lundi 30 décembre 2024

Bilan 2024 : « Albums » (20-01)


Après la partie 1 sur les formats courts, compilations et rééditions, la partie 2 consacrée aux albums classés de la 21è à la 40è place, passons au vingt disques qui auront fait chavirer mon petit coeur pendant les 365 jours de cette année pas si pire mais fondamentalement pas vraiment remarquable. Un classement toujours compliqué tant tous les disques présents ici ont tous compté à un moment ou l'autre de l'année.

Mais avant ça, faisons notre traditionnel détour vers le voisinage plus ou moins lointain pour voir les choix des blogs et autres sites, amis ou non :
- Le très complet bilan de Benzine (site, rédacteurs et lecteurs)
- Les 100 albums de l’année de The Quietus
- Le top album de "Sonne Qui Peut" de Sami
- Les meilleurs albums de 2024 selon Raven Sings The Blues
- Le bilan 2024 d’Esprits Critiques de Marc Mineur 

Avant de décliner les vingt albums qui auront fait mon année, je voudrais avoir une pensée d'abord pour tous ces disques à-côté desquels je suis passé, ceux à qui je n'ai pas donné une seconde chance alors qu'ils l'auraient sans doute mérité pendant que j'en donnais dix à certains qui ne le méritaient pas, ceux que je n'ai pas écouté car submergé par trop de sorties, partout, tout le temps ou coincé dans des disques sans intérêt. Mais vingt albums donc. La crème de la crème (selon mes oreilles en tout cas), avec de la prêtresse aux atours de reine, deux albums hip-hop miraculeux, de la soul avec un grand "S", du rock qui fricote avec le post-punk à moins que ce ne soit l'inverse, de la jangle-pop de très haute tenue, un disque français court mais si parfait, un autre à la pop cosmique, de la chanteuse folk à vous hérisser le poil, de l'électro absolument imparable et un numéro 1 absolument évident et le seul album qui m'a bouleversé à la première écoute. Tout est ci-dessous en vingt mini-chroniques avec au bas de ce billet, évidemment, un lecteur Spotify et un lecteur Deezer présentant une chanson de chacun de ces disques. Bonne lecture et bonne(s) écoute(s).



Bilan 2024 :
Top « 50 Chansons
»
Top « Albums » (40-21)
Top « 7", 12", Ep, Réédition & Compilation »


