lundi 13 octobre 2025

[Track of The Day] Ed Kuepper & Jim White - Swing For The Crime (The Saints cover)

Un jour, on écrira un bouquin sur toute la période COVID. On racontera tous les disques qui ont été détruits par la pandémie, ceux qui n'ont pas pu être défendus sur scène. Mais on évoquera aussi tous ces albums qui sont nés de cet enfermement contraint et forcé, de toutes ses collaborations qui ont vu le jour entre visio et échanges WhatsApp. Et alors, on parlera peut-être de 'After The Flood' de Jim White et Ed Kuepper.

Si le premier est un habitué de ces pages (Dirty Three évidemment, plus récemment The Hard Quartet, mais aussi tous les artistes avec lesquels il a travaillé, de Nina Nastasia à Mark Kozelek, des oubliés Tanakh à Jess Ribeiro ou Phosphorescent), Ed Kuepper mérite quelques mots : né en 1955 en Allemagne, sa famille a vite émigré à Brisbane en Australie où il a grandi, s'est mis à la guitare puis fondé The Saints, Laughing Clowns, The Aints, joué avec The Apartments de Peter Milton Walsh et a même remplacé Mick Harvey lors des tournées de Nick Cave et de ses Bad Seeds au début des années 2010.

De base, 'After The Flood' n'aurait jamais dû voir le jour. Ce n'était censé être qu'une collaboration scénique de deux artistes à qui cela tenait à coeur depuis quelques années déjà. Celle-ci ayant donc tourné court mais étant très prometteuse, Ed Kuepper et Jim White ont finalement, quelques années après, décidé de coucher cela sur bandes.

Au sommaire de 'After The Flood', huit morceaux et aucun original, le duo revisitant ici une partie de l’œuvre de Ed Kuepper (que ce soit en groupe ou en solo) plutôt que de composer de nouvelles chansons. Et le résultat est exaltant. Les relectures sont profondes, beaucoup plus bruitistes que les morceaux originaux, où guitare et batterie s'en donnent à cœur joie. Et si Collapse Board (Laughing Clowns) ou The 16 Days (extrait du deuxième album solo de Ed Kuepper) sont remarquables, on partira ici sur Swing For The Crime (en écoute aujourd'hui), petit bijou pop qui ouvrait 'Prehistoric Sounds' le troisième album de The Saints en 1978, que White et Kuepper transforment en bacchanale fuzz et nerveuse tout à fait jouissive.

Album : After The Flood
Année : 2025
Label : Remote Control Records / 12XU Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, la reprise de Swing For The Crime de The Saints par Ed Kuepper et Jim White est également en écoute ci-dessous :

Tiré de 'Rooms of the Magnificent', le second album solo d'Ed Kuepper, voilà The 16 Days dans sa 'After The Flood' :

La version originale 'Swing For The Crime', qui ouvrait 'Prehistoric Sounds' de The Saints en 1978 :

Le clip de la relecture de Swing For The Crime de The Saints par Ed Kuepper et Jim White :

jeudi 9 octobre 2025

[Track of The Day] Greg Brady and The Anchors - This Could Work

Curieux ce groupe Greg Brady and The Anchors : un nom qu'on imagine être annoncé par un monsieur loyal tiré à quatre épingles sur une scène devant une foule de jeunes femmes extatiques dans les années 50. Une carrière de plus de trente ans (tout aurait démarré à Brisbane au début des années 90). Et… des informations parcellaires à leur sujet, leur discographie ou leurs différents membres - Rate Your Music ne les connaît pas, Discogs ne liste que leur Ep de 2023 ('Weights And Measures') et celui de cette année, 'I'd Rather Walk' mais en version Deluxe, qui comprend en bonus leur album de 2020 'Little Victories'.

C'est donc à l'aveuglette que je viens vous parler en quelques mots de ce 'I'd Rather Walk', nouvel album de Greg Brady and The Anchors. Un disque estampillé jangle-pop (il est d'ailleurs publié par Subjangle Records) mais qui ne l'est pas vraiment en réalité, tant le disque est traversé de diverses tonalité et de diverses influences (des guitares fuzz par là, des ambiances très 80s ici, des balades rock aux belles guitares, un rien de post-punk dans un coin), sans pour autant perdre en unité et en cohésion - ce qui n'est pas le moindre de ses qualités. De ce disque, deux chansons sortent leur épingle du jeu : A Pissing Contest, chanson aux guitares qui vibrent et dont le gimmick sur la fin est irrésistible, et This Could Work, à l'accent New Order.

