Pochette hideuse. Montage foireux et moche. Tronches de premier de la classe. Et tenue ridicule. C’est vrai que si l’on s’arrêtait à l’artwork de ce 'Genuine Imitation Life Gazette', il y aurait de quoi partir en courant.
Mais vous allez quand même rester. Déjà, vous êtes des lecteurs bien élevés. Et surtout, cet album des Four Seasons mérite le détour. Et même bien plus que ça : il demande des écoutes régulières pour en savourer toute la teneur.
Nés sous le nom de The Variatones (nom qui changera quatorze fois au fil des échecs !) en 1953, sous l’impulsion de Frankie Valli et Tommy De Vito, The Four Seasons débutent véritablement leur carrière en 1961. Car oui, malgré près d’une dizaine d’années d’échec pour la bande de ritals du New-Jersey, où ils finirent par ne plus être embauchés que pour faire les chœurs sur divers albums d'autres artistes, leur carrière est pourtant loin d’être catastrophique.
Loin des exemples présentés dans ces pages les semaines précédentes, les Four Seasons, eux, ont connu le succès, ont enchaîné les tubes aux Etats-Unis (quatre numéro un au total, 24 titres classés dans le top 30 du Bilboard entre 1962 et 1975) allant même, en 1964, jusqu'à être le seul groupe à enrailler (le temps de deux semaines seulement) le débarquement prodigieux de la Beatlesmania au pays de l’Oncle Sam (leur titre Dawn (Go Away) étant le seul titre non-Beatles du top 5 du Bilboard de l’époque). Bref, un groupe, une aura et une place de choix dans le cœur des américains (les Four Seasons n’ayant jamais percé en Europe).
En janvier 1969, alors que les Fab 4 viennent de sortir leur 'White Album' et s’apprêtent à mettre un 'Abbey Road' dans tous les bacs de la planète, les Four Seasons décident de changer de cap. De tenter une nouvelle aventure discographique. De se remettre en question. Et de devenir enfin ambitieux. Finie la pop un peu mièvrasse et formatée. Adieu vieux succès. Et bonjour pop psychédélique ; et donc 'Genuine Imitation Life Gazette'.
A l’écoute de cet album, impossible de ne pas penser aux Beach Boys, aux Zombies, aux Kinks de Ray Davies, aux Beatles (la fin de 'Imitation Life Gazette' est d’ailleurs un gros clin d’œil à Hey Jude, sorti quelques six mois plus tôt) ou même au Love d'Arthur Lee.
Les chœurs, la classe des mélodies, les morceaux à trois ou quatre temps, la justesse de la voix de Frankie Valli, les renversements constants, les paroles inspirées (la critique de la société de consommation de l’époque), tout y est. Le tout avec, en plus, une propension plus importante aux grandes envolées lyriques (on n’oublie pas son passé comme ça).
Non, ce disque est essentiel en cette année 1969. Et a totalement sa place parmi le quintet des sixties : 'Pet Sounds', 'Odessey and Oracle', 'Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band', 'The Village Green Preservation' et 'Forever Changes'.
Malheureusement, si ce changement de carrière est artistiquement juste et évident, c’est une berezina commercialement parlant. Le succès continue, inlassablement, de les quitter, l’album est un bide complet et le groupe ira se perdre et s’enterrer chez Motown pendant quelques années, avant de renaître, de temps à autres, au gré de rééditions - qui se font de plus en plus rares (la dernière de ce disque là, chez Rhino, est tout simplement introuvable aujourd'hui).
The Four Seasons restera quand même, en tout cas à mes yeux, un grand groupe. Car sortir une œuvre comme 'Genuine Imitation Life Gazette', inventive et ambitieuse, n’est pas donné à tout le monde. D’ailleurs, Paul Mc Cartney doit nourrir le même avis, lui qui s’inspirera (« pompera sans vergogne » serait plus juste) des parties piano (notamment) de American Crucifixion Resurrection pour composer son chef d’œuvre, Nineteen Hundred and Eighty Five. Comme quoi...
Première sortie: 1969 (Rhino)
Dernière réédition: 1995 (Rhino)
Ce disque étant particulièrement introuvable (en tout cas à un prix décent), voilà trois morceaux en écoute: Genuine Imitation Life, American Crucifixion Resurrection et Mrs Stately's Garden. Miam miam miam :
2 commentaires:
Bordel, ce disque est introuvable. Il faut juste croiser les doigts pour une reedition en bonne et due forme. Histoire de. Et avec la pochette d'origine (celle du post), pas comme la reedition de 1995 où l'artwork ressemblait plus à un disque de noel de Tino Rossi qu'à un album de pop un peu psychée.
Le souci reste que le disque a DEJA été réédité par Rhino en 1995. Donc les voir re-réédité ce disque... j'y crois pas trop... :(
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