Il y a quelque chose de frustrant avec la dématérialisation à outrance et la chute sans fin de l'industrie musicale, c'est que petit à petit, les labels - et les artistes avec eux - abandonnent les sorties physiques d'Ep et de singles au profit de sortie uniquement digitale, plus rentables et moins risquées. Stuart Murdoch, chanteur et leader de Belle and Sebastian, l'explique bien dans son interview dans le Magic de janvier 2015. Un discours assez triste, qui plus est quand on connait la fan base sur laquelle peut s'appuyer le groupe :
« Dans les nineties, nous ne sortions jamais, nous passions notre temps entre quatre murs à enregistrer des chanson. Nous allions finir par devenir les ABBA de l'indie pop ! De plus, à l'époque, les gens achetaient encore des disques. Nous sommes devenus plus populaires et le label ne s'en plaignait pas. Nous avons publié deux albums très rapidement et avions toujours des chansons en rab', c'est pourquoi nous publiions des EP. C'était génial, nous aimerions évidemment recommencer, mais nous n'en avons pas le loisir. Car les disques ne se vendent plus et nous devons aussi nous produire sur scène pour gagner notre vie ».
Mieux, désormais, pour beaucoup, la norme est de produire des 45-tours « collector », tirés à des quantités ridicules et à des prix exorbitant, alors même que la demande des fans est là.
Dernier exemple en date, No Shade in the Shadow of the Cross, premier single du prochain Sufjan Stevens 'Carrie & Lowell', sorti non pas chez Asthmatic Kitty mais (pour une raison que j'ignore) chez Joyful Noise Records. Un 45-tours tiré à 100 exemplaires uniquement, vendu au prix délirant de 25$ (et je vous fais grâce des frais de port !) et que les fans (dont je fais partie) ont tenté de s'arracher en quelques minutes, en faisant planter le site internet du label. Bref 100 clampins fanfaronnent, des milliers sont frustrés. Pendant ce temps là, l'industrie musicale continue de se casser la gueule. On marche sur la tête.
Autre exemple : Fat Cat Records et les Twilight Sad. Après Last January à la fin de l'année dernière, c'est au tour de I Could Give You All That You Don't Want de passer par la case single de leur dernier album en date, très réussi, 'Nobody Wants To Be Here and Nobody Wants To Leave'. Un disque qui sera produit en 45-tours picture disque (à l'artwork très classe une nouvelle fois), mais qui ne sera disponible que... sur leur tournée américaine. Ni sur le site de Fat Cat, ni en magasin. Non, uniquement au merch de leurs concerts américains. Pour ceux qui ne vivent pas aux Etats-Unis ou ne pourront se rendre sur la tournée, il faudra se contenter de la froide version digitale.
Bref, une stratégie un brin stupide, d'autant plus que ces deux titres méritent plus d'une écoute. Premièrement parce que I Could Give You All That You Don't Want est une des meilleures chansons de leur dernier album en date. Et parce que The Airport, face-b inédite, est dans son genre une belle balade électrique et mélancolique. Une chanson qui aurait presque méritée de finir sur l'album dont elle a été exclue. Et que j'aurais bien écouté autre part que sur mon ordinateur. Mais que voulez-vous ma bonne dame, quand on fait n'importe quoi, autant y aller à fond.
Album : I Could Give You All That You Don't Want
Année : 2015
Label : Fat Cat
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The Airport, face-b de ce single des Twilight Sad, est également en écoute ci-dessous :
I Could Give You All That You Don't Want, face-A et single officiel, est quant à lui en écoute ci-dessous via son clip :
2 commentaires:
Nobody Wants To Be Here and Nobody Wants To Leave est un excellent album , je prends toujours beaucoup de plaisir à l'écouter..
Oh oui. Comme les précédents. Le manque de notoriété de ce groupe (ou alors ce n'est que d'un point de vue francais) est quand même fou...
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