Album : I'd Rather Walk 
Année : 2025
Label : Subjangle

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, This Could Work de Greg Brady and The Anchors est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson remarquable de 'I'd Rather Walk' de Greg Brady and The Anchors, voilà A Pissing Contest :

mardi 7 octobre 2025

[Track of The Day] Water From Your Eyes - Playing Classics

Souvent croisés sans jamais vraiment creuser, les Water From Your Eyes, duo chicagoan actif depuis dix ans, composé de Nate Amos (derrière This Is Lorelei) et Rachel Brown (aka Thanks for Coming) vient de faire une entrée fracassante dans ma culture musicale. La faute à Playing Classics (en écoute aujourd'hui), tube certifié à la première écoute, confirmé sur les cinquante suivantes et sur les très nombreuses à venir, qui porte bien son nom, et point d'orgue de 'It's A Beautiful Place', le nouvel album du groupe - qui, vu sa longueur, tient d'ailleurs plus du mini-album (dix morceaux, 29 minutes au compteur).

Une chanson qui tranche avec le reste du disque, pas immédiat, fourre-tout au possible (post-punk, indie-rock, quelques effluves math par-ci, du noise par là et mêmes des élans expérimentaux sur l'intro et l'outro) mais habile et vraiment réussi. Un Playing Classics inspiré (ce sont les Water From Your Eyes qui le disent) par le 'Brat' de Charli XCX l'an passé, qui navigue entre dance-punk et pop, avec un piano entêtant, répétitif et presque dissonant qui rappelle LCD Soundsystem, et dont  le rythme et le groove sont implacables. Un tube oui, un vrai.

PS : Water From Your Eyes viendra présenter 'It's a Beautiful Place' en Europe cette fin d'année, avec notamment deux dates en France : le 2 décembre à la Boule Noire (Paris) et le lendemain au Sonic (Lyon)

Album : It's A Beautiful Place
Année : 2025
Label : Matador Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Playing Classics de Water From Your Eyes est également à écouter ci-dessous :

Le clip de Playing Classics, tube certifié de 'It's A Beautiful Place' de Water From Your Eyes, est à voir ci-dessous :

 

lundi 6 octobre 2025

[Track of The Day] Snowy Band - Shortchanged

Ce n'est pas voulu mais l'heure est décidément au Down Under dans ces pages. Car après Phantastic Ferniture mercredi et le sublime 'Felix' de Richard Sallis vendredi, place à un troisième groupe australien de suite dans ces pages avec Snowy Band, quatuor mené par un certain Liam Halliwell, dont le surnom est... Snowy.

Si vous suivez ce blog, ce nom ne vous est pas inconnu, car il en avait déjà été question il y a quasiment un an tout pile, quand le groupe avait publié 'Age Difference', joli disque d'indie-pop d'où ressortait notamment un très beau Weeks & Months. Pour leur quatrième album, 'The Apartment', promis pour le 28 novembre prochain, Snowy Band n'a semble-t-il pas envie de changer de voie : la preuve avec Shortchanged, premier single extrait (et qui, pour info, sera le morceau d'ouverture), chanson pop fatiguée et joliment orchestrée, toujours mid-tempo, toujours cotonneuse, toujours - très - séduisante. 

Album : The Apartment
Année : 2025
Label : Blossom Rot Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Shortchanged de Snowy Band est également en écoute ci-dessous :
 

vendredi 3 octobre 2025

Richard Sallis - Felix [-]

Des marches d’escalier aux couleurs arc-en-ciel. Devant se tient une jeune femme, la tête et les épaules baissées, les mains dans les poches. On ne voit pas son visage mais à sa posture, on peut imaginer un sourire qui n’existe pas. Cette image, c’est la pochette de 'Felix' de Richard Sallis, musicien australien de 35 ans, connu pour être le leader de The Cameramen. La femme en question est son épouse. Et quand on sait qu'en anglais, l’expression « rainbow baby » désigne (très joliment) un enfant né après une fausse couche, on comprend que cette pochette résume tout le disque. Sorti le 3 janvier dernier, c'est le premier album de 2025 que j'ai écouté et, ce qui n'est pas banal, mon premier coup de cœur de l'année. Il était temps d'en parler 

