samedi 30 décembre 2023

Bilan 2023 : « Albums » (01-20)


Après les 45-tours et tous les disques hors formats, après vingt premiers albums, passons donc aux vingt meilleurs, ceux qui auront plus que squatté mes journées, mes soirées et mes longs trajets en voiture. Mais avant de dévoiler tout cela, allons comme d'habitude voir ce que les voisins, français ou étrangers, ont pensé de cette année 2023 :
- Le top 50 des albums 2023 pour la rédaction de Stars Are Underground
- Les meilleurs albums de 2023 selon Raven Sings The Blues
- Le toujours épatant bilan d’Aquarium Drunkard
- Le Top des rédacteurs de Benzine et de ses lecteurs 
- Les 20 albums de l’année de Sonne Qui Peut
 
Vingt albums donc. La crème de la crème selon mes oreilles. Une année particulièrement faste à mon sens, avec des disques pour certains pas loin d'être prodigieux et notamment un sextet difficile à départager. Au programme donc, du drone hypnotique, du post-punk furieux, des voix merveilleuses, de la pop dépressive ou seventies, de la pop ensoleillée, de la songwriteuse divine, de l'électro-soul de très haut niveau, le retour d'un vieux de la vieille, un disque écrit avec des larmes, un autre disparu depuis 25 ans, une formidable confirmation hip-hop,  le meilleur parolier et le meilleur groupe de rock français, du jazz arabisant, la révélation de l'année, de l'anglais qui a du tube plein sa besace ou le merveilleux hommage de deux légendes à un des plus grands groupes de l'histoire. C'est à peu près tout cela qui aura fait mon année. Dont voici donc le meilleur. Ou en tout cas, mon meilleur.

Et comme le veut la tradition, au bas de ce papier se trouvent des players Spotify et Deezer proposant une chanson ou un morceau de chacun des disques présentés juste après. Bonne lecture. Et bonne écoute !





20. Kali Malone – Does Spring Hide Its Joy [Ideologic Organ]
Je n'aurais pas cru qu'un tel disque pouvait autant me charmer. Pourtant, ce 'Does Spring Hide Its Joy' (qui n'a strictement rien de printanier) et ses 3h de drone est hypnotique au possible. Kali Malone et ses deux invités (Stephen O'Malley de Sunn O))) à la guitare électrique et Lucy Railton au violoncelle) font évoluer leurs notes au travers de textures épaisses. Un disque dont l'écoute est tout à fait fascinante - et encore plus sur un bon matériel hi-fi.
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19. ANOHNI and the Johnsons – My Back Was A Bridge For You To Cross [Rough Trade Records]

Beaucoup moins soul que veulent bien le dire certains, 'My Back Was A Bridge For You To Cross' est un album splendide à bien des égards de la part d'ANOHNI and the Johnsons. Un disque d'une classe folle qu'ANOHNI porte sur ses épaules, par ses textes touchants et sa voix renversante.
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18. Benny Sings – Young Hearts [Stones Throw Records]

Ce qui n'aurait du être qu'un coup de coeur estival comme il y en a plein s'est avéré au final être un disque refuge. 'Young Hearts' est un album de pop qui se serait accoquiné avec quelques légers beat hip-hop. Un disque fun et sans prétention, aux mélodies chatoyantes quand elles ne sont pas entraînantes.
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17. Bonnie 'Prince' Billy – Keeping Secrets Will Destroy You [Drag City / Domino Records]

'Keeping Secrets Will Destroy You' est sans doute un de ses plus beaux disques récents de Bonnie 'Prince' Billy. Un album simple, aux atours country-folk, avec sa voix et sa guitare au centre de tout, la voix de Dane Waters en soutien, quelques arrangements légers et léchés (quelques cordes par-ci, un orgue ou un cuivre par-là), qui savent toujours embellir sans jamais alourdir. Un album au dénuement partiel mais délicat, souvent touchant et qui s'ouvre par une chanson tout à fait remarquable, Like It or Not.
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16. Deeper – Careful! [Sub Pop Records]