20. EggS - Crafted Achievement [Howlin Banana Records]
Si ce nouvel album d’EggS a de faux-airs d’Ep (24 minutes seulement), il n’en reste pas moins remarquable de bout en bout, enivrant, passionnant, plein de cuivres, de guitares énergiques, de rythmiques imparables, de chœurs qui sonnent comme des cerises sur le gâteau, et de chansons mémorables quand elles ne sont pas des tubes évidents. Un album très américain, au rythme échevelé et sur lequel la présence de nombreux invités (dont deux En Attendant Ana) n’est pas étrangère à sa grande classe.
19. Being Dead - Eels [Bayonet]
Passé la première mésentente (non, il ne s'agit pas d'un nouvel album de Mark Oliver Everett), 'Eels' du duo texan Being Dead s'avère vite être un album comme on les aime. De l'indie-rock un peu bringuebalant, à la vibe surf-rock, aux influences sixties, avec de la pop un peu de partout, dont chaque écoute se révèle meilleure que la précédente. Grand disque qui sonne comme un album de branleurs mais qui ne l'est pas. Reste plus qu'à savoir si, à l'instar d'un Nick Lowe qui avait sorti un 'Bowi Ep' au réponse au 'Low' du grand David Bowie, le prochain album d'Eels s’appellera 'Being Dead'.
18. Penny Arcade - Backwater Collage [Tapete Records]
Formé autour de James Hoare de The Proper Ornaments, Penny Arcade n’aura pas raté ses débuts discographiques avec 'Backwater Collage', disque de pop résolument fatiguée, dont les mélodies, le rythme, la voix comme effacée et une production ronde et cotonneuse vous bercent par leur langueur et leur beauté.
17. Nia Archives - Silence Is Loud [Island]
Album de jungle/drum'n'bass qui aurait pu n'être qu'un disque de genre si l'on n'y avait pas insufflé beaucoup de pop, de r'n'b et même d'indietronica pour lui donner une épaisseur toute autre, 'Silence Is Loud' est un premier album remarquable de la part de l’anglaise Nia Archives. Une sorte de rencontre improbable entre Ms. Dynamite, la britpop et le breakbeat des années 90.
16. Jessica Pratt - Here in the Pitch [Mexican Summer / City Slang]
'Here in the Pitch' est un disque hors du temps où la folk joliment ouvragée de Jessica Pratt, avec ses quelques touches de bossa-nova qui semblent flotter tout du long, fait merveille. Un disque à l’ambiance rétro, presque anachronique, mais d’une beauté immédiate et imparable.
15. Mannequin Pussy - I Got Heaven [Epitaph]
Porté par sa chanson titre et d'ouverture très représentative (construction dichotomique avec des couplets punk à souhait et un refrain entre shoegaze et pop), 'I Got Heaven' voit le gang de Philadelphie faire encore mieux que sur son album précédent 'Patience' (déjà vieux de cinq ans). Du rock, du punk, du hardcore à juste dose, le tout sur trente minutes resserrées : les Mannequin Pussy prouvent qu'ils sont un groupe qui compte.
14. Chelsea Wolfe - She Reaches Out To She Reaches Out To She [Loma Vista]
Produit par David Sitek de TV On The Radio qui lui donne une remarquable identité, 'She Reaches Out To She Reaches Out To She' est un disque gothique et puissant, plein de dark-wave, de trip-hop et de pincées de métal, avec des nappes profondes et des atmosphères industrielles, où flotte des ambiances comme malignes, possédées, d'où ressort - et contraste - la voix de Chelsea Wolfe, parfaitement - et sans doute jamais aussi bien - mise en valeur ici. Grande disque. Immense reine noire.
13. Irène Drésel - Rose Fluo [Room Records / Wagram Music]
Dernier album d'une trilogie voulue comme telle, 'Rose Fluo' est le disque qui m'aura fait découvrir la française Irène Drésel. Et quelle claque ! De la techno et de l'électro d'une efficacité dingue, prompte à faire danser n'importe qui, tout en jouant avec le tempo d'une manière imparable, est entourée d'une élégance et d'un raffinement dingues.
12. Tramhaus - The First Exit [Subroutine Records]
Une vibe Frank Black (plus que Pixies), un côté de Iceage/Bambara et même un soupçon de Swans : ce premier album des néerlandais de Tramhaus est une réussite de chaque instant. Un disque puissant, carré inspiré, avec une férocité sous-jacente qui ne demande qu’à exploser. Sans conteste un des très grands albums post-punk de l’année.
11. Sam Lee - songdreaming [Cooking Vinyl]
Poétique à bien des égards, centré sur la nature et tout ce que nous sommes en train de lui faire subir sans jamais ciller, qui est notamment porté par la chorale transgenre Trans Voices, 'songdreaming' est un album évanescent de folk et d’avant-folk, qui sait respirer et prendre son temps comme être sujet à quelques poussées de fièvre irrésistibles. Aussi enchanteur que touchant.
10. Friko - Where we've been, Where we go from here [ATO Records]