'Felix', c'est un voyage musical dans la parentalité de Richard Sallis. Dans le fait de vieillir, de changer. Un disque entre tristesse, questionnement, joie, qui s'ouvre par le désespoir (la perte d'un fœtus et d'un enfant que notre homme n'aura jamais l'occasion de rencontrer, The Kid Has Gone Missing) et qui se termine par la naissance de ce fameux « rainbow baby » (The Kid Has Been Found). Un album qui, musicalement, passe donc par tous les états. The Kid Has Gone Missing ouvre le bal avec sa pop évanescente, ses chœurs comme gospel et sa bouleversante mélancolie ? A Song for the Broadcasters rebranche les guitares et balance des riffs accrocheurs. The Bill and Dean Orchestra présente sept minutes d’une pop sombre aux effluves jazz, aux cuivres ivres et au chant qui se transforme en tout fin en hurlements ? C’est pour mieux toucher au plus profond avec My Old Unexpected Friends, une des deux chansons pivot de 'Felix', qui début comme une balade à la John Lennon, au piano, mélancolique à souhait, avant que Richard Sallis ne lui fasse prendre une ampleur inattendue dans une seconde partie où la beauté éclate comme une bombe, à grands renforts de violons tendus, de guitares sublimes, d'un chant habité qui sonne comme désespéré, et des paroles magnifiques (« I don’t wish it could’ve been forever / Just wish it lasted a few more years / Sometimes you don’t get any warning / The rug is pulled from underneath  Sometimes there’s nothing you can do / Except survive beyond the news / But at the time I wasn’t ready / To say goodbye »). Et à peine remis, des frissons plein les bras, voilà que débarque No Time Like the Present, la seconde chanson pivot, folk-rock à l'efficacité imparable, qu'on a envie d'hurler à tue-tête avec Richard Sallis. Un morceau qui met sur orbite Bouncing Masquerade Ball et ses onze minutes qui résument à elles seules 'Felix', avant qu'un aérien The Kid Has Been Found, aux chœurs féminins presque christiques, clôture notre affaire.

Malheureusement publié sans structure derrière lui (et donc à ce jour uniquement en digital), il y a pourtant dans 'Felix' une sacrée ambition. Et tout du long, Richard Sallis se donne les moyens de cette ambition : de grandes et belles orchestrations, des chœurs divins (ceux de The Kid Has Gone Missing et The Kid Has Been Found sont renversants), une production d'une justesse folle, et une musicalité qui semble traverser toute les strates de la pop, mais aussi du rock (quelques élans post-rock savoureux). Il y a ici autant de Get Well Soon que de Okkervil River, de Black Heart Procession que de Team Me, de The National que du Arcade Fire des débuts ou de Fanfarlo, avec même un rien de Sufjan Stevens. Oui, 'Felix' de Richard Sallis, c'est un peu tout cela à la fois, une sorte de synthèse d'une certaine pop de ce nouveau siècle, qui emporte tout - et avec talent - sur son passage. Un album sublime, souvent bouleversant, habité même, et un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) écoutés cette année. Un disque dont la notoriété ne cesse de monter, doucement mais sûrement. En espérant qu'un label digne de ce nom s'en empare et le présente au plus grand nombre. Il le mérite mille fois. (Sortie : 3 janvier 2025)

 

Plus :
'Felix' de Richard Sallis est à l'écoute sur sa page bandcamp
'Felix' de Richard Sallis est à l'écoute sur sa page bandcamp
'Felix' de Richard Sallis est également à l'écoute sur Spotify, Deezer ou Tidal
Pour en savoir plus sur la conception de 'Felix' de Richard Sallis, je vous conseille l'écoute du podcast "Five at the Door" consacré à l'album

 

