Quatuor éparpillé aux États-Unis,
The Apparitions avait été ma révélation indie-rock de 2006 (et mon 8è album de l'année). Un disque complètement et honteusement passé inaperçu. Et pourtant, enlevé, tubesque, avec de vraies chansons, aux voix et guitares attachantes, aux balades bien torchées et mémorables (
She Burned Out Their Eyes dans son genre était mémorable),
As This Is Futuristic était – et reste – un disque d'une très grande qualité. Je pensais que s’il arrivait en France, il écraserait tout sur son passage. Cela n’a malheureusement pas été le cas - mais je me défendrai en disant qu’il n’a pas trouvé de distributeur hexagonal, ni même européen si j’ai bien suivi; Non mais.
Mais, me diras-tu coquin de lecteur,
«pourquoi nous parle t-il de The Apparitions alors qu'il a nommé son article "Vandaveer"?». Bonne et perspicace question l’ami. Tout simplement parce qu’une des deux voix de ce groupe s’est lancée depuis 2007 dans une carrière solo (même si elle reste bien entourée), sous le nom de
Vandaveer. Loin du rock et de la pop échevelée de son ancienne formation,
Mark Charles Heidinger (son vrai nom) se plonge dans une musique folk et plus acoustique. En résulte un premier album assez sublime, dont la blogosphère se fait l'écho,
‘Grace & Speed’.
Deux ans plus tard, et pour le moment uniquement en Europe, le voilà de retour avec
‘Divide & Conquer’. Un album qui démarre par une pièce de monnaie qui roule sur elle-même avant de finir à plat. Une rythmique lourde et une note de piano répétitive prennent la suite. Et la voix de
Vandaveer apparaît, vite rejoint par celle de
Rose Guerin. Et l’affaire semble entendue.
Elle l’est, le reste de l'album confirmant rapidement l’impression de ce
Fistful of Swoon:
‘Divide & Conquer’ enchaîne les élans mélodiques susurrés, les douceurs simples, les balades plus travaillées et les harmonies touchantes. Un petit travail d’orfèvre où la voix de
Vandaveer y est pour beaucoup, tant elle évoque la rencontre entre celle de
Tom McRae et de
Chris Martin, pleine de douceur et de force avec ce grain si particulier.
Mélangeant tour à tour guitare électrique, piano, clarinette, guitare folk, ukulélé et clappings éparses,
‘Divide & Conquer’ reste toutefois et avant tout un disque inspiré par le folk. D’ailleurs,
Beverly Cleary's 115th Dream (voir plus bas), la chanson qui clôt ce petit bonheur d'album, semble rendre hommage au grand
Bob et son
Bob Dylan's 115th Dream . Musicalement, les deux morceaux n’ont rien à voir, certes. Mais entre le titre et les paroles qui évoquent une certaine
Ramona (dont le
Zim avait chanté les louanges en 1964), il est difficile de penser que ce n’est qu’une coïncidence.
De toutes façons, coïncidence ou pas, hommage discret ou non,
‘Divide & Conquer’ reste un très beau disque, à la durée parfait (42’), où mélodies lunaires se frottent à des harmonies célestes. Un second bijou à saluer, qui plus est venant d’un homme capable de passer d’un indie-rock des plus efficaces à un folk racé en un claquement de doigt. Plus qu’une apparition, plus qu’une révélation,
'Divide & Conquer' est une confirmation.
(sortie: 6 avril 2009)