Duo de Chicago qui est sonne comme un quatuor, Friko fait autant dans la pop que dans le noise, le rock et la chamber pop. Des chansons qui commencent comme une balade et qui finissent avec de la disto, des morceaux énervés au possible, une chanson d'ouverture qui résume bien notre affaire et quelques bluettes mélancoliques à tomber. Un sacré premier album qui sonne un deuxième ou troisième. A suivre de près.
09. Godfather Don - Thesis [HHV Records]
Hip-hop à la sauce boom-bap, qui sonne à l'ancienne mais qui ne fait pas daté pour autant, 'Thesis' est un album brillant et inspiré, même souvent imparable, où Godfather Don s'occupe de tout, du flow comme de la production et des samples, avec le touché de celui qui sait, qui a l'expérience de compositeur, de producteur et qui sait aller piocher dans tous les genres pour affirmer son propos. Disque de patron.
08. Jamie xx - In Waves [Young]
Électro et house, samples stylés (Astrud Gilberto, The Moody Blues), invités triés sur le volet (The Avalanches, Panda Bear), 'In Waves' est un disque d'une réjouissance continue et totale qui sonne comme un mix savoureux où tout découle naturellement, pour un résultat aussi dansant qu’euphorique de la part d'un membre de The XX, groupe je n'ai l'habitude pas grand-chose à faire.
07. Kelly Finnigan - A Lover Was Born [Colemine Records]
Guitares et basses savamment jouées, rythmique soyeuse, cuivres euphoriques et langoureux, cordes légères et promptes à soumettre le premier des hésitants, à d'autres plus tendus et aiguisées, piano qu'on aurait piqué à un club de jazz, chœurs propres à venir relever chacun de ses élans vocaux : cet album de l’américain Kelly Finnigan est tantôt Northern, Midwest, Pop, que sais-je encore et même tout ce que vous voulez. Mais c’est avant tout de la très grande Soul. Avec un « S » majuscule, oui.
06. Jess Ribeiro - Summer of Love [Poison City Records / Labelman]
Né dans la douleur, enregistré avec nombre d'artistes, pour la plupart à distance, porté par une excellente production, assez sombre, un rien étouffante parfois, et surtout la belle voix de Jess Ribeiro, presque discrète et qui semble ne vouloir chanter que pour nous, 'Summer of Love' fait partie de ces albums superbes et divinement mélancoliques où la vie n'est pas toujours belle, ni évidente, mais dont les mélodies et les chansons le sont, elles.
05. English Teacher - This Could Be Texas [Island Records]
Auréolé d'une production remarquable qui ne subit pas les chansons mais sait s'adapter à elles, d'un mix méticuleux, de basses terriblement soignées, de guitares qui jouent le feu et la glace, d'une rythmique impeccable, de textes pas anodins et bien dans leur époque, le tout soutenu par la voix toujours plus surprenante et belle de Lily Fontaine qui alterne entre spoken word et chant, 'This Could Be Texas' est un disque immense, aux compositions, à la construction et à l'unité éclatantes. Un album, un vrai, pensé comme tel, écrit comme tel, assemblé comme tel. La marque des très grands.
04. The Blue Herons - Go On [Subjangle]
Avec son indie et jangle-pop circa 80s, qui rappelle les univers C86 et de Sarah Records autant qu'il évoque The Luxembourg Signal, 'Go On' du duo suisso-américain The Blue Herons sonne de prime abord comme un disque de genre. Mais très vite, il transcende tout cela. Un album solaire, romantique, aux mélodies superbes, aux guitares exquises et à la voix toujours d’une très grande justesse. Immense album auquel l'immonde pochette générée par IA ne rend pas du tout justice.
03. Omega Violet - Hic Sunt Leones [Licorne Label]
Sorti au tout début du printemps, 'Hic Sunt Leones' (« Ici Sont Les Lions » en latin), le premier album du trio français Omega Violet est le disque que j'ai le plus écouté en 2024 en streaming (selon le Spotify Wrapped). La faute a une sortie uniquement numérique alors que ce voyage plutôt onirique, envoûtant au possible, fait de guitares et de claviers, où l'on se balade de riffs délectables en nappes superbes, dans un monde de rock progressif, de space pop et de balades toute floyd-ienne, mériterait une version physique. Mais quelle découverte !
02. CRIMEAPPLE & Preservation - El León [Manteca Music / Mon Dieu Music / RRC Music Co.]
Premier album d’une trilogie annoncée entre CRIMEAPPLE et Préservation, 'El Leon' est un disque aux ambiances 70s (la pochette est au diapason), à la production magistrale faite de jazz, de funk, de soul, de samples hispanisant merveilleux et d’un flow percutant. Un disque court, fin et mélodieux, qui respire la classe. Un classique instantané.
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01. Adrianne Lenker - Bright Future [4AD]