Trois chansons de 'Felix' de Richard Sallis en écoute aujourd'hui. My Old Unexpected Friends pour débuter, sans doute la plus belle chanson de l'album avec sa seconde partie renversante (en écoute également dans les playlists Spotify, Deezer, Tidal, YouTube et dans la colonne de gauche du blog). Puis No Time Like the Present, très Okkervil River dans l'âme, imparable. Et enfin, Bouncing Masquerade Ball et ses onze minutes à tomber : 

mercredi 1 octobre 2025

[Track of The Day] Phantastic Ferniture - Change My Mind

Découverte à l'écoute de Body, sublime chanson au mantra bouleversant et répétitif (« I guess it's just my life, and it's just my body »), j'apprends ces jours-ci que Julia Jacklin n'est pas qu'une songwriter pop de talent mais également la chanteuse de Phantastic Ferniture, quatuor indie-rock originaire de Sydney, créé à la base par elle-même, Elizabeth Hughes et Ryan K Brennan comme une récréation adolescente à leurs aventures solo respectives. Dès lors, rien d'anormal à voir que Phantastic Ferniture n'a qu'un album au compteur (un album éponyme en 2018), une récréation doit rester une récréation.

Mais ce début septembre, et à la surprise de leurs fans, les australiens ont publié un double-single (numérique uniquement, mais à prix libre), Change My Mind (en écoute aujourd'hui) et Dare To Fall In Love, annonçant ainsi leur retour. Est-ce le besoin d'à nouveau s'offrir une respiration après le tourbillon médiatique qui a emporté Julia Jacklin avec la parution de ses deux derniers albums solo ? Sans doute, le projet de Phantastic Ferniture ayant toujours été d'être plus spontanés et moins techniques que sur leurs projets solo. Le résultat est en tout cas probant : deux morceaux concis (5'18" à eux deux) entre indie-rock et garage pop nerveuse, aux mélodies accrocheuses, où l'on sent que le quatuor s'amuse vraiment à se retrouver et jouer ensemble.

Album : Change My Mind / Dare To Fall In Love
Année : 2025
Label : Makeout Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Change My Mind est également en écoute ci-dessous :

Dare To Fall In Love, la face-B de ce double-single de Phantastic Ferniture, est également en écoute ci-dessous :

Le clip de Change My Mind de Phantastic Ferniture, réalisé par Julia Jacklin :

mardi 30 septembre 2025

[Track of The Day] Romane Santarelli - No Way Out

Deux titres électro à quelques jours d'intervalles dans ces pages, ça faisait très longtemps - et encore plus que ça sans doute - que ce n'était pas arrivé. Il faut dire aussi que l'actualité fait bien les choses. Il y a donc eu Cascade d'Irène Drésel la semaine dernière. Et il y a aujourd'hui No Way Out de la rhône-alpes-auvergnate (elle est née dans l'Allier, a vécu/vit toujours à Clermont-Ferrand mais semble en pincer pour Lyon) Romane Santarelli. Un titre absolument dément (qui n'est pas sans rappeler le Vitalic des débuts) en forme de montagnes russes où une techno puissante, pleine de kicks, qui ne fait pas dans le robotique mais évolue constamment, est maîtresse en son domaine, mais à qui la française ménage quelques moments de respiration, presque aériens, pour mieux aguicher l'auditeur, le titiller, l'exciter avant de relancer la machine. Un titre dansant au possible (la vidéo, pas loin d'être incroyable, de la captation live de No Way Out au festival "Au Foin de la Rue" en juillet dernier vous en donnera un bel aperçu, voir plus bas), ultra-efficace et qui est un des grands moments de 'OK:KO' (comme un clin d'œil au premier album de Vitalic), le nouvel album très réussi de Romane Santarelli, sorti vendredi dernier.

Album : OK:KO
Année : 2025
Label : Yotanka Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, No Way Out de Romane Santarelli est également en écoute ci-dessous :
 

Plutôt qu'un clip, Romane Santarelli a opté comme support vidéo pour No Way Out une captation live enregistrée au festival Au Foin de la Rue en juillet dernier, avec chorégraphie, public en feu et une réalisation chiadée et en un seul plan. Autant vous dire que ça a une sacrée gueule :

jeudi 25 septembre 2025

[Track of The Day] The Fiery Furnaces - Far Away

En 2004, le duo des frère et soeur Friedberger The Fiery Furnaces donnait naissance à 'Blueberry Boat', album gargantuesque de 76 minutes de pop alambiquée et déviante, expérimentale et iconoclaste, aux chansons fragiles comme torturées, souvent à tiroirs, mais aux mélodies incroyable de beauté agitée. Un disque marquant et marqueur du ton d'un groupe à nulle autre pareil, qui va être réédité le 10 octobre prochain, vingt-et-un ans plus tard, après que le duo a recouvert les droits sur ses enregistrement passés.

Une réédition ornée d'une très belle pochette représentant Eleanor et Matthew Friedberger en mode photomaton, bien plus belle que l'originale d'ailleurs, où l'on trouve un inédit, Far Away (en écoute aujourd'hui). Une chanson qui dira peut-être quelque-chose aux fans du groupe (Waiting to Know You sur l'excellent 'Bitter Tea' en 2008 est basé dessus) et qui a surtout une histoire curieuse : c'est une des premières à avoir été composées pour 'Blueberry Boat' - elle aurait même dû en être le single principal. Mais elle avait au final été mise de côté, non pas à cause de sa mélodie ou de ses arrangements, mais de son thème, qui tranchait trop avec les treize autre morceaux. Parce que musicalement, pas de surprise, Far Away c'est du Fiery Furnaces pur jus, qui n'aurait pas eu à rougir une seconde d'être entourée de Mason CityChief Inspector Blancheflower et autre Wolf Notes, grandes chansons du disque.

Un morceau qui complète donc parfaitement cette réédition du meilleur album du groupe (ce qui n'est pas rien tant leur discographie est de haute volée), petit chef d’œuvre et disque majeur s'il en est, qui a eu une influence certaine (je suis persuadé que Sufjan Stevens a beaucoup écouté cet album pour ses compositions post 'Illinoise') et qui, c'est le plus important, vieillit très bien. Par contre, pour tous ceux qui souhaitaient se procurer cette réédition de 'Blueberry Boat', sachez qu'il est d'ores et déjà trop tard : tirée à seulement 500 exemplaires vinyles, numérotés à la main, elle est déjà sold-out.

Album : Blueberry Boat (2025 Reissue)
Année : 2025
Label : Everything Nice

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Far Away de The Fiery Furnaces est également en écoute ci-dessous :

En bonus aujourd'hui, voilà Mason City, extrait de 'Blueberry Boat' :

mercredi 24 septembre 2025

[Track of The Day] Irène Drésel - Cascade

Connaissez-vous le conte de Charles Perrault Les Fées ? L'histoire d'une veuve, mère de deux filles : la première est le portrait de sa mère, dans la physique comme dans le caractère (irascible et orgueilleux), la seconde est douce et honnête comme feu son père. Un jour que la cadette part chercher de l'eau à la fontaine, elle rencontre une fée qui, découvrant son honnêteté et sa gentillesse, lui donne pour don « qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une Fleur, ou une Pierre précieuse ». Évidemment, quand sa mère et sa sœur l'apprennent, elles n'en sont pas ravies et vont essayer de récupérer le don pour elles (je vous laisse lire le conte en entier ici).

Parue dans Les Contes de ma mère l'Oye en 1697, le recueil dans lequel on trouve les célèbres La Belle au bois dormant, Le Petit Poucet ou Le Petit Chaperon rouge, Les Fées est une nouvelle assez méconnue, dont je n'avais d'ailleurs jamais entendu parler jusqu'à écouter Cascade, le nouveau single d'Irène Drésel. Car la française, découverte seulement l'an passé avec 'Rose Fluo', en a fait le socle et la trame de ce nouveau titre, qui s'ouvre par ces mots : « Des roses, des perles, des cascades de diamants jaillissent de sa bouche et roulent jusqu’à terre... ». Puis elle résume le conte, en anglais, sur fond de beats et de nappes puissants, bien soutenus par une mélodie très aguicheuse.  Un morceau sans doute plus « facile » que les précédents, mais efficace en diable, sans doute conçu pour cartonner (3'12" au compteur) et qui a tout pour le faire.

Album : -
Année : 2025
Label : Room Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Cascade de Irène Drésel est également en écoute ci-dessous, via sa vidéo :
 

mardi 23 septembre 2025

[Track of The Day] Mélanie Pain - Bluer than Blue

Pourquoi la tartine retombe toujours sur la face pleine de confiture ? Pourquoi dès que je change de file dans un bouchon, celle-ci n'avance plus ? Pourquoi quand je vais pisser, l'équipe de foot de mon aorte marque un but ? Pourquoi les histoires d'amour finissent mal en général ? Des questions idiotes de ce genre, la vie quotidienne en recèle plus que de raison. Car la vie est pleine de mystère.

Permettez moi donc d'en ajouter une nouvelle à la liste : pourquoi Mélanie Pain n'est pas devenue la chanteuse reconnue qu'elle aurait du être ? Je veux dire, quand on est capable de composer des albums comme 'My Name''Bye Bye Manchester' ou 'Parachute' (épuré et peut-être moins immédiat mais pour autant de qualité) quand on a une voix aussi belle, douce et un rien kinky, quand l'immense majorité de nos mélodies sont aussi touchantes qu'emballantes, que nos textes recèlent de petits bijoux et que chacun de nos duos sont impeccables (l'évident Helsinki avec Julien Doré, L'espace d'un instant avec Thomas Dybdahl forcément, mais surtout le méconnu mais incroyable Black Widow avec Ed Harcourt), normalement on a le monde à ses pieds. Mais pas là, non. Allez savoir pourquoi.

Malgré donc cet absence de succès et/ou de reconnaissance médiatique, Mélanie Pain poursuit son petit bonhomme de chemin, discret et épisodique, à l'abri des regards. Toujours avec ses Nouvelle Vague qu'elle continue d'accompagner sur scène, et également en solo - après deux disques de collaboration, un en duo avec Phoebe Killdeer, sous le nom de Kill The Pain, et un second, 'All That Matters', en hommage à Olivier Libaux, grand manitou de Nouvelle Vague, décédé subitement pendant l'écriture et l'enregistrement du disque.

Ce nouvel album s'intitulera 'How and Why', sera son quatrième (le premier depuis 2016) et verra le jour fin novembre prochain. Il s'annonce par Bluer than Blue, chanson qui confirme en quelques notes et en quelques paroles que la française n'a rien perdu ni de son talent de composition, ni de sa mélancolie, et encore moins de son chant si enchanteur. C'est beau, c'est touchant, c'est lumineux. C'est Mélanie Pain.

Album : How and Why
Année : 2025
Label : Capitane Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Bluer than Blue de Mélanie Pain est également en écoute ci-dessous :
 

Le clip de Bluer than Blue de Mélanie Pain, premier extrait de son nouvel album à venir 'How and Why' :

lundi 22 septembre 2025

[Track of The Day] Peel Dream Magazine - Venus In Nadir

Un an après la sortie de 'Rose Main Reading Room', joli disque de pop qui avait ce je ne sais quoi de Sufjan Stevens, revoilà déjà les Peel Dream Magazine de retour, sur le point de donner naissance à son petit frère, un mini-album composé de huit chansons, toutes enregistrées lors des mêmes sessions.

Le premier extrait de 'Taurus' s'appelle Venus In Nadir (en écoute aujourd'hui), une chanson dont à l'écoute on comprend qu'elle ait été écartée du tracklisting final de 'Rose Main Reading Room' tant elle tranche avec les autres compositions du disque (à un très beau I Wasn't Made for War près). Pour autant, Venus In Nadir est un morceau remarquable et délicieux (si vous voulez mon avis, un des meilleurs de Peel Dream Magazine à ce jour) d'indie-pop sur lequel semblent s'être penchées les bonnes fées de Belle and Sebastian et de Kings of Convenience. Une très belle chanson, bien plus qu'une simple chute de studio, qui a le goût d'une fin de soirée d'été, entre chien et loup, quand la fraicheur reprend finalement ses droits.

Album : Taurus
Année : 2025
Label : Topshelf Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Venus In Nadir de Peel Dream Magazine est également en écoute ci-dessous :

Le clip de Venus In Nadir de Peel Dream Magazine, premier extrait de 'Taurus', mini-album à venir :

jeudi 18 septembre 2025

[Track of The Day] Comet Gain - The Ballad Of The Lives We Led

Têtes d'affiches qu'on s'arrache à prix d'or, coûts annexes qui ne cessent d'augmenter, budgets qui explosent (et avec eux les dettes), évènements qui mettent la clé sous la porte : tout l'été, les articles alarmistes à propos des festivals hexagonaux se sont accumulés dans la presse française. Et à raison, la situation n'étant pas vraiment à la joie.

N'ayant jamais eu beaucoup d’appétence pour ces grands raouts musicaux à (dizaine) de milliers de personnes étalés sur plusieurs jours et leurs têtes d'affiche qui n'en sont plus ou qui ne le sont que pour une chanson (coucou Chappell Roan), j'avoue que j'ai du mal à m'émouvoir pour beaucoup de ces festivals en difficulté qui participent à une fuite en avant et qui pensent plus à ramener des stars (ou prétendues stars) que de construire des line-up cohérents et qui tentent des choses.

A l'inverse, j'ai beaucoup d'amour pour le Paris PopFest, festival à taille humaine (dans lequel je n'ai jamais mis les pieds, on va encore me taper sur les doigts pour ça), tenu par de vrais (de vrai) passionnés et qui depuis des années ramène la pop au centre de tout via une programmation pas clinquante mais toujours pointue. 

Un festival qui ouvre ce jeudi - et pour trois jours - sa septième édition, toujours au Hasard Ludique, toujours à prix mini (20€ la soirée, qui dit mieux, qui plus est sur Paris ?) et avec une programmation évidemment de bon goût : Essential Logic, Dog Park, Holiday Ghosts ce jeudi, Comet Gain, Die Katapult, Would-be-goods et The Sunny Street vendredi, The Loft, Blueboy, Paris Banlieue et White Town (qui remplace au pied levé la nouvelle petite merveille indie-pop anglaise The Cords) le samedi, d'ores et déjà complet. Avec en bonus, comme à chaque fois, deux DJ set (dont on dit toujours le plus grand bien) pour finir les soirées du week-end en dansant Groupes indie au possible, certains (ou tous les) noms listés ci-dessus ne vous diront peut-être rien. Mais la question est ailleurs : aimez-vous l'indie-pop et beaucoup ses dérivés, les belles mélodies et les chansons de qualité ? Oui ? Alors foncez, vous ne le regretterez pas.

Et si vous ne pouvez y aller qu'un seul soir, choisissez le vendredi. Vous pourrez y voir Comet Gain, groupe de plus de trente âge d'Oxford en Angleterre mené par David Christian et qui a publié au printemps dernier son nouvel album à la superbe pochette 'Letters To Ordinary Outsiders', par lequel je les découvre. Un disque pop (évidemment), de belle facture, à la construction originale (les membres du groupe discutent au début de certaines chansons, de façon banale autant que philosophique) et aux chansons de qualité, comme le très efficace Do You Remember 'The Lites On The Water', le mélancolique Yeah, I Know It's A Wonderful Life, But There's Always Further You Can Fall, et surtout The Ballad Of The Lives We Led (en écoute aujourd'hui) et son piano entêtant et répétitif, sans doute un des meilleurs morceaux d'ouverture de 2025.

 

Toutes les informations sur le Paris PopFest sont à retrouver sur le lien linktr.ee du Festival
 

Pour acheter vos places pour jeudi ou vendredi (le samedi est complet), c'est sur le lien suivant

 

Album : Letters To Ordinary Outsiders
Année : 2025
Label : Tapete Records

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, The Ballad Of The Lives We Led de Comet Gain est également en écoute ci-dessous :

Autre chanson remarquable de 'Letters To Ordinary Outsiders' de Comet Gain, voilà l'efficace Do You Remember 'The Lites On The Water' :

mercredi 17 septembre 2025

[Track of The Day] The Mountain Goats - Armies of the Lord

Arriverai-je un jour à me lasser des chansons de The Mountain Goats ? J'ai beau en douter très fortement tant j'aime l'écriture et le génie de John Darnielle, on ne sait jamais jamais, on n'est jamais vraiment à l'abri. Mais s'il y a une chose de sûr, c'est que ce n'est pas pour tout de suite. Car le premier single du prochain album du groupe confirme une nouvelle fois à quel point j'aime ces gens.

