), mais tout de même.
Without You ouvre 'Joe Wants to Go to the Beach. Ep', qui compte trois chansons n'ayant pas passé le cut de leur premier Ep 'Mirror Image Twins', sorti quelques mois plus tôt. Un choix sévère d'ailleurs tant Without You (mais aussi I'm Trying to Suppress Your Love) sont de belles réussites, simples et mélancoliques. De bon augure avant la sortie d'un probable premier album.
Album : Joe Wants to Go to the Beach. Ep Année : 2021 Label : Park The Van Records
Comme pour mieux prolonger l'histoire de leur retour discographique très réussi l'an passé, Malcolm Middleton et Aidan Moffat vont publier en mars prochain un 45-tours avec deux chansons évincées au dernier moment de 'As Days Get Dark'. Deux titres qui n'ont pas passé le cut final mais qui valent le détour, comme le dit joliment Aidan : « a couple of black sheep who might not click with the rest of the family but, even though they aren't very happy, are still worth a cuddle » (« deux moutons noirs qui dénotent sur la photo de famille mais qui, bien que pas très heureux, méritent tout de même un petit câlin »)
Un premier morceau vient d'être dévoilé. Il s'appelle Aphelion et à dire vrai, il aurait effectivement un peu dénoté dans 'As Days Get Dark', avec ses accents slowcore qui appelle plus au Arab Strap des débuts. Pour autant, il est sacrément réussi. Et sombre comme on aime.
Album : Aphelion /Flutter 7" Année : 2022 Label : Rock Action Records
Après quelques jours de break le temps de finir de digérer l'année 2021 et ses réussites musicales (pour ceux qui seraient passés à côté, j'ai tenté de tirer un bilan de l'année écoulée en quatre parties : les 15 meilleurs 45-tours, Ep, rééditions et autres compilations, les 40 meilleurs albums en deux parties, ici et là, et enfin les 50 meilleurs morceaux de l'année), remettons nous à la recherche de ce chapeau perdu depuis bientôt 15 ans et lançons 2022 comme il se doit avec une première chanson de choix.
Elle est l’œuvre de Rosie Thomas, artiste pas croisée depuis le réussi 'These Friends of Mine' en 2007, dont le prochain disque sortira en avril prochain. Il s'intitule 'Lullabies For Parents Vol. 1', sera un Ep centré (je vous le donne en mille) autour de la parentalité. Au programme, cinq chansons, dont deux reprises : Always Be My Baby de Mariah Carey et All Is Full of Love de Bjôrk, qui vient d'être dévoilée (en écoute aujourd'hui).
De l'originale ou du remix d'Howie B qui fermait 'Homogenic', Rosie Thomas en fait une version pop-folk et mélancolique, qui prend de l'ampleur tout du long grâce aux choeurs, tout en canon, assurés par une ribambelle d'amis et pas les moins célèbres et/ou talentueux : Iron & Wine, The Shins ou Dawn Landes, parmi tant d'autres. Liste à laquelle on n'oubliera pas d'ajouter les amis de longue date Sufjan Stevens et Denison Winter. Du beau linge en somme pour une belle reprise, prenante à souhait. Parfait donc pour débuter l'année 2022 sur ces pages. Année que je vous souhaite la plus douce possible.
En plus des playlists Spotify, Deezer et YouTube, la reprise de All is Full of Love de Björk par Rosie Thomas est également en écoute ci-dessous :
Autre chanson extraite de 'Lullabies For Parents Vol. 1 Ep', voilà It'll Be Alright :
Et pour ceux qui auraient oublié l'originale de Björk, la voici via son célèbre clip (uniquement visible sur Youtube, vous comprenez, deux robots qui font l'amour, c'est choquant) :
Ayé, nous sommes en 2022. Pas dit que l'année prochaine soit formidable, loin de là. Elle a même tout pour être de même nature que sa devancière. Pour autant, on ne pleurera pas la disparition dans les limbes de 2021, année affreuse s'il en est et qui aura réussi à faire pire que 2020, ce qui n'est pas rien.
Musicalement en revanche, quelle année ! Comme déclinée sur les trois premières parties de ce bilan annuel, 2021 fut un grand cru à mes oreilles. Des disques absolument merveilleux. Des claques prises plus souvent qu'à mon tour. Et des chansons, mes aïeux, je ne vous en parle même pas.
Mais avant d'aller plus loin et de détailler ce Top 50 des meilleurs morceaux de l'année, regardons une nouvelle fois ce que les copines, copains et autres voisins ont tiré de cette année 2021 :
Nous disions donc 50 chansons. Cinquante morceaux qui auront passé leur temps dans mes oreilles, certains en partant pour mieux y revenir encore plus puissant. Le numéro 1 a été évident du moment où j'ai posé mes oreilles dessus (je vous conseille d'ailleurs de regarder le clip, d'une classe et d'une beauté folle). Le numéro 2 est un titre fou, du post-punk qui finit comme en électro. Quant à la troisième marche du podium, c'est la plus belle chanson française de l'année, sans conteste possible (et qui ouvre un album qui a raté le cut d'un rien de mon top album). Le reste ? Des chansons presque du même acabit, avec beaucoup de guitares, de la pop dans tous les sens, des vieux sur le retour qui font dans le cliché mais qui le font bien, quelques petites douceurs dont je n'arrive pas à me lasser et quelques tubes sur lesquels on dansera encore dans vingt ans. Bref, cinquante titres. Cinquante chansons. A découvrir ci-dessous.
Et évidemment, au bas de ce classement, des lecteurs Spotify, Deezer et Youtube pour écouter - et voir - ces 50 chansons. Bonne lecture et surtout, bonne écoute !
Et vu que lire ce top sans écouter les chansons en question n'aurait pas d'intérêt, ci-dessous, non pas un, non pas deux mais trois lecteurs ! Un chez Spotify, un chez Deezer et un chez Youtube (qui permettra notamment de voir le clip aussi formidable que la chanson d'Introvert de Little Simz). Bonnes écoutes !