Produit à la perfection, 'Bright Future' est un disque qui m'a pris par surprise alors que je n'en attendais rien. Pour tout dire, c'est même le seul disque de 2024 qui m'a totalement soufflé et bouleversé dès la première écoute. Un album qui s'ouvre par Real House (dont il est honnêtement difficile de se remettre) et qui tout du long transpire de sincérité, de textes brillants, de petits vers d'une beauté folle (« You have my heart, I want it back »), de petits détails mélodiques (un violon grinçant par-ci, un piano discret par là, quelques voix en soutien), avant de venir briser notre cœur en mille morceaux, pour peu qu'on ne l'ait pas déjà en miettes après les onze premiers morceaux, avec Ruined, apothéose de ce sublime album. En un mot comme en cent, un chef d’œuvre comme on en voit peu dans une année. Une reine est définitivement née le 22 mars dernier.



Histoire de savoir de quoi l'on parle, vous trouverez ci-dessous deux players (Spotify et Deezer) proposant chacun une chanson des vingt albums chroniqués ci-dessus :

samedi 28 décembre 2024

Bilan 2024 : « Albums » (40-21)


Après un premier billet consacré aux formats courts, aux compilations et autres rééditions, poursuivons donc ce bilan 2024 avec sa deuxième partie, consacrée cette fois aux quarante meilleurs disques de l'année selon votre serviteur. Et comme ingérer quarante disques d'un coup peut-être lourd à la digestion, découpons ça en deux papiers en commençant par les disques classés des places 21 à 40.

