mardi 11 mai 2010

Roky Erickson with Okkervil River - True Love Cast Out All Evil [ANTI-]

Quand on y réfléchit un peu, on se demande encore souvent comment certains artistes des années 60 sont encore là, aujourd'hui, ne serait-ce que vivants, tant ils ont avalé de drogues, tant ils ont ingurgité de substances hallucinogènes, tant ils sont passés à un cheveu du trépas et y ont échappé par on ne sait quel miracle. Tous les David Bowie, Iggy Pop, Bob Dylan, Keith Richards.

Roky Erickson est de ceux-là. Ancien chanteur et guitariste des 13th Floor Elevators, auteur de leur plus grand tube You're Gonna Miss Me, Roky Erickson aura traversé plusieurs décennies en feintant comme un roi pour s'en sortir et être encore là en 2010.

Car oui, 42 ans après la dissolution des 13th Floor Elevators, Roky Erickson est toujours vivant. Si vivant qu'il a enregistré un nouvel album ('True Love Cast Out all Evil', le premier en 15 ans) et qu'il s'est adjoint pour l'occasion les services d'Okkervil River pour former son backing-band.

Cet album de Roky Erickson est une jolie surprise. Peut-être pas énormément plus, mais certainement pas moins. Car si l'on retrouve, certes, quelques titres dispensables ici et là, au final ses compositions se tiennent et le tout, alternant chansons folk/country-folk et morceaux folk-rock ou carrément rock, emporte assez largement l'adhésion

Alors effectivement, pour aimer ce 'True Love Cast Out all Evil', il faut aimer Okkervil River. Que l'album soit signé sous le nom de Roky Erickson with Okkervil River n'est évidemment pas innocent.
Ainsi si l'on est réfractaire aux mélodies chaloupées, aux cuivres impromptus, ou à l'americana enlevée des américains, il vaudra mieux passer son tour tant la patte d'Okkervil River est omniprésente tout au long de l'album. Sinon, nul doute que l'on tombera sous le charme de 'True Love Cast Out all Evil'.

La voix est belle, même si elle a énormément perdu de sa vigueur, la mélancolie accrochée à chacune de ses cordes vocales et de ses compositions, compositions solides par ailleurs et plus que jamais bien mises en valeur par une production efficace mais jamais clinquante.

A l'écoute de ce 'True Love Cast Out all Evil' et à la vue de la pochette, je ne peux m'empêcher de penser à la collaboration Johnny Cash/Rick Rubin. Et je vois cet album comme une sorte de main tendue de Will Sheff et de ses Okkervil River vers une des icônes américaines du rock des années 60, persuadés qu'ils sont qu'il y a encore de chouettes mélodies et compositions à sortir du cerveau longtemps malade de Roky Erickson.
Il est évident que Roky Erickson n'aura jamais l'aura que possédait - et possède encore - Johnny Cash. Mais au final, la démarche des Okkervil River découle de la même idée, quelle soit consciente ou inconsciente. (sortie: 19 avril 2010)

Le Mmarsu et Christophe parle, en des termes très élogieux, de ce 'True Love Cast Out All Evil'.


Son:
Myspace (Aucune chanson de ce 'True Love Cast Out all Evil' en écoute)
Site officiel

On peut télécharger gratuitement (mais toujours contre une adresse e-mail) Goodbye Sweet Dreams, une des chansons de 'True Love Cast Out all Evil', en allant directement sur le site de l'album, ici.


Deux chansons en écoute. Goodbye Sweet Dreams, premier single et tube potentiel, et Be And Bring Me Home, balade bluesy-folk de haute volée (malheureusement plus en écoute) :

Et pour finir, un entretien sympa entre Roky Erickson et Will Sheff, tête de proue d'Okkervil River :




vendredi 7 mai 2010

[Track of The Day] Pavement - Carrot Rope

Vu qu'ils font partie des cinq groupes les plus importants de ma vie, vu que je vais enfin les voir en concert ce soir (viendez, il reste des places), même à l'occasion d'une reformation, vu que c'est un des rares groupes à avoir un discographie parfaite (cinq albums cinq étoiles au compteur), un petit classique de Pavement pour finir la semaine. Avec Carrot Rope, dernière chanson de 'Terror Twilight', leur ultime album.