Plein de guitares racées et qui claquent, de basses profondes, de synthés dansant et d'une voix aux contours eighties, cet album de Deeper navigue dans les eaux troubles d'un post-punk circa-1980 et de waves qui ne veulent pas dire leurs noms. Partant dans beaucoup de sens tout en gardant une unité impeccable, 'Careful!' est une réussite de chaque instant et un des disques du genre les plus réussis de 2023.
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15. Billy Woods & Kenny Segal – Maps [Backwoodz Studioz]

Après l'immense 'Aethiopes' l'an passé, revoilà Billy Woods flanqué cette fois de Kenny Segal à la production, pour des retrouvailles. Un disque puissant où il est question de voyages, au tempo lent et pas bégueule en ce qui concerne les invités (Quelle Chris, Aesop Rock, Danny Brown, Armand Hammer et même Sam Herring, le chanteur de Future Islands). Découvert uniquement en 2022 (alors qu'il a vingt ans de carrière derrière lui), j'ai comme dans l'idée que Billy Woods va devenir un habitué de mes bilans de fin d'année.
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14. Sufjan Stevens – Javelin [Asthmatic Kitty Records]

Trois ans après le magnifique (mais décrié) 'The Ascension', revoilà Sufjan Stevens, avec 'Javelin' sous le bras. Un disque écrit à l’encre des larmes versées à la perte de l’homme de sa vie quelques mois plus tôt. Et cela se ressent dans cette nouvelle petite merveille, perclue de chansons bouleversantes (Will Anybody Ever Love Me?, la reprise de There's a World de Neil Young), de folk lumineux et d’arrivées bruitistes, étouffantes et délirantes comme pour mieux pouvoir hurler sa douleur discrètement. Un disque qui, a l’instar de sa pochette, est une sorte de condensé de 'All Delighted People Ep' et de quelques bribes de 'The Age of Adz'.
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13. Protomartyr – Formal Growth In The Desert [Domino Records]

'Formal Growth In The Desert' est le sixième album du quatuor de Détroit et sans doute pas le moins réussi. Un disque sombre , aux guitares profondes, aux gimmicks pop et mélancoliques et au post-punk qui préfère plus souvent le tempo lent et la langueur à une furie plus anecdotique. Un album qui prend une encore plus grande ampleur sur scène.
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12. The Lemon Twigs – Everything Harmony [Captured Tracks]

Après des années à faire dans la surenchère et à écrire des chansons à l’intérieur de chansons à l’intérieur de chansons, 'Everything Harmony' voit les Lemon Twigs réduire la voilure, faire plus simple, plus sobre, sans pour autant oublier d’où ils viennent. Et le résultat est plutôt saisissant, tant cet album est beau, touchant, bien orchestré et surtout très juste, ne partant jamais dans des excès qui auraient pu gâcher bon nombre de compositions. Sans doute leur meilleur album.
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11. Fenne Lily – Big Picture [Dead Oceans]

Originaire de Bristol, Fenne Lily a commencé à écrire cet album (son troisième) au moment de sa rencontre avec son petit ami et a en fini l'écriture lors de leur séparation. Il y a un peu tout cela dans ce disque où la jeune femme déroule sa pop teintée de folk, à la vibe qui rappelle Laura Veirs, dans une ambiance duveteuse et d'une voix douce qui ne s'égare jamais dans des éclats superflus.
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10. Stéphane Milochevitch – La Bonne Aventure [Talitres]