Mais avant d'attaquer la présentation de ces vingt albums, allons voir ce que les voisins (ou non) ont tiré comme conclusions de cette année 2024 :
- Les meilleurs albums de l’année selon l’indispensable Bandcamp Daily
- Le top 10 de l’année de Pop News
- Le classement de la rédaction de Section26
- La cuvée 2024 de Pinkushion
- Les 10 albums de l’année selon Mind Riot Music

Vingt premiers albums donc. De belles découvertes, des confirmations, des « enfants de », des promesses qui ne demandent qu'à exploser, des retours inattendus et majestueux, des disques qui sonnent mineurs à la première écoute mais qui n'en finissent plus de revenir : il y a un peu de tout cela dans les vingt mini choniques ci-dessous. Avec évidemment, au bas de ce papier (mais également en cliquant là pour Spotify, ici pour Deezer) des players pour écouter une chanson de chacun des disques évoqués. Bonne lecture et bonne(s) écoute(s) !

40. Flower Face - Girl Prometheus [-]
Avec sa pop et sa folk qui tendent vers des horizons plus goth, parfaitement incarnée par sa pochette, 'Girl Prometheus' de Flower Face est un disque remarquable, écrit à la suite d'une très douloureuse rupture amoureuse et qui retranscrit très bien tous les affres par lesquels on passe lors d'une séparation : monde qui s'effondre, incapacité à repartir de l'avant et à croire en des lendemains heureux, douleur incommensurable, tristesse infinie, colère sourde.
39. Sprints - Letter to Self [City Slang]
Après moultes singles et Ep, il était temps pour les dublinois de Sprints de passer au long métrage. Produit par le désormais compagnon de route de longue date Daniel Fox (Gilla Band), 'Letter to Self' est premier effort solide, ambitieux et engagé, entre post-punk et garage, aux nuances noise-rock. Et le pire c’est que le meilleur est sans doute à venir avec eux.
38. The Maureens - Everyone Smiles [Meritorio Records]
Sens aigu de la mélodie, énergie à revendre, des choeurs ou des voix doublées qui se chevauchent ou se complètent, rehaussant l'ensemble de leurs compositions d'harmonies d'une efficacité folle, 'Everyone Smiles' de The Maureens est une sorte de mélange de The Lemon Twigs, des regrettés Hal et Jayhawks, avec parfois une pointe de Gulcher. Un disque éminemment brillant, à la pop chevillée au corp et aux sacrées chansons.
37. The Waeve - City Lights [Transgressive Records]
D'un côté, Graham Coxon, guitariste de Blur, de l'autre Rose Elinor Dougall, clavier de feu The Pipettes. Couple à la ville, le duo l'est également sur scène sous le nom de The Waeve, dont 'City Lights' est le second album en deux ans. Mais si leur premier m'avait plutôt laissé de marbre, celui-ci avec sa synth-pop et ses relents post-punk mâtinés de saxophone, est un disque plein d'excès, portée par une production qui ne fait pas dans la demi-mesure, et surtout efficace à tous crins.
36. Myriam Gendron - Mayday [Feeding Tube Records / Thrill Jockey]
'Mayday', qui se pare d'atours verts cette fois, n’est peut-être pas aussi marquant que son prédécesseur rouge (véritable chef d'œuvre de son temps) mais reste tout à fait recommandable, rempli qu’il est de petites douceurs, délicates ou électriques, intime, où Myriam Gendron raconte ses histoires en français ou en anglais, le tout saupoudré parfois d'un peu field recordings ici et là. Un disque beau comme tout, où le temps suspend son avancée inexorable.
35. Sam Forrest - Caught Under a Spell [Desert Mine Music]
Nouvel album pour l’ancien leader de Nine Black Alps et une nouvelle très grande réussite. Un disque qui semble ressusciter Elliott Smith à chaque nouvelle chanson (mélodies, constructions des morceaux, intros, cette façon de faire sonner sa guitare, sa batterie) et qui confirme que Sam Forrest est le secret le mieux gardé d'Angleterre.
34. Dummy - Free Energy [Trouble In Mind Records]
Trois ans après un premier album plus que convaincant fait de noise, de psyché et d'indie-pop, les américains de Dummy n'auront pas déçu pour leur retour. Une suite qui prend les mêmes ingrédients de base, mais où l'ambition est plus grande, les chansons mieux produites et peut-être plus carrées. Le tout sans perdre en qualité de composition.
33. Ed Harcourt - El Magnifico [Deathless Recordings]
Un retour en majesté pour Ed Harcourt qu’on n’avait pas connu à pareil niveau depuis des années. 'El Magnifico' est un disque pop beau, baroque pour beaucoup, mélancolique jusqu'au bout des ongles, aux orchestrations pleine d'emphase et à la production flamboyante. Un album d'Ed Harcourt en somme, mais parmi ses tous meilleurs. Et duquel on ressort en se posant une question : notre homme ne serait-il pas le dernier romantique ?
32. Royel Otis - Pratts & Pain [Ourness]
Premier album pour ce duo de Melbourne qui manie aussi bien l'indie-rock que l'indie-pop (aussi en version jangle) et des élans post-punk. Le tout en mettant les mélodies au-dessus du tout. Un disque (et un groupe ?) qu'on pourrait voir comme une réponse australienne à Will Toledo et ses Car Seat Headrest.
31. Bashy - Being Poor is Expensive [Bish Bash Bosh Music]