Album: Terror Twilight 
Année: 1999
Label: Matador

Et le clip qui va bien avec:


jeudi 6 mai 2010

[Track of The Day] Wolf Parade - Ghost Pressure

Après Saragosse en 2008, Shanghai cette année, c'est Yeosu en Corée du Sud qui accueillera la prochaine Exposition Universelle. La quoi? Mais si, vous savez bien, ce grand raout mondial organisé - tout sauf à intervalles réguliers - depuis le milieu du XIXè siècle, dont le but était, je cite «d'être une vitrine technologique et industrielle des participants, témoignant du progrès au cours de la révolution industrielle».

Pendant longtemps, ces expositions universelles ont été des moments forts de la vie de pays, allant même jusqu'à lui créer de vrais symboles (La Tour Eiffel, la Biosphère de Montréal). Mais aujourd'hui, qui s'en soucie encore?

Et bien, au moins une personne: Spencer Krug, une des deux têtes pensantes de Wolf Parade, dont le dernier - et troisième - album en date s'intitulera 'Expo 86', en hommage à l'Exposition Universelle de Vancouver en 1986, qui l'avait beaucoup marqué à l'époque, lui qui n'était alors âgé que de 9 ans.

Au-delà de cette anecdote, le retour des canadiens de Wolf Parade est une aubaine et une nouvelle de plus qui fait rentrer cette année 2010 dans une sacrée dimension.
Il faut dire que leur 'At Mount Zoomer' m'avait totalement secoué voilà deux ans, porté qu'il était par des titres fabuleux guidés par un Kissing The Beehives dont je me délecte encore très régulièrement.

Dan Boeckner a donc laissé le temps de quelques mois sa femme et ses Handsome Furs de côté, Spencer Krugg ses projets parallèles - pour la plupart assez dispensables, et les deux compères se sont attelés à la tâche.

Si le résultat sera disponible officiellement le 29 juin prochain, le groupe et Sub Pop ont révélé deux premières chansons: What Did My Lover Say? (It Always Had to Go This Way), classique mais réussie chanson «à la sauce Wolf Parade», et surtout Ghost Pressure (où la patte de Dan Boeckner se fait sentir), avec mise en orbite du synthé.

Et pour l'instant, en tout cas chez moi, l'indie-rock débraillé, l'indie-pop et le prog-rock cheap mais chic des Wolf Parade continue de faire mouche. Instantanément. 

Album: Expo 86 
Année: 2010 
Label: Sub Pop

Vous pouvez vous procurer ces deux premières chansons de 'Expo 86' en allant directement sur la page des Wolf Parade chez Sub Pop, en cliquant ici.

mardi 4 mai 2010

Net Emergence 'Mai 2010': Roger Moll's, Electric Electric et Brice et sa Pute


Parfois, on s'esbaudit devant la programmation d'un festival, qu'il soit musical ou de cinéma. On s'exclame, on acclame des choix artistiques intéressants (ceux des prochaines Nuits Sonores par exemple). Et puis parfois on s'étonne et on critique une sélection qui ne répond pas à nos attentes.

Pour l'édition de mai de Net Emergence, c'est la deuxième option qui prévaut. Car n'y allons pas par quatre chemins: la dernière sélection de ce joli projet mené par Valery n'est pas au niveau de ces devancières, en tout cas à mes yeux. Pas de vrais coups de cœurs, peu de découvertes intéressantes. Il fallait bien que cela arrive après quelques mois impeccables.

Après avoir mis de côté les quelques groupes ayant déjà pignon sur rien et une certaine notoriété (au premier rang desquels les excellents RIEN), trois noms sont toutefois ressortis du vote final. Pas forcément de quoi renverser les foules certes, mais trois groupes qui méritent quand même une mise en lumière, dont une égalité tout en haut du classement.

