'Eureka Street', excellent roman de Robert McLiam Wilson, sorte de mix entre le 'Tortilla Flat' de John Steinbeck et 'The Big Lebowski' des Frères Coen (mais à la sauce irlandaise), s'ouvre par ces mots : « Toutes les histoires sont des histoires d'amour ».
Et ce n'est pas 'Chemin Vert' de Joseph Fisher qui viendra contredire cette vérité. Premier album du parisien, ce disque est, comme l'indique son sous-titre, « une collection de chansons à propos des filles, des salauds et de l'amitié.»
Musicalement, évidemment, l'ensemble est très bien ficelé, avec un trio guitare, basse, batterie, plutôt brut, parfois ascète, d'où s'échappent de belles mélodies, montées sur des structures qui de temps à autres s'extirpent judicieusement du carcan traditionnel de la chanson.
Un tout très anglo-saxon (il ne cite pas sur Chemin Vert les Red House Painters pour rien, et ce n'est pas non plus un hasard qu'il ait tenu la guitare lors du concert de Michael Hiscock de The Field Mice au Paris PopFest l'an passé), au plus fort sur Désordre ; mais où l'on retrouve tout de même quelques traces du Miossec des débuts.
Toutefois, l'atout principal de 'Chemin Vert', ce sont les textes de Joseph Fisher. Car ils touchent au plus profond. Rarement il m'a été donné l'opportunité d'écouter un disque parlant aussi bien des affres de l'amour, des ruptures, des déceptions, parfois des joies, de la mise à mort d'un sentiment et de tous les questionnements inhérents à ce genre de relations humaines.
Un tout très anglo-saxon (il ne cite pas sur Chemin Vert les Red House Painters pour rien, et ce n'est pas non plus un hasard qu'il ait tenu la guitare lors du concert de Michael Hiscock de The Field Mice au Paris PopFest l'an passé), au plus fort sur Désordre ; mais où l'on retrouve tout de même quelques traces du Miossec des débuts.
Toutefois, l'atout principal de 'Chemin Vert', ce sont les textes de Joseph Fisher. Car ils touchent au plus profond. Rarement il m'a été donné l'opportunité d'écouter un disque parlant aussi bien des affres de l'amour, des ruptures, des déceptions, parfois des joies, de la mise à mort d'un sentiment et de tous les questionnements inhérents à ce genre de relations humaines.
En trouvant souvent le mot juste, en ne sacrifiant jamais ses rimes à une facilité d'écriture, Joseph Fisher est brillant, qu'il évoque les sentiments non-réciproques (« Toi tu voudrais bien vieillir avec moi mais dans 20 ans, moi je voudrais que ça commence maintenant » sur Je Ne Suis Pas Gentil), les plans culs qui n’en sont jamais vraiment (« Pour un garçon si détaché tu as souvent les larmes aux yeux », « Mais je vois que ton cœur se serre quand je me vais au bras d’un autre », « Tu ne trompes personne - je suis partageur et partagé - tu sais que c’est faux - je suis partageur et partagé - ce ne sont que des mots », « Combien de temps encore faudra t-il faire comme si nous faisions fi des conventions? » sur Partageur et Partagé) ou les douleurs d’une séparation (« J’ai toute ma tête mais mon cœur saigne et vient mourir aux portes de ton corps » sur Désordre).
Mieux encore : de toutes les chansons parlant de la douleur de la séparation et de la douleur qui ne veut pas diminuer, c'est sans nul doute le Cup of Coffee de Garbage qui a
toujours eu ma préférence, tant le titre écrit par Shirley Manson est d'une justesse folle. La chanson titre Chemin Vert est du même acabit. Sans doute apogée de l'album, Joseph Fisher y questionne au plus près le sentiment amoureux et surtout sa perte. L'histoire d'un homme qui revient sur les pas d'une ancienne relation, dont il se rappelle les débuts (« Tu me recevais nue et fumant dans ton lit. J’y restais le dimanche, parfois jusqu’au jeudi »), la passion qui s'emparait d'eux (« comme nos deux peaux faisaient des étincelles »), le bonheur qui irradiait (« même si cet été là il ne plut pas beaucoup, le ciel ne pleurait plus, il se calquait sur nous »), les projets qui s'amoncellent (« on rêvait aux enfants que l’on aurait plus tard, en voyant ceux des autres gambader dans les squares. Le bonheur pour une fois ne tombait pas des mains, on s’y croyait, on s’y voyait enfin »). Avant que l'on comprenne que c'est l'amour qu'il a perdu et non la compagne, qui elle, a changé (et Joseph Fisher l'explique bien dans l'interview donnée à Sun Burns Out, voir plus bas).
Trente-cinq minutes, neuf chansons : Joseph Fisher livre avec 'Chemin Vert' un panorama intense, plein de doutes, d'espoir, de renonciation, de souvenirs, de manque de courage aussi, le tout porté par de très belles mélodies qui n'arrivent pas à ne pas être mélancoliques. Et au-dessus de tout cela plane l'amour. Oui, décidément, toutes les histoires sont des histoires d'amour. (Sortie : 30 avril 2019)
Plus :
'Chemin Vert' est en écoute sur le bandcamp de Joseph Fisher
'Chemin Vert' est à l'achat sur le bandcamp de Joseph Fisher
Très bonne interview de Joseph Fisher donné à la sortie de 'Chemin Vert' à Sun Burns Out
La chronique de 'Chemin Vert' de Joseph Fisher par Mathieu Gandin pour Pop News
Trois chansons de Joseph Fisher en écoute. A tout seigneur tout honneur, voilà donc la chanson Chemin Vert, dont j'ai évoqué la beauté juste au-dessus. Puis Partageur et Partagé, seule chanson en duo (avec Albane Honoré) où un couple qui se veut libre ne l'est finalement pas tant que cela. Et enfin le très beau Ville Nouvelle, plein de rêves évanouis :
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