Alors qu’on aurait pu croire que 'Being Poor is Expensive' s’écrase sous le poids faramineux de How Black Men Lose Their Smile, l’anglais Bashy réussit le tour de force de rendre son album tout aussi cohérent et fort que cette chanson parmi les plus puissantes de l’année. Un disque très bien écrit, qui navigue entre UK rap et dub malin et particulièrement engagé pour un revenant anglais (treize sans aucun album, ce n’est pas rien).
30. Willi Carlisle - Critterland [Signature Sounds]
'Critterland' est un disque généreux de country-folk, à l'ancienne, avec du bluesgrass par ci et de l'americana par là, du banjo, de l’accordéon, du violon grinçant, de l'harmonica qui couine et de l'acoustique, rien que de l'acoustique (ou presque). Un album où Willi Carlisle excelle en conteur d’histoires jamais bien joyeuses.
29. Memorials - Memorial Waterslides [Fire Records]
Duo formé de Verity Susman (Electrelane) et Matthew Simms (Wire, dans sa version récente), Memorials est sans doute une des découvertes de l'année dont on a le plus envie de savoir où ils vont aller dans le futur. Disque curieux où se mêlent du psyché comme de l'indie-rock et même une bonne partie d'expérimental en son cœur, 'Memorial Waterslides' pourrait être résumé comme du post-punk à la sauce Stereolab et/ou Broadcast.
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28. Floating Points - Cascade [Ninja Tune]
Après une sublime échappée en 2021 avec Pharoah Sanders et The London Symphony Orchestra pour 'Promises', Sam Shepherd est revenu au source avec le nouvel album de son Floating Points. Un disque de house et de techno, souvent progressive, faite pour danser, mais presque rude, minimale et sans concession. Pas immédiat pour un sou, mais diablement efficace et à la construction pas loin d'être parfaite.
27. The Lostines - Meet The Lostines [Gar Hole Records]
Entre pop et country, mais celles des années 50 et 60, avec du doo-wop, de l'americana et une certaine idée de comment raconter des histoires, 'Meet The Lostines' est, à l'instar des disques de Tele Novella, autre duo adoré dans ces pages, un petit trésor hors du temps. Délicieusement recommandé.
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26. Outer World - Who Does the Music Love? [Happy Happy Birthday To Me Records]
Vous avez aimé le premier album de The Sweeping Promises ? Alors vous aimerez sans aucun doute son petit frère psyché Outer World. Un duo lui aussi qui pond là un disque qui a plus des allures de long Ep mais qui ne manque pas de sacrées chansons, le plus souvent garage-pop psychédéliques, lorgnant parfois vers des sonorités sixties, le tout auréolé d'une production post-punk plutôt parfaite. A suivre de près.
25. Beak> - >>>> [Invada Records / Temporary Residence Limited]
Album en forme de révérence pour Geoff Barrow qui après seize ans de bons et loyaux services au sein du groupe a décidé de mettre un terme à l'aventure (pour mieux enregistrer le quatrième album de Portishead ?), '>>>>' est sans doute le meilleur album de Beak> à ce jour. Un album extrêmement bien produit, souvent lancinant et obsédant qui prend son temps, qui confirme que Beak> est (fut ?) un groupe à l'attitude et au son à nulle autre pareils.
24. Boeckner - Boeckner! [Sub Pop]
Sorte de synthèse réussie de Wolf Parade et de Handsome Furs (forcément), ce premier album solo de Dan Boeckner regorge de chansons pop marquantes, pour ne pas dire mémorables, où le canadien enchaîne les mélodies soignées et efficaces, qu'il chante à merveille sur un tourbillon de guitares et de synthés.
23. The Rhythm Method - Peachy [Moshi Moshi Records]
Disque résolument pop et un peu fourre-tout où l'on passe d'ambiances très eighties à de l'indie-pop à guitare avant de revenir à de morceaux rêveurs et plein de synthés, puis de rebifurquer vers d'autres horizons country-pop quand ils ne sonnent pas presque seventies, 'Peachy' du duo anglais The Rhythm Method  arrive à faire naître du désordre une harmonie assez miraculeuse et particulièrement efficace.
22. Dr. Dog - Dr. Dog [We Buy Gold Records]
L’album du retour pour le quintet de Philadelphie, séparé en 2021. Et sans doute leur meilleur. Certes, rien ne ressemblera jamais plus à un album de Dr. Dog qu’un album de Dr. Dog. Mais si leur marque de fabrique et leurs compositions teintées de rock, de folk et de psyché sont toujours là, ils y intègrent beaucoup de pop qu’avant et le résultat est sans appel : c’est brillant, généreux et mélodieux au possible.
21. Corridor - Mimi [Sub Pop]
Avec sa pochette magnifique (sans doute la plus belle de l’année), 'Mimi' voit les québécois de Corridor enfin sortir leur grand œuvre, après quelques albums qui s’en rapprochaient plus que sérieusement. Un disque d’indie-pop, aux accents post-punk, psyché et des touches de jangle, avec toujours ces guitares superbes (qui ont quelque-chose de Tom Verlaine) et un ensemble on ne peut plus élégant et racé. Alors si en plus de tout ça, il rajoute une chanson majeure qui a de bons airs de tube de l’année (Mourir Demain), forcément…
Histoire de savoir de quoi l'on parle, vous trouverez ci-dessous deux players (Spotify et Deezer) proposant chacun une chanson des vingt albums chroniqués ci-dessus :

jeudi 26 décembre 2024

Bilan 2024 : Top « 7", 12", Ep, Réédition & Compilation »


Jeudi 26 décembre oblige, et pour respecter la tradition de ce blog de près de vingt ans, il est temps de passer au bilan de cette année 2024. Un travail sans doute un peu vain pour beaucoup mais une habitude chez moi à laquelle j’apprécie toujours autant répondre, un quart de siècle après ma première fois, tant tout cela permet, ne serait-ce qu'à moi, de trier le bon grain de l’ivraie et d’en ressortir le meilleur. Un bilan qui se déroulera comme à chaque fois en quatre temps : aujourd’hui, tout ce qui à trait aux formats courts, aux rééditions et autres compilations. Samedi, la première partie du top album (avec les disques classés de 21 à 40). Lundi, la suite de ce top album (avec les disques classés de 1 à 20). Et enfin, le 1er janvier, les 50 chansons qui auront fait mon année, à écouter au réveil d'un jour de l’an que l'on imagine plein d'excès.

Mais avant d’aller plus loin, regardons un peu (là aussi, comme le veut la tradition) quels bilans ont tiré les sites amis (ou non) de cette année 2024 :
- Les meilleures rééditions de 2024 selon Treble
- Le bilan vraiment annuel de Sun Burns Out
- Les 10 Ep de l’année de Sound of Violence
- Les rééditions de 2024 selon Raven Sings The Blues
- Le top 2024 des contributeurs du Gospel

Ouvrons donc le bal avec les meilleurs singles, Ep et autres rééditions de l’année 2024. Avec une nouvelle fois beaucoup de 45-tours, un artiste habitué de ces pages (que voulez-vous, on est fan ou on ne l’est pas), la réédition d’un disque plus qu’immense et deux compilations à vous mouiller les yeux. C’est à lire ci-dessous. Et comme lire sans écouter quand on parle de musique est un peu dommage, au bas de ce papier se trouvent deux lecteurs (Spotify et Deezer) proposant chacun une chanson des seize disques proposés ici. Bonne lecture et bonne(s) écoute(s) !


