lundi 30 octobre 2017

Chad VanGaalen - Light Information [Sub Pop]

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas. Ou qui ne prennent pas le temps d'écouter. Imbécile je l’ai été un long moment avec Chad VanGaalen. La faute à un ‘Skelliconnection’ en 2006 qui ne m’avait vraiment pas plu. Et pourtant, l’étiquette Sub Pop était déjà là. Et comme un imbécile, j’avais laissé là le canadien aller jouer avec ses mélodies lo-fi qui ne me touchait pas le moins du monde.

Sa venue à Lyon pour défendre son nouvel album aura donc eu raison de mon entêtement. Car avant d’aller le voir jouer sur scène, j’ai écouté ‘Light Information’, son dernier (et sixième) album en date. Je ne parlerai peut-être pas de révélation mais pour le coup, ce disque est un sacré coup de tête bien placé dans mon entêtement à ne pas m’intéresser à cet artiste.

Brinquebalant, pleins de guitares, de mélodies accrocheuses et même de tubes potentiels (évident Old Heads, vrai tube indie en puissance, avec une mélodie catchy au possible qui débarque au moment du refrain, mais aussi Mind Hikacker’s Curse, qui ouvre l'album), le tout porté par une production (qui me rappelle par moment celle de George Martin pour les Beatles) qui donne un corps à toutes ses chansons, ‘Light Information’ est un disque épatant. Pop (il y a du Fab 4 dans cet album et un je ne sais quoi qui me fait dire qu’Elliott Smith aurait très bien pu écrire ce genre d’album s’il était encore parmi nous), wave par moments mais noisy-lo-fi à la fois, il rabat mon caquet.

Et sur scène, c'est sans doute encore mieux. Accompagné d'un batteur aux faux airs de Newman de Seinfeld, d'un bassiste et d'un guitariste en version cheap de Jay Mascis/Lou Barlow, Chad VanGaalen, calé sur un côté de la scène, balance ses chansons comme s'il était dans les années 90. Et rappelle furieusement Pavement (et pas parce que sa voix sonne comme celle de Malkmus).

Je ne sais pas si le reste de la discographie de Chad VanGaalen sur laquelle je ne me suis jamais penchée vaut le coup, mais ce ‘Light Information’, depuis sa découverte, est un album épatant. Et qui grow, qui grow, qui grow… (Sortie : 8 septembre 2017)

Plus :
'Light Information' de Chad VanGaalen est en écoute sur son bandcamp
'Light Information' de Chad VanGaalen est à l'achat sur son bandcamp
'Light Information' de Chad VanGaalen est en écoute (notamment) sur Deezer et Spotify

Trois titres de ce 'Light Information' de Chad VanGaalen. A tout seigneur tout honneur, Old Heads, le tube certifié de ce disque (en écoute également dans les lecteurs Spotify et Deezer dans la colonne de gauche de ce blog). Puis, Mind Hikacker’s Curse, la chanson qui ouvre l'album. Et pour finir, Static Shape, la chanson qui clôt 'Light Information' de Chad VanGaalen :





Enfin, le clip de Pine and Clover, le premier single de ce 'Light Information' de Chad VanGaalen :


mardi 24 octobre 2017

Micah P. Hinson - Presents The Holy Strangers [Full Time Hobby]

Comme tout le monde, je me souviens exactement ce que je faisais le 11 septembre 2001. Comme tout le monde, je sais exactement où j’étais et avec qui lors des attentats contre Charlie Hebdo ou au Bataclan. 
Moins comme tout le monde, je sais exactement où je me trouvais lorsque j’ai appris la mort d’Yves Montand (je ne sais pas par contre pourquoi son décès m’a autant marqué) ou celle de Bérégovoy (ça, c’est parce qu’un épisode de Beverly Hills 90210 avait été coupé par un flash spécial de TF1 pour annoncer la nouvelle).