Après trois albums (dont les deux derniers, 'Le Tunnel Végétal' et 'Au Paradis', sont révérés dans ces pages) sous le nom de Thousand, Stéphane Milochevitch a pris cette année son envol sous son propre nom. Mais rassurez-vous, le changement n'est qu'administratif tant les qualités de compositeur et de parolier de notre homme n'ont pas bougé. 'La Bonne Aventure' est un disque merveilleux de pop à la française, où se côtoient mélodies accrocheuses et arrangements fins et léchés (à l'exception de la chanson d'ouverture Le clou dans le bois de la croix, sublime en tous points), sur lesquels vient se poser cette voix presque éraillée et éteinte, qui parle plus qu'elle ne chante des textes toujours riches et lettrés, d'où émane une belle poésie.
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09. Soft Water – Middle Ground [-]

A l'image de sa pochette aux tournesols brûlés, 'Middle Ground' n'est pas un album qui respire la joie, le bonheur et la félicité ; à l'image de ses deux compositeurs, Family Video et Fog Lake, pas connus pour être les plus rigolos de la bande. Mais leur indie-pop élégiaque et dépressive, lorgnant parfois vers le slowcore, est touchante car elle raconte des histoires que nous tous avons vécues, celles pleines d'amours perdues et de solitude infinie.
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08. Buck 65, doseone, Jel – North American Adonis [A Purple 100 / Handsmade Records]

Vu son histoire folle (album enregistré en 1998 et perdu suite à un crash), voir débarquer 'North American Adonis' dans les bacs vingt-cinq ans plus tard est en soi un petit miracle. Réenregistré en se basant sur le peu qu'il restait des sessions originelles, ce disque est immense autant que captivant. Et s'il n'est pas passéiste pour un sou, il est comme une capsule temporelle qui nous ramène au tournant des années 2000, au meilleur d'Anticon, quand ce label était une référence et que ses membres étaient les meilleurs agents hip-hop de l'époque.
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07. Pynch – Howling At A Concrete Moon [Chillburn Recordings]

Enfants de toute une scène rock anglaise des années 2000, les Pynch ne sont pour autant pas des rejetons qui font dans la redite fadasse et réchauffée. Leur premier album 'Howling At A Concrete Moon' est un disque très attachant et sacrément emballant, porté qu'il est par des mélodies qui font mouche, des tubes un peu de partout, des riffs longs en bouche mais classieux, et des textes plein de spleen et de nostalgie autant que de sarcasme ou de cynisme.
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06. Special Friend – Wait Until the Flames Come Rushing In [Hidden Bay Records / Howlin Banana Records / Skep Wax]

Minimal sans l’être, moins bruitiste que son prédécesseur tout en étant plus affirmé et ambitieux, ce deuxième album de Special Friend est un disque plein de certitudes, où les mélodies rock langoureuses et mélancoliques, le noise-pop et ce parfum de slowcore qui flotte un peu partout se tiennent dans un équilibre tout sauf instable tant on sent une vraie certitude émaner des chansons du duo. Formidable album.
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05. Le Cri du Caire – Le Cri du Caire [Les Disques du Festival Permanent / Airfono / L'Onde & Cybèle / Big Wax Distribution]

Porté par la voix de Abdullah Miniawy, le violoncelle de Karsten Hochapfel, le saxo ténor de Peter Corser et la trompette d'Erik Truffaz, 'Le Cri du Caire' est le genre du disque où les univers se confondent, où l'alchimie est évidente, où la symbiose est totale entre ces six mains et cette voix, et surtout où la beauté l'emporte toujours, même quand elle n'est pas bouleversante.
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04. Bar Italia – Tracy Denim [Matador Records]

Moins post-punk qu'indie-rock, aux lignes de guitares absolument superbes - sans doute les plus belles entendues cette année - et qui trouvent en la basse et la batterie (pas là pour jouer les faire valoir et à la vraie plus-value) de bien adéquats compagnons de jeu, rappelant plus souvent qu'à son tour le Blonde Redhead des débuts voire un Sonic Youth apaisé, 'Tracey Denim' est un disque époustouflant et qui fait déjà figure d'instant classic (avec en bonus une pochette qui va bien à ce qualificatif). Sans conteste la révélation rock de 2023.
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03. Pascal Comelade / Ramon Prats / Lee Ranaldo – Velvet Serenade [Staubgold / Cougouyou Music]
 