Bilan 2024 :
Top « 50 Chansons »
Top « Albums » (01-20)
Top « Albums » (40-21)



7" / Single numérique

Moreish Idols - Pale Blue Dot 7" [Speedy Wunderground]
Difficile de ne pas célébrer le cinquantième 45-tours du label londonien Speedy Wunderground. Et encore plus quand le disque en question compte une de leurs meilleures sorties. Pale Blue Dot, une chanson remarquablement produite, très mélodique, aux belles harmonies vocales, à la rythmique essentielle, et comme construite sur plusieurs strates mais qui s'agencent avec bonheur les unes aux autres. Un morceau de Moreish Idolsqui fait plus qu'honneur à ce label ô combien indispensable.
No Drama - Papershop / A City Within 7" [Hidden Bay Records / Araki Records / Bus Stop Press / Seitan's Hell Bike Punks / Stonehenge Records (FR) - Brainwasher Records (DE) - Anything Bagel (US) - Wood of Heart (JP)]
Nouveau single pour le quatuor toulousain No Drama (qui compte notamment Manon Raupp d'Hidden Bay Records), avec autant de guitares acérées, de gimmick accrocheur, de langueur électrique que d'explosions exquises pour satisfaire tout amateur de rock à la sauce 90s. Très recommandé (et à un prix tout mini).
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Chappell Roan – Good Luck, Babe! [Island Records]
En l’espace de quelques mois, l’américaine Chappell Roan est passée des premières parties d’Olivia Rodrigo à remplir des stades et à être la tête d’affiche de nombreux festivals l’été prochain. La faute à Good Luck, Babe!, tube en or massif avec son ambiance rétro eighties, son refrain qui éclate, sa voix qui monte haut et qui emporte son monde avec elle. D’ailleurs, vous en connaissez beaucoup des tubes d’une (désormais) superstar qui sont sortis en 45-tours ? Pour une fois que je ne suis pas à la traîne niveau tubes grand public...
Laetitia Sadier & Storefront Church - La Langue Bleue 7" [Duophonic Super 45s]
Laetitia Sadier n'aura pas arrêté cette année. Et c'est peut-être sur ce duo avec les américains de Storefront Church qu'elle a été à son meilleur. La Langue Bleue, une chanson ample, à l'orchestration imposante mais léchée, à la beauté cinématographique, qui n'est pas sans rappeler quelques esthètes français du genre (Vannier, Legrand). Sublime.
RVG - Don't Take It Badly / Pet Sematary Double-A Single [Fire Records]
Don't Take It Badly dans une veine jangle-pop en face-A, Pet Sematary, une reprise d'une chanson des Ramones, en face-B : si les australiens de RVG ne sont pas revenus avec un nouvel album (après tout, 'Brain Worms' ne date que de 2023), ils ont fait les choses bien avec ce 45-tours malheureusement uniquement numérique. Deux chansons où la voix et la présence de Romy Vager font toute la différence.
Cindy - Swan Lake 12" [Tough Love Records]
Si je leur reconnais beaucoup de qualités, je n'avais jamais été renversé par les albums des californiens de Cindy, que je trouvais un peu trop ronronnant sur la longueur. Mais cette année, en resserrant leur propos sur un 12" de six chansons, toujours comme hors du temps, le groupe de San Francisco, mené et porté par la voix de Karina Gill et ses airs de Nico, emporte totalement l'adhésion.
The Decemberists - Joan In The Garden [Y.A.B.B. Records]
The Decemberists ont une carrière longue comme le bras. Alors pour leur nouvel album, à contre courant de ce qui se fait généralement, ils ont poussé Joan In The Garden comme second « single » de leur album alors à venir. Une chanson de quasi vingt minutes qui imagine Jeanne d’Arc avoir ses visions. Une chanson très longue donc qui voit Colin Meloy et son groupe mener ça de main de maître, passer du folk au rock et même près de cinq minutes d’expérimentations, et clôturer de façon audacieuse et remarquable son dernier album. Mais vous me direz : que vient faire un extrait d’un album dans cette section là ? Tout simplement parce que cette chanson a été pressé en 12" à l’occasion de quelques listening parties lancées par leur propre label. Certes, la production s’est limitée à quatorze (oui, 14) exemplaires et n’a jamais été mis en vente, mais ce pressage existe. Il a donc toute sa place ici.
Antenna - Antenna Ep [Urge Records]
Nouveau projet de l'australien Tim 'Shogun' Wall (ancien chanteur de Royal Headache), Antenna aura publié son premier Ep en 2024. Et si je devais classer tous les disques cités dans ce premier papier « bilan », ce disque serait sans doute tout en haut. Avec cinq chansons pour douze minutes, qui débordent d'énergie, de garage punk frénétique aux reflets power-pop, 'Antenna Ep' est un disque impeccable, catchy où la voix de Tim Wall est incroyable de présence, de justesse et d'émotion.
Bar Italia - The Tw*ts Ep [Matador Records]
Cet Ep n’atteint sans doute pas la classe de 'Tracey Denim' et 'The Twits', leurs deux albums publiés l’an passé et qui les avait vus vraiment éclore à la face du monde. Pour autant, avec cet Ep (malheureusement uniquement numérique) et ses quatre chansons (dont trois inédits), le trio Bar Italia prouve qu’il est décidément au-dessus de la mêlée.
Junior Varsity - My Star Ep [Key Records]
Porté par ce qu'il faut bien appeler un banger qui dit tout en même pas trois minutes (imparable Cross The Street dont on reparlera dans le top singles), ce nouvel Ep de Junior Varsity, entre pop  pourrait enfin permettre au duo californien de voir leur carrière prendre une nouvelle envergure. Disque d'indie-pop très dansante et qui n'est pas sans rappeler le début des années 2000. A suivre de près.
MF Doom – MM..Food (20th Anniversary Edition) [Rhymesayers Entertainment]
On le cite assez peu lorsqu'on évoque la discographie de MF Doom, mais s'il a bien une chose que cette réédition aura permis cette année, c'est de se rendre compte que derrière l'évident (et intouchable) 'Madvillainy', 'MM.. Food' est sans doute le meilleur album de MF Doom (oui, devant 'Operation: Doomsday' ou 'Vaudeville Villain'). Le plus chiadé niveau prod, avec le storytelling le mieux foutu et les samples les plus raccords avec son rap et son discours. Et si l'on ne tombera pas de notre chaise  à l'écoute des bonus (toutefois pas inintéressants), si l'on regrettera que la pochette originale ait été remplacée par une nouvelle plus quelconque, l'essentiel est à chercher ailleurs : le retour sur le devant de la scène d'un album plus que majeur de l'histoire du hip-hop et des années 2000.
Aline - La lune sera bleue (2009-2015) [–]
Compilation de sept inédits et de deux reprises (Tombé pour la France d’Étienne Daho et Moi je joue de Brigitte Bardot) enregistrés entre New-York et Marseille de 2009 à 2015 et financé par crowdfunding, 'La lune sera bleue' aura marqué un premier retour pour Aline, sur scène et dans les bacs, avant peut-être d'autres nouvelles chansons et aventures. Un catalogue d'inédits qui montre à quel point Aline était un groupe au-dessus de la concurrence.
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Broadcast - Distant Call: Collected Demos 2000-2006 [Warp]
Broadcast - Spell Blanket: Collected Demos 2006-2009 [Warp]
Quatorze ans depuis la disparition de Trish Keenan. James Cargill, son compagnon, continue d'essayer de perpétuer sa mémoire. Et il l’aura très bien fait avec ces deux superbes compilations de démos, l'une pour la période 2000-2006 (avec des chansons qui finiront sur leurs albums de l’époque), l'autre pour les trois années suivantes (avec ici des chansons qui auront du finir sur leur cinquième album). C'est évidemment beau, intime mais aussi touchant et prouve à quel point Trish Keenan, sa voix et sa douceur manquent dans le paysage actuel.
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Bob Dylan - The Complete Budokan 1978 [Columbia Records]
Bob Dylan - The 1974 Live Recordings [Columbia Records]
Pour ceux qui me suivent depuis longtemps, aucune surprise de trouver dans cette sélection les deux nouvelles rééditions de Bob Dylan publiées cette année par Columbia. Surtout qu'une nouvelle fois, tout est passionnant à fouiller, des quatre disques de ses concerts au Japon ou ses vingt-sept disques (27 !) de la tournée de 1974 avec The Band. C'est évidemment beaucoup trop pour quelqu'un qui apprécie tout juste Dylan et donc réservé aux fans hardcore. Et comme j’en suis un, c'est une nouvelle fois (et c'est toujours le cas depuis que les Bootleg Series ont commencé) absolument indispensable.
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Bilan 2024 :
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Top « Albums » (40-21)


Comme promis, deux players (Spotify et Deezer), également disponibles ci-dessous, proposant chacun une chanson de quinze disques évoqués ici, la seizième (No Drama) étant disponible avec son lecteur bandcamp. Bonne écoute !