Encore moins comme tout le monde, je sais exactement où j’étais le soir où j’ai découvert Micah P. Hinson. C’était un soir de septembre 2004, rue de Dunkerque à Paris. J'étais dans ma chambre et grâce à saint Souleek, j’avais récupéré ‘The Gospel of Progress’, le premier album du texan. Et aussi ‘Funeral’ d’Arcade Fire. Les deux le même soir. Et deux artistes dont je n'avais jamais entendu parler. J’avais enchainé l’écoute de ces disques, qui venaient de sortir à une semaine d’intervalle. Une soirée comme on peut en connaitre parfois où la foudre s’abat sur vous alors que vous n’avez rien demandé. Je me souviens m’être dit que les deux groupes allaient forcément connaitre le succès - oui, même Micah P. Hinson. Il se dégageait tellement de choses de ses compositions qu'il ne pouvait en aller autrement.

Treize ans plus tard, Arcade Fire est une des têtes de proue de l’industrie musicale actuelle, rempli des salles toujours plus grandes en moins de temps qu’il faut pour le dire. Et ‘Funeral’ est considéré (à juste titre) comme un des disques marquant des années 2000 (et plus largement encore).
De l'autre côté, ‘The Gospel of Progress’ ne fera parler de lui que lorsque l'on s'amusera à réviser les années 2000. Et Micah P. Hinson, s’il sort des albums à un rythme régulier, est très loin des têtes d’affiches des festivals et unes des magazines.

Pour autant, l’homme à lunettes qu’il est continue de jouer sur scène. Il passait d’ailleurs par Lyon samedi soir au Groom, nouvelle petite salle lyonnaise (confirmant par la même la folle vitalité actuelle de l’offre musicale entre Rhône et Saône), pour venir défendre son dernier album, le neuvième, ‘Micah P. Hinson Presents The Holy Strangers’.

Il arrive sur scène, devant une salle très remplie. Il commence à parler avec elle, d’une voix trainante, raconte quelques anecdotes tout en s’accordant, puis lance le concert. Il déroule ses chansons à la guitare, qu’il porte de sa belle voix, et n’en est que très touchant. Entre chaque morceau, il s’adresse à l’audience, raconte d’autres histoires. On sent que notre homme n’est pas en très grande forme, qu’il a sûrement un peu bu, sans doute trop, et qu’il ne respire pas la joie de vivre.

Et rapidement, le côté touchant des débuts se transforme en vrai malaise. Parlant autant qu’il joue, devisant sur June Carter, enchaînant sur, littéralement, l’arrivée au monde de son enfant, avant d’évoquer Trump ou encore les armes à feu, Micah P. Hinson semble en avoir gros sur la patate et en vouloir à la terre entière. Pire, pas épatant musicalement, le texan n'arrive pas à noyer cette psychanalyse improvisée en quelque-chose d’autre que gênant.

Dommage, car ‘Micah P. Hinson Presents The Holy Strangers’ est une des très jolies choses écoutées en 2017. Un vrai bel album, qu’il porte de sa voix profonde et reconnaissable entre mille, entre chant, (quelques) parties parlées et plages instrumentales. Un « modern folk opera » (l’expression est de lui) qui raconte les histoires d’une famille, entre vie, mort, moments de bonheur et tragédies. Mais surtout un disque délicatement mis en musique (cordes et piano surtout), produit avec une finesse impeccable ; un bonheur de mélodies tristes en somme.
Et surtout, un album qui méritait mieux que cette prestation. Ceci dit, vu le talent qu’il a dans les mains, les mélodies simples mais belles qu’il sait créer et un chef d’œuvre à son crédit, Micah P. Hinson lui aussi aurait sans aucun doute mérité mieux. Foutue destinée. (Sortie : 8 septembre 2017)

Plus :
'Presents The Holy Strangers' est en écoute sur le bandcamp de Micah P. Hinson
'Presents The Holy Strangers' est à l'achat sur le bandcamp de Micah P. Hinson
'Presents The Holy Strangers' de Micah P. Hinson est en écoute sur Spotify et Deezer

Trois chansons en écoute tirées de ce 'Presents The Holy Strangers' de Micah P. Hinson. The Darling, bijou de chanson folk presque susurrée (également en écoute dans les lecteurs Deezer et Spotify de la colonne gauche de ce blog). Puis Lover's Lane, entre Johnny Cash et Lee Hazlewood. Puis le bel instrumental qu'est The Years Tire On :





mardi 17 octobre 2017

[Track of The Day] Fai Baba - Why Do I Feel So Alone

Et si l’on continuait sur les belles chansons passées à côté de mon radar il y a quelques mois de ça et qui méritent qu’on s’y arrêtent quelques minutes ? Après Mélanie Pain lundi place à Fai Baba groupe suisse découvert à l’occasion d’une soirée au Marché Gare de Lyon pour fêter les 10 ans de Casbah Records, label valentinois sur lequel ils sont signés.