'Velvet Serenade' n'est rien d'autre qu'un des plus grands disques hommage à l’œuvre du Velvet Underground jamais sortis. Mais attention : il n'est pas ici de reprises banales ou « à la manière de ». Non. En 35 minutes, le trio Pascal Comelade, Ramon Prats et Lee Ranaldo réinvente les chansons du Velvet, les fait passer par d'autres états et montre à quel point elles sont intemporelles et d'immenses compositions. Avec une pochette splendide, 'Velvet Serenade' est un album immense, merveilleux, qui déborde d'idées et de beauté.
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02. Róisín Murphy – Hit Parade [Ninja Tune]

Il faut peu d'écoutes pour se rendre compte à quel point 'Hit Parade' est un disque absolument époustouflant, symbiose si parfaite entre Róisín Murphy et DJ Koze que leurs deux noms auraient mérité de figurer à son fronton ; elle chantant divinement bien, jouant avec les productions de son acolyte, tantôt taquine, tantôt profonde. Soulful et funk à souhait, house ou simplement électro, cet album plein de tubes potentiels est sans doute l'album que j'ai le plus écouté de l'année.
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01. Juni Habel – Carvings [Basin Rock]


Avec cette voix doublée, ces chœurs feutrés, ces petits bruissements d'instruments ou de plancher en fond, il y a tout au long de 'Carvings' cette sensation que des fantômes bienveillants volettent de partout, lui apportant une aura presque mystique. Enregistré dans la maison familiale, accompagnée de son mari, de son frère et de son oncle et où il est souvent question de la jeune sœur de la norvégienne, disparue tragiquement dans un accident de la route, ce magnifique album folk de Juni Habel transpire de sincérité.

Évoquant Nick Drake et surtout Vashti Bunyan, 'Carvings' est un petit miracle poétique, mélancolique autant que lumineux, où les accompagnements léchés mais discrets ne tirent jamais la couverture à eux, préférant être au service de la mélodie et des textes de Juni Habel. Un disque apaisé, à l'image de sa pochette, aux chansons d'une beauté rare, qui aura accompagné beaucoup de mes fins de soirée.
Surtout, mon tout premier coup de coeur de 2023. En mars dernier je finissais d'ailleurs ma chronique de l'album par ces mots : « Je ne sais pas ce que nous réserve cette année 2023, mais il va falloir faire très fort pour supplanter la majesté de cet album ». Personne n'a été aussi fort justement. 'Carvings' ne m'a pas quitté de toute l'année. Un chef d'oeuvre. Un grand.


Comme à chaque fois, ci-dessous deux lecteurs (Spotify ou Deezer, choisissez votre camp) présentant une chanson de chacun des vingt disques ci-dessus. Dans l'ordre croissant. Bonne écoute !

6 commentaires:

Jean-Baptiste a dit…

Merci pour ce top diversifié, et du temps que tu prends pour commenter chacun de tes choix. Je l'attends avec impatience chaque fin d'année !

-Twist- a dit…

Merci <3
Oui, ça prend du temps cette connerie haha

(et n'hésite pas à partager <3 )

Meuble a dit…

Bravo ! Pas mal de noms jamais entendus ailleurs.

-Twist- a dit…

Y a tellement de sorties aujourd'hui que je suis pas sûr qu'un top ressemble à un autre. Et tant mieux quelque part !

Bojolpif71 a dit…

Un best-of original ... comme tous les ans.

Très peu d'albums connus pour moi dans le top 20 ,3 si j'ai bien compté (dont le superbe Sufjan Stevens) ==> des découvertes à venir.

-Twist- a dit…

Merci !

Juni Habel. Juni Habel. Juni Habel. Un soir, vers 23h, quand ta maison est endormie (ou la ville). Parfait pour rentrer dans la nuit.