Il aura donc fallu du temps à Beth Gibbons pour enfin se mettre en selle et en scène seule, vingt-deux après 'Out of Season' et seize ans après 'Third', dernier album en date de Portishead, dont elle est l'éminente voix. Mais l'attente valait n'était pas veine tant ce disque est d'une grande beauté ; et qui a le bon goût de ne pas se dévoiler à la première écoute. Car si les orchestrations chiadées vous agrippent l'oreille immédiatement, si ces violons ivres vous renversent d'un coup d'un seul (sublime Burden of Life), si la voix de Beth Gibbons est caressante et d'une justesse évidente, il y a dans ce 'Lives Outgrown' un ensemble de petits détails qui restent à découvrir, qui se révèlent un à un (notamment l'épatant travail sur la rythmique), à la grâce d'une production très sûre de James Ford et Lee Harris (l'ancien batteur de... Talk Talk, décidément), qui met la voix et les compositions de l'anglaise dans une très belle lumière, un rien tamisée mais à l'effet irrémédiablement doucereux et faussement cotonneux.
Plus : Beth Gibbons était en concert ce lundi 27 mai à la Salle Pleyel, à Paris. Un live à découvrir et écouter sur le site de France Inter.
Edit : Review du concert de Beth Gibbons à la Bourse du Travail de Lyon le vendredi 31 mai 2024
Beth Gibbons était donc hier soir à la Bourse du Travail à Lyon. Salle pleine, public hétéroclite (mais pas très jeune) et à l’écoute de la reine. Pour profiter au maximum, j’avais essayé d’en savoir le moins possible sur son début de tournée, en zappant notamment tout ce qui avait été dit et écrit sur son concert à Pleyel quelques jours avant à Paris (les setlist, évidemment la diffusion du concert sur Inter, etc). Hé bien quelle claque. Mais quelle claque.
Un concert d’une beauté invraisemblable. Elle, réservée, concentrée sur son chant. Et le groupe autour d’elle, absolument merveilleux de justesse et de talent, tout à fait à son service. Tout 'Lives Outgrown' y est passé (quel disque), deux chansons de 'Out of Season' (et évidemment pas les plus laides : Mysteries et Tom The Model). Et en rappel Roads. On me dit dans l’oreillete que le concert diffusé par France Inter ne contient pas Roads car Beth Gibbons et son équipe ne trouvaient pas que la version était satisfaisante. Je ne sais pas ce qu’ils ont pensé de la version d’hier soir, mais ca a été l’apothéose pour moi. Le point de bascule qui fait passer un concert merveilleux en concert exceptionnel.
Au final, ma seule déception c’est de n’avoir payé que « 38.5€ ». J’étais placé dans les balcons à droite de la scène et pour la première fois de ma vie, je regrette de ne pas avoir mis les 25€ supplémentaires pour me retrouver au premier rang et pouvoir l’admirer (et son groupe) encore plus.
Certains ergoteront que soixante-dix minutes, c’est court. Mais c’était si intense, si beau, si renversant, que c’était justement parfait. Quel concert. Quel moment. Dieu que les artistes rares sont si précieux.
Année : 2024
Label : Domino Records
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Autre chanson très (la plus ?) belle de 'Lives Outgrown' de Beth Gibbons, voilà Burden of Life :
Le clip de Reaching Out de Beth Gibbons :
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