Une prestation pas vraiment renversante, avouons le. Et leur album de novembre 2016 'Sad and Horny' ne m'a pas non plus convaincu outre mesure. 
Pour autant, pile au milieu de l'album, à la plage 5, se trouve une chanson qui retient vraiment l'attention
Elle s'appelle Why Do I Feel So Alone et n'est rien d'autre qu'une petite douceur, mélancolique à souhait, au sifflement et au xylophone divins. Une très belle chanson triste en somme. Parfaite pour un mardi en plein été indien.

Album : Sad and Horny 
Année : 2016 
Label : Casbah Records / A Tree in a Field

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En plus des lecteurs Spotify et Deezer, Why Do I Feel So Alone de Fai Baba est en écoute ci-dessous :



Why Do I Feel So Alone de Fai Baba a également son clip, particulièrement réussi d'ailleurs :



lundi 16 octobre 2017

[Track of The Day] Mélanie Pain - Le Mot

J’ai un an de retard sur la sortie de cet album de Mélanie Pain, mais une question me taraude : la caennaise a fait quelque-chose de précis pour être boudée par les médias ?

C’est dingue d’être à ce point ignorée. Quand même, ‘My Name’ et ‘Bye Bye Manchester’ n'étaient-ils deux disques d’une finesse exquise, aux mélodies élégantes et où elle savait, plus qu’aucune autre de ses congénères françaises, marier sa voix à d'autres (la magie qui s'opérait entre elle et Ed Harcourt sur Black Widow, c'était quelque-chose) ? Oui, ils l'étaient. Et pourtant, rien ou pas grand chose.

Et je n'ai pas l'impression que son dernier album 'Parachute', sorti l’an passé, ait changé quoi que ce soit à l'affaire. On y retrouve une Mélanie Pain qui continue de changer de direction : exit les guitares afin de mieux se concentrer sur le piano et une production plus synthétique.
Mais sa voix, à moitié enfantine, ses histoires, ses mélodies, tout y est une nouvelle fois. Sans doute moins immédiat que ses prédécesseurs, plus épuré, mais pas moins réussi ‘Parachute’ prouve une nouvelle fois qu’il serait temps qu’on s’intéresse vraiment à Mélanie Pain. Et un an après, il n'est jamais trop tard pour (re)découvrir cet album : des artistes comme elle en France, on n’en a pas cinquante.

Album : Parachute
Année : 2016
Label : Kwaidan Records

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Le Mot de Mélanie Pain, en plus des lecteurs Spotify et Deezer, est également en écoute ci-dessous :


Autre très belle chanson tirée de ce ‘Parachute’ de Mélanie Pain, Dans Une Boîte :


Pour finir, le clip de Comme Une Balle :



vendredi 13 octobre 2017

[Track of The Day] Sufjan Stevens - Wallowa Lake Monster

Sorti il y a déjà deux ans, 'Carrie & Lowell' n'en finit plus de continuer d'exister. Depuis, celui-ci aura en effet eu droit à une version live (lire ici) à laquelle viendra s'ajouter dans quelques semaines 'The Greatest Gift' (malheureusement uniquement disponible au format digital), une mixtape compilant des remixes, des démos, des versions alternatives mais aussi 4 chansons inédites et exclues du tracklisting final : The Hidden River of My Life, City of Roses, The Greatest Gift et Wallowa Lake Monster, en écoute ce jour.

