Les histoires suivantes sont plus ou moins connues mais méritent d'être répétées:
- En octobre 1963, Edith Piaf, minée par trop d'abus divers, décède et met la France en émoi. Un jour plus tard, Jean Cocteau, grand acteur parmi les grands acteurs, passe de l'autre côté à son tour. Dans l'indifférence ou presque.
- En juin 1989, David Hasselhoff, l'homme qui aime les moules burnes en cuir et la compagnie d'une voiture qui parle, sort son album
'Looking for Freedom' avec comme single phare la chanson du même nom. Six mois plus tard, le mur de Berlin tombe et celui qu'on appelle désormais Mitch Buchannon part chanter sur le mur sa chanson devant des milliers d'allemands fous de joie (selon certaines rumeurs,
David Hasselhoff serait encore persuadé aujourd'hui d'avoir joué un rôle primordial dans cet évènement historique).
- Le 4 septembre 2011
Explosions In The Sky sortent
'Those Who Tell The Truth Shall Die, Those Who Tell The Truth Shall Live Forever', leur second album dont la pochette représente un ange tirant un halo de lumière sur un avion.
Sept jours plus tard, le 11 septembre 2001,
The Moldy Peaches sort officiellement son album du même nom où l'on retrouve la chanson New-York City's Like a Graveyard. Les Strokes eux changent in-extremis le tracklisting de la version américaine de leurs
'Is This It?' en supprimant l'excellent
New York City Cops.
Quant à The Coup, on leur fait la guerre suite à la pochette de leur album
'Party Music' présentant les Twin Towers éventrées par l'explosion de bombes; alors que l'album est pour le coup vraiment réussi.
Pour tous ces protagonistes, un lien commun:
ils ont tous du faire face à des coïncidences heureuses, fâcheuses ou simplement malheureuses.
Pour Over The Rhine l'année 2005 est aussi une l'histoire d'une coïncidence fâcheuse. Car en 2005, Over The Rhine, groupe américain de Cincinatti, offre son plus bel album:
'Drunkard's Prayer'. Un disque de pop très classieux, très travaillé, aux arrangements somptueux et aux mélodies succulentes.
Un disque qui aurait du connaitre un succès fou, ou au moins une reconnaissance médiatique.
Oui mais voilà, en 2005, c'est un autre américain qui reçoit, et à juste titre, des tombereaux d'hommages pour
'Come On Feel The Illinoise' :
Sufjan Stevens. Celui-ci fait la une de partout, récolte des éloges de la presse spécialisée - ou non - mondiale et, cerise sur le gâteau, vend très bien son chef d’œuvre.
Dans le même temps, Over The Rhine, son
'Drunkard's Prayer' sous le bras et
traverse dans une presque indifférence polie l'année 2005.
Six ans plus tard, Linford Detweiler et son groupe revienne sur le devant de la scène avec
'The Long Surrender' qui reprend la trame de
'The Trumpet Child' (sorti en 2007). Over The Rhine oublie une nouvelle fois la pop lumineuse qui aurait pu faire de lui un groupe marquant et important
pour mieux entretenir ses nouvelles envies de jazz-pop. Un style qui lui sied cela dit à merveille, la voix de Karin Bergquist se mariant parfaitement avec ces ambiances là.
Tentant un léger rapproché avec la pop qui a failli faire son succès (
Only God Can Save Us Now ou
Days Like This notamment),
'The Long Surrender' est un disque plus divers que son prédécesseur mais tout aussi beau, charmant, délicat,
qui sent bon le piano-bar. Et qui devrait parler à beaucoup d'esthètes de la mélodie.
On lui reprochera peut-être sa longueur (près d'1h). Mais au final, on peut raisonnablement penser que Over The Rhine n'en a que faire: le groupe a laissé passer la reconnaissance qui lui tendait les bras un soir de juillet 2005. Sans rien y pouvoir. Foutus hasards.
(sortie: 8 février 2011)