Tout a été dit sur l’amour. L’art a en effet su mettre en scène depuis des siècles son sujet de prédilection. A tel point que l’on se demande souvent ce qu’il y a encore à en dire. Car oui, si l’on regarde bien, le tour de la question a été fait a de nombreuses reprises : un cœur brisé, le début d’une romance, des déchirures inéluctables ou un bonheur tout simple, tous ces sujets ont été traités maintes et maintes fois.
La musique n’a d’ailleurs jamais été en reste, de l’opéra au reggae, du rap au jazz en passant par les pires bouses commerciales qui sont passées par mes conduits auditifs lors de mon adolescence à la fin des années 80 et au début des années 90. Elle a même tellement traité le sujet là qu’elle en vient à tourner sur elle-même.
Alors comprenez mon étonnement, quant à l’écoute de ‘Sleight Of Heart’, nouvel album de Malcolm Middleton – pour ceux qui auraient oublié, volontairement (pour faire passer plus facilement la douleur) ou non (vous avez quatre jours pour vous taper la discographie complète d’un des groupes les plus importants des 20 dernières années, interro surprise en fin de semaine) une des deux têtes pensantes de feu Arab Strap – je suis tombé sur une nouvelle chanson d’amour : Love Comes In Waves. Qui m’a, uhm, comment dire, assez bouleversé.
Allez comprendre. Parce qu’à la base, la construction est des plus classiques, la mélodie est plutôt banale. Il y a bien la production, en trois temps, qui bouge un peu les lignes. Mais à part ça, elle reste, de loin, une chanson pop qui parle d’amour, certes déchu et brisé, comme une autre… Sauf que les frissons sont bien là eux. Mes poils sont au garde à vous, les yeux s’embuent et j’ai juste envie de pleurer. Alors pourquoi ? Ben justement par la simplicité de sa mélodie, son texte bouleversant, totalement vrai et/ou touchant et cette montée en puissante finale, le tout pour sept minutes de mélancolie. Pas putassière pour un sou, Love Comes In Waves est un petit bijou de sentiments paré de pop superbe et sincère.
J’aimerais pouvoir parler encore et encore de ce morceau, de ses paroles qui me touchent chaque fois un peu plus. Mais il faut bien que j’évoque, ne serait-ce que rapidement, le reste de l’album ; ce qui remplit les huit autres plages de ce ‘Sleight Of Heart’. Car là aussi, il y a à dire.
Loin de son électrique ‘A Brighter Beat’ (voir ici ou là), ce bon Malcolm Middleton reprend les choses au calme, presque en acoustique, convie Paul Savage (feu Delgados) à la batterie, Barry Burns (Mogwai) au piano et rappelle Jenny Reeve pour les chœurs féminins.
Bref, une fine et belle équipe qui pond donc au total six nouveaux morceaux, sort sa version (et avec quelle classe !) de Stay de Madonna et se permet de reprendre Just Like Anything de Jackson C. Frank de façon plutôt honnête sans que cela soit transcendant (de toutes façons l’originale est tellement belle qu’arriver à ne pas la défigurer est déjà un exploit) avant de toucher à Marguerita Red du sous-estimé et méconnu King Creosote. Et tout du long de la grosse trentaine de minutes que dure l’album, tout (ou presque) n’est que délicatesse, chatoyant touché de cordes et belles mélodies.
A l'écoute de ce 'Sleight of Heart', on se dit que Malcolm Middleton continuera donc en 2008 de rassurer et de consoler tous nos cœurs brisés suite à la séparation d’Arab Strap : il n’a pas changé, il n’a rien perdu de son songwriting et garde toute son intégrité et son talent. Mais si, pour une raison ou une autre, le blues venait quand même à nous étreindre, une seule solution : se plonger à nouveau Love Comes In Waves ; s’y immerger même. Parce que de la mélancolie de cet acabit là est le bien meilleur des remèdes (sortie : 3 mars 2007)
Son :
Myspace (six titres en écoutes dont deux de ‘Sleight Of Heart’ parmi lesquels la reprise de Stay Madonna)
Site Officiel (un modèle de sobriété et de navigation)
Un morceau donc seulement exceptionnellement. Mais vu que ce Love Comes In Waves dure plus de sept minutes... (malheureusement plus en écoute).
4 commentaires:
Le nouvel album s'annonce bien...
l'accent prononcé de l'ami Middleton joue beaucoup dans le charme du truc, non ? then you do-ou-n' / then you do... Joli.
Intéressant ici.
Je reviendrai.
@ Le Chevreuil: Ah ben oui, son accent à arracher des portes est en grande partie responsable du charme du bonhomme. Mais c'était déjà le cas avec Arab Strap.
@ Cecile: Mais quand vous voulez, je ferme rarement. :)
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