Seul 'Come on Feel The Illinoise' avait eu droit à ce traitement de faveur, avec la sortie en 2006 de 'The Avalanche', une compilation de chutes de studio. Ce qui en dit beaucoup sur l'importance que porte Sufjan Stevens à 'Carrie & Lowell'.

Wallowa Lake Monster donc. Une chanson de plus de 6 mns, très belle (évidemment), dans l'esprit de 'Carrie & Lowell', mais avec plus d'emphase ; et qui explique pourquoi ce titre ne s'est pas retrouvé sur l'album original. Une chanson où il toujours question de la mère de Sufjan Stevens, mais de façon plus poétique et métaphorique. La chanson se termine d'ailleurs par ces mots :  « As we wait for the waters to reside, her remarkable stoicism and her pride, when the dragon submerged we knew she had died ».

Notons aussi que Sufjan Stevens vient de s'essayer à la musique de film vu qu'il a composé trois chansons pour 'Call Me By Your Name', un long métrage de Luca Guadagnino, à sortir ces prochaines semaines (au moins aux États-Unis). Fin d'année chargée pour l'homme de Detroit.

Album : The Greatest Mix
Année : 2017
Label : Asthmatic Kitty

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En plus des lecteurs Deezer et Spotify dans la colonne de gauche, Wallowa Lake Monster de Sufjan Stevens est en écoute ci-dessous :


Wallowa Lake Monster de Sufjan Stevens est aussi disponible ici :



La bande-annonce de 'Call Me By Your Name', où l'on peut donc entendre une partie d'une des trois chansons composées par Sufjan Stevens :



jeudi 12 octobre 2017

[Track of The Day] Will Stratton - Manzanita

Quand on a 25 ans, s’il y a bien une chose à laquelle on ne pense pas, c’est bien avoir un cancer. Et pourtant, ce foutu crabe n’est jamais très loin. Demandez à Will Stratton ce qu’il en pense lui qui après un ‘Post-Empire’ de toute beauté s’est vu diagnostiquer un cancer des testicules ; et pas du genre mignon et bénin mais plutôt sur le mode de celui qui vous a déjà empoisonné le foie, les poumons et l’abdomen quand vous découvrez que vous êtes malades.

Remis et guéri (en tout cas à ce jour), Will Stratton a su reprendre sa carrière prometteuse de compositeur folk. Et de quelle manière. D’abord par un ‘Gray Lodge Wisdom’ (chez Talitres, toujours à l’affût des beaux disques) puis cette année via ‘Rosewood Almanac’.

Un disque très anglais pour un américain comme Will Stratton (même si l’on sent parfois planer ici et là quelques inspirations toutes Sufjanienne et un peu de David Ackles). Mais surtout un disque de folk, à la beauté lumineuse qu’il déploie avec une belle tendresse.

Contrairement aux Wolf Parade pour qui le cap de la quarantaine ne semble pas être une sinécure, Will Stratton lui, malgré la mélancolie qu'il essaime, voit la vie différemment, forcément. L'espoir est là, bien présent.

La touche supplémentaire qu'il fallait à cet album délicat jusqu’au bout des ongles, que ce soit dans ses mélodies, ses arrangements (entrez ici alto, violon, violoncelle et autres clavecins) et dans sa façon de chanter ; une manière bien à lui d'ailleurs, toujours posée, jamais dans l’excès, comme s’il cherchait la douceur plutôt que quelques effets de manches malvenus. Un disque élégant en tous points.

Album : Rosewood Almanac
Année : 2017
Label : Bella Union

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En plus des lecteurs Deezer et Spotify, Manzanita, troisième chanson de ce 'Rosewood Almanac' de Will Stratton, est en écoute ci-dessous. Et comme il le dit lui-même : « I love the way that we grow old ».


Autre chanson de ce 'Rosewood Almanac' de Will Stratton, voilà I See You :



Pour finir, le single Some Ride via avec son clip :


mercredi 11 octobre 2017

[Track of The Day] Michael Chapman - The Prospector

Samedi dernier, le Sonic de Lyon avait invité une légende. Oui, une légende du folk : Michael Chapman, vieux monsieur de 76 ans à la casquette bien vissée sur la tête, et les doigts d'une dextérité folle.

Il fallait le voir sur scène, seul, éteignant tous les murmures d’une péniche pourtant assez bien remplie. Il fallait le voir dérouler ses accords de guitare, les répéter et étirer ses chansons sur près de 10 mns, sans jamais lasser son auditoire, avec un jeu aussi envoûtant que merveilleux.

Né en 1941 à Leeds, Michael Chapman m’était jusqu’alors totalement inconnu. Pourtant il semble être considéré comme l'égal d'un Bert Jansch, d'un Nick Drake, d'un Richard Thompson et d'un Jackson C. Frank ; est encensé par, au choix, David Bowie (qui lui piquera Mick Ronson) et autres Thurston Moore (la légende veut qu'un des albums de Chapman aurait été le déclencheur pour la formation de Sonic Youth). Et a une carrière riche et fournie, avec plus de 50 albums à son actif - et autant d'années de carrière derrière lui.

Le dernier en date s'appelle justement '50' et est là aussi bien pour marquer le coup que pour remettre en lumière un artiste trop méconnu. Pris en main par Steve Gunn, très entouré dans l'enregistrement de cet album, il est difficile ici de ne pas penser à Johnny Cash lorsque Rick Rubin décida de donner à l'homme en noir une seconde vie; voire à Okkervil River ressuscitant Roky Erickson.

Pour Michael Chapman, '50' est son premier « american record ». Il propose 10 chansons pour près d'1h de musique folk où ses compositions (tantôt de nouveaux titres, tantôt des relectures de ses plus beaux morceaux) sont soit nues comme des vers (quand bien même son jeu fait croire le contraire), soit habillées d'électricité, de banjo, de cordes ou de chœurs.
Mais une chose frappe à l'écoute de cet album sublime et de cette voix nullement fatiguée : ce sont bien 50 années de folk qui nous contemple. Et de quelle manière !

NB : Découvrant l'artiste, difficile d'en dire plus. Mais la chronique très complète de Pinkushion saura combler les nombreux vides !

Album : 50
Année : 2017
Label : Paradise of Bachelors

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En plus des lecteurs Deezer et Spotify, The Prospector de Michael Chapman est également en écoute ci-dessous, aux accents Neil Young-ien :


Autre chanson tirée de ce '50' de Michael Chapman, That Time of Night



Et pour finir le trailer de ce '50' de Michael Chapman :



lundi 9 octobre 2017

Wolf Parade - Cry Cry Cry [Sub Pop]

Il y a des chansons qui sont tellement incroyables qu’elles ont la fâcheuse tendance d’écraser de leur force l’album dans lequel elles se trouvent. Et qui empêchent d'apprécier un disque dans sa globalité. Deux exemples marquant chez moi : le Bloodbuzz Ohio de The National et le Bullets de Tunng. Mais il en existe évidemment plein d'autres.

Et puis, il y a d'autres chansons, tout aussi fortes mais dont la puissance réside dans le fait qu’elles rendent le reste de l’album encore plus beau (un exemple parmi des milliers, No One Said It Would Be Easy de Cloud Cult).

Lazarus Online, la chanson qui ouvre le nouvel album des canadiens de Wolf Parade est à ranger dans la deuxième catégorie. D’une puissance incroyable, d’une mélodie à se damner, avec un piano comme hanté, celle-ci ouvre la voie de façon magistrale à la suite du disque.

Un disque qui voit la reformation du duo Spencer Krug/Dan Boeckner, six ans après leur split faisant suite à un 'Expo 86' sans réelle saveur. Loin d’avoir abandonné leurs innombrables projets parallèles, les Wolf Parade se sont remis en selle, et de quelle manière, avec ‘Cry Cry Cry’, leur 4è album, et sans doute leur meilleur avec ‘At Mount Zoomer’.

Car passé Lazarus Online, magnifique ouverture donc, le duo va dérouler dix autres chansons aux mélodies imparables pleines de guitares sublimes, de synthés, de piano, de cuivres. Véritable synthèse des appétences musicales de Spencer Krug et Dan Boeckner, rendant même de discrets hommages aussi bien à Bowie (Lazarus Online) qu'à Leonard Cohen (« But it's all inside the heart and Marianne won't let them near it » sur Valley Boy), ‘Cry Cry Cry’ est un disque impeccable et qui réussit à mélanger avec une grande subtilité textes désabusés et mélodies dansantes (voire festives) et enivrantes.

Un retour par la très grande porte donc pour les Wolf Parade, à l'instar de LCD Soundsystem, la sincérité dans la démarche en plus, le cynisme de James Murphy en moins. ‘Cry Cry Cry’, album de l’année ? On fera le point dans quelques semaines, mais on en sera sans doute pas très loin. (Sortie : 6 octobre 2017)

Plus :
'Cry Cry Cry' des Wolf Parade est en écoute sur le bandcamp du groupe
'Cry Cry Cry' des Wolf Parade est (notamment) à l'achat sur le bandcamp du groupe
'Cry Cry Cry' des Wolf Parade est en écoute sur Deezer et Spotify (et bien d'autres)
Le site officiel de Wolf Parade


Trois chansons de ce 'Cry Cry Cry' de Wolf Parade. Lazarus Online (également en écoute dans le lecteur Deezer et Spotify dans la colonne de gauche), Incantation et Weaponized :
 





Pour finir, deux clips tirés de ce 'Cry Cry Cry' de Wolf Parade  : Valley Boy et You're Dreaming :

Wolf Parade - Valley Boy


Wolf Parade - You're Dreaming



jeudi 5 octobre 2017

[Track of The Day] Valparaiso - Marées Hautes (feat. Dominique A)

Des quelques voyages qui m’ont permis de découvrir le monde, celui au Chili il y a de cela trois ans, est sans doute celui qui me reste le plus en mémoire. Oh, pas pour Santiago, capitale polluée, à l’américaine et sans intérêt ; mais plutôt pour sa région nord, faite de zones désertiques immenses et magistrales. Et pour Valparaiso.

Car oui, la réputation de Valparaiso n’est pas surfaite. Oui, c’est une bien belle ville, aux ruelles biscornues pleines de couleurs vivaces et changeantes, dans laquelle il est un délice de se perdre.

Moins coloré, Valparaiso est également le nom du nouveau projet de trois ex-Jack The Ripper, excellent groupe français qui officiait au début des années 2000 et dont les trois albums sont remarquables (un exemple ici). Et pour ‘Broken Homeland’, le premier album de cette nouvelle aventure, ils n’ont pas fait les choses à moitié en conviant sans conteste le plus beau casting de 2017. Excusez du peu : Marc Huyghens (Venus), Shannon Wright, Howe Gelb (Giant Sand), Rosemary Standley (Moriarty), Josh Haden (Spain), Julia Lanoé (une des deux têtes de Mansfield TYA), Phoebe Killdeer (Nouvelle Vague), Thomas Belhom, Dominique A ou encore John Parish… qui produit également l’album. Pas besoin de vous faire un dessin : voilà du beau linge.

Plus qu’une suite de ‘The Fitzcarraldo Sessions’ (le projet qui avait suivi la mort de Jack The Ripper et qui ne m’avait pas franchement emballé), ce ‘Broken Homeland’ est un petit bijou qui se découvre petit à petit et est d’une grande unité pour une liste aussi longue d’invités. Cohérent tout du long (merci John Parish, une nouvelle fois), les 13 chansons s’enchaînent avec une facilité déconcertante, déroulant une americana tantôt langoureuse, tantôt électrique. Les guitares, elles, s'amusent à slider avec bonheur sur un chant essentiellement en anglais (deux titres en français uniquement), où les découvertes ne sont pas rares (Phoebe Killdeer).

En fait, et malgré cette guest-list de choix, il manque une voix qui se serait mariée à merveille à ce voyage musical : celle de Joey Burns, de Calexico, dont la musique ne semble jamais très loin de cette aventure, que l'on espère au long cours.

NB : Pour en savoir plus sur ce 'Broken Homeland' de Valparaiso, lisez donc la très complète chronique de Le Cargo.

Album : Broken Homeland
Année : 2017
Label : Zamora Label

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En plus des lecteurs Spotify et Deezer, Marée Hautes (avec Dominique A au chant) de Valparaiso est en écoute également ci-dessous :



La chanson titre de cet album de Valparaiso, Broken Homeland où Phoebe Killdeer y est fabuleuse :



Enfin, autre très belle chanson de ce 'Broken Homeland' de Valparaiso, Dear Darkness. Parce qu'il est toujours réjouissant d'entendre la voix de Venus :


mercredi 4 octobre 2017

[Track of The Day] H-Burns - We Could Be Strangers

Véritable coup de coeur du dernier festival ‘Heart of Glass Heart of Gold’, je m’étais promis à mon retour de cette contrée bien humide d’écouter le dernier album du romanais. Chose faite, et confirmation que ‘Kid We Own The Summer’ est un bien bel album.

Moins électrique que sur scène, cet album d’H-Burns dévoile un rock où mélodies lumineuses et ambiances mélancoliques se battent pour savoir qui emportera la mise. Finement produit, très bien écrit, H-Burns y raconte des histoires d'amour manquées, ratées, passées ou « qui auraient pu être » et de nostalgie de nos 20 ans.

Et si son précédent disque était déjà une franche réussite, ‘Kid We Own The Summer’ monte encore le niveau d'un cran et impose H-Burns (s'il était besoin) comme un des maître-étalons du genre américain, en vo certes, mais à la française.

Album : Kid We Own The Summer
Année : 2017
Label : Vietnam

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En plus des lecteurs Spotify et Deezer, We Could Be Strangers de H-Burns est en écoute également ci-dessous :


Assez rare pour être signalé, voilà un double clip : celui de We Could Be Strangers et de This Kind of Fire. Deux chapitres, habillés par chacune des deux chansons. Très réussi :


Autre chanson tirée de ce 'Kid We Own The Summer' de H-Burns, voilà Naked et son chouette clip :



mardi 3 octobre 2017

[Track of The Day] Loney Dear - Lilies (featuring Jay-Jay Johanson)

Comment passer du tout au tout ? Comment être un artiste prolifique et devenir un artiste beaucoup plus discret ? Demandez à Nils-Emil Svanängen, aka Loney, Dear, il a sans doute une réponse. Jugez plutôt : lorsqu’il se lance dans sa carrière, le suédois pond 4 albums entre 2003 et 2005. C'est alors qu'il devient beaucoup plus discret.

Car depuis 2005, sa dernière sortie officielle (Sub Pop ne fait que rééditer en 2007 son sublime ‘Loney, Noir’ et lui donner une audience plus importante), Loney Dear n’a sorti que 3 albums, dont le dernier en date (‘Loney Dear’) est le premier depuis 6 ans.

Et bizarrement, Loney Dear (qui a effacé sa virgule en 2009) a perdu de son aura. Loin des envolées folk de la révélation que fut ‘Loney, Noir’, Nils-Emil Svanängen semble se plaire dans une musique sombre, à la production toujours plus étouffante et aux sonorités plus organiques et électroniques. Sans doute que ceci plaît beaucoup mais j’avoue ne pas y trouver totalement mon compte.

Derrière cette belle pochette (qui, avec les rectangles colorés habituels du label Real World, semble sortie de l'esprit de Peter Saville), il y a bien des élans intéressants (sublime Lilies avec Jay-Jay Johanson, Harbours / Harbors), il y a toujours cette belle voix capable de monter haut, et globalement une mélodicité au-dessus de la moyenne ; mais au final pas assez de chansons pour vraiment emballer complètement mes oreilles.

Album : Loney Dear
Année : 2017
Label : Real World

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En plus des lecteurs Spotify et Deezer dans la colonne de gauche, Lilies (avec la participation de Jay-Jay Johanson) de Loney Dear est également en écoute ci-dessous :



Autre chanson tirée de ce 'Loney Dear', Hulls dont voilà le clip :



Enfin, l’excellent ‘A Take Away Show’ de la Blogothèque de Loney Dear, enregistré lors de l’édition 2016 de Heart of Glass, Heart of Gold :