Brice et sa Pute ont beau être lyonnais, ont beau tourner énormément dans la région, je n'avais pas encore eu l'occasion de mettre une oreille sur leurs compositions.
Se présentant comme un duo choc punk minimaliste, Brice et sa Pute (lui à la musique, elle au chant), a quelques titres bien sentis à prendre dans les gencives (au premier rang desquels Supervice). Si je reste assez circonspect à l'écoute de leurs morceaux live disponibles sur leur myspace, leurs chansons studios tiennent bien la route.
De mon point de vue, rien de transcendant au final (leur musique manque de coffre au bout d'un moment) mais quelques moments bien sympathiques.
Myspace


Ce sont Electric Electric et Roger Moll's qui se partagent le haut de l'affiche. Pour les premiers, trio strasbourgeois qui se qualifie de «epileptic dancing noise», j'avoue rester très circonspect. Au risque d'être extrêmement sévère, je trouve leur musique sans grand intérêt. Celle-ci s'engouffre dans une veine actuelle où on oublie de créer des compositions solides et où tout est pour l'esbrouffe (un maximum de sons mais rien de bien concret). Bref, pas client.
Site officiel
Roger Moll's lui est beatmaker du nord de la France - mais reste coincé entre Roubaix et Seattle (sic) - qui s'inspire de RJD2 (début de carrière, ouf!) et de Wax Tailor (mouais...). A son actif, une musique instrumentale, bien montée, intéressante voire presque addictive sur certains passages (très bon Hipology, le jazzy Bloppers). Rien de révolutionnaire chez Roger Moll's (ses références font ca très bien eux aussi) mais, à défaut, charmant.
Myspace


Un trio de tête qui ne me plaît donc qu'au deux-tiers et qui ne m'enthousiasme pas plus que ça (avis plus emballé chez Net Émergence). Mais que voulez-vous, dans toutes sélections, il y a toujours des périodes moins (d'ailleurs, à vous de vous faire votre propre idée en allant découvrir, si ce n'est déjà fait, celle de mai en cliquant ici).
La sélection de juin devrait arriver sous peu, et à cette adresse.

Pour autant, ne doutons pas que la sélection de juin recèlera à nouveaux de petites trouvailles. C'est le cas depuis le début de l'aventure de Net Emergence. Et je ne vois aucune raison objective pour penser que ceci n'est rien d'autre que l'exception qui confirme la règle.

Un lecteur pour écouter 2 morceaux de Roger Moll's et 2 morceaux de Electric Electric. (malheureusement plus en écoute)

lundi 3 mai 2010

[Track of The Day] Scissor Sisters - Invisible Light

Dans quelques semaines, avec le soleil, la chaleur, les corps dénudés et les margaritas qui s'enchainent comme du petit lait, il va vous falloir trouver la bande-son de votre été. La chanson qui vous fera danser jusqu'au bout des longues nuits estivales, et dont les déhanchements à son écoute seront juste irrépressibles.

Ne cherchez pas plus loin, cette chanson là, c'est Invisible Light. Forcément. Irrémédiablement. Le nouveau titre des Scissor Sisters est un hymne à la fête, à l'été, au retournage de cerveau, aux rencontres nocturnes, aux danses lascives et aux "plus si affinités".

Après deux albums bourrés de tubes jusqu'au bout du vinyle, après quelques covers magistrales (dont celle de Take Me Out des Franz Ferdinand), revoilà les américains avec 'Night Work', nouvel album à sortir le 28 juin prochain.

Et, à en croire l'écoute de Invisible Light (qui ne sera toutefois pas le premier single officiel), il promet beaucoup! Les Scissor Sisters reprennent leur glam, leur disco, leur rock là où ils l'avaient laissé et semblent prêts à en découdre à nouveau avec tous les dancefloors de la planète! Et dieu sait qu'il va être dur de leur résister (les remixes de ce Invisible Light vont pleuvoir).

Histoire de faire les choses bien, le quintet new-yorkais s'autorisent ici un hommage appuyé à Mickael Jackson. Ce Invisible Light a ce grain, ce rythme (même si plus electroïsé ici) que l'on pouvait entendre sur 'Thriller', auquel on peut ajouter cette voix qui arrive sur la fin de la chanson et qui rappelle celle de Vincent Price à la fin de Thriller (la chanson cette fois).

Alors oui, peut-être que ce titre de «tube de l'été» que j'ose accoler à ce Invisible Light sera remis en cause prochainement. Surement même. Mais à mon avis, il ne le sera que par d'autres nouvelles chansons des Scissor Sisters. Car 'Night Work' sera le métronome de cet été. A n'en pas douter. 

Album: Night Work 
Année: 2010
Label: Polydor