Un disque qui s'appellera 'Through This Fire Across From Peter Balkan', qui est prévu pour le 7 novembre prochain chez Cadmean Dawn, le propre label du groupe, et qui contera l'histoire de seize hommes partis en mer à bord d'un bateau de pêche mais qui ne seront que deux à survire à une tempête féroce. Un nouveau concept album donc pour John Darnielle et ses Mountain Goats, au casting de marque (Tommy Stinson de The Replacements, Mikaela Davis, Lin-Manuel Miranda) et qui s'annonce par Armies of the Lord (en écoute aujourd'hui), chanson à laquelle il est difficile de ne pas succomber tant son rythme, sa progression, la classe de ses arrangements et de sa production, sa douce mélancolie, et, bien sûr, la voix et le chant de Darnielle, si uniques, sont autant irrésistibles qu'immédiats. Qu'est-ce que je peux aimer ces chèvres de montagne...

Album : Through This Fire Across From Peter Balkan
Année : 2025
Label : Cadmean Dawn

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En plus des playlists Spotify, Deezer, Tidal et YouTube, Armies of the Lord de The Mountain Goats est également en écoute ci-dessous :

La lyric-video de Armies of the Lord, premier extrait de 'Through This Fire Across From Peter Balkan', le nouvel album à venir de The Mountain Goats :

lundi 15 septembre 2025

[Track of The Day] Brooke Combe - How Can I Tell You? (To Love Me More)

Petite pépite en écoute aujourd'hui : How Can I Tell You? (To Love Me More), le nouveau single d'une certaine Brooke Combe. Une jeune écossaise que je découvre et qui semble savoir ce qu'elle veut, jugez plutôt : après quelques singles remarqués au début de cette décennie, elle file chez Island Records mais rompt son contrat quelques mois plus tard à cause des contraintes toujours plus commerciales qu'impliquent une signature chez une major. Désormais libérée, elle s’acoquine avec James Skelly, le chanteur de The Coral, et publie en janvier dernier 'Dancing at the Edge of the World', son premier album. Un disque un peu sage mais pas exempts de promesses et qui a le bon goût de nous mener à How Can I Tell You? (To Love Me More) (en écoute aujourd'hui). Une chanson northern soul pleine de pop, catchy au possible, à l'orchestration léchée et lumineuse, au groove imparable, où Brooke Combe chante d'une voix de chanteuse Motown qui se serait échappée des sixties pour venir égayer notre époque. Les anglais parlent déjà d'infectious single. Difficile de leur donner tort.

Album : -
Année : 2025
Label : Modern Sky UK

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Le clip de How Can I Tell You? (To Love Me More) de Brooke Combe :

jeudi 11 septembre 2025

[Track of The Day] Waylon Wyatt & Willow Avalon - Smoke & Embers

La country music américaine n'en finit plus de sortir de jeunes stars. Après Willow Avalon ou Dylan Gossett, voilà Waylon Wyatt, presque 19 ans au compteur (il les aura en octobre) et de l'acné juvénile encore sur le visage, dont le premier EP 'Til the Sun Goes Down' l'an passé semble avoir fait parler de lui aux États-Unis, confirmant les promesses entrevues après deux singles en 2023.

Alors que notre jeune homme vient de publier un second Ep et qu'un premier album semble être sur les rails, il s'est offert au printemps dernier un duo pas loin d'être merveilleux avec Willow Avalon, déjà adorée dans ces pages depuis la publication de 'Southern Belle Raisin' Hell' en janvier dernier. La chanson s'appelle Smoke & Embers et a été enregistrée en une journée, à New-York, et qui traite de la difficulté d'entretenir une relation amoureuse quand on est constamment sur la route à donner des concerts (« He's lying on the phone / Sayin' baby just a few more shows / And when he comes back home / No he ain't the man I used to know / Distance makes the heart grow fonder / He can't break my heart much longer »). Un morceau mélancolique, country et pop, où les deux voix de Waylon Wyatt et Willow Avalon sont aussi belles quand elles se marient que lorsqu'elles se répondent. Une belle chanson donc, qui me donne aussi l'occasion de remettre en avant l'excellent 'Southern Belle Raisin' Hell', disque ô combien réussi et une des grandes découvertes de mon année 2025. 

Album : -
Année : 2025
Label : Music Soup / Darkroom Records

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Le clip de Smoke & Embers de Waylon Wyatt